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CHAPITRE VI.

Des cérémonies du baptême.

656. Comme nous avons donné, dans la Théologie morale, l'explication des cérémonies du baptême, il suffira de montrer ici, contre Luther et Calvin, qu'elles sont de la plus haute antiquité. Les principales cérémonies qui précèdent, accompagnent et suivent l'administration de ce sacrement, remontent au temps des apôtres. En effet, elles se pratiquent en Orient et en Occident, chez les Grecs et chez les Latins, chez les schismatiques et les hérétiques, comme chez les catholiques. Or, comment auraient-elles pu être si universellement adoptées, si elles n'avaient eu pour auteurs les premiers disciples de Jésus-Christ? D'ailleurs les Constitutions apostoliques, qui ont été mises par écrit au troisième ou quatrième siècle, les anciens Sacramentaires, les Pères de l'Église primitive, en font mention comme d'usages établis et observés partout.

657. Des parrains et marraines. Il en est parlé dans Tertullien (1), dans saint Basile (2), dans les Constitutions apostoliques (3), dans saint Chrysostome (4) et dans saint Augustin (5).

658. De la bénédiction de l'eau baptismale. C'est l'usage, dans l'Église, de bénir, la veille de Pâques et la veille de la Pentecôte, l'eau qui doit servir au baptême; et cet usage est fort ancien. Il faut, dit saint Cyprien, que l'eau soit purifiée et sanctifiée par le prêtre, avant de laver par le baptême les péchés de celui qui est baptisé (6). Du temps de saint Basile, on bénissait l'eau du baptême et l'huile de l'onction: Benedicimus aquam baptismatis et oleum unclionis (7). Tertullien (8), saint Cyrille de Jérusalem (9), saint Epiphane (10), saint Grégoire de Nysse (11), saint Ambroise (12) et saint Augustin (13), parlent de cette bénédiction comme d'une cé

(1) Liv. du Baptême, c. xviii.

(2) Lettre CXXVIII. — (3) Liv. m, c. XVI. (4) Homélie XII, sur la Ire épître aux Corinthiens. — (5) Sermon CXVI.— (7) Liv. du Saint-Esprit, c. xxx.

tre LXX.

(9) Catéchèse .

(10) Hérésie xxx.

(6) Let

(8) Liv. du Baptême, c. IV. — (11) Discours sur le baptême.

(12) Liv. 1, des Sacrements, c. v. — (13) Liv. 1, du Baptême, c. xv.

rémonie usitée de leur temps, c'est-à-dire, dès les premiers siècles du christianisme.

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659. Des exorcismes. L'usage des exorcismes est également fort ancien. Saint Cyrille de Jérusalem, exhortant les catéchumènes à recevoir les exorcismes avec respect, s'exprime ainsi : Recevez avec soin les exorcismes : soit qu'on souffle sur vous, • soit qu'on vous exorcise, songez que tout cela a votre salut pour objet. Sans les exorcismes votre âme ne pourra être purifiée, car « ils sont divins. Leur usage est fondé sur divers témoignages de « l'Écriture sainte (1). » Saint Augustin invoque l'usage des exorcismes pour prouver le péché originel contre les pélagiens. « Péa lage, dit-il, accuse l'Église qui est répandue dans tout l'univers; « car partout on souffle sur les petits enfants qu'on doit baptiser, « afin d'éloigner d'eux le prince de ce monde (2). » A ces autorités on peut ajouter les témoignages de Tertullien (3), de saint Grégoire de Nazianze (4), de saint Cyprien (5), de saint Optat de Milève (6), de saint Jean Chrysostome (7) et du pape saint Célestin (8). Aussi Gennade, auteur du cinquième siècle, atteste que de son temps la cérémonie des exorcismes se pratiquait dans tout l'univers. « Nous ne regardons point avec des yeux indiffé«rents, disait-il, ce que l'Église pratique uniformément dans tout « le monde à l'égard de ceux qui doivent bientôt être baptisés. « Jeunes ou encore enfants, quand ils se présentent pour le sacre« ment de régénération, on ne les fait point descendre dans la « fontaine de la vie, qu'on n'ait chassé d'eux l'esprit immonde par « les exorcismes et le souffle des clercs (9). » Et ce qui se pratiquait partout, au temps de Gennade et de saint Augustin, s'est pratiqué dans les siècles suivants, et se pratique encore aujɔurd'hui, dans toute l'Église, à l'égard de ceux qui reçoivent le baptême.

660. Il est même prescrit, contrairement à l'usage de quelques diocèses, de faire les exorcismes à ceux qui ont été baptisés sans

(1) Procatéchèse. (2) Liv. 11, des Noces et de la concupiscence, c. XVIII. — (3) Liv. du Baptême, c. iv; et liv. de la Couronne, c. XI. (4) Discours sur le baptême. — (5) Lettre LXVI. — (6) Liv. 1, du Schisme des donatistes. — (7) Homélie ad illuminandos. — (8) Lettre aux évêques des Gaules. — (9) Quod circa baptizandos in universo mundo sancta Ecclesia uniformiter agit, non otioso contemplamur intuitu; cum sive parvuli, sive juvenes, ad regenerationis veniunt sacramentum, non prius fontem vitæ adeant, quam exorcismis ac exsufflationibus clericorum immundus ab eis spiritus abigatur. Des Dogmes ecclé. siastiques, c. xxxI.

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les cérémonies de l'Église, comme on le voit par le rituel romain, qui est le rituel de plus des deux tiers de l'Église latine, par les rituels de Reims, de Lyon, de Paris, de Rouen, de Bordeaux, de Châlons-sur-Marne, de Beauvais, d'Amiens, de Meaux, de Chartres, d'Évreux, de Séez, d'Agen, de Metz, de Strasbourg, de Mayence, de Worms, de Wurtzbourg, et par la plupart même des rituels qui ne sont pas en tout conformes au rituel romain. La mème pratique est sanctionnée par les conciles de Reims, l'an 1583; de Bourges, de l'an 1584; d'Aix en Provence, de l'an 1585; et par les synodes de Paris, de l'an 1557; de Chartres, de l'an 1526; de Sens, de l'an 1524, et de Langres, de l'an 1404 (1).

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661. De la renonciation au démon. Comme on ne peut servir deux maîtres, l'Église veut que le chrétien renonce à Satan pour ètre entièrement à Jésus-Christ. « Celui qui va recevoir le bap« tème, dit l'auteur des Constitutions apostoliques, renonce au « démon, en disant: Je renonce à Satan, et à ses œuvres, et à "ses pompes, et à son culte, et à ses inventions (2). » Tertullien :

Avant d'entrer dans l'eau, nous avons pris l'engagement, entre « les mains de l'évêque, de renoncer au démon, et à ses pompes, et « à ses anges (3). » Suivant saint Basile, la cérémonie par laquelle nous renonçons à Satan et à ses anges nous vient d'une tradition apostolique (4). Ecoutez aussi saint Cyrille de Jérusalem : « Vous êtes entrés dans le portique de la maison du baptistère, et, « tournés vers l'occident, ayant la main levée contre le démon « comme s'il eût été présent, vous avez dit : Je renonce à toi, Satan, et à toutes les œuvres, el à toutes les pompes, et à « ton culle (5).» Il est fait mention de la même formule dans les écrits de saint Grégoire de Nazianze (6), de saint Ambroise (7), de saint Augustin (8), de saint Jérôme (9), de Salvien (10), de saint Jean Chrysostome (11), et d'autres anciens auteurs ecclésiastiques qui ont parlé des cérémonies du baptême. On voit, par le passage de saint Cyrille, qu'on se tournait vers l'occident pour renoncer à Satan. En voici la raison : Comme l'occident est le lieu où se couche le soleil, il représente les ténèbres du péché, auquel nous

(1) Voyez saint Thomas, Tournely, Collet, les Conférences d'Angers, et Du guet, sur les exorcismes. —(2) Liv. vп, c. XLII. — (3) Liv. de la Couronne, c. III. (4) Liv. du Saint-Esprit, c. xxvII. · (5) Catéchèse 11.-'6) Discours XL. (7) Liv. des Mystères, c. I. — (8) Sur le Symbole, aux catéchumènes. Matthien, c. xxv. (10) Liv. vi, de la Providence, — (11) Homélie xxi, au peuple d'Antioche, et ailleurs.

(9) Sur

renonçons pour suivre le soleil de justice, qui vient de l'orient; et c'est pour cela, dit saint Jérôme, que nous nous tournons vers l'occident en renonçant au démon, et que nous regardons vers l'orient, en promettant d'être fidèles à Jésus-Christ (1).

662. De la profession de foi. Après la renonciation, les catéchumènes faisaient leur profession de foi en Jésus-Christ. Dans les Constitutions apostoliques il y a une longue profession de foi que l'on faisait avant de recevoir le baptême. Saint Cyrille de Jérusalem parle de la profession de foi au mystère de la sainte Trinité: Je crois au Père, au Fils, et au Saint-Esprit (2). Saint Jean Chrysostome prouve la résurrection des morts, parce qu'on la professait dans la cérémonie du baptême (3). Saint Cyrille d'Alexandrie dit la même chose (4). Saint Ambroise, s'adressant aux catéchumènes, s'exprime en ces termes : « On vous a demandé : Croyez-vous en Dieu, le Père tout-puissant? Vous avez dit : J'y crois; et vous avez été plongé. On vous a demandé de nou«veau: Croyez-vous en Notre-Seigneur Jésus-Christ et à sa « Passion? Vous avez dit : J'y crois; et vous avez été plongé. « Enfin, on vous a demandé: Croyez-vous au Saint-Esprit? Et « vous avez dit : J'y crois; et vous avez été plongé pour la troi« sième fois (5). »

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663. Des onctions du baptême. On distingue deux onctions, l'une qui se fait avant le baptême, et l'autre qui se fait après. On lit dans les Constitutions apostoliques : « Vous les oindrez d'abord «< de l'huile sainte, puis vous les baptiserez avec l'eau (6). » Saint Cyrille de Jérusalem (7), saint Ambroise (8), saint Jean Chrysostome (9), parlent de cette onction comme d'une cérémonie qui doit précéder l'administration du baptême; et nous la trouvons prescrite dans les sacramentaires de Gélase et de saint Grégoire. Le baptisé reçoit une seconde onction, qui se fait avec le chrême sur le haut de la tête. Elle rappelle au chrétien que son nom lui vient de Christ, qui signifie oint ou sacré. Cette onction diffère de celle que fait l'évêque pour la confirmation, comme on le voit par la lettre d'Innocent I à Décentius. Saint Ambroise (10), saint Jérôme (11), saint Grégoire le Grand (12), font aussi mention de

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l'onction qui suit immédiatement le baptême, et qui fait partie des cérémonies de ce sacrement.

664. De la robe blanche du baptisé. Autrefois le nouveau baptisé était revêtu d'une robe blanche qui indiquait son retour à l'innocence, et la gloire de la résurrection future. Cette robe n'est plus aujourd'hui qu'un petit linge blanc qu'on met sur la tête du baptisé, et ne se distingue plus, comme autrefois, du chrémeau dont il est parlé dans l'ancien ordre romain. Saint Paulin de Nole(1), saint Ambroise (2), saint Augustin (3), Amalarius (4), Raban Maure (5), et généralement tous ceux qui ont parlé des cérémonies du baptême, rappellent la robe blanche qu'on donnait aux néophytes. On la portait huit jours, c'est-à-dire depuis la veille de Pâques, jour où ils recevaient le baptême, jusqu'au samedi suivant; d'où vient le nom de dimanche, in albis ou ab albis depositis.

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665. Du cierge. On donne au baptisé un cierge allumé, qui lui rappelle le précepte de Notre-Seigneur : Que votre lumière brille devant les hommes. Saint Augustin fait mention de cette cérémonie (6), et saint Grégoire de Nazianze, avant lui, en parlait en ces termes : « Cette station que vous ferez au grand autel, aussitôt après le baptême, vous représente la gloire de la vie à venir. « Le chant des psaumes, par lequel vous serez accueilli, est le pré«<lude des chants célestes. Les lampes que vous allumerez sont les figures de ces flambeaux lumineux avec lesquels nous irons au« devant de Jésus-Christ, comme les vierges sages au-devant de « l'époux (7). D'après ce qui vient d'être dit, n'a-t-on pas lieu d'être étonné des vaines déclamations des protestants et des calvinistes contre les cérémonies du baptême (8)?

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(1) Lettre xn.

(3) Sermons CCXXII et XLVI.

(2) Liv. des Mystères, c. vi. − (5) Liv. n, de l'Institution (4) Des Offices divins, ch. de Sabbato in albis. des clercs, c. XXXIX. (7) Discours XL. (8) Voyez (6) Sur le psaume LXV. l'ouvrage intitulé de Re sacramentaria, par Dronin, liv. 11, quæst. ix, etc.

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