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679. On nous objecte que les apôtres conféraient le Saint-Esprit par l'imposition des mains, que l'Ecriture sainte garde le silence sur l'usage de l'onction, et que les Pères parlent de l'imposition des mains comme d'un rit essentiel à la confirmation. Nous répondrons, premièrement, que, lors même qu'il ne serait point parlé de l'onction du chrême dans les livres saints, on n'en pourrait rien conclure contre nous; car, à défaut de l'Écriture sainte, nous avons pour nous la pratique constante de l'Église, pratique qui ne peut être fondée que sur une tradition apostolique; nous la trouvons en effet consignée dans les écrits des anciens Pères, et en particulier dans ceux de saint Théophile d'Antioche, de saint Irénée, de Tertullien, de saint Cyprien, de saint Cyrille de Jérusalem, de saint Pacien, de saint Augustin, de Théodoret, d'Innocent I, et de saint Léon. Secondement, on peut dire, d'après saint Ambroise (1), que saint Paul parle de l'onction dont les apôtres ont fait usage, lorsqu'il dit : « Dieu nous a oints, nous a marqués d'un signe, et a mis dans nos cœurs un gage de l'Esprit-Saint (2). » Troisièmement, l'imposition des mains, dont il est parlé dans les Actes des apótres et dans les ouvrages des Pères, n'exclut point l'onction; c'était l'imposition même que fait aujourd'hui l'évêque, lorsque, avec le chrême, il marque d'un signe le front d'un fidèle, en disant: Je te marque du signe de la croix, et je te confirme par le chréme, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

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680. Le pape Eugène IV, après avoir dit que les évêques seuls, comme successeurs des apôtres, qui conféraient le Saint-Esprit par l'imposition des mains, peuvent administrer la confirmation, ajoute que l'onction par laquelle on l'administre répond à cette imposition de la main: Loco illius manus impositionis datur confir matio; c'est-à-dire qu'elle renferme l'imposition des mains, pratiquée par les apôtres. Suivant Innocent IV, « la confirmation ou la «< chrismation du front représente l'imposition de la main (3). » « L'imposition de la main qu'on appelle confirmation, dit Inno« cent III, est désignée par la chrismation du front (4). » Raban Maur: L'évêque confirme avec le chrême par l'imposition de la « main (5). » Le vénérable Bède : « L'onction se fait par l'imposi<< tion de la main de l'évêque, et on l'appelle confirmation (6)..

(1) Voyez, ci-dessus, (3) Lettre x, c. IV. —

dicto, ductoque signo crucis per sacramenti ministrum in fronte suscipientis, dum idem minister formæ verba pronuntiat. Ibidem. le n° 671. (2) 11° épître aux Corinthiens, c. 1, v. 22. (4) Chapitre Cum venisset. — (5) Liv. 1, de l'Institution des clercs, c. xxvII. — (6) Sur le psaume XXVI.

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Thomas de Valden (1), Hugues de Saint-Victor (2), Rupert (3), Ratramne (4), Walafride Strabon (5), Amalarius (6), Aimon (7), ne séparent point non plus l'imposition de la main de l'onction du saint chrême. Remarquez que Bède, Raban, Innocent III, Innocent IV et Eugène IV ne disen' point que l'onction se fait par l'imposition des mains, mais bien par l'imposition de la main. En effet, le pontife n'applique l'huile sainte que d'une main sur le front de celui qu'il confirme. Et c'est sans doute pour cela que les anciens auteurs ecclésiastiques, tels que saint Irénée, Tertullien, saint Cyprien, Firmilien, saint Jérôme, saint Augustin, Théodoret, Photius, Jessé d'Amiens, Amalarius, Rupert, Théodulphe d'Orléans, parlent plutôt de l'imposition de la main que de l'imposition des mains (8).

ARTICLE II.

De la forme du sacrement de confirmation.

681. Quelques théologiens font consister la forme de ce sacrement dans la prière Omnipotens sempiterne Deus, etc., que l'évêque fait à Dieu en étendant les mains, la face tournée vers les confirmands. Suivant d'autres, elle consiste dans cette prière et dans les paroles qui accompagnent l'onction du chrême; les autres enfin, en beaucoup plus grand nombre, la placent tout entière dans les paroles que prononce l'évêque en faisant l'onction, regardant la prière qui précède comme accessoire. Ce troisième sentiment répond à celui que nous avons adopté sur la matière du même sacrement.

682. Nous dirons donc, d'après le catéchisme du concile de Trente, que toute la forme du sacrement de confirmation consiste dans ces paroles du pontifical: Je te marque du signe de la croix, et je te confirme par le chréme du salut, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. C'est aussi la doctrine du pape Eugène IV (9), de Benoît XIV (10), du concile de Bourges, de

(1) Liv. 11, des Sacrements, c. cxIII. (2) Liv. II, des Sacrements, part. vII, C. 111.- - (3) Liv. v, des Offices divins, c. XVI. - (4) Liv. Iv, contre les Grecs. (5) Liv. des Choses ecclésiastiques, c. XXVI. (6) Liv. 1, des Offices, c. XXVII. – (7) Homélie sur la seconde férie de Pâques. (8) Voyez la Théologie morale de saint Alphonse de Liguori, Traité du sacrement de confirmation. — Voyez aussi ce que nous avons dit sur cette même question, dans la Théologie morale, tom. 11, no 129, etc. — (9) Décret pour les arméniens,

Ex quo primum tempore, aux évêques du rit grec.

(10) Encyclique

l'an 1584 (1), et de tous les docteurs que nous avons cités dans l'article précédent, pour établir que la matière adéquate ou intégrale de la confirmation consiste dans l'onction du saint chrême. Les Grecs n'ont pas non plus d'autre forme que celle qui accompagne cette onction; ils disent en confirmant : C'est ici le signe ou le sceau du don du Saint-Esprit (2). Quoique plus simple encore que chez les Latins, elle exprime suffisamment l'effet du sacrement. L'invocation des trois personnes de la sainte Trinité n'est point nécessaire pour la confirmation comme pour le baptême (3).

CHAPITRE III.

Des effets du sacrement de confirmation.

683. Les effets du sacrement de confirmation sont la grâce et le caractère.

ARTICLE I.

De la grâce qu'on reçoit par le sacrement de confirmation

684. Il est de foi que le sacrement de confirmation confère la grâce sanctifiante, et qu'il la confère par l'application du rit sacramentel, ex opere operato, dans tous ceux qui la reçoivent dignement, ou qui n'y mettent point d'obstacle, non ponentibus obicem (4). C'est une grâce d'accroissement, une grâce qui augmente en nous la grâce du baptême, et nous rend parfaits chrétiens. Suivant le concile d'Elvire, de l'an 305 environ, celui qui a été baptisé doit être présenté à l'évêque, afin qu'il puisse devenir parfait par l'imposition de la main du pontife. Les Pères, les papes et les conciles nous représentent la confirmation, tantôt sous le nom d'imposition des mains ou de la main, tantôt sous celui de chrême ou d'onction, comme un rit sacré, comme un sacrement

(1) In administratione hujus (confirmationis) sacramenti servetur forma debita, et qua uti consuevit Ecclesia, videlicet: N. consigno te signo crucis, et confirmo te chrismate salutis, in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. De con. firmationis sacramento, can. 1. — (2) Et eos signantes dicimus: Signaculum doni Spiritus Sancti. Concile œcuménique de Constantinople, de l'an 381, (3) Voyez la Théologie morale à l'usage des curés, tom. ", n° 134, etc. — (4) Voyez, ci-dessus, le n° 593.

can. VII.

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qui fortifie notre âme, en lui communiquant le Saint-Esprit (1). Ce qui s'accorde parfaitement avec ce que nous lisons dans le livre des Actes, où il est dit que les apôtres imposaient les mains à ceux qui avaient été baptisés, et que, par cette imposition, ceux-ci recevaient le Saint-Esprit (2). On ne peut exprimer plus clairement le premier effet de la confirmation, qui est la grâce sanctifiante, non celle qui réconcilie le pécheur avec Dieu, mais celle qui purifie et sanctifie de plus en plus ceux qui ont le bonheur de la recevoir. Ce n'est qu'accidentellement et par extraordinaire que la confirmation, qui est appelée par saint Léon le chréme du salut, produit la première grâce sanctifiante et efface le péché mortel, comme l'enseignent la plupart des théologiens, d'après saint Thomas (3).

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685. A la grâce sanctifiante se joint une grâce sacramentelle, ainsi appelée parce qu'elle est propre ou particulière au sacrement de confirmation. Ce sacrement renouvelle en nous les merveilleux effets que le Saint-Esprit opéra lorsqu'il descendit sur les apôtres. Ce n'est pas que l'Esprit-Saint nous communique, comme à eux, le don des langues, le don des miracles ou des prophéties, et autres grâces extérieures nécessaires dans le principe au progrès et à l'affermissement de l'Évangile; mais il répand dans nos âmes les mêmes grâces intérieures dont il fortifia les premiers chrétiens, et particulièrement les sept dons qui lui sont attribués. « Tu as reçu, « dit saint Ambroise à celui qui a été confirmé, le sceau spirituel, ⚫ l'esprit de sagesse et d'entendement, l'esprit de conseil et de « force, l'esprit de science et de piété, et l'esprit de crainte de « Dieu (4). » Et celui de ces dons qui est le plus sensible dans le parfait chrétien est le don de force qui nous donne le courage de professer hardiment la religion, de fouler aux pieds le respect humain, de surmonter les tentations, et de résister, même au péril de notre vie, aux fureurs de la persécution (5). Notre-Seigneur avait lui-même promis cette force à ses apôtres : « Je vais, leur dit il, « vous envoyer celui que mon Père vous a promis; tenez-vous dans la ville de Jérusalem, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut (6). Vous recevrez la force de l'Esprit-Saint, qui

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(1) Voyez, ci-dessus, le no 669, etc.—(2) Actes des apôtres, c. vii, v. 14, etc.; C. XIX, V. 5. Voyez, ci-dessus, page 434, note 1. - (3) Voyez ce que nous avons dit sur cette question, dans la Théologie morale, tom. 11, no 22. (4) Liv. des Mystères, c. vII. Voyez, ci-dessus, page 436, note 6. - (5) Voyez J'explication que nous avons donnée des dons du Saint-Esprit, dans la Théologie morale, tom. 11, no 139. — (6) Et ego mitto promissum Patris mei in vos; VOS

<< descendra en vous; et vous me serez témoins, dans Jérusalem, et ⚫ dans toute la Judée, et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (1). » Et cette promesse n'était pas seulement faite pour les apôtres; elle s'étendait à tous les fidèles : « Faites pénitence, disait « saint Pierre aux Juifs, et que chacun de vous soit baptisé, au « nom de Jésus-Christ, pour la rémission de vos péchés; et vous « recevrez le don de l'Esprit-Saint; car la promesse qui en a été « faite est pour vous, et pour vos enfants, et pour tous ceux qui << sont au loin, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera à la « foi (2). »

ARTICLE II.

Du caractère qu'imprime le sacrement de confirmation.

686. Le sacrement de confirmation imprime dans notre âme un caractère, c'est-à-dire, un certain signe spirituel et ineffaçable; d'où ce sacrement ne peut être réitéré. Cette proposition est de foi, comme on le voit par les décrets du concile de Trente (3). Et cette doctrine n'est point nouvelle; nous la trouvons dans l'Écriture sainte et la tradition. « C'est Dieu, dit saint Paul aux Corinthiens, « qui nous confirme avec vous dans le Christ; c'est lui qui nous a «oints, qui nous a marqués d'un signe, et nous a donné pour gage «<le Saint-Esprit (4). » Saint Ambroise prouve, par ces paroles mêmes, le sceau spirituel, le signe ou caractère qu'imprime la confirmation. Tu as reçu, dit-il, le sceau spirituel.... Dieu le « Père t'a marqué d'un signe, le Christ Notre-Seigneur t'a cona firmé, et t'a donné pour gage l'Esprit-Saint dans ton cœur, comme te l'apprend la lecture de l'apôtre (5). Tertullien parle du signe de la confirmation, et le compare au signe, à la marque qui distingue le militaire du simple citoyen (6). Saint Cyprien, le pape saint Corneille, saint Innocent, saint Léon, saint Augustin,

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autem sedete in civitate, quoadusque induamini virtute ex alto. Saint Luc, c. xxiv, v. 49. —(1) Accipietis virtutem supervenientis Spiritus Sancti in vos, et eritis mihi testes in Jerusalem, et in omni Judæa, et Samaria, et usque ad ultimum terræ. Actes des apótres, c. 1, v. 8. — (2) Pœnitentiam agite, et baptizetur unusquisque vestrum in nomine Jesu Christi, in remissionem peccatorum vestrorum; et accipietis donum Spiritus Sancti. Vobis enim est repromissio, et filiis vestris, et omnibus qui longe sunt, quoscumque advocaverit Dominus Deus noster. Ibidem, c. 1, v. 38 et 39. (3) Voyez, ci-dessus, le no 602. (4) I1* épître aux Corinthiens, c. 1, v. 21. Voyez le texte, ci-dessus, pag. 434,

note 3.

· (5) Liv. des Mystères, C. VII. — Voyez, ci-dessus, page 436, note 6. -(6) Voyez, ci-dessus, le n° 670.

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