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exécuter les ordres de Dieu auprès des hommes. C'est pour cela que le nom d'ange est quelquefois donné, dans l'Écriture, aux hommes qui ont une mission de Dieu, ainsi qu'au Messie, qui est appelé l'Ange du Testament, Angelus Testamenti. Mais si on considère l'ange en lui-même, nous dirons qu'il est une substance spirituelle, créée de Dieu, et d'une nature supérieure à l'homme.

74. Premièrement, les anges sont des substances spirituelles ou incorporelles; ce sont des esprits, comme les appelle saint Paul, facit angelos suos spiritus (1); ils sont sans corps, par conséquent spiritus carnem et ossa non habet (2). C'est d'ailleurs l'enseignement du quatrième concile général de Latran: il dit formellement que Dieu a fait de rien d'abord la créature spirituelle et la créature corporelle, savoir, la créature angélique et la créature matérielle, angelicam videlicet et mundanam; puis la créature qui tient de l'une et de l'autre, étant composée d'une âme et d'un corps: deinde humanam quasi communem, ex spiritu et corpore constitutam (3). On voit que ce concile distingue la créature angélique, et de la créature purement matérielle, et de la créature humaine, qui se compose d'une substance spirituelle et d'une substance corporelle.

75. On convient que Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène et quelques autres docteurs, parmi les anciens, ont cru que les anges, quoique essentiellement intelligents, étaient revètus d'un corps, à la vérité très-subtil et très-différent du corps de l'homme; mais Lactance, saint Athanase, Eusèbe de Césarée, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, saint Jean Chrysostome, Théodoret, saint Cyrille d'Alexandrie, saint Léon, saint Grégoire le Grand, et généralement tous les Pères qui ont écrit depuis le commencement du quatrième siècle, ont regardé les anges comme des êtres purement spirituels (4). Ce qui a pu accréditer quelque temps l'opinion de Tertullien, qui était reçue parmi les philosophes platoniciens, c'est que les livres saints nous représentent souvent les anges conversant avec les hommes, sous une forme humaine : il n'avait pas remarqué, ni lui ni ceux qui pensaient comme lui, que cette forme n'était qu'une forme apparente et d'emprunt.

Secondement, les anges ont été créés de Dieu. Dieu seul est

(1) Epitre aux Hébreux, c. 1, v. 7. (2) Saint Luc, c. xxiv, v. 39. — (3) Ive concile général de Latram, capit. 1, de fide catholica. (4) Voyez la Dissertation sur les bons et les mauvais anges, dans la Bible de Vence, tom. xIII, in-4°.

éternel; lui seul existe de lui-même. Ils ont été créés au commencement des temps, comme nous l'avons fait remarquer dans le chapitre précédent; ils ont été tirés du néant, conjointement avec les créatures corporelles : Simul ab initio temporis utramque de nihilo condidit naturam, spirilualem et corpoream, angelicam videlicet et mundanam (1). Ils ont été créés justes, saints; Dieu ne peut être l'auteur du péché; ils ont été créés pour une félicité éternelle en les faisant à son image, Dieu a voulu qu'ils fussent immortels. Mais il les a créés libres; et parce qu'ils étaient libres, les uns sont demeurés fidèles au Créateur, et ont obtenu d'être confirmés en grâce, avec l'assurance d'être éternellement heureux : ce sont les bons anges, qu'on appelle aussi simplement les anges. Les autres se sont révoltés contre Dieu, et ont été condamnés au supplice éternel. Ils sont appelés mauvais anges, diables ou démons: ils sont tout à la fois les ennemis de Dieu et les ennemis des hommes.

76. Troisièmement, les anges sont d'une nature supérieure à celle de l'homme. La nature angélique, dit saint Augustin, l'emporte en dignité sur toutes les créatures: Angelica natura omnia cætera quæ Deus condidit naturæ dignitate præcedit (2).

ARTICLE II.

De l'existence et du nombre des bons et des mauvais anges.

77. Il est de foi qu'il existe des anges créés de Dieu, dont les uns ont été fidèles, et les autres rebelles à la grâce. L'existence des bons et des mauvais anges est un dogme fondé sur la révélation évangélique, mosaïque et primitive. C'est une croyance aussi ancienne et aussi universelle que le monde. Quoique altérée par les superstitions de l'idolâtrie, on la retrouve dans la distinction des bons et des mauvais génies, chez tous les peuples de la terre (3). Moyse et les prophètes, les évangélistes et les apôtres, tous les auteurs sacrés nous parlent du ministère des anges et de la malice des démons, qui cherchent à nuire aux hommes. Dépositaires de l'antique tradition confirmée par Jésus-Christ, les Pères de l'Église et les docteurs de tous les temps proclament, d'une voix unaníme, le dogme de l'existence des bons et des mauvais anges. Les prières

(1) Ive concile général de Latran, capit. 1, de fide catholica. — (2) De la Cité de Dieu, liv. xi, c. v. —(3) Voyez, dans le tome I de cet ouvrage, le no 575, etc.

liturgiques, les exorcismes, qui ont été jusqu'ici constamment en usage dans toutes les Églises de l'Orient et de l'Occident, tout, dans le christianisme, dépose en faveur de cette croyance, dont on ne peut expliquer l'origine qu'en remontant aux apôtres, à Jésus-Christ, aux prophètes, à Moyse, aux patriarches, à Dieu même. Vouloir que les anges ne soient que des mythes ou des êtres fantastiques, imaginaires, dont l'idée se serait conservée par la superstition des peuples, ce serait évidemment vouloir anéantir l'autorité des livres saints et de la tradition la plus générale et la plus constante; ce serait insulter au genre humain.

78. Quant au nombre des anges, Dieu seul le connaît: tout ce que nous savons, c'est que leur nombre est très-considérable. Le char de Dieu, dit David, est accompagné de plusieurs milliers d'anges: millia lætantium (1). Suivant le prophète Daniel, des millions d'anges assistent au trône de l'Ancien des jours: Millia millium ministrabant ei, et decies millies, centena millia assistebant ei (2). Le Fils de Dieu dit, dans l'Évangile, que son Père pouvait lui envoyer plus de douze légions d'anges, plus quam duodecim legiones angelorum (3). Saint Jean, dans l'Apocalypse, rapporte qu'il vit autour du trône de l'Agneau une multitude d'anges; il y en avait des milliers de milliers: erat numerus eorum millia millium (4). Les Pères de l'Église nous parlent du nombre des anges comme étant infiniment plus grand que celui des hommes. Ils enseignent aussi, d'après l'Écriture, que les anges rebelles sont en grand nombre, et qu'ils forment des légions (5). Cet enseignement s'accorde parfaitement avec la tradition primitive, dont le souvenir s'est conservé chez tous les peuples de l'antiquité. Selon Thalès et Pythagore, le monde est plein de génies. Les païens les croyaient répandus dans les cieux, dans l'air et sur la terre (6). Une aussi grande affinité entre la croyance des gentils et celle des chrétiens, sur le nombre des bons et des mauvais anges, suppose évidemment que l'une et l'autre ont une seule et même origine, qui ne peut être que la révélation divine.

(1) Psaume LXVII, V. 18. - (2) Daniel, c. vII, v. 10, (3) Saint Matthieu, C. XXVI, V. 53. - (4) Apocalypse, c. v, v. 2. — (5) Voyez la Dissertation sur les bons et les mauvais anges, dans la Bible de Vence, tom. xш, page 255, in-4°. (6) Voyez ce que nous avons dit, au tome 1 de cet ouvrage, no 577.

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ARTICLE III.

Du ministère des saints anges.

79. Selon le sentiment commun des Pères et des théologiens, les anges sont distribués en trois hiérarchies, et chaque hiérarchie en trois chœurs. La première hiérarchie comprend les Séraphins, les Chérubins et les Trônes; la seconde, les Dominations, les Vertus et les Puissances; la troisième, les Principautés, les Archanges et les Anges. Cette distinction est consacrée par la liturgie. Cependant nous ne parlerons que du ministère des anges en général, sans les distinguer les uns des autres par le rang qu'ils occupent dans la hiérarchie céleste.

80. Il était reçu, chez les anciens, que Dieu gouverne le monde par le ministère des anges ou des esprits. Il s'en sert pour maintenir l'ordre général, pour veiller aux empires, pour protéger les hommes et répandre sur eux ses bienfaits. Partout l'Écriture rappelle ce merveilleux ministère des anges; et, à quelque époque qu'on veuille remonter, on ne trouvera point sur la terre de tradition plus universelle et plus constante. Selon le prophète royal, Dieu fait des esprits ses ambassadeurs: qui facis angelos tuos spiritus (1). Saint Paul, parlant des anges, dit qu'ils sont tous les administrateurs de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui seront héritiers du salut: Nonne omnes sunt administratorii spiritus, in ministerium missi propter eos qui hæreditatem capient salutis (2)? « Si nous ouvrons l'Apocalypse, « nous y voyons avant toute chose le ministère des anges: on les « voit aller sans cesse du ciel à la terre et de la terre au ciel; ils « portent, ils interprètent, ils exécutent les ordres de Dieu, et les « ordres pour le salut comme les ordres pour les châtiments, puis« qu'ils impriment la marque salutaire sur le front des élus de « Dieu (3); puisqu'ils attèrent le dragon qui voulait engloutir l'É«glise (4); puisqu'ils offrent sur l'autel d'or, qui est Jésus-Christ, les parfums qui sont les prières des saints (5)...... Tous les « anciens ont cru, dès les premiers siècles, que les anges s'en«tremettaient dans toutes les actions de l'Église : ils ont reconnu « un ange qui présidait au baptême, un ange qui intervenait dans l'oblation, et la portait sur l'autel sublime, qui est Jésus-Christ;

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(1) Psaume CII, v. 4. - (2) Épître aux Hébreux, c. 1, v. 14. C. VII, V. 3. — (4) Ibidem, c. xi, v. 7. — (5) Ibidem, c. vin, v. 3.

(3) Apocal.,

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« un ange qu'on appelait l'ange de l'oraison, qui présentait à Dieu les vœux des fidèles et tout cela est fondé principalement sur le chapitre VIII de l'Apocalypse, où l'on voit clairement la nécessité de reconnaître ce ministère angélique. Les anciens ⚫ étaient si touchés de ce ministère des anges, qu'Origène invoque ■ publiquement et directement l'ange du baptême, et lui recommande un vieillard qui allait devenir enfant de Jésus-Christ par « ce sacrement (1).

81.

Il ne faut point hésiter à reconnaître saint Michel pour défenseur de l'Église, comme il l'était de l'ancien peuple, après le « témoignage de saint Jean (2), conforme à celui de Daniel (3). • Daniel nous parle du prince des Grecs, du prince des Perses (4), c'est-à-dire, sans difficulté, des anges qui président par l'ordre « de Dieu à ces nations; et saint Michel est appelé dans le même « sens le prince de la synagogue, ou, comme l'archange saint Ga«briel l'explique à Daniel, Michel, votre prince; et ailleurs, plus expressément: Michel, un grand prince, qui est établi pour les enfants de votre peuple (5).

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82. Quand je vois dans les prophètes, dans l'Apocalypse, et dans l'Évangile même, cet ange des Perses, cet ange des Juifs, l'ange des petits enfants, qui en prend la défense devant Dieu • contre ceux qui le scandalisent (6), l'ange des eaux, l'ange du • feu (7), et ainsi des autres; et quand je vois parmi tous ces anges • celui qui met sur l'autel le céleste encens des prières (8), je reconnais dans ces paroles une espèce de médiation des saints anges; je vois même le fondement qui peut avoir donné occasion aux païens de distribuer leurs divinités dans les éléments et dans les « royaumes pour y présider; car toute erreur est fondée sur quel« que vérité dont on abuse (9).

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83. Les Pères de l'Église nous apprennent que la providence du Très-Haut s'étend à tout ce qui existe, et qu'il se sert du ministère des anges pour l'exécution de ses desseins. Suivant saint Justin, Dieu a confié aux anges le soin des hommes et des choses placées sous le ciel (10). Athénagore dit, au nom des chrétiens de son temps, qu'il y a une multitude d'anges et de ministres que le Créateur a distribués en différentes classes par son Verbe, pour

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(2) Apocal., c. XII, v. 7. (3) Daniel, c. x, (5) Ibid., v. xxi, etc.; xi,

V. 13, 21; c. XII, V. 1. — (4) Ibid., c. x, v. 13, 20.

.... 1. .V. 5.

- (6) Saint Matthieu, c. xvII, v. 10. — (7) Apocal., c. XIV, v. 18; c. XVI,

(8) Ibidem, c. VIII, v. 3.

(9) Bossuet, Préface sur l'Apocalypse,

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