Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

« dit saint Éphrem, aperçoit Dieu dans une clarté intuitive; et, << d'une foi pleine et assurée, il mange le corps sacré et boit le sang

[ocr errors]
[ocr errors]

"

de l'agneau sans tache, sans se livrer, sur cette sainte et divine ⚫ doctrine, à des recherches curieuses.... Pourquoi vouloir péné« trer ce qui est impénétrable? Si vous sondez avec curiosité, vous « ne méritez plus le nom de fidèle, mais celui de téméraire. Soyez « donc innocent et docile. Participez au corps immaculé et au « sang du Seigneur avec une foi très-pleine, assuré que vous mangez l'agneau tout entier. Car les mystères du Christ sont un feu « immortel: gardez-vous de les scruter avec témérité, de peur qu'en y participant vous n'en soyez consumé.... Pour moi, ne pouvant saisir par la pensée les mystères du Christ, je n'ose m'a« vancer plus loin, ni essayer d'atteindre à la hauteur de ces mys«tères profonds et sacrés; et si j'en voulais parler audacieusement, « je ne les comprendrais pas davantage. Je ne serais qu'un témé<«<raire, un insensé, battant l'air de mes vains et inutiles efforts; • car l'air échappe à toute prise par sa rareté et sa ténuité : et ces

[ocr errors]

"

« saints, ces adorables, ces redoutables mystères, outre-passent « toutes les forces de mon génie (1). »

ARTICLE IV.

Si dans l'eucharistie la substance du pain et du vin est changée au corps et au sang de Jésus-Christ.

765. Il est de foi que, dans le sacrement de l'eucharistie, la substance du pain et du vin est changée au corps et au sang de Jésus-Christ, de sorte qu'après la consécration il ne reste du pain et du vin que les espèces ou apparences, qui frappent nos sens comme avant la célébration des saints mystères. Voici la décision du concile de Trente: « Si quelqu'un dit que, dans le très-saint « sacrement de l'eucharistie, la substance du pain et du vin reste conjointement avec le corps et le sang de Notre-Seigneur JésusChrist, et nie cette admirable et singulière conversion de toute « la substance du pain au corps, et de toute la substance du vin au << sang de Jésus-Christ, ne restant seulement que les espèces du pain et du vin; laquelle conversion l'Église catholique appelle du ⚫ nom très-propre de transsubstantiation; qu'il soit anathème (2).

[ocr errors]

a

[ocr errors]

(1) Sermon contre la curiosité à sonder la nature de Dieu. —(2) Si quis dixe rit, in sacrosancto eucharistiæ sacramento remanere substantiam panis et vini una cum corpore et sanguine Domini nostri Jesu Christi, negaveritque mirabi

Ce décret est dirigé contre ceux des protestants quí, tout en admettant la présence réelle, prétendent que la substance du pain et du vin n'est point détruite, mais que Jésus-Christ est, dans l'encharistie, ou par impanation, comme le pensait Osiandre, c'est-àdire par l'union réelle ou hypostatique du corps de Notre-Seigneur avec le pain; ou par consubstantiation, comme le veulent généralement les luthériens, qui soutiennent que le corps de JésusChrist est présent avec la substance, ou sous la substance, ou dans la substance du pain. Ces deux systèmes ont été condamnés par le dernier concile général, dont le jugement est d'ailleurs conforme à l'Écriture sainte et à la tradition.

766. Premièrement, ce jugement est fondé sur l'Écriture sainte. De l'aveu de nos adversaires, les paroles de Notre-Seigneur. Ceci est mon corps, ceci est mon sang, expriment clairement la présence réelle. Or, cela posé, nous faisons le raisonnement suivant: Ou le corps de Jésus-Christ est présent dans l'eucharistie par impanation; ou il y est présent par consubstantiation; ou ji y est présent par transsubstantiation. Il n'y est point présent par impanation: ce système est si absurde, qu'il ne trouve plus de partisans parmi les protestants. On ne peut dire non plus qu'il y soit présent par consubstantiation, qu'il s'y trouve conjointement avec la substance du pain, de quelque manière qu'on l'explique; car Jésus-Christ n'a pas dit: Ici, dans ce pain, sous ce pain, avec ce pain, est mon corps ; ici, dans ce vin, sous ce vin, avec ce vin, est mon sang; mais bien, Ceci est mon corps, ceci est mon sang : c'est-à-dire, Ceci que je tiens en mains devient, par la vertu de mes paroles, et est véritablement mon corps et mon sang, se convertit, se change, se transsubstantie en mon corps et en mon sang. Ces paroles ne sont pas susceptibles d'un autre sens. Le pronom ceci ne peut se rendre par l'adverbe ici, à moins que la chose qui se voit ne soit destinée par sa nature à en contenir une autre, ou que ceux à qui l'on parle ne soient prévenus du sens qu'on lui donne. D'après l'usage on peut bien dire, en montrant un vase qui contient des liquides, ceci est du vin; ce qui répond à cette proposition: ici est du vin; personne ne s'y méprend. Mais le pain et le vin ne sont point destinés, de leur nature, à contenir le corps et

lem illam et singularem conversionem totius substantiae panis in corpus, ettotius substantiæ vini in sanguinem, manentibus duntaxat speciebus panis et vini; quam quidem conversionem catholica Ecclesia aptissime transsubstantiationem appellat; anathema sit. Sess. xш, can. u. Voyez aussi le ch. iv de la même session.

le sang de Jésus-Christ; et Jésus-Christ n'a point averti ses disciples que le pain et le vin contenaient son corps et son sang. On ne peut donc admettre la consubstantiation. Donc il faut reconnaitre que le corps et le sang de Jésus-Christ sont présents dans le sacrement de l'eucharistie par transsubstantiation, ou, ce qui revient au même, que la substance du pain est changée au corps, et la substance du vin est changée au sang de Jésus-Christ. Et c'est dans ce sens que l'Église a toujours entendu ces paroles de l'institution de l'eucharistie.

[ocr errors]

a

a

767. Secondement, les Pères ont enseigné la transsubstantiation, comme on le voit par les auteurs des neuf premiers siècles, que nous avons cités dans l'article précédent. Suivant saint Ignace d'Antioche, l'eucharistie, ou ce qui est dans l'eucharistie, est la chair de Jésus-Christ: il ne dit pas que l'eucharistie est la chair de Jésus-Christ avec le pain, ou le pain avec la chair de JésusChrist. Saint Justin dit positivement que la nourriture eucharistique, étant sanctifiée par la prière et l'action de grâces du Verbe, est la chair et le sang de Jésus. Tertullien: Le Seigneur a fait le pain son propre corps, en disant: Ceci est mon corps. Origène : Les dons offerts dans l'eucharistie sont faits, devenus le corps de Jésus-Christ. Saint Cyrille de Jérusalem : « Aux noces de Cana, Jésus-Christ a changé de l'eau en vin, et nous estimerons qu'il « n'est pas assez digne pour nous faire croire, sur sa parole, qu'il ait changé du vin en son sang! Encore que les sens nous rap« portent que cela n'est pas, la foi doit nous persuader que cela « est. Ne jugez donc pas de cette vérité par le goût, mais par la a foi. Ce qui parait du pain à nos yeux n'est pas du pain, quoique « le goût le juge tel, mais le corps de Jésus-Christ. Ce qui paraît « du vin à nos yeux n'est pas du vin, quoique le goût le prenne « pour du vin, mais le sang du Christ. » Saint Grégoire de Nysse: « Le pain sanctifié par la parole de Dieu est changé au corps de Jé* sus-Christ. La nature des choses qui paraissent dans le sacrement « est transélémentée au corps de Jésus-Christ. » Ce mot transélémentée répond parfaitement au mot transsubstantiée. Saint Ambroise prouve le mystère de la présence réelle par la puissance de Dieu, disant que celui qui a pu de rien faire ce qui n'existait pas, peut changer la nature des choses qui existent. Il ajoute que le pain est du pain avant la consécration, mais qu'il devient, par la consécration même, la chair de Jésus-Christ. Saint Jean Chrysostome: «On doit, au sujet du mystère de l'eucharistie, s'en rapporter à la parole de Dieu, encore que ce qu'il nous dit paraisse con

"

[ocr errors]

« traire à nos pensées, à nos yeux, à nos sens. C'est lui-même qui sanctifie les choses offertes, et les change en son corps et en « son sang.» Saint Gaudence, évêque de Brescia : « Jésus-Christ, ayant changé autrefois l'eau en vin, change maintenant le vin « en son propre sang (1). »

[ocr errors]

768. Saint Augustin: Le pain, étant consacré par la parole de Dieu, est le corps de Jésus-Christ. Si c'est le corps de NotreSeigneur, ce n'est donc pas du pain. Saint Isidore de Péluse : « L'Esprit-Saint, étant invoqué, fait d'un pain commun le pro«pre corps du Christ.» Évidemment, il ne fait du pain le corps de Jésus-Christ que par la transsubstantiation. Saint Proclus, archevêque de Constantinople : « Par l'invocation du Saint-Esprit, le « pain et le vin sont faits le corps et le sang de Jésus-Christ. » Saint Césaire d'Arles : « On doit juger du mystère de l'eucha<< ristie, non par les sens, mais par la foi. C'est le Seigneur lui« même qui, par la vertu de sa divine parole, change les créatures « visibles en la substance de son corps et de son sang. Les subs« tances du pain et du vin sont changées en la substance même « de Jésus-Christ. Avant la consécration, la substance du pain et « du vin est encore sur l'autel ; mais après la consécration, c'est le corps et le sang de Jésus-Christ. » Cassiodore : « L'oblation a « été faite la propre substance du Verbe incarné. » Saint Germain, évêque de Paris : « Le pain est transformé au corps, et le vin au sang du Christ. » Saint Grégoire le Grand : « Le sacrement du « corps et du sang de Jésus-Christ s'opère par un changement. Le Créateur, qui a fait de rien toutes choses, a converti le pain et le « vin en son corps et en son sang, de sorte qu'il ne reste que les « espèces du pain et du vin (2). :

"

[ocr errors]

"

769. Saint Isidore de Séville : « Les choses visibles, étant sanc« tifiées, deviennent, dans le sacrement, le corps divin. » Le vénérable Bede: «Par l'opération du Saint-Esprit, le pain et le vin sont changés au corps et au sang de Notre-Seigneur. » Les Pères du concile de Nicée, de l'an 787 : « Avant la consécration, les dons « eucharistiques sont appelés figures; mais après la consécration, « ils sont proprement corps et sang. » Ils ne sont donc plus ni pain ni vin. Théodulphe d'Orléans : « Par la consécration, le pain et le vin passent en la dignité du corps et du sang. » Saint Nicéphore, patriarche de Constantinople : « Le pain et le vin sont changés surnaturellement au corps et au sang de Jésus-Christ. »

"

«

(1) Voyez, ci-dessus, le no 709, etc

(2) Voyez, ci-dessus, le n° 733, etc.

[ocr errors]

Raban Maur: « Le pain et le vin sont changés au corps et au <«< sang du Sauveur; ils paraissent toujours à nos yeux; mais « étant sanctifiés, ils passent en sacrement du divin corps. » Hincmar, archevêque de Reims : « Par la sanctification du Saint-Esprit, « la substance du pain et du vin passe en sacrement de la chair de Jésus-Christ. Le pain est du pain avant la consécration; après la consécration, c'est sa chair; il a été changé en ce qu'il n'était « pas auparavant. » Florus de Lyon : « La nature (creatura) du pain et du vin est changée au corps et au sang de Notre-Seigneur. »> Paschase Radbert dit que, chez toutes les nations et en toutes les langues, le prêtre demande à Dieu que le pain et le vin deviennent le corps de Jésus-Christ. C'est ce qu'on remarque, en effet, dans toutes les liturgies. Haimon, évêque d'Halberstadt, et contemporain de Paschase: « Nous croyons, nous confessons, nous « tenons que la substance du pain et du vin se convertit substan« tiellement en la substance du corps et du sang. Le pain parait « du pain, le vin paraît du vin; mais dans la réalité c'est le corps " et le sang de Jésus-Christ (1). »

770. Nous nous arrêtons. Les protestants, comme les calvinistes et les anglicans, conviennent qu'à partir du neuvième siècle l'Église catholique a constamment enseigné le dogme de la transsubstantiation, comme on peut en juger, d'ailleurs, par les écrits de ses docteurs et les décisions des papes et des conciles, notamment par les décrets du concile de Rome, tenu par saint Grégoire VII en 1079; du concile œcuméniqué de Latran, présidé par Innocent III en 1215; et du concile de Florence, de l'an 1439.

771. Troisièmement, à toutes ces autorités nous ajouterons une troisième preuve, tirée de la croyance générale et constante de l'Église. Il est certain qu'au seizième siècle toutes les Églises de l'Orient et de l'Occident admettaient le dogme de la transsubstantiation. Les Grecs schismatiques eux-mêmes, les nestoriens, les eutychiens, les cophtes, les éthiopiens, et autres sectes d'anciens hérétiques, s'accordaient, sur ce point, avec ceux qui sont unis à l'Église romaine (2). Dans toutes les liturgies orientales, même dans celles qui remontent à la plus haute antiquité, on demande à Dieu, pour la célébration des saints mystères, qu'il envoie son esprit, afin qu'il change le pain et le vin au corps et au sang de Jésus-Christ. Or, il en est de cette croyance comme de la croyance à la présence réelle; on ne peut lui assigner d'autre

(1) Voyez, ci-dessus, le n° 742, etc.

(2) Voyez, ci-dessus, le no 760, etc.

« ZurückWeiter »