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sent, soit par la vision intuitive dont ils jouissent dans le ciel, soit par une révélation spéciale qui se rattache à l'ordre établi de Dieu, d'après lequel l'Église triomphante se trouve en rapport avec l'Église militante et avec l'Église souffrante. Ils connaissent nos prières, puisque, comme le dit l'apôtre saint Jean, ils les portent devant le trône de l'Éternel (1).

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451. Il s'agit des images de Jésus-Christ, de la sainte Vierge et des saints, et des images qui représentent certains mystères de la religion. Or le culte des images est permis; il n'a rien de commun avec l'idolâtrie, rien qui ne soit conforme à l'esprit de la religion. Ce culte est un culte relatif et non absolu, il se rapporte aux originaux : honorer les images en peinture ou en sculpture, c'est honorer les saints ou les mystères qui en sont l'objet. Voici sur ce point le dogme catholique: suivant le concile de Trente, << on doit avoir et conserver, principalement dans les églises, les «< images de Jésus-Christ, de la Vierge mère de Dieu, et des autres « saints, et leur rendre l'honneur et la vénération qui leur sont «< dus: non que l'on croie qu'il y ait en elles quelque divinité ou quelque vertu pour laquelle on doive les honorer, ni qu'on « puisse arrêter sa confiance en elles, comme faisaient autrefois les « gentils, qui mettaient leur espérance dans les idoles; mais parce « que l'honneur qu'on leur rend se rapporte aux originaux qu'elles représentent; de sorte qu'en baisant les images, en nous dé« couvrant et nous prosternant devant elles, nous adorons Jésus« Christ et nous honorons les saints, dont elles portent la ressem<< blance. C'est ce qui a été défini par les décrets des conciles, et « particulièrement du second concile de Nicée, contre ceux qui attaquaient le culte des images (2). »

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(1) Et ascendit fumus incensorum de orationibus sanctorum de manu angeli coram Deo. Apocal., c. ví, v. 4. — (2) Imagines Christi, Deiparæ Virginis, et aliorum sanctorum, in templis præsertim habendas et retinendas, eisque debifum honorem et venerationem impertiendam : non quod credatur inesse aliqua in iis divinitas, vel virtus, propter quam sint colendæ ; vel quod ab eis sit aliquid petendum; vel quod fiducia in imaginibus sit figenda, veluti olim fiebat a gen

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452. En effet, le concile œcuménique de Nicée, de l'an 787, a rendu le décret suivant : « Ayant employé tout le soin et toute << l'exactitude possibles, nous décidons que les saintes images, soit << de couleur, soit de pièces de rapport ou de quelque autre ma«tière convenable, seront exposées, comme la figure de la croix, « tant dans les églises, sur les vases et les habits sacrés, sur les mu« railles et les planches, que dans les maisons et les chemins; c'est « à savoir l'image de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de la sainte Vierge, des anges et de tous les saints; car plus on le voit sou« vent dans les images, plus ceux qui les regardent sont excités au « souvenir et à l'affection des originaux. On doit rendre à ces images le salut et la vénération d'honneur, non la véritable la« trie ou le culte suprême que demande notre foi, et qui ne convient · qu'à la nature divine; mais on approchera de ces images l'encens « et le luminaire, comme on en use à l'égard de la croix, des Évangiles et des autres choses sacrées; le tout suivant la pieuse « coutume des ancêtres. Car l'honneur de l'image passe à l'origi«nal; celui qui révère l'image, révère le sujet qu'elle représente. << Telle est la doctrine des saints Pères et la tradition de l'Église catholique, qui s'étend d'une extrémité de la terre à l'autre. Nous « suivons ainsi le précepte de saint Paul, en retenant les traditions « que nous avons reçues. Ceux donc qui osent penser ou enseigner ⚫ autrement; qui abolissent, comme les hérétiques, les traditions ⚫ de l'Église; qui introduisent des nouveautés; qui ôtent quelque ⚫ chose de ce qu'on conserve dans l'Église, l'Evangile, la croix, les « images ou les reliques des saints martyrs; qui profanent les vases « sacrés ou les vénérables monastères, nous ordonnons qu'ils soient « déposés, s'ils sont évêques ou clercs, et excommuniés, s'ils sont « moines ou laïques (1). ».

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tibus, quæ in idolis spem suam collocabant; sed quoniam honos, qui eis exibetur, refertur ad prototypa, quæ illæ repræsentant : ita ut per imagines, quas ' osculamur et coram quibus caput aperimus et procumbimus, Christum adoremus; et sanctos, quorum illæ similitudinem gerunt, veneremur. Sess. xxv, De l'invocation des saints, etc. — (1) Definimus in omni certitudine ac diligentia, sicut figuram pretiosæ ac vivificæ crucis, ita venerabiles ac sanctas imagines proponendas, tam quæ de coloribus et tessellis, quæ ex alia materia congruenter in sanctis Dei ecclesiis, et sacris vasis, et vestibus, et in parietibus ac tabulis, domibus et viis; tam videlicet imaginem Domini Dei et Salvatoris nostri Jesu Christi, quam intemeratæ Dominæ nostræ sanctæ Dei genitricis, honorabiliumque angelorum, et omnium sanctorum simul et almorum virorum. Quanto enim frequentius per imaginalem formationem videntur, tanto qui has contemplantur, alacrius eriguntur ad primitivorum earum memoriam et desiderium, et ad os

453. On remarque, dans ce décret, la distinction entre l'adoration proprement dite, qui ne s'adresse qu'à Dieu, et le culte inférieur et relatif qu'on rend aux images. A la vérité, le concile se sert du mot grec proskynein, en latin adorare; mais il l'explique lui-même dans la lettre à l'empereur Constantin, où il montre, par son étymologie et par des exemples tirés de l'Écriture, que ce mot est synonyme de saluer, de baiser, de révérer, et qu'ainsi il peut s'appliquer même aux hommes; tandis que les mots latrevein, latreia, emportent l'idée du culte suprême, et ne s'appliquent qu'à Dieu seul. « Il y a, disent les Pères de Nicée, une adoration mêlée << d'honneur, d'amour et de crainte, comme quand nous adorons « votre majesté. Il y en a une de crainte seule, comme quand Ja« cob adora Ésaü. Il y en a une d'action de grâces, comme quand « Abraham adora les enfants de Heth, à l'occasion de la sépulture « de Sara. C'est pourquoi l'Écriture, voulant nous instruire, dit : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui « seul. Elle emploie le terme adorer indéfiniment, comme un « terme qui a différentes significations, parce qu'elle ne dit pas, « Tu adoreras Dieu seul; mais elle restreint cette adoration au «< culte de latrie, en ajoutant: Tu ne serviras que lui seul (1). C'est donc ignorance ou mauvaise foi de la part des protestants, de reprocher aux catholiques de rendre aux images le même culte qu'à Dieu. A prendre les mots adorer, adoration, dans le sens qu'on leur donne généralement aujourd'hui, ou en tant qu'ils ex

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culum, et ad honorariam his adorationem tribuendam : non tamen ad veram latriam, quæ secundum fidem est, quæque solam divinam naturam decet, impertiendam; ita ut istis, sicut figuræ pretiosæ ac vivificæ crucis et sanctis Evangeliis, et reliquis sacris monumentis, incensorum et luminum oblatio ad harum honorem efficiendum exhibeatur, quemadmodum et antiquis piæ consuetudinis erat. Imaginis enim honor ad primitivum transit: et qui adorat imaginem, adorat in ea depicti subsistentiam. Sic enim robur obtinet sanctorum Patrum nostrorum doctrina, id est traditio sanctæ catholicæ Ecclesiæ, quæ a finibus usque ad fines terræ suscepit Evangelium. Act. vi°. Labbe, tom. vii, col. 555.. (1) Cum vox (adoratio) multa significet, una tamen significatione........ manifestat adorationem quæ est secundum latriam. Adhuc autem adoratio est, et ea quæ per honorem et per amorem ac timorem fit; sicut nos adoramus et gloriosissimum et mansuetissimum imperium vestrum. Est et alia per timorem tantum, sicut Jacob adoravit Esau. Et est per gratiam, sicut Abraham adoravit filios Heth pro agro quem accepit ab eis in sepulturam Saræ uxoris suæ... Hinc enim divina Scriptura docens nos, Dominum Deum tuum adorabis, et illi soli servies, adorationem sine prohibitione dixit, tanquam diversas quidem significationes, sed homonymam vocem habentem, et non soli addidit. Porro servies li soli dixit: etenim soli Deo servitutem nostram referimus. Ibidem, col. 583.

priment le culte de latrie, l'Église n'a jamais adoré ni les images des saints, ni les saints eux-mêmes.

454. Le second concile de Nicée s'appuie sur la croyance de l'Église universelle. En effet, toutes les Églises d'Orient applaudirent à ses décisions, et les Églises d'Occident les confirmèrent par leur adhésion. Il est vrai que plusieurs Églises des Gaules et d'Allemagne, ayant été trompées par une version infidèle, crurent que les Pères de Nicée accordaient aux images l'adoration proprement dite, qui ne convient qu'à Dieu, et refusèrent d'abord de souscrire à la condamnation des iconoclastes; mais, la méprise une fois découverte, elles reconnurent avec joie que la véritable doctrine de ce concile était celle de l'antiquité. Aussi le quatrième concile œcuménique de Constantinople, de l'an 869, déclara qu'on devait honorer et vénérer les images de la mère de Dieu, des saints anges et des autres saints, ajoutant que ceux qui pensent autrement sont anathèmes (1).

455. Le second concile de Nicée invoque aussi, en faveur du dogme catholique, l'enseignement des saints Pères. Il cite, entre autres, saint Germain, patriarche de Constantinople; saint Grégoire II, pape; Léonce, évêque de Napoli; Théodoret, saint Astérius, évêque d'Amasée; saint Nil, saint Cyrille d'Alexandrie, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, et saint Basile. A ces autorités on peut ajouter les témoignages de saint Jean Damascène, du vénérable Bède, de saint Grégoire le Grand, de saint Grégoire de Tours, de saint Augustin, de saint Paulin, de saint Jérôme, de saint Ambroise, de saint Athanase, de Lactance et d'Eusèbe de Césarée, qui atteste avoir vu des images de Jésus-Christ, de saint Pierre et de saint Paul, que l'on croyait avoir été faites de leur temps (2). Tertullien lui-même, qui touche de si près aux temps apostoliques, nous apprend que Jésus-Christ était représenté sur les vases sacrés sous l'image du bon pasteur (3).

456. D'ailleurs, au rapport d'Origène (4), de Minutius Félix (5) et de saint Cyrille d'Alexandrie (6), les païens reprochaient aux premiers chrétiens d'adorer la croix; ce qui suppose évidemment

(1) Quicumque Christi Salvatoris imaginem non adorat, is in secundo Christi adventu non videat ipsius faciem. Eadem ratione intemeratæ genitricis illius effigiem, sanctorumque angelorum, quemadmodum illos sacrarum litterarum paginæ describunt, ac sanctorum omnium veneramur et colimus. Qui aliter sentiunt, anathema sunto. Labbe, Concil. vш, col. 1370. —(2) Hist. eccl., liv, vi, C. XVIII. - (3) De la Pudicité, c. vII. - (4) Contre Celse. - (5) Octavius de Minutius Felix. (6) Dans ses livres contre Julien.

que dans la primitive Église on honorait les images de la croix, et qu'en les honorant on adorait Jésus-Christ crucifié, sans adorer le bois devant lequel on se prosternait. « Quand Hélène découvrit « la croix du Sauveur, dit saint Ambroise, elle adora Jésus-Christ • et non pas le bois, ce qui eût été l'erreur des gentils; elle adora « celui qui avait été suspendu à ce bois (1). » Saint Jérôme dit aussi de sainte Paule que, prosternée devant la croix, comme si elle y voyait attaché Notre-Seigneur, elle adorait (2). Ainsi donc l'Église a constamment vénéré la croix, les images de Jésus-Christ et des saints. Donc le culte des images n'a rien qui ne soit conforme à l'esprit de la religion, vu que le culte que nous leur rendons n'est qu'un culte relatif qui se rapporte aux prototypes, c'est-à-dire, aux saints qu'elles représentent; et que le culte des saints, qui n'est qu'un culte inférieur et subordonné, se rapporte lui-même à Dieu, comme à la fin dernière de toutes choses: Honoramus servos, ut honor servorum redundet ad Dominum (3).

457. Mais le culte des images n'est-il pas contraire au premier précepte du Décalogue? N'est-il pas écrit : « Je suis le Seigneur « votre Dieu, qui vous ai tirés du pays des Égyptiens, de la maison « de servitude. Vous n'aurez point d'autre Dieu devant moi. Vous a ne vous ferez point d'images taillées, ni toute autre figure de ce << qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les «<eaux sur la terre (4)? » Non, le culte des images, tel qu'il a lieu dans l'Église catholique, n'est point contraire à la loi. Que prescrit en effet la loi? Elle prescrit d'adorer et de servir Dieu seul. Or l'Église n'a jamais adoré ni servi que le seul vrai Dieu. Que défend la loi? Elle défend aux Israélites d'adorer les dieux étrangers, c'est-à-dire, les fausses divinités qui étaient adorées chez leurs voisins; elle leur défend de faire des images ou figures des choses qui sont au ciel, ou sur la terre, ou dans les eaux, afin de les prémunir contre le culte des astres qu'adoraient les Chananéens, des bœufs et des autres animaux qu'adoraient les Égyptiens, des serpents et des poissons qu'adoraient les mêmes Égyptiens et les Philistins. En un mot, elle défend le culte des idoles, devant lesquelles

(1) Invenit ergo titulum (crucis), Regem adoravit, non lignum utique; quia hic gentilis est error, et vanitas impiorum: sed adoravit illum qui pependit in ligno, scriptus in titulo. Discours sur la mort de Théodose. (2) Prostrata ante crucem, quasi pendentem Dominum cerneret, adorabat. Lettre à Eustochius sur la mort de sainte Paule. — (3) Lettre à Riparius. — (4) Non facies fibi sculptile, neque omnem similitudinem quæ est in cœlo desuper, et quæ in terra deorsum, nec eorum quæ sunt in aquis sub terra. Exode, c. xx, v. 4.

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