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déjà fait observer (1), le mot chair se prend ici pour l'homme, pour la nature de l'homme, entière, en tant qu'elle se compose d'un corps terrestre et d'une âme raisonnable, ex anima rationali et humana carne subsistens (2). Or le Verbe de Dieu, le Verbe éternel, par qui toutes choses ont été faites, le Verbe qui est luimême Dieu comme le Père, s'est fait chair, et Verbum caro factum est. Mais il n'a pu se faire homme qu'en s'unissant hypostatiquement à la nature humaine, qu'en s'associant cette même nature dans sa propre personne, qui est la seconde personne de la Trinité. S'il ne s'agissait que d'une union morale entre le Verbe et l'homme, on ne pourrait dire que le Verbe s'est incarné, s'est fait chair, s'est fait homme. Il y avait certainement union morale entre Dieu et les patriarches, entre Dieu et Moyse, entre Dieu et les prophètes a-t-on jamais dit cependant que Dieu se soit fait homme dans Moyse, dans tel ou tel patriarche, dans tel ou tel prophète? On ne peut dire non plus qu'en vertu de l'union du Verbe avec la chair, la nature divine et la nature humaine ne forment plus qu'une seule nature, la première étant essentiellement immuable. Le Verbe, en demeurant ce qu'il était, une seule et même substance avec le Père et le Saint-Esprit, a pris notre humanité et se l'est appropriée personnellement, sans que la Divinité en souffrit la moindre altération. D'un autre côté, on ne peut admettre, en Jésus-Christ, l'union réelle, hypostatique ou personnelle du Verbe avec la nature humaine, sans admettre l'unité de personne en deux natures, sans reconnaître un seul et même Christ, Dieu et homme tout ensemble. Il est donc vrai que l'apôtre saint Jean a voulu exprimer le mystère de l'Incarnation lorsqu'il a dit que le Verbe est Dieu, et qu'il s'est fait chair, et qu'il a habité parmi nous: Et Deus erat Verbum... et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis.

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348. Voici ce que dit l'apôtre saint Paul : « Soyez dans la même disposition où a été Jésus-Christ, qui, ayant la forme de Dieu,

« n'a point cru que ce fût pour lui une usurpation d'être égal à Dieu; mais il s'est anéanti lui-même en prenant la forme d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et étant reconnu « pour homme par tout ce qui a paru de lui au dehors. Il s'est abaissé «<lui-même en se rendant obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la

Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis : et vidimus gloriam, gloriam quasi unigeniti a Patre, plenum gratiæ et veritatis. Saint Jean, c. 1, v. 1, 3 et 14. — (1) Voyez, ci-dessus, le no 335. — (2) Symbole de saint Athanase.

« mort de la croix (1). » On voit ici bien clairement qu'un seul et même Christ, qu'une seule et même personne a tout à la fois et la forme ou la nature de Dieu, car il est égal à Dieu; et la forme ou la nature de l'homme, car il s'est montré comme homme, il a obéi comme homme, il est mort comme homme. Il y a donc une seule personne et deux natures en Jésus-Christ. Encore : « Lorsque les « temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né de la femme, « né sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi (2). » Voilà donc l'envoyé de Dieu, le même qui est le Fils de Dieu, qui est aussi le fils de la femme, qui est né de la femme, qui a été formé dans le sein de la femme: factum ex muliere. Le même Christ est donc en même temps Fils de Dieu et Fils de l'homme, vrai Dieu et vrai homme. Enfin, tous les textes par lesquels on prouve la divinité du Fils de Dieu (3) prouvent également le mystère de l'Incarnation, puisqu'ils s'appliquent à un seul et même Christ, dont l'humanité, d'ailleurs, n'a jamais été contestée, ni par les nestoriens, ni par les eutychiens, ni par les sociniens. Aussi les Pères et les conciles se sont-ils toujours appuyés, non-seulement sur la tradition des apôtres, mais encore sur l'Écriture sainte, pour défendre l'Incarnation contre les hérétiques qui niaient l'unité de personne ou la distinction des deux natures en Jésus-Christ.

§ II. Preuve du mystère de l'Incarnation par l'enseignement des saints Pères.

349. On convient que, depuis la tenue des conciles d'Éphèse et de Chalcédoine, par lesquels ont été condamnées les erreurs de Nestorius et d'Eutychès, en 431 et 451, tous les Pères ont constamment enseigné le mystère de l'Incarnation tel qu'il est reçu aujourd'hui dans l'Église catholique. Nous nous contenterons done de citer, parmi ceux qui sont plus anciens, saint Augustin, saint Jérôme, saint Jean Chrysostome, saint Ambroise, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, saint Cyrille de Jérusalem,

(1) Hoc sentite in vobis, quod et in Christo Jesu : qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est esse se æqualem Deo; sed semetipsum exinanivit formam servi accipiens, in similitudinem hominum factus, et habitu inventus ut homo. Humiliavit semetipsum factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Épître aux Philippiens, c. 11, v. 5, etc. — (2) At ubi venit plenitudo temporis, misit Deus Filium suum, factum ex muliere, factum sub lege, ut eos, qui sub lege erant, redimeret. Épitre aux Galates, c. wv, v. 4 et 5. (3) Voyez, ci-dessus, le n° 295, etc.

saint Basile, saint Optat, saint Athanase, saint Cyprien, saint Hippolyte, Tertullien, saint Irénée, saint Justin et saint Ignace, disciple des apôtres.

350. Saint Augustin: « Jésus-Christ est Fils de Dieu, Dieu et « homme Dieu avant tous les siècles, homme né dans le temps; « Dieu, parce qu'il est le Verbe de Dieu, et homme, parce que le « Verbe a pris une âme raisonnable et un corps réel avec l'unité de «< personne (1). Il est en même temps Fils de Dieu et Fils de « l'homme, Dieu et homme. Cependant il n'y a pas deux Fils, mais « un seul Fils de Dieu (2). De même que chaque homme, composé « d'un corps et d'une âme raisonnable, est une personne, ainsi le Christ, Verbe et homme, est une seule personne (3). » Il serait impossible d'exprimer plus clairement le dogme catholique touchant l'Incarnation du Fils de Dieu.

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351. Saint Jérôme : « Que les hérétiques reconnaissent que Jé« suss-Christ est Dieu et homme; non que celui qui est Dieu soit « autre que celui qui est homme; mais celui qui est Dieu de toute « éternité n'a pas dédaigné de se faire homme pour notre salut (4). « Il est Fils de Dieu par nature, au lieu que nous ne le sommes que « par adoption (5). Ce n'est pas que nous croyions qu'il y ait deux << Christs, l'un qui soit Dieu et l'autre qui soit homme; ou que nous «< reconnaissions deux personnes en celui qui est le Fils unique de « Dieu; mais il n'y a qu'un seul et même Christ, qui est tout à la << fois Fils de Dieu et Fils de l'homme. Dans tout ce qui est dit, il y « a des choses qui ne se rapportent qu'à la gloire de sa divinité, et «< il y en a d'autres qui ne regardent que notre salut. C'est pour « nous qu'il s'est anéanti en prenant la forme d'esclave, et en se « rendant obéissant jusqu'à la mort de la croix. C'est pour nous « que le Verbe s'est fait chair, et qu'il a habité parmi les hom

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(1) Christus Jesus, Dei Filius, est Deus et homo: Deus ante omnia sæcula, homo in nostro sæculo; Deus, quia Dei Verbum, Deus enim erat Verbum; homo autem, quia in unitatem personæ accessit Verbo anima rationalis et caro. Enchiridion, c. xxxv. ·(2) Unus Dei Filius idemque hominis Filius; unus hominis Filius, idemque Dei Filius; non duo Filii Dei, Deus et homo, sed unus Dei Filius. Ibidem. - (3) Quemadmodum est una persona quilibet homo, anima scilicet rationalis et caro, ita fit Christus una persona. Ibidem, c. xXXVI. — Voyez aussi le Traité LXXVI, sur saint Jean, et le livre de la Correction et de la Gráce, c. XI. — - (4) Audiant Christum et Deum esse et hominem. Non quod alius Deus sit et alius homo, sed qui Deus semper erat, homo ob nostram salutem esse dignatus est. Comment. sur le chapitre 1 de l'épitre aux Galales. - (5) Ifle (Jesus Christus) quidem natura Filius est ; nos vero adoptione, Liv. 1, sur le chapitre 1 de l'épitre aux Éphesiens.

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«mes (1). On voit encore ici, dans Notre-Seigneur, l'unité de personnes avec la nature divine et la nature humaine.

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352. Saint Jean Chrysostome: « Il est tout à fait étonnant d'en<< tendre que le Fils de Dieu, Dieu ineffable, incompréhensible, égal à son Père, soit venu à nous par le sein d'une Vierge, et qu'il « ait daigné naître d'une femme, et avoir David et Abraham pour « ses ancêtres (2). Le Verbe s'est fait chair, et le Seigneur a pris « la forme d'esclave. Étant Fils de Dieu, il est devenu Fils de l'homme, afin de rendre les hommes enfants de Dieu. Mais ne • vous troublez point lorsque vous entendez le Verbe s'est fait chair; car en se faisant homme il n'a pas été changé en chair, ce << serait une impiété de le penser; mais il a pris la forme d'esclave, << en demeurant ce qu'il était (3). Union mystérieuse, par laquelle « Dieu, le Verbe et la chair, ou l'homme, ne sont qu'une personne, << sans aucune confusion ni altération des substances. Ne me de« mandez point comment cela s'est fait cela s'est fait en la ma-« nière que Dieu sait (4). »

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353. Saint Épiphane: « Jésus-Christ n'est pas un pur homme, mais « il est Dieu, Dieu et homme en même temps; il est né de la Vierge Marie (5). Il n'est personne qui ne sache que le Verbe de Dieu s'est << fait homme, et qu'il est homme parfait. Et quand nous disons par« fait, nous ne disons pas pour cela qu'il y ait deux Christs ou deux << Fils de Dieu, mais qu'un seul et même Christ est Dieu et homme;

(1) Non quod alium Deum, alium hominem esse credamus, et duas personas faciamus in uno Filio Dei; sed unus atque idem Filius Dei et Filius bominis est : et quidquid loquitur, aliud referimus ad divinam ejus gloriam, aliud ad salutem nostram. Pro quibus non arbitratus est se esse æqualem Deo; sed semetipsum exinanivit, formam servi accipiens, factus obediens Patri usque ad mortem, mortem autem crucis. Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis. Lettre à Hédibia. — (2) Admodum stupendum est audire Deum ineffabilem, inenarrabilem, incomprehensibilem, Patri æqualem, per virgineam venisse vulvain, et ex muliere nasci dignatum esse, avosque habere Davidein et Abrahamum. Homélie 11, sur saint Matthieu. — (3) Verbum caro factum est, et Dominus servi formam accepit. Filius enim hominis effectus est, cum verus Dei Filius esset, ut homines Dei Filios efficeret.... Itaque cuin audieris, Verbum caro factum est, ne turberis, ne concidas. Neque eniin substantia decidit in carnem; impium enim esset id vel cogitare, sed manens quod erat, sic formam servi accepit. Homélie x1, sur saint Jean. — (4) Unitate et conjunctione Deus Verbum et caro unum sunt, sine ulla confusione vel substantiarum ablatione; sed per unionem ineffabilem inexplicabilemque. Quomodo autem id fiat ne quæras; factum est ut ipse novit. Ibidem. (5) Christus non nudus est homo, sed Deus.... E Maria Virgine Deus pariter atque homo natus est. Hérésie xxx,

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C. XXIX.

« non que le Verbe ait seulement habité dans l'homme, mais parce a qu'il s'est fait homme lui-même, et il est véritablement homme(1).»

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354. Saint Ambroise : « Nous confessons que Notre-Seigneur « Jésus-Christ est Fils unique de Dieu; qu'il est engendré du Père « selon la divinité, avant tous les siècles et sans commencement; que le même Fils de Dieu, dans ces derniers temps, s'est incarné « dans le sein de la sainte Vierge Marie; homme parfait, ayant un «< corps et une âme raisonnable, consubstantiel au Père selon la divinité, et consubstantiel à nous selon l'humanité : car l'union « des deux natures s'est faite d'une manière ineffable. C'est pourquoi nous confessons un seul Christ, un seul Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu; reconnaissant qu'il est coéternel à son Père selon la divinité, et non coéternel selon le corps qu'il a pris de la Vierge, de la même substance que le nôtre, ne l'ayant a point apporté du ciel. Dieu le Verbe n'a point été changé en chair; « et il s'est fait voir à nous, non comme un fantôme, mais en con« servant sa nature sans changement et sans altération. Il a pris « et s'est uni les prémices de notre nature, qui est demeurée en lui • sans mélange, et demeurant lui-même un dans l'une et l'autre « nature.... Le même passible et impassible: passible quant à l'humanité, impassible quant à la divinité.... L'Église catholique et apostolique anathématise ceux qui ne confessent pas « qu'il y a en Notre-Seigneur Jésus-Christ deux natures sans con« fusion, et une seule personne, n'y ayant qu'un seul Christ, un « seul Fils (2). » Ceci s'écrivait au quatrième siècle. L'Église ca

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(1) Jam vero Dei Verbum perfecte hominem esse factum nemo non intelligit. Cum autem perfectum dicimus, non duos idcirco Christos asserimus, vel duos reges Dei Filios, sed eumdem Deum et eumdem hominem: non ideo quod habitaverit in homine, sed quod ipse totus homo sit factus. Hérésie LXXVII, C. XXIX. - (2) Confitemur Dominum nostrum Jesum Christum, Filium Dei unigenitum, ante omnia sæcula sine principio ex Patre genitum secundum divinitatem; in novissimis vero diebus ex sancta Virgine Maria eumdem incarnatum esse, perfectumque hominem ex anima rationali et corpore adsumpsisse; consubstantialem Patri secundum divinitatem, et consubstantialem nobis secundum humanitatem. Duarum enim perfectarum naturarum uuio facta est ineffabiliter. Ideo unum Christum, unum Filium Dominum nostrum Jesum Christum Filium Dei confitemur, scientes quod Patri suo secundum divinitatem coæternus existens.... Non coæternum ex sua substantia cœlitus delapsum corpus, sed ex substantiæ nostræ massa, hoc est ex Virgine id assumens et sibi ipsi uniens. Non in carnem mutatus Deus Verbum, neque ut spectrum apparens, sed sine mutatione et alteratione suam conservans substantiam, adsumptas naturæ nostræ primitias sibi uniit.... non commixtus, sed in utraque substantia unus et idem apparens.... Sed idem est patibilis et impatibilis; patibilis secundum humani

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