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seule personne la nature divine et la nature humaine : union ineffable, qui l'aurait rendu notre maître, lors même qu'il ne serait point mort pour nous; car il est par là même notre maître souverain, le maître de toutes les créatures (1).

418. Enfin, l'un des principaux titres de Jésus-Christ, c'est le titre de médiateur. Nous étions ennemis de Dieu, séparés de Dieu par le péché; or, le Verbe, en s'incarnant, nous a rapprochés de Dieu; en prenant notre nature sans cesser d'être Dieu, il a réconcilié le ciel avec la terre, le Créateur avec la créature : « Il fallait, « dit saint Augustin, que le médiateur entre Dieu et les hommes « eût quelque chose de commun avec Dieu, et quelque chose de «< commun avec les hommes; car s'il avait été semblable aux << hommes en tout, il aurait été trop loin de Dieu; et s'il avait été « semblable à Dieu en tout, il aurait été trop loin des hommes, « et il ne serait plus médiateur (2). » Nous dirons donc avec l'Apôtre : « Il y a un Dieu, et un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ, homme (et Dieu), qui s'est livré lui-même pour la « rédemption de tous (3). Lorsque nous étions ennemis de Dieu, « nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (4). « Il a plu au Père que toute plénitude résidât en lui, et de récon« cilier toutes choses par lui et en lui-même, ayant pacifié, par le « sang qu'il a répandu sur la croix, et ce qui est en la terre et ce « qui est au ciel. Vous étiez autrefois éloignés de Dieu; vous étiez << ses ennemis par le déréglement de votre esprit, abandonné à des « œuvres criminelles; mais maintenant Jésus-Christ vous a récon«< ciliés par la mort qu'il a soufferte dans son corps mortel, pour « vous rendre saints, purs et irrépréhensibles devant lui (5). C'est « par lui que nous avons accès les uns et les autres auprès du

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(1) Catéchisme du concile de Trente, sur le symbole. — (2) Mediator autem inter Deum et homines oportebat ut haberet aliquid simile Deo, aliquid simile hominibus; ne in utroque hominibus similis longe esset a Deo, aut in utroque Deo similis longe esset ab hominibus; atque ita mediator non esset. Liv. x des Confessions, c. XLII. − (3) Unus enim Deus, unus et mediator Dei et hominum homo Christus Jesus: qui dedit redemptionem semetipsum pro omnibus: Ire épître à Timothée, c. 11, v. 5 et 6. – (4) Cum inimici essemus, reconciliati sumus Deo per mortem Filii ejus. Epitre aux Romains, c. v, v. 10. — (5) In ipso complacuit omnem plenitudinem inhabitare: et per eum reconciliare omnia in ipsum, pacificans per sanguinem crucis ejus, sive quæ in terris, sive quæ in cœlis sunt. Et vos cum essetis aliquando alienati, et inimici sensu in operibus malis. Nunc autem reconciliavit in corpore carnis ejus per mortem, exhibere vos sanctos et immaculatos, et irreprehensibiles coram ipso. Épitre aux Colossiens, c. 1, v. 19, etc.

« Père (1). Il peut sauver pour toujours ceux qui s'approchent de « Dieu par son entremise, étant vivant et en état d'intercéder « pour nous (2). Allons donc avec confiance au trône de sa grâce, << afin d'y obtenir miséricorde, et d'y trouver le secours de sa grâce ⚫ dans nos besoins (3). »

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CHAPITRE VII.

De la manière de s'exprimer en parlant du mystère de l'Incarnation de Jésus-Christ.

419. Pour parler exactement du mystère de l'Incarnation et de Jésus-Christ, on doit se conformer au langage de l'Écriture, des Pères, des conciles, des symboles ou professions de foi rédigés ou adoptés par l'Église, sans jamais perdre de vue la distinction de la nature divine et de la nature humaine, tellement unies entre elles qu'il n'y a qu'une seule personne en Jésus-Christ, la personne du Verbe, du Fils de Dieu fait homme. En vertu de cette union hypostatique, la foi catholique rapporte à la personne de Jésus-Christ les attributs et les propriétés de la nature divine et de la nature humaine, sans confondre la divinité avec l'humanité : c'est ce que les théologiens appellent la communication des idiomes ou des propriétés. Ainsi, en Jésus-Christ, Dieu est homme, l'homme est Dieu ce qui ne signifie pas que Jésus-Christ, comme Dieu, soit homme; ni que, comme homme, il soit Dieu; mais bien que le Fils de Dieu, Dieu comme le Père, éternel et consubstantiel au Père, s'est fait homme en s'associant la rature humaine, en la faisant sienne ou la rendant propre à sa personne, qui est la personne du Verbe, la seconde personne divine. De même, et pour la même raison, le Fils de Dieu est devenu le Fils de l'homme, et la Vierge Marie, de laquelle il est né, est devenue mère de Dieu : Deipara; non, encore une fois, que la sainte Vierge ait engendré la divinité, mais parce qu'en concevant et en engendrant le Fils de

(1) Per ipsum habemus accessum ambo in Spiritu ad Patrem. Epitre aux Ephésiens, c. 11, v. 18. — (2) Salvare in perpetuum potest accedentes per semetipsum ad Deum, semper vivens ad interpellandum pro nobis. Epître aux Hébreux, c. vii, v. 25. · (3) Adeamus ergo cum fiducia ad thronum gratiæ, ut misericordiam consequamur, et gratiam inveniamus in auxilio opportuno. Ibidem, c. iv, v. 16.

Dieu quant à l'humanité, elle n'a pu être mère que du Fils de Dieu; c'est la personne qui nait, c'est de la personne qu'on est mère.

420. Les théologiens nous donnent plusieurs règles sur la manière de s'exprimer en parlant de Jésus-Christ. Ces règles sont: 1o que les termes concrets, c'est-à-dire ceux qui expriment directement la personne ou le sujet, peuvent s'affirmer les uns des autres à l'égard de Jésus-Christ; 2° que les termes abstraits, ou qui expriment directement la forme ou l'attribut, ne peuvent s'affirmer les uns des autres en Jésus-Christ; autrement la communication des propriétés confondrait la nature divine avec la nature humaine; 3° qu'on peut attribuer à la personne de JésusChrist les noms abstraits de la nature divine, mais non pas les noms abstraits de la nature humaine. Mais parce qu'il est difficile de faire comprendre cela au commun des lecteurs, il est nécessaire de rapporter les exemples dont les docteurs se sont servis pour exprimer le dogme catholique.

421. Suivant la première règle, on dit, en parlant de JésusChrist: Dieu est homme, Dieu est né, Dieu a souffert, Dieu est mort, Dieu est ressuscité; ce qui signifie que le Fils de Dieu, qui' s'est fait homme en s'incarnant, est né comme homme, a souffert comme homme, est mort comme homme, est ressuscité comme homme. On dit également, toujours en parlant de Jésus-Christ homme-Dieu : L'homme est Dieu, l'homme est immortel. Le sens de cette proposition n'est pas que la divinité ni l'immortalité conviennent à l'humanité de Jésus-Christ, mais bien que la divinité et l'immortalité sont propres au Fils de Dieu fait homme, qui est Dieu comme le Père, éternel et consubstantiel au Père; elles ne se rapportent pas à la nature humaine, mais à la personne de celui qui est Dieu et homme tout ensemble, qui est impassible et immortel quant à la divinité, passible et mortel quant à l'humanité. C'est absolument comme si on disait: Celui qui s'est fait homme est Dieu, est immortel. Cependant, quoiqu'il soit très-vrai de dire que Dieu s'est fait homme, on ne peut dire que l'homme s'est fait Dieu; car ce n'est point l'homme qui s'est uni à Dieu, mais Dieu qui s'est uni à l'homme. On ne peut dire non plus que l'homme a été fait Dieu : cette proposition serait au moins équivoque, en ce qu'elle donnerait à entendre que la personne humaine subsiste en Jésus-Christ. Enfin, l'on ne pourrait dire que JésusChrist, comme homme, est Dieu; ni que Jésus-Christ, comme Dieu, est homme : ce serait confondre la nature divine avec la

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nature humaine; ce qui serait aussi contraire à la raison qu'à la foi.

422. D'après la seconde règle, ce serait une erreur non moins grossière de dire que la divinité de Jésus-Christ est l'humanité, qu'elle est née, qu'elle a souffert, qu'elle est morte, qu'elle est ressuscitée; ou que son humanité est la divinité, qu'elle est toutepuissante, infinie, immense, qu'elle est partout.

423. Selon la troisième règle, on dira: Le Verbe, le Fils de Dieu est la divinité, la sagesse, la toute-puissance de Dieu, puisqu'il est Dieu lui-même : Et Deus erat Verbum. Mais on ne dira pas qu'il est l'humanité; car, quoiqu'il ait pris notre nature, il n'est pas une même chose avec elle; la nature divine, en JésusChrist, demeure essentiellement distincte de la nature humaine.

424. Peut-on dire que Jésus-Christ se compose de la divinité et de l'humanité? On peut dire avec les Pères que Jésus-Christ est composé de la nature divine et de la nature humaine; mais, pour ne point s'écarter de leur pensée, il faut remarquer qu'il y a bien de la différence entre la manière dont la divinité et l'humanité coraposent Jésus-Christ, et celle dont sont composées les autres choses. « Car dans les autres choses composées les parties compo«santes se perfectionnent mutuellement, et le corps même ajoute « quelque chose à l'âme, tandis que l'humanité n'ajoute rien à la « divinité. Ainsi, dans cette divine composition formée par l'Incar« nation, la divinité donne et ne reçoit rien. Elle est aussi grande « à elle seule que le tout; elle communique ses richesses infinies à l'humanité, mais elle ne reçoit rien d'elle. Dans cette composi⚫tion la divinité tient lieu de tout, parce qu'elle possède en soi la « plénitude de toute perfection (1). » Mais, quoiqu'on puisse dire que l'âme et le corps de l'homme sont une nature composée, on ne peut dire qu'il en soit de même de Jésus-Christ; il n'est point une nature composée de la divinité et de l'humanité. L'âme et le corps, étant deux êtres imparfaits et destinés à être unis l'un à l'autre, peuvent composer ensemble une nature, parce qu'ils se perfectionnent mutuellement, eu égard à la fin que se propose le Créateur; mais la divinité contenant en elle toutes sortes de perfections, n'en peut recevoir de nouvelles. Elle peut donc s'unir à la nature humaine pour la perfectionner, mais non pour se perfectionner elle-même, ce qui lui est uni ne lui donnant absolument rien.

(1) Nicole, III instruction sur le symbole, c. xvII. nély, Tract, de Incarnatione, quæst. ix, art. 11.

Voyez aussi Tour

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425. Il est encore d'autres questions soulevées par les scolastiques touchant l'Incarnation du Fils de Dieu; mais parce que ces questions ne touchent point à la foi, et qu'il vaut mieux se pénétrer de ce mystère d'amour que d'entrer dans des discussions qui n'édifient point, nous finirons en disant avec le pape saint Léon: « Rendons grâce à Dieu le Père, par son Fils, dans le SaintEsprit ; dans sa grande miséricorde et son amour pour les hom« mes, il a eu pitié de nous, et lorsque nous étions morts par le péché, il nous a rendu la vie par Jésus-Christ, afin que nous << fussions en lui de nouvelles créatures et un nouvel ouvrage de « ses mains. Dépouillons-nous donc du vieil homme et de ses « actes; et, participant au bienfait de la naissance de Jésus-Christ, «< renonçons aux œuvres de la chair. Reconnais, ô chrétien, ta dignité; et, associé à la nature divine, ne retombe plus dans ton « ancienne bassesse par une conduite indigne de ton caractère. << Souviens-toi de quel chef et de quel corps tu es membre. N'ou«blie pas que, retiré de la puissance des ténèbres, tu es parvenu à « la lumière et au royaume de Dieu. Par le baptême tu es devenu « le temple du Saint-Esprit : garde-toi de bannir de ton cœur par « des affections criminelles un hôte aussi auguste, et de retomber ⚫ au pouvoir du démon. Le prix de ta rédemption est le sang de Jésus-Christ, qui doit te juger dans sa justice, après t'avoir ra« cheté dans sa miséricorde (1). Jésus-Christ a annulé le pacte « que l'homme trompé avait fait avec le tentateur. Toute ta dette «a été acquittée par le rédempteur. Le fort armé est garrotté par << ses propres liens, et ses artifices retombent sur sa tête; le prince << du monde étant lié, la liberté nous est rendue; la nature hu« maine, purifiée de ses taches, recouvre son ancienne dignité; « la mort est détruite par la mort; la naissance est réparée par

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(1) Agamus ergo, dilectissimi, gratias Deo Patri, per Filium ejus, in Spiritu Sancto, qui, propter multam misericordiam suam qua dilexit nos, misertus est nostri et cum essemus mortui peccatis, convivificavit nos Christo, ut essemus in ipso nova creatura novumque figmentum. Deponamus ergo veterem hominem cum actibus suis; et adepti participationem generationis Christi, carnis renuntiemus operibus. Agnosce, o christiane, dignitatem tuam, et divinæ consors factus naturæ, noli in veterem vilitatem degeneri conversatione redire. Memento cujus capitis et cujus corporis sis membrum. Reminiscere, quia erutus de potestate tenebrarum, translatus es in Dei lumen et regnum. Per baptismatis sacramentum Spiritus Sancti factus es templum : noli tantum habitatorem pravis de te actibus effugare, et diaboli te iterum subjicere servituti : quia pretium tuum sanguis est Christi : quia in veritate te judicabit, qui in misericordia te redemit. Sermon 1, sur la nativité de Notre-Seigneur.

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