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origine que l'enseignement des apôtres. L'Eglise ne varie point; ce qu'elle enseignait quand Luther parut, elle l'enseigne aujourd'hui, et l'a enseigné dans tous les temps. D'ailleurs, nous pourrions répéter ici tout ce que nous avons dit plus haut pour prouver que la doctrine de l'Église, au sujet de l'eucharistie, n'a jamais éprouvé aucune altération. Il faut donc reconnaître comme divin le dogme de la transsubstantiation, et confesser que la substance du pain et du vin est changée au corps et au sang de Jésus-Christ.

772. Mais, dira-t-on, à en juger par les sens, le pain et le vin sont, après la consécration, ce qu'ils étaient auparavant; ils conservent absolument le même goût, la même couleur, la même figure; en un mot, les mêmes propriétés. Nous en conviendrons : mais ces propriétés ou ces qualités extérieures sont inhérentes aux espèces du pain et du vin, et non à la substance, puisque la foi, fondée sur la parole de Dieu, nous apprend que cette substance n'existe plus, qu'elle est changée au corps et au sang de JésusChrist. Et si vous nous demandez comment cela peut se faire, nous vous répondrons que, soit qu'on dise que ces espèces ne sont que des apparences, qui font sur nous les mêmes impressions et produisent le même résultat que la réalité de la substance; soit qu'on les regarde comme des accidents qui subsistent sans leur sujet, le mystère de l'eucharistie ne s'opère qu'en dehors de l'ordre naturel, præter rerum ordinem, comme le chante l'Église. On ne doit en juger ni d'après les conceptions de notre faible intelligence, ni d'après le témoignage de nos sens, qui ne porte que sur les qualités sensibles ou extérieures des corps. Et c'est parce que la présence réelle et la transsubstantiation appartiennent à l'ordre surnaturel, que toutes les objections qu'on tire de l'ordre de la nature tombent à faux, et ne peuvent ébranler notre foi.

773. Qu'on ne nous objecte pas non plus que, dans l'Écriture, le corps de Jésus-Christ est désigné sous le nom de pain: car il n'est pas étonnant qu'on ait conservé le nom de pain à l'eucharistie. La raison de ce fait, c'est que l'eucharistie conserve les apparences du pain et même la propriété naturelle du pain, qui est de nourrir le corps. L'Ecriture a l'usage de nommer les choses d'après leurs apparences extérieures, comme on le voit dans la Genèse, où il est dit que trois hommes apparurent à Abraham; et cependant c'étaient trois anges. De même, nous lisons dans les Actes que deux hommes apparurent aux apôtres lorsque JésusChrist montait au ciel, quoique ce fussent deux anges.

ARTICLE V.

Jésus-Christ est-il tout entier sous chacune des deux espèces, et sous chaque partie de l'une et l'autre espèce?

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774. Il est de foi que le corps de Jésus-Christ, que Jésus-Christ lui-même est tout entier sous chacune des deux espèces, et sous chaque partie de l'une et l'autre espèce, quand la séparation en est faite. Le concile de Trente s'exprime en ces termes : « Si quelqu'un « nie que, dans le vénérable sacrement de l'eucharistie, Jésus« Christ soit contenu sous chaque espèce, et sous chaque partie de << l'une et l'autre espèce, la séparation étant faite ; qu'il soit ana«< thème (1). » Et voici comme ce concile explique cette partie du dogme catholique: Ç'a toujours été la foi de l'Église de Dieu, qu'aussitôt après la consécration, le vrai corps et le vrai sang « de Notre-Seigneur existent, sous les espèces du pain et du vin, conjointement avec son âme et sa divinité; savoir, son corps sous « l'espèce du pain, et son sang sous l'espèce du vin, par la force des paroles mais le corps sous l'espèce du vin, et le sang sous l'espèce du pain, et l'âme sous l'une et l'autre espèce, en vertu de « cette liaison naturelle et concomitante par laquelle les différentes parties de Notre-Seigneur Jésus Christ, qui est ressuscité « d'entre les morts pour ne plus mourir, sont unies entre elles et « la divinité, à cause de son admirable union hypostatique avec le «< corps et l'âme. C'est pourquoi il est très-vrai de dire que l'une << et l'autre espèce contient autant que les deux ensemble: car « Jésus-Christ est tout entier sous l'espèce du pain et sous chaque partie de cette espèce, et tout entier sous l'espèce du vin et sous chaque partie de cette même espèce (2). » Aussi, comme le dit

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(1) Si quis negaverit, in venerabili sacramento eucharistiæ sub unaquaque specie, et sub singulis cujusque speciei partibus, separatione facta, totum Christum contineri; anathema sit. Sess. xiu, can. II. Voyez aussi le décret d'Eugène IV pour les arméniens. — (2) Semper hæc fides in Ecclesia Dei fuit, statim post consecrationem, verum Domini nostri corpus, verumque ejus sanguinem sub panis et vini specie una cum ipsius anima et divinitate existere; sed corpus quidem sub specie panis, et sanguinem sub vini specie, ex vi verborum ; ipsum autem corpus sub specie vini, et sanguinem sub specie panis, animamque sub utraque, vi naturalis illius connexionis et concomitantiæ, qua partes Christi Domini, qui jam ex mortuis resurrexit non amplius moriturus, inter se copulantur; divinitatem porro propter admirabilem illam ejus cum corpore et anima hypostaticam unionem. Quapropter verissimum est, tantumdem sub alterutra

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l'Apôtre, quiconque mangera ce pain ou boira ce calice indigne« ment, sera coupable du corps et du sang de Jésus-Christ (1). On voit par cette particule ou, dont s'est servi saint Paul, que, pour être coupable et du corps et du sang de Notre-Seigneur, il suffit de communier, ou sous l'espèce du pain, ou sous l'espèce du vin; ce qui suppose évidemment que le corps et le sang de Jésus-Christ sont contenus sous chaque espèce.

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775. « Nous avons d'ailleurs une preuve de cette vérité dans les ⚫ évangélistes. Il n'est pas à croire que Jésus-Christ ait consacré « séparément chacun des morceaux de pain qui devaient être dis« tribués aux apôtres; il paraît, au contraire, qu'il consacra, en « prononçant une seule fois les paroles de la forme, tout le pain qui était nécessaire, et qu'il le distribua ensuite à chacun. C'est • ce qui eut lieu pour l'espèce du vin, puisqu'il dit lui-même : Prea nez, et partagez entre vous (2). Ainsi donc, lorsque les espèces a du pain et du vin sont divisées, chaque partie, pourvu qu'elle « soit naturellement sensible, contient encore le corps et le sang de « Jésus-Christ. Néanmoins, quoique cette vérité soit incontestable, « il était très-convenable de faire séparément les deux consécrations. D'abord cela exprime mieux la passion de Notre-Seigneur, dans laquelle le sang fut séparé du corps; et c'est pour cela que « dans la consécration on fait mention de l'effusion du sang. De « plus, comme ce sacrement devait être la nourriture de notre « âme, il convenait qu'il fût établi sous la forme de nourriture et « de breuvage, puisque ces deux choses complètent l'aliment du corps (3). »

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ARTICLE VI.

Jésus-Christ est-il présent dans l'eucharistie d'une manière permanente?

776. A la différence des autres sacrements, qui passent avec l'action qui les produit, l'eucharistie est un sacrement permanent; il subsiste jusqu'à ce que les espèces soient consommées, ou essentiellement altérées, ou divisées au point de ne pouvoir plus naturellement être distinguées de toute autre chose. Il est de foi que Jésus

specie atque sub utraque contineri. Totus enim et integer Christus sub panís specie, et sub quavis ipsius speciei parte, totus item sub vini specie, et sub ejus partibus existit. Ibidem, ch. 1. —(1) Itaque quicumque manducaverit panem hunc, vel biberit calicem Domini indigne, reus erit corporis et sanguinis Domini. I épître aux Corinthiens, c. x1, v. 27.—(2) Catéchisme du concile de Trente, sur l'Eucharistie. -- (3) Catéchisme du concile de Trente, ibidem.

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Christ est présent dans l'eucharistie, même après la consécration, et qu'il est présent, non-seulement pendant qu'on le reçoit, mais encore avant et après la cérémonie de la communion, dans toutes les hosties consacrées que l'Église a coutume de réserver. « Si « quelqu'un dit que, la consécration achevée, le corps et le sang « de Notre-Seigneur Jésus-Christ n'est pas dans l'admirable sacrement de l'eucharistie, mais qu'il y est seulement dans l'usage, pendant qu'on le reçoit, et non auparavant ou après, et que le -« vrai corps du Seigneur ne demeure pas dans les hosties ou par« celles consacrées qu'on réserve après la communion; qu'il soit « anathème. » Ainsi s'exprime le concile de Trente (1), condamnant l'erreur des luthériens, qui prétendent, les uns, que JésusChrist n'est présent dans l'eucharistie qu'au moment qu'on le reçoit; les autres, qu'il n'y est présent que durant la célébration de la cène.

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777. « Les autres sacrements n'ont le pouvoir de sanctifier que quand on les reçoit; mais l'auteur même de la sainteté est dans <«<l'eucharistie avant qu'on reçoive ce sacrement. Car les apôtres « n'avaient pas encore reçu l'eucharistie des mains de leur maître, « que déjà il affirmait avec toute vérité que ce qu'il leur donnait « était son corps (2). » En effet, Notre-Seigneur a dit positivement, Ceci est mon corps, avant que les apôtres le mangeassent, et Ceci est mon sang, avant qu'ils le bussent. Il y avait donc corps et sang dans la cène avant l'usage qu'en ont fait les disciples de Jésus-Christ. Telle a toujours été d'ailleurs la croyance de l'Eglise universelle, comme on peut en juger par l'usage où elle est de porter la sainte eucharistie à ceux qui ne peuvent assister à la célébration des saints mystères: pratique générale, elle s'observe en Orient comme en Occident; pratique ancienne, elle est recommandée par les conciles, et en particulier par le concile de Nicée de l'an 325; pratique apostolique, il en est fait mention dans saint Basile (3), dans saint Denys d'Alexandrie (4), dans Tertul

(1) Si quis dixerit, peracta consecratione, in admirabili eucharistiæ sacramento non esse corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi, sed tantum in usu, dum sumitur, non autem ante vel post, et in hostiis seu particulis consecratis, quæ post communionem reservantur, vel supersunt, non remanere ve. rum corpus Domini; anathema sit. Sess. xi, can. iv. (2) Reliqua sacramenta tunc primum sanctificandi vim habent, cum quis illis utitur; at in eucharistia ipse sanctitatis autor ante usum est. Nondum enim eucharistiam de manu Domini apostoli susceperant, cum vere tamen ipse affirmaret corpus suum esse quod præbebat. Ibidem, ch. ш. - (3) Lettre CCLXXXIX. -(4) Eusèbe, Hist. eccl., liv. vi, elc.

lien (1). « La coutume de conserver dans un vase sacré la sainte «< eucharistie est si ancienne, qu'elle était connue dès le temps du «< concile de Nicée. Et pour ce qui est de porter la sainte eucharis«< tie aux malades, outre que c'est une chose tout à fait conforme «< à la raison et à l'équité, c'est un usage qui doit être soigneuse«<ment conservé dans l'Église, étant fondé sur les ordonnances de « plusieurs conciles, et sur la pratique observée de tout temps. C'est « pourquoi le saint concile ordonne qu'on retienne cette coutume << salutaire et nécessaire (2). Si donc quelqu'un dit qu'il n'est pas « permis de conserver la sainte eucharistie dans un vase sacré, « mais qu'aussitôt après la consécration il faut nécessairement la « distribuer aux assistants, ou qu'il n'est pas permis de la porter « avec honneur et respect aux malades; qu'il soit anathème (3). »

ARTICLE VII.

Jésus-Christ doit-il être adoré dans l'eucharistie?

778. Il est de foi que Jésus-Christ doit être adoré d'un culte de latrie dans le sacrement de l'eucharistie: c'est une conséquence immédiate et rigoureuse du dogme de la présence réelle. Aussi vénère-t-on le saint sacrement par une fête solennelle et particulière, où il est porté avec pompe en procession. « Si quelqu'un dit que, dans le saint sacrement de l'eucharistie, Jésus-Christ, Fils unique

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« de Dieu, ne doit pas être adoré d'un culte de latrie, même extérieur, et que, par conséquent, il ne faut pas le vénérer en l'ho<«<norant d'une fête particulière et solennelle, ni le porter avec « pompe aux processions, selon la coutume et le rit louable et uni<< versel de la sainte Église, ou qu'il ne faut pas l'exposer en public « pour être adoré par le peuple, ou que ses adorateurs sont idolâtres; qu'il soit anathème (4). Ainsi donc il ne reste aucun lieu

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(1) Liv. 11, ad uxorem, c. v. (2) Consuetudo asservandi in sacrario sanctam eucharistiam adeo antiqua est, ut eam sæculum etiam Nicæni concilii agnoverit. Porro deferri ipsam sacram eucharistiam ad infirmos, et hunc usum diligenter in Ecclesiis conservari, præterquam quod cum summa æquitate et ratione conjunctum est, tum multis in conciliis præceptum invenitur, et vetus. tissimo catholicæ Ecclesiæ more est observatum. Quare sancta hæc synodus retinendum omnino salutarem hunc et necessarium morem statuit. Concile de Trente, sess. xi, ch. vi. — (3) Si quis dixerit, non licere sacram eucharistiam in sacrario reservari, sed statim post consecrationem adstantibus necessario distribuendam ; aut non licere, ut illa ad infirmos honorifice deferatur ; anathema sit. Ibidem, can. vu. — (4) Si quis dixerit, in sancto eucharistiæ sacramento

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