Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

pain et du vin est changée au sacrement du corps et du sang de « Jésus-Christ (1). »

752. Haimon, évêque d'Halberstadt: «< Nous croyons, nous confessons fidèlement, nous tenons que, par l'opération de la « vertu divine, la substance du pain et du vin se convertit subs« tantiellement en une autre substance, c'est-à-dire, au corps et « au sang de Notre-Seigneur. Le pain paraît du pain, le vin paraît « du vin, mais, dans la réalité, c'est le corps et le sang de Jésus« Christ (2). »

[ocr errors]

753. Hincmar, élu archevêque de Reims en 845, établit la présence réelle par les paroles de la consécration, auxquelles il attribue la même efficacité qu'à la parole dont Dieu s'est servi pour la création, le mystère de l'Incarnation, et les principaux miracles dont il est parlé dans l'Écriture : « Par la sanctification ineffable « du Saint-Esprit, la substance du pain et du vin, dit-il, est changée au sacrement de la chair de Jésus-Christ (3). » Le pain « est du pain avant la consécration; après la consécration, c'est « la chair de Jésus-Christ. La parole d'Élie a pu faire descendre « le feu du ciel, et la parole du Christ n'aurait pu changer les espèces des éléments? La parole du Christ a pu faire de rien ce qui « n'était point, et n'aurait pu changer ce qui est en ce qu'il n'était a pas (4) ? »

"

α

754. Paschase Radbert, abbé de Corbie, mort en 865: « Jésus "prit du pain, et l'ayant béni, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : Prenez et mangez, CECI EST MON CORPS. « Que ceux-là écoutent, qui veulent exténuer ou affaiblir la force « du mot corps, en soutenant que ce n'est pas la vraie chair de Jé« sus-Christ que l'Église célèbre dans le sacrement, ni son vrai

benedictionis ineffabili potentia efficitur corpus et sanguis unigeniti Filii Dei, sicut ipse testatur: Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est polus. Ibidem, no LIX. (1) Panis et vini creatura in sacramentum carnis et sanguinis ejus ineffabili Spiritus sanctificatione transfertur. Ibidem. - (2) Credimus et fideliter confitemur et tenemus quod substantia illa, panis scilicet et vini, per operationem divinæ virtutis, id est natura panis et vini substantialiter convertatur in aliam substantiam, id est in carnem et sanguinem. Traité du Corps de Jésus-Christ, dont nous avons un long fragment dans le Spicilége de dom d'Achery. (3) Panis et vini creatura in sacramentum carnis et sanguinis ejus ineffabili Spiritus Sancti sanctificatione transfertur. Opuscule sur les vices à éviter, c. XI. (4) Panis est ante verba sacramentorum; ubi accesserit consecratio, de pane fit caro Christi.... Antequam consecretur, panis et vinum aqua mixtum est, ubi autem verba Christi accesserunt, corpus et sanguis est Christi. Quod si tantum valuit sermo Heliæ ut ignem de cœlo deponeret, non valebit Christi sermo, ut species mutet elementorum? Ibidem, c. x11.

"

"

« sang, feignant je ne sais quoi, comme s'il n'y avait dans le sacre«ment que la vertu de la chair et du sang de Jésus-Christ. En • avançant que ce n'est ni sa vraie chair ni son vrai sang, ils font « mentir Notre-Seigneur, puisqu'il a dit: Ceci est mon corps... « Il n'a pas dit: Ceci est la vertu ou la figure de mon corps; mais il a dit, sans fiction et sans détour: Ceci est mon corps. « Je m'étonne que quelques-uns disent que ce n'est pas la vérité « de la chair ou du sang de Jésus-Christ, mais la vertu de la chair « et non la chair même, la vertu du sang et non le sang même, « la figure et non la réalité, l'ombre et non pas le corps (1). » Il enseigne la même chose dans son livre du Corps et du sang de Jésus-Christ. « Qu'on ne soit point étonné, dit-il, que le vrai « corps et le vrai sang de Jésus-Christ soit dans le mystère de l'eu«< charistie, puisque c'est la volonté du Créateur, qui a fait au ciel « et sur la terre tout ce qu'il a voulu, et parce qu'il l'a voulu. • Encore que la figure du pain et du vin demeure, on doit croire « qu'après la consécration il n'y a pas autre chose dans le sacre«ment que la chair et le sang de Jésus-Christ (2). La substance du pain et du vin est changée au corps et au sang de Notre-Seigneur « par les paroles de la consécration (3). » Enfin il dit, dans sa lettre à Frudegard, que si on veut se convaincre qu'en disant que l'eucharistie contient la même chair qui est née de la Vierge, il a pensé là-dessus ce qu'en pense toute l'Église, il suffit de se rappeler ce qui se passe dans la liturgie, où, après que le prêtre a demandé à Dieu que le pain et le vin deviennent le corps de JésusChrist, les fidèles répondent, d'une voix unanime : Ainsi soit-il. « C'est ainsi, continue-t-il, que l'Église prie chez toutes les nations

"

[ocr errors]

(1) Nescio quid volentes fingere quasi virtus sit carnis et sanguinis in eo sacramento, ut Dominus mentiatur, et non sit vera caro ejus, neque verus sanguis, cum ipsa veritas dicat: Hoc est corpus meum.... Neque itaque dixit: Hoc est in hoc mysterio vel virtus, vel figura corporis mei; sed ait non ficte, Hoc est corpus meum, etc. Unde miror quid velint nunc quidam dicere, non in re esse veritatem carnis Christi vel sanguinis; sed in sacramento virtutem carnis et non carnem, virtutem sanguinis et non sanguinem, figuram et non virtutem, umbram et non corpus. Liv. xı, sur saint Matthieu, c. XXVI. — - (2) Nullus moveatur de hoc corpore et sanguine, quod in mysterio vera sit caro et verus sit sanguis, dum sic voluit ille qui creavit, omnia enim quæcumque voluit fecit in cœlo et in terra, et quia voluit, licet in figura panis et vini maneat, hæc sic esse omnino, nihilque aliud quam caro Christi et sanguis post consecrationem credenda sunt. Du Corps et du sang de Jésus-Christ, c. 1. - (3) Substantia panis et vini in Christi carnem et sanguinem commutatur; ita ut deinceps post consecrationem jam vera Christi caro et sanguis veraciter credatur. Ibidem,

C. VIII.

-

« et en toutes les langues. N'est-ce donc pas un crime que d'assister « aux prières qui se font dans la célébration des mystères, et de ne « pas croire ce qui est attesté par la vérité même, et ce qui est cru " par toute l'Église répandue dans l'univers (1)?»

755. L'abbé de Corbie eût-il osé mettre en avant la croyance du monde entier à la présence réelle, si, comme quelques calvinistes l'ont prétendu contre l'évidence des faits et l'autorité de l'histoire, il eût été le premier à parler de ce dogme catholique, le premier qui eût enseigné que Notre-Seigneur Jésus-Christ est véritablement et réellement présent dans l'eucharistie? Dira-t-on que plusieurs écrivains du neuvième siècle, Amalarius, Raban Maur, Florus de Lyon, Haimon d'Halberstadt, Bertramne ou Ratramne, Jean Scott Érigène, ne s'accordent point avec Paschase? que plusieurs même d'entre eux ont attaqué son livre du Corps et du sang de Jésus-Christ? Il est vrai que ce Jean Scott, esprit léger et peu versé dans les matières de théologie, s'est écarté de l'enseignement général sur l'eucharistie; mais son livre, qui n'existe plus, a été aussitôt réfuté par Adreval, moine de Fleury, et condamné quelque temps après par les conciles de Rome et de Verceil. D'ailleurs il n'a trouvé de sympathie nulle part, et son erreur est tombée avec lui, sans laisser aucun vestige de son passage. Quant à Amalarius, Raban, Florus, Haimon, ils ont toujours professé, ainsi que nous l'avons montré plus haut, la présence réelle et la transsubstantiation. Ils n'approuvaient point que Paschase eût dit que le corps de Jésus-Christ, dans l'eucharistie, fût le même qui est né de la sainte Vierge, qui a été attaché à la croix ; mais ils ne niaient point pour cela que ce fut le même corps quant à la substance, mais seulement que ce fût le même corps quant aux apparences ou à la forme naturelle; de sorte que le fond de la dispute roulait plutôt sur la manière dont le corps de NotreSeigneur est présent dans l'eucharistie, que sur la réalité de son existence dans le sacrement. Ratramne lui-même, dont le suffrage toutefois ne nous est pas plus nécessaire que celui de Scott Érigène, reconnaît que, par la consécration du prêtre, le pain est fait le corps, et le vin est fait le sacrement du sang de Jésus-Christ; que tous les fidèles confessent que c'est le corps et le sang de JésusChrist, et que par conséquent les choses ne sont plus ce qu'elles ont été avant la consécration (2).

[ocr errors]

(1) Liv. du Corps et du sang de Jésus-Christ. (2) Voyez dom Ceillier, Hist. dec aut. eccl., tom. xix, pag. 136, etc.

756. Aussi, lorsque, vers le milieu du onzième siècle, Bérenger osa attaquer le dogme de la présence réelle, il souleva le monde chrétien contre lui. Adelman, évêque de Brescia, qui avait été son disciple; Lanfranc, prieur du monastère du Bec, et depuis archevêque de Cantorbéry; Hugues, évêque de Langres; Théoduin, évêque de Liége; Guitmund, qui de moine devint archevêque dans le royaume de Naples, s'élevèrent contre cette hérésie, reprochant à son auteur de scandaliser l'Église universelle, de se séparer de l'unité de notre mère la sainte Église, de vouloir troubler la république de la cité chrétienne; et les papes et les évêques le condamnèrent dans plus de quinze conciles, dont plusieurs se tinrent à Rome; et les prêtres, et les moines, et les simples fidèles, le traitèrent d'impie et d'hérétique. Frappé d'une réprobation générale, après bien des tergiversations il finit par renoncer entièrement à ses erreurs, reconnaissant le mystère ineffable contre lequel il avait blasphémé.

757. Nous avons d'ailleurs prouvé, par le témoignage des Pères grecs et des Pères latins, que le dogme de la présence réelle a été constamment reçu dans l'Église pendant les huit premiers siècles, sans interruption. Il faut donc reconnaître que ce dogme vient des apôtres, dont l'enseignement n'a pu, de l'aveu des protestants, s'écarter en rien de la doctrine de Jésus-Christ.

758. On nous fait une objection: on dit que les Pères désignent l'eucharistie sous le nom de pain, sous celui de signe, de figure, de type, d'image; ce qui, ajoute-t-on, ne peut s'accorder avec la croyance au dogme de la présence réelle. Nous conviendrons qu'on trouve ces expressions dans les Pères; mais on a tort d'en conclure qu'ils n'admettaient point la présence réelle. En effet, les Pères ont-ils dit que le sacrement de l'eucharistie ne contient que du pain et du vin; que le pain et le vin sont après la consécration ce qu'ils étaient auparavant? Nou! Ont-ils dit que le pain et le vin ne sont qu'un signe, qu'une figure, qu'une image, qu'un type du corps et du sang de Jésus-Christ? Non! Mais ceux-là même qui ont employé les mots de signe, de figure, de type, d'image, comme saint Cyrille de Jérusalem, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome, saint Augustin, saint Gaudence, répètent que, par la consécration, le pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus-Christ, sont faits le corps et le sang de Jésus-Christ, sont changés au corps et au sang de Jésus-Christ. Ce n'est donc point par l'usage que les Pères ont fait des mots de signe, de figure ou d'image, en parlant de l'eucharistie, que nous devons juger de

leur croyance; c'est au contraire par leur croyance qui nous est connue, qu'ils ont clairement exprimée, que nous devons déterminer le sens de ces mots, qui n'excluent pas plus par eux-mêmes la réalité du corps et du sang de Notre-Seigneur, que le mot de sacrement, qui de sa nature est un signe, ne l'exclut dans la bouche des catholiques. Il est des signes, des figures qui ne contiennent point la réalité des choses qui en sont l'objet, comme on le voit par les figures de l'Ancien Testament. Mais il est d'autres figures qui contiennent les dons qu'elles signifient: tels sont les sacrements de la nouvelle alliance, qui contiennent la grâce dont ils sont les signes; tel est, particulièrement, le sacrement de l'cucharistie, qui nous offre, en réalité, la chair et le sang de JésusChrist, comme étant vraiment la nourriture et le breuvage de notre âme, signifiés ou figurés par les espèces sensibles du pain et du vin: Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus.

SIII. Preuve de la présence réelle, tirée de la croyance générale et constante de l'Église universelle.

759. On prouve le dogme de la présence réelle par la prescription, c'est-à-dire par la possession ou la croyance générale et constante de l'Église. Nous dirons donc : Ce que l'Église universelle croit et qu'elle a toujours cru ne peut venir que des apôtres, que de Jésus-Christ. Or, l'Église universelle croit et a toujours cru que le corps et le sang de Jésus-Christ sont réellement présents dans l'eucharistie; donc le dogme de la présence réelle nous vient des apôtres, de Jésus-Christ.

760. Premièrement, l'Église universelle croit que Notre-Seigneur est réellement présent dans l'eucharistie. De l'aveu de nos frères séparés, elle croit ce qu'elle croyait au seizième siècle, ce qu'elle croyait lorsque Zwingle et Calvin ont commencé à dogmatiser. Or, au seizième siècle elle croyait au dogme de la présence réelle. Il était reçu alors dans l'Église catholique, chez les Latins, chez les Grecs, et ceux des Orientaux qui sont en communion avec le saint-siége, que Jésus-Christ est véritablement, réellement et substantiellement présent dans le sacrement de l'autel, ainsi qu'on le voit par les décrets du concile de Trente, auxquels ont souscrit tous les catholiques. Et ce qu'il est important de remarquer, c'était aussi la croyance des Grecs schismatiques. Les ennemis de la présence réelle ayant cherché à se faire des partisans chez les Grecs, Jérémie, patriarche de Constantinople, leur répondit nette

« ZurückWeiter »