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inventé, et de l'avoir fait recevoir par tous les chrétiens sans réclamation. Il ne s'agit pas d'un mystère indifférent pour les fidèles; c'est un de nos premiers et principaux mystères, un mystère d'une foi pratique pour tous, même pour les moins instruits en matière de religion, le mystère sur lequel repose toute l'économie du christianisme, du salut du genre humain. Si donc l'Église universelle s'est soulevée contre la doctrine de Nestorius, quoique cette doctrine, en détruisant le mystère de l'Incarnation, ne laisse plus subsister aucune difficulté philosophique, comment concevoir que l'Église ait non-seulement gardé le silence, mais adopté comme un dogme fondamental l'union hypostatique et mystérieuse du Verbe avec la nature humaine, à moins qu'il n'ait été constant, dans les quatre premiers siècles, que ce dogme venait, par tradition, des apôtres et de Jésus-Christ; de celui qui, ayant prouvé la divinité de sa mission par ses œuvres, s'est donné comme le Verbe fait chair, comme Fils de Dieu et Fils de l'homme, comme ayant, sans cesser d'être un, la forme ou la nature de Dieu, et, en même temps, la forme ou la nature de l'homme; comme étant égal à Dieu le Père en tout, et semblable à nous en toutes choses, hormis le péché.

368. Nous confesserons donc, avec les apôtres et les chrétiens de tous les temps, que « Jésus-Christ Notre-Seigneur, le même qui est « le Fils unique de Dieu le Père, a été conçu du Saint-Esprit, est né « de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, « est mort et a été enseveli; est descendu aux enfers, est ressuscité « d'entre les morts le troisième jour, est monté aux cieux, est << assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant; d'où il viendra juger les vivants et les morts (1). » Nous confesserons, avec les Pères du quatrième concile général de Latrán, que « le Fils uni« que de Dieu s'est incarné ; qu'il a été conçu de la sainte Vierge Marie par l'opération du Saint-Esprit; qu'il s'est fait véritablement homme, ayant pris une âme raisonnable et un corps humain, étant une seule personne en deux natures; immortel et a impassible selon la divinité, passible et mortel selon l'huma« nité (2). » Nous confesserons, en un mot, l'unité de la personne

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(1) Symbole des apôtres. (2) Unigenitus Dei Filius Jesus Christus a tota Trinitate communiter incarnatus, ex Maria semper Virgine Spiritus Sancti cooperatione conceptus, verus homo factus, ex anima rationali et humana carne compositus, una in duabus naturis persona........ Qui cum secundum divinitatem sit immortalis et impassibilis, idem ipse secundum humanitatem factus est passibilis et mortalis. Capit. 1.

du Verbe et la distinction de deux natures, la nature divine et la nature humaine, en Jésus-Christ.

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369. Il est de foi, 1o qu'il n'y a qu'une seule personne en JésusChrist; 2° que l'union du Verbe avec la nature humaine en JésusChrist n'est pas seulement une union morale, mais une union hypostatique ou personnelle, physique ou réelle; 3° que la sainte Vierge Marie, de laquelle est né Jésus-Christ, est véritablement mère de Dieu; 4° que Jésus-Christ est Fils de Dieu, non par adoption, mais par nature.

ARTICLE I.

Il est de foi qu'il n'y a qu'une seule personne en Jésus-Christ.

370. Cette proposition n'a pas besoin d'être prouvée; nous avons yu dans le chapitre précédent qu'il n'y a qu'une seule personne en Jésus-Christ, quoiqu'il y ait en lui deux natures, la nature divine et la nature humaine. Nous avons montré qu'il n'y a qu'un seul et même Christ, qui est tout ensemble Fils de Dieu et Fils de l'homme, vrai Dieu et vrai homme, non par la confusion des natures, mais par l'unité de personne : Unus omnino, non confusione substantiæ, sed unitate personæ (1). Et la personne de Jésus-Christ est la personne du Fils de Dieu, la seconde personne de la sainte Trinité; c'est le Verbe qui s'est fait chair, et non le Père ni le Saint-Esprit : Et Verbum caro factum est. Les trois personnes divines étant distinctes, l'incarnation de la seconde n'entraîne point l'incarnation des deux autres.

371. Quant à la personne humaine, elle ne peut subsister en Jésus-Christ; l'union du Verbe avec notre nature la fait disparaître. Il est de l'essence de la personne, qui est une substance raisonnable, de se régir elle-même. Or, la nature humaine, une fois unie réellement au Verbe, ne se régit plus elle-même; sans rien perdre de ce qui lui appartient, elle tombe par le fait sous le (1) Symbole de saint Athanase.

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domaine de la personne divine, qui la régit et là gouverne. En Jésus-Christ le Verbe préside à tout, le Verbe tient tout sous sa main, et, loin de s'altérer, la nature humaine est élevée, elle est ennoblie, sans que le Verbe se rabaisse par aucun endroit; il domine, en tout et partout, la nature qui lui est unie, et il en est le complément le plus parfait. « L'humanité de Jésus-Christ est « privée de la qualité de personne, non par la perte de quelque partie de son être, mais par la communication ineffable que le « Verbe lui fait de lui-même et de ses divines propriétés. Ainsi, « c'est par un accroissement de dignité et de grandeur qu'elle n'est « point une personne; c'est-à-dire qu'elle ne subsiste point séparément, qu'elle n'est point à soi, et qu'elle ne se gouverne pas: « c'est parce que le Verbe, en s'insinuant en elle, et la remplissant pleinement et intimement, se la rend propre, la gouverne, la régit, se l'assujettit, et agit par elle comme par une chose qui lui appartient, et comme l'âme agit par son corps (1). »

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372. On ne peut pas dire non plus que la personne, en NotreSeigneur, soit un composé de la nature divine et de la nature humaine, à peu près comme l'homme est composé du corps et de l'âme, ni qu'elle soit le résultat du mélange de la nature divine avec la nature humaine; le Verbe fait chair demeure ce qu'il était: l'Incarnation n'a pu faire éprouver à la nature divine le moindre changement, la moindre altération.

ARTICLE II.

I est de foi que l'union du verbe avec la nature humaine n'est pas seulement une union morale, mais une union hypostatique ou personnelle.

373. Cette proposition est encore une conséquence de ce que nous avons dit pour prouver le mystère de l'Incarnation; car ce mystère n'existe qu'autant que le Verbe s'est uni hypostatiquement ou personnellement à la nature humaine; ce n'est que par cette union réelle, physique, naturelle, qu'il s'est véritablement fait homme: Verbum caro factum est. Si l'union des deux natures en Jésus-Christ n'était qu'une union morale, telle que celle qui existait entre Dieu et ses prophètes, il y aurait alors deux Christs, et non un seul Christ, deux personnes, et non une seule personne. Or, c'est là précisément l'hérésie de Nestorius. L'union du Verbe avec notre nature est dans le genre de l'union qui fait de notre

(1) Nicole, m Instruct. sur le symbole, c. xvi.

âme et de notre corps une seule personne, la personne de l'homme « Sicut anima rationalis et caro unus est homo, ila « Deus et homo unus est Christus (1).

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374. L'union hypostatique est propre au Verbe; elle n'a eu lieu qu'entre le Verbe et la nature humaine; l'Incarnation ne s'est faite que dans le Verbe et par le Verbe, dont la personne est réellement distincte de la personne du Père et de la personne du Saint-Esprit: Verbum caro factum; néanmoins, l'acte par lequel s'est opéré ce mystère est commun aux trois personnes divines, ainsi que toute œuvre de Dieu qu'on appelle extérieure: Unigenitus Dei Filius Jesus Christus a tota Trinitate communiter incarnatus (2). Aussi nous voyons dans l'Écriture que le Père envoie son Fils, et que le Fils en venant en ce monde fait la volonté de son Père, et que le corps qu'il prend avec notre âme est conçu de la Vierge Marie par l'opération du Saint-Esprit.

375. L'union du Verbe avec notre nature est entière; elle comprend la nature humaine, telle qu'elle se trouve en nous, le péché excepté; elle comprend par conséquent notre corps avec toutes ses propriétés, et notre âme avec toutes ses facultés. Cette union est perpétuelle; les deux natures, la nature divine et la nature humaine, sont indivisiblement et inséparablement unies en JésusChrist (3). Aussi est-il écrit que Notre-Seigneur est prêtre pour toujours (4); que son sacerdoce est éternel (5); que son règne n'aura pas de fin (6); qu'il est aujourd'hui, qu'il était hier, et qu'il sera dans les siècles des siècles: Jesus-Christus heri, et hodie, ipse et in sæcula (7).

376. L'union hypostatique n'a pas été interrompue à la mort de Notre-Seigneur le Verbe est demeuré uni à l'âme de JésusChrist, tandis que son corps était au tombeau. Il est demeuré uni même au corps, comme l'enseigne le catéchisme du concile de Trente (8), d'après saint Jean Damascène (9), saint Léon (10), saint Augustin (11) et saint Grégoire de Nysse (12); ce qui est conforme à l'Écriture et aux symboles des apôtres, de Nicée et de Cons

(1) Symbole de saint Athanase.—(2) Concile général de Latran, de l'an 1215, capit. 1. - (3) Voyez, ci-dessus, le n° 363.— (4) Psaume cix. — (5) Epitre aux Hébreux, c. VII, v. 24. — (6) Saint Luc, c. 1, v. 33. — (7) Epitre aux Hébreux, c. XIII, v. 8.—(8) Quamvis anima (Christi) a corpore discesserit, nunquam tamen divinitas, vel ab anima, vel a corpore, separata est. Catéch. du concile de Trente, sur le symbole des apótres. (9) Liv. I, de la foi orthodoxe, c. XXVII. — (10) Sermon xvii sur la Passion. —(11) Lettre CLXXXVII. —

cours 1, sur la résurrection.

-(12) Dis.

tantinople, où nous lisons que Jésus-Christ, après sa mort, a été enseveli, et qu'il est descendu aux enfers. On ne dit pas seulement que son corps ait été mis dans le sépulcre, mais que Jésus-Christ, le Verbe fait chair, a été enseveli : ce qui se rapporte à la personne du Verbe, et suppose par là même que le Verbe était uni au corps de Jésus-Christ dans le tombeau, comme il était uni à l'âme lorsqu'elle est descendue dans les limbes, pour annoncer la délivrance aux anciens justes qui y étaient détenus, en attendant la venue du Messie.

ARTICLE III.

Il est de foi que la Vierge Marie, de laquelle est né Jésus-Christ, est véritable ment mère de Dieu.

377. Cette troisième proposition, comme les deux premières, découle naturellement du mystère de l'Incarnation. Comme il y a, en Jésus-Christ, une seule personne, la personne du Verbe, et deux natures, la nature divine et la nature humaine, il s'ensuit que la sainte Vierge Marie, étant véritablement mère de Jésus-Christ, est par là même véritablement mère de Dieu. Ce qui toutefois ne veut pas dire que Marie ait engendré la nature divine; jamais l'Église n'eût toléré une erreur aussi grossière. Marie est mère de Dieu, parce qu'elle a conçu et enfanté, selon l'humanité, le Verbe fait chair, qui est Dieu et homme tout ensemble. Elle est mère de Dieu, parce que c'est dans son sein et de sa propre substance que, par l'opération du Saint-Esprit, s'est formé le corps de JésusChrist, auquel le Verbe, Fils de Dieu et Dieu comme le Père, s'est uni hypostatiquement au moment de la conception, en prenant avec notre corps une âme raisonnable, c'est-à-dire tout ce qui constitue la nature humaine.

378. Nestorius, en niant l'unité de personne en Jésus-Christ, niait en même temps la maternité divine. Aussi le concile d'Éphèse, en se prononçant pour l'unité de personne, s'est-il prononcé pour la maternité divine de la Vierge Marie : il dit anathème à celui qui ne confesse pas que la sainte Vierge est mère de Dieu, Deipara, vu qu'elle a engendré, selon la chair, le Verbe de Dieu fait chair (1). Avant le concile d'Éphèse, on croyait dans l'Église,

(1) Si quis non confitetur, Emmanuelem verum Deum esse, et ob id sanctam Virginem Deiparam (genuit enim illa incarnatum Dei Verbum secundum carnem); anathema sit. Anathème 1, de saint Cyrille d'Alexandrie contre Nestorius, approuvé par le concile d'Éphèse.

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