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il a rendu féconde la stérilité de sa mère Elisabeth; mais s'il a fait en naissant tant de merveilles, que ferat-il dans le progrès de sa vie? s'il est si grand dans son berceau, que sera-ce, quand avec l'âge, il aura atteint la perfection d'une vertu consommée? c'est un secret ajoutent-ils, que nous nous contentons de révérer, et qu'il ne nous est pas possible de pénétrer : Et posuerunt omnes qui audierunt, in corde suo, dicentes : Quis, putas, puer iste erit? (1) Après avoir entendu toutes ces merveilles, ils les conservent dans leur cœur, et ils demeurent dans le silence, parce qu'ils ne croient pas pouvoir s'en expliquer assez dignement. Mais voici un ange qui vient suppléer à leur défaut; un ange député de Dieu : c'est Gabriel qui vient résoudre leur doute, et leur apprendre clairement et distinctement ce qu'ils doivent penser de la personne de Jean. Vous êtes en peine de savoir ce que sera un jour cet enfant, et moi, dit l'ange, je vous déclare qu'il sera grand devant le Seigneur: Erit magnus coram Domino (2). Témoignage, chrétiens, qui suffisoit pour canoniser le précurseur de J.-C: car être grand devant les hommes, ce n'est rien; être grand devant les princes et les rois, qui sont les dieux de la terre, c'est peu, puisque ces dieux de la terre sont eux-mêmes très-petits; mais être grand devant le Seigneur, comme Jean-Baptiste, c'est être vraiment grand, c'est être solidement grand, c'est être absolument grand, parce que c'est être grand devant celui qui est non-seulement la grandeur même, mais la source et la mesure de toutes les grandeurs: Erit magnus coram Domino. En effet, tout est petit devant Dieu, et les plus hautes puissances de l'univers ne sont, en présence de cette majesté divine, que des atômes et des néans : Et substantia mea tanquàm nihilum ante te (3). Mais pour saint Jean, il est quelque chose, et quelque chose

(1) Luc. 1.

(2) Ibid. (3) Psal. 38.

de

et quelque chose de grand devant Dieu même : Magnus coram Domino. Concluez de là quel est donc le caractère de sa personne, et le degré de sa grandeur. Je me trompe, chrétiens, ne le concluez pas encore de là ; c'est d'un autre témoin, c'est de Jésus-Christ qu'il faut que vous l'appreniez : car il n'appartenoit qu'à lui de nous donner une juste idée de la personne de JeanBaptiste. Les hommes n'en ont pu rien dire; l'ange, quoique ministre du Seigneur, n'en a pas dit assez ; mais le Fils de Dieu couronnera tout par son témoignage; et que dira-t-il? une parole qui renferme ou plutôt qui surpasse tous les éloges: Amen dico vobis, non surrexit inter natos mulierum major Joanne Baptistá (1); Oui, je vous dis en vérité, qu'entre tous les enfans des hommes, il n'y en a point de plus grand que Jean-Baptiste. Voilà, mes chers auditeurs, le comble de la grandeur: car être grand, même devant Dieu, c'étoit, après tout, une louange qui convenoit à plusieurs autres saints; mais être si grand qu'entre tous les enfans des hommes il n'y en a point eu de plus grand, c'est la louange particulière et l'avantage de saint Jean. Sur cela les Pères et les interprètes sont partagés; les uns veulent que Jean n'ait été le plus grand qu'entre les saints de l'ancienne loi; et les autres, qu'il n'y en ait point eu de plus grand que lui, même entre les saints de la loi de grâce. Quoi qu'il en soit, c'est de lui, et de lui seul que le Sauveur a dit : Non surrexit inter natos mulierum major. Voilà l'oracle de la vérité, à quoi, sans rien examiner de plus, nous devons nous en tenir, et voilà le premier témoignage que le Fils de Dieu rendit à la personne de saint Jean.

J'ai dit qu'il en avoit rendu un autre à la dignité de son ministère comment cela? le voici. L'office important et le ministère essentiel de Jean-Baptiste, fut

(1) Matth. 11.

TOME XII,

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d'être le précurseur de Jésus-Christ; mais cet office de précurseur étoit si relevé au-dessus de tous les autres ministères où les hommes jusque-là avoient été employés, que, sans le témoignage de Jésus-Christ, nous ne l'aurions jamais compris. Prenez garde, s'il vous plaît. Les Juifs reconnoissoient saint Jean pour un prophète, et ils en jugeoient bien, car il l'étoit ; mais ils le croyoient simplement prophète, et en cela ils se trompoient, car il étoit quelque chose de plus. Etiam dico vobis et plusquam prophetam (1): Oui, leur disoit le Fils de Dieu, il est prophète, et plus que prophète. Pourquoi, demande saint Jérôme, plus que prophète ? parce que les prophètes n'avoient annoncé le Messie que dans l'avenir, au lieu que Jean-Baptiste annonçoit qu'il étoit venu; parce que les prophètes n'avoient vu les choses que de loin et dans l'obscurité, au lieu que saint Jean les voyoit clairement et en elles-mêmes. Sans autre raison que celle-là, on avoit droit de le mettre au-dessus de tous les prophètes, et de l'appeler plus que prophète; mais la prééminence de son ministère étoit fondée sur un titre encore plus digne de nos réflexions. Etiam dico vobis, et plusquàm prophetam. Hic est enim de quo scriptum est: Ecce ego mitto angelum meum qui præparabit viam tuam ante te (2): Il est plus que prophète, ajoutoit le Sauveur du monde, parce que c'est celui dont le Père éternel a dit à son Fils : Voici mon ange que j'enverrai devant vous pour vous préparer la voie. En effet, préparer la voie à un Dieu, et être le précurseur d'un Dieu, c'étoit faire l'office d'un ange; et les anges du premier ordre se seroient tenus honorés de cette commission; mais cette commission est réservée à Jean, et il étoit proprement l'ange de Jésus-Christ. Or être l'ange de Jésus-Christ, c'étoit quelque chose sans doute de plus honorable que d'être un ange du commun: car

(1) Matth. 11.- (2) Ibid.

les anges du commun, quoiqu'ambassadeurs de Dieu, n'ont point d'autre ministère que de veiller à la conduite des hommes ; mais le ministère de Jean-Baptiste regardoit immédiatement la personne de Jésus-Christ, puisqu'il n'étoit envoyé au monde que pour JésusChrist: Ecce ego mitto angelum meum ante faciem tuam (1). Ah! chrétiens, est-il rien de plus sublime, et qui doive nous inspirer plus de vénération pour ce grand saint? c'étoit l'ange de notre Dieu; il a fait dans le mystère de l'incarnation le même office que l'ange envoyé à Marie de la part de Dieu; et en vertu de sa mission, il a rendu à Jésus-Christ, comme précurseur, des services plus importans et plus nécessaires que jamais les anges n'en ont pu rendre à cet hommeDieu. Encore une fois, ministère tout angélique, ou plutôt ministère tout divin, que Jésus-Christ a voulu, honorer de son témoignage.

Ajoutez-y ce qui doit en être la conséquence naturelle, je veux dire le témoignage que le Sauveur du monde rendit à la prédication de saint Jean. Vous le savez: toute l'excellence de la prédication consiste en deux points, à éclairer et à toucher, à instruire et à émouvoir; mais il est rare de trouver l'un et l'autre ensemble: car il arrive tous les jours qu'entre ceux qui sont destinés, et qui ont même reçu des talens du ciel pour être les dispensateurs de la parole de Dieu, les plus fervens et les plus zélés ne sont pas les mieux pourvus de science et de lumières; et que les plus intelligens et les plus habiles ne sont pas ordinairement ceux qui ont le plus de zèle et d'ardeur. Les uns éclairent, mais ne touchent pas; les autres touchent, mais n'instruisent pas. Au lieu que Jean-Baptiste, selon le témoignage de Jésus-Christ, excelloit également dans tous les deux: Ille erat lucerna ardens et lucens (2). Vous l'avez vu, (1) Matth. II. — - (2) Joan. 5.

disoit aux Juifs ce Dieu sauveur, et vous l'avez admiré. C'étoit un flambeau qui éclairoit toute la Judée; mais c'étoit un flambeau ardent et luisant ; luisant pour dissiper toutes les ténèbres de l'infidélité du siècle; et ardent embraser tous les cœurs du divin amour. pour a prêché parmi vous avec tout l'esprit et toute la vertu d'Elie: In spiritu et virtute Eliæ (1). L'esprit sans la vertu, ou la vertu sans l'esprit n'auroient pas suffi; mais ayant possédé éminemment l'un et l'autre, ç'a été un prédicateur parfait. Que restoit-il, chrétiens, après des témoignages si illustres? Encore un moment de votre attention ; je n'en abuserai pas.

Il s'agissoit d'autoriser le baptême de saint Jean; et c'est ce qu'a fait Jésus-Christ par un quatrième témoignage, qui ne mérite pas moins que les autres d'entrer dans l'éloge de ce glorieux précurseur. Jean baptisoit dans le Jourdain tous ceux qui venoient à lui ; mais comme ce baptême étoit nouveau, les pharisiens et les partisans de la synagogue en jugeoient diversement. Quelques-uns l'approuvoient, d'autres le blâmoient; ceux-ci l'estimoient bon et profitable, ceux-là le rejetoient comme superstitieux et inutile. On demandoit à saint Jean en vertu de quoi il s'attribuoit la puissance de baptiser, puisqu'il n'étoit pas le Christ: Quid ergò baptizas, si tu non es Christus? (2) Mais pour montrer que cette puissance lui convenoit, le Sauveur des hommes rend hautement témoignage de la validité et de l'efficace du baptême de Jean; et quel témoignage? le plus éclatant, mais aussi de la part de Dieu le plus surprenant; car tout Dieu qu'il est, il reçoit ce baptême de la pénitence qui disposoit alors les hommes à la rémission des péchés et au baptême de la loi de grâce. C'est dans ce dessein qu'il vient de la Galilée au Jourdain, et qu'il se présente à saint Jean pour être bap(1) Luc. 1.- (2) Joan. 1.

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