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« une naissance nouvelle. Puisque la rédemption nous tire de l'esclavage, la régénération change notre origine, et la foi justifie les pécheurs (1). ›

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CHAPITRE VIII.

Du culte de Jésus-Christ.

426. Le mot culte exprime le témoignage d'honneur ou de respect que nous rendons à un être qui est au-dessus de nous. Le culte est intérieur ou extérieur : intérieur, lorsqu'il ne se manifeste par aucun signe, demeurant concentré dans le fond de notre âme; extérieur, lorsqu'il se produit au dehors par la parole ou les mouvements du corps. Comme le culte change de nature suivant le sujet auquel il se rapporte et le motif qui l'inspire, on distingue le culte civil et le culte religieux; le culte suprême et le culte inférieur ou subordonné; le culte absolu et le culte relatif. Lorsque nous honorons un roi, c'est un culte civil, culte suprême en son genre: si nous honorons ses ministres, c'est un culte civil, mais un culte inférieur; si nous respectons son image, sa statue, c'est encore une espèce de culte civil, culte tout à fait relatif, qui se termine à la dignité royale. Il en est de même du culte religieux, quoiqu'il appartienne à un ordre supérieur : le culte que nous rendons à Dieu comme au créateur et au souverain Seigneur de toutes choses, est le culte suprême, qu'on appelle aussi culte de látrie, l'adoration proprement dite, qui ne convient qu'à Dieu : Dominum tuum adorabis, et illi soli servies (2). Le culte que l'Église rend aux anges et aux saints est un culte également religieux, mais un culte inférieur, appelé le culte de dulie: ce culte, sans être purement relatif comme le culte des images, se rapporte à Dieu lui-même, comme à l'auteur de tout don, de tout bien ; ce

(1) Solvitur itaque letiferæ pactionis malesuasa conscriptio, et per injustitiam plus petendi, totius debiti summa vacuatur. Fortis ille (diabolus) nectitur suis vinculis, et omne commentum maligni in caput ipsius retorquetur. Ligato mundi principe, captivitatis vasa rapiuntur. Redit in honorem suum ab antiquis contagiis purgata natura, mors morte destruitur, nativitas nativitate reparatur : quoniam simul et redemptio aufert servitutem, et regeneratio mutat originem, et fides justificat peccatorem. Sermon u, sur la nativité de Notre-Seigneur. — (2) Saint Matthieu, c. Iv, v. 10.

qui est vrai même du culte d'hyperdulie, c'est-à-dire du culte spécial qu'on rend à la sainte Vierge, comme étant élevée par sa qualité de mere de Dieu au-dessus des anges et des hommes, audessus de toute créature. Enfin, honorer les images et les corps des saints, ou ce qui nous en reste, reliquiæ, c'est honorer les saints eux-mêmes; et cet honneur revient encore principalement à Dieu. 427. Pour ce qui regarde l'adoration qui est due à Dieu, « l'É« glise catholique enseigne qu'elle consiste principalement à croire qu'il est le créateur et le Seigneur de toutes choses, et à nous « attacher à lui de toutes les puissances de notre âme par la foi, « par l'espérance et par la charité, comme à celui qui seul peut « faire notre félicité, par la communication du bien infini, qui est « lui-même (1). » La même Église enseigne que tout culte religieux « se doit terminer à Dieu, comme à sa fin nécessaire; et si l'hon« neur qu'elle rend à la sainte Vierge et aux saints peut être appelé religieux, c'est à cause qu'il se rapporte nécessairement à « Dieu (2). Pour les images, le concile de Trente (3) défend expressément d'y croire aucune divinité ou vertu pour laquelle on « doive les révérer, de leur demander aucune grâce, et d'y atta«< cher sa confiance; et veut que tout honneur se rapporte aux originaux qu'elles représentent (4). Ainsi, à parler précisément et « selon le style ecclésiastique, quand nous rendons l'honneur à l'image d'un apôtre ou d'un martyr, notre intention n'est pas « tant d'honorer l'image, que d'honorer l'apôtre ou le martyr en « présence de l'image (5). On doit entendre de la même sorte « l'honneur que nous rendons aux reliques, à l'exemple des pre« miers siècles de l'Église (6). »

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428. Après avoir dit en quoi consiste le culte que nous rendons à Dieu et aux saints, nous parlerons, dans ce chapitre, du culte de Jésus-Christ comme homme, et, dans les chapitres suivants, du culte et de l'invocation des saints, du culte des images et des reliques, du culte et des prérogatives de la sainte Vierge Marie, mère de Dieu.

429. C'est un dogme catholique qu'on doit adorer Jésus-Christ, et comme Dieu et comme homme : comme Dieu, puisque JésusChrist est Dieu, et que l'adoration est le culte qu'on rend à Dieu; comme homme, puisqu'en vertu de l'union hypostatique, il ne

(1) Bossuet, Exposition de la doctrine de l'Église catholique, no 11. — '2) lbidem. (3) Session xxv, décret De l'invocation des saints. — (4) Bossuet, Exposition de la doctrine de l'Église catholique, no v. — (5) Ibidem.

- (6) Ibidem.

peut être adoré comme homme sans être adoré comme Dieu; cette adoration s'adresse à la personne même du Verbe fait chair. On ne distingue point, à l'égard de Jésus-Christ, un culte pour la nature divine et un culte pour la nature humaine; car les deux natures n'ont qu'une seule et même personne, la personne divine, à laquelle se rapporte le culte que nous rendons à Jésus-Christ. C'est pourquoi, quand nous disons que l'on doit adorer l'humanité, nous ne la séparons point du Verbe, comme nous ne séparons point le Verbe de l'humanité dont il s'est revêtu: « Neque vero hujusmodi (Domini) corpus a Verbo dividentes adoramus, dit saint Athanase, neque cum Verbum volumus adorare, ipsum a << carne removemus (1). » Suivant le cinquième concile œcuménique et le concile de Latran, de 649: « Si quelqu'un dit qu'on « adore Jésus-Christ dans deux natures, admettant deux espèces << d'adoration, l'une pour Dieu le Verbe, et l'autre pour l'homme << pris séparément; ou si, confondant l'humanité avec la divinité, « il adore Jésus-Christ comme étant une seule nature ou une seule << essence; au lieu d'adorer, par une adoration unique, Dieu le << Verbe incarné conjointement avec la nature humaine, selon ce « qui a été transmis dès le commencement à la sainte Église de Dieu; qu'il soit anathème (2). » En effet, les Pères, entre autres saint Cyrille de Jérusalem, saint Augustin, saint Épiphane, saint Ambroise, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, saint Athanase, enseignent clairement que l'on doit adorer l'humanité de Jésus-Christ; ce qui est d'ailleurs conforme à l'Écriture. Certainement saint Paul parlait de l'homme-Dieu ou de JésusChrist comme homme, lorsqu'il dit : « Il s'est abaissé lui-même, a se rendant obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la mort de la « croix. C'est pourquoi Dieu l'a élevé, et lui a donné un nom qui a est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou « fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire. « de Dieu le Père (3). »

(1) Lettre à Adelphius.- (2) Si quis adorari in duabus naturis dicit Christum, ex quo duas adorationes introducunt, semotim Deo Verbo, et semotim homini : aut si quis ad peremptionem carnis, aut ad confusionem deitatis et humanitatis, unam naturam sive essentiam convenientium pertentose dicens, sic adorat Christum, sed non una adoratione Deum Verbum incarnatum, cum ejus carne adorat, juxta quod sanctæ Dei Ecclesiæ ab initio traditum est, talis anathema sit. Labbe, tom. V, col. 574, et tom. vi, col. 251. - (3) Humiliavit semetipsum factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus exaltavit illum,

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430. Si non-seulement il est permis, mais si c'est un devoir d'adorer l'humanité de Jésus-Christ, en tant qu'elle est unie à la divinité, on peut par là même adorer le sacré cœur de Jésus comme faisant partie de son humanité, qui, à partir du moment de l'Incarnation, n'a jamais été séparée de la personne du Verbe. Ainsi le culte que l'Église catholique rend au sacré cœur de Jésus est un culte pieux, légitime, exempt de toute superstition. Le pape Pie VI, par la bulle Auctorem fidei, a condamné solennellement, comme fausse, téméraire, offensive des oreilles pieuses, injurieuse au siége apostolique, la proposition du synode de Pistoie, qui rejette la dévotion envers le sacré cœur de Jésus parmi les dévotions que ce synode regarde comme nouvelles, erronées ou au moins dangereuses (1). Comment, en effet, supposer que l'Église, toujours animée de l'esprit de Dieu, constamment assistée de son divin fondateur qui a promis d'être avec elle tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles; comment supposer, dis-je, qu'elle enseigne jamais, ou qu'elle pratique jamais, ou qu'elle approuve jamais la superstition? Nous adorerons donc le sacré

et donavit illi nomen, quod est super omne nomen : ut in nomine Jesu omne genu flectatur cœlestium, terrestrium, et infernorum; et omnis lingua confiteatur, quia Dominus Jesus Christus in gloria est Dei Patris. Lettre aux Philippiens, c. 1, v. 8, etc. - (1) La bulle Auctorem fidei condamne les trois propositions suivantes du synode de Pistoie, touchant le culte de l'humanité et du cœur de Jésus; savoir: « 1° Propositio quæ asserit, adorare directe humani« tatem Christi, magis vero aliquam ejus partem fore semper honorem di« vinum datum creaturæ; quatenus per hoc verbum directe intendat repro<< bare adorationis cultum, quem fideles dirigunt ad humanitatem Christi, per<< inde ac si talis adoratio, qua humanitas ipsaque caro vivifica Christi adoratur, << non quidem propter se et tanquam nuda caro, sed prout unita divinitati, foret << honor divinus impertitus creaturæ, et non potius una eademque adoratio, qua « Verbum incarnatum cum propria ipsius carne adoratur. CENSURA: Falsa, « captiosa, pio ac debito cultui humanitati Christi a fidelibus præstito ac præstando detrahens, et injuriosa. 2o Doctrina, quæ devotionem erga sa<«< cratissimum cor Jesu rejicit inter devotiones, quas notat velut novas, erro«neas, aut saltem periculosas, intellecta de hac devotione, qualis est ab apos«tolica sede probata. CENSURA: Falsa, temeraria, perniciosa, piarum « aurium offensiva, in apostolicam sedem injuriosa. 3° Item, in eo quod «< cultores cordis Jesu hoc etiam nomine arguit, quod non advertant sanctissi« mam carnem Christi, aut ejus partem aliquam, aut etiam humanitatem totam «< cum separatione, aut præcisione a divinitate adorari non posse cultu latriæ : « quasi fideles cor Jesu adorarent separatione, vel præcisione a divinitate, dum «< illud adorant, ut est cor Jesu, cor nempe personæ Verbi, cui inseparabiliter « unitum est, ad eum modum, quo exsangue corpus Christi in triduo mortis << sine separatione aut præcisione a divinitate adorabile fuit in sepulchro. CEN« SURA. Capliosa, in fideles cordis Christi cultores injuriosa. »

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cœur de Jésus, parce que nous ne le séparons ni de l'humanité de Jésus, ni de la personne de Jésus, qui est la personne du Fils de Dieu, la personne du Verbe fait chair: Neque vero (Christi) corpus a Verbo dividentes adoramus (1).

431. Il n'en est pas de l'adoration de l'humanité de JésusChrist comme du culte de la croix. Nous adorons l'humanité de Notre-Seigneur en tant qu'elle est unie à la divinité; tandis que nous n'adorons point la croix, ainsi que nous le verrons un peu plus bas : le culte que nous lui rendons, comme au signe de notre salut, n'est qu'un culte relatif, qui se rapporte au Sauveur du monde expirant sur la croix.

CHAPITRE IX.

Du culte des saints.

432. A l'occasion du culte de Jésus-Christ, nous parlons du culte que l'Église rend aux anges, aux saints, et particulièrement à la sainte Vierge mère de Dieu. Ce culte est légitime, et n'a rien de commun avec l'idolâtrie. Dans l'ordre civil, nous honorons le roi, ses ministres et les magistrats, sans rendre à ceux-ci les mêmes honneurs qu'au souverain. Dans l'ordre de la religion, nous honorons Dieu, notre Créateur; nous honorons les anges, qui sont ses ministres, et les saints qu'il a glorifiés dans le ciel, sans toutefois rendre ni aux anges ni aux saints le même culte qu'à Dieu. Nous honorons, nous adorons, nous servons le Roi des rois, le Souverain seigneur de toutes choses, d'un culte de látrie, culte qui ne convient qu'à Dieu, à qui est dû honneur et gloire dans les siècles des siècles (2). Nous honorons les anges et les saints, mais nous ne les honorons que d'un culte inférieur et subordonné, d'un culte qui, sans être purement relatif, se rapporte à Dieu, comme à celui qui est la source de tout don, de toute grace, de toute sainteté. Nous honorons les saints, mais ne les adorons point, à prendre ce terme dans le sens qui exprime le culte suprême; nous ne les servons point, nous ne servons que Dieu seul; et c'est parce que nous ne servons que Dieu seul, que nous n'honorons les saints que conformément à l'ordre établi de Dieu,

(1) Saint Athanase, lettre à Adelphius. —(2) Soli Deo honor et gloria. Ire épí tre à Timothée, c. 1, v. 17.

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