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282 POUR LA FÊTE DE SAINT JEAN-BAPTISTE.

cour, et que la cour a respecté; que le plus grand des rois a honoré de son estime; qui, prêchant aux grands du siècle avec une liberté toute évangélique, mais aussi avec une égale sagesse, les a instruits de leurs devoirs, et n'a pas craint de leur reprocher leurs désordres; un prélat dont la saine doctrine, la solide piété, la vie édifiante lui ont mérité l'auguste rang qu'il tient; et qui, sans cesse occupé de ses fonctions, n'a en vue que la gloire de Dieu, que les intérêts de Dieu, que l'accroissement du culte de Dieu; enfin, un prélat qui, dévoué aux travaux apostoliques, et, selon l'expression de saint Paul, n'estimant pas sa vie plus précieuse que lui-même, sacrifie tous les jours sa santé aux exercices de son ministère, à consacrer de dignes sujets et à les former pour servir utilement à son Eglise, à visiter les ouailles que la Providence lui a confiées, à sanctifier son peuple et à le conduire dans le chemin de la perfection chrétienne: Parare Domino plebem perfectam (1). Voilà, monseigneur, les exemples que vous donnez; et qui, plus efficaces que mes paroles, sont, pour toute cette assemblée, autant d'exhortations pressantes et touchantes. Plaise au ciel que vous en suiviez, chrétiens, toute l'impression, et que par là, vous arriviez un jour à la vie éternelle, que je vous souhaite, etc.

(1) Luc. 1.

POUR LA FÊTE

DE SAINT PIERRE.

Respondens Simon Petrus, dixit: Tu es Christus Filius Dei

vivi.

Pierre lui répondit: Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant. En saint Matthieu, chap. 16.

VOILA, mes chers auditeurs, toute la substance de l'évangile de ce jour, et des importantes vérités qui y sont contenues; voilà sur quoi est fondée la gloire de saint Pierre, votre illustre patron. C'est lui qui le premier a confessé la divinité de Jésus-Christ; et voilà pourquoi Jésus-Christ lui a donné, au-dessus des apôtres, cette primauté qui nous le rend si vénérable, et en vertu de laquelle il est le chef de toute l'Eglise. C'est lui qui, non-seulement pour sa personne, mais au nom de tous les autres apôtres, a le premier rendu témoignage que Jésus-Christ est le Fils du Dieu vivant, non pas simplement par adoption, mais par nature: car il l'a reconnu Fils du Dieu vivant d'une manière qui ne convenoit ni à Elie, ni à Jean-Baptiste, ni aux prophètes. Or Elie, Jean-Baptiste et les prophètes étoient, dans les termes de l'Ecriture, enfans de Dieu par adoption. Il est donc vrai que saint Pierre, qui prétendoit élever Jésus-Christ au-dessus d'eux, l'a confessé absolument Fils de Dieu, égal à Dieu, consubstantiel à Dieu, en un mot, Dieu lui-même. Et c'est pour cela, encore une fois, que Jésus-Christ a établi cet apôtre comme le fondement sur lequel il vouloit édifier son Eglise, pour cela qu'il lui a mis en main les clefs du ciel, pour cela qu'il lui a donné

le pouvoir de lier et de délier sur la terre: en sorte que toutes les prérogatives de saint Pierre ont été les suites heureuses et les fruits de cette confession de foi: Tu es Christus Filius Dei vivi. Ajoutons-y toutefois, chrétiens, l'ardent amour de ce glorieux apôtre pour JésusChrist car la foi de saint Pierre: sans son amour, n'eût pas suffi. Il falloit que le chef de l'Eglise fùt non-seulement le plus éclairé, mais le plus rempli de zèle et de charité. Et en effet, ce que Jésus-Christ promet aujourd'hui à saint Pierre, parce qu'il confesse sa divinité, n'a eu son accomplissement, qu'après que le Fils de Dieu lui eut demandé s'il l'aimoit plus que tous les autres. M'aimez-vous, Simon, fils de Jean, lui dit ce Sauveur adorable après sa résurrection? Oui, Seigneur, lui répondit Pierre, vous savez que je vous aime, et que je suis prêt à donner ma vie pour vous. Paissez donc mes agneaux et mes brebis, reprit son divin maître: Pasce agnos meos, pasce oves meas (1). Ainsi, chrétiens, c'est sur la foi de saint Pierre, et sur l'amour de saint Pierre qu'est établie sa sainteté et sa prééminence : voilà les deux sources des grâces dont il fut comblé. Il a été le pasteur des peuples, et le souverain pontife: pourquoi? parce qu'il a reconnu Jésus-Christ pour le fils du Dieu vivant, et parce qu'il a aimé Jésus-Christ jusqu'à verser pour lui son sang. Arrêtons-nous là: car il ne sagit pas aujourd'hui de parler des grandeurs de saint Pierre, mais de ses vertus; il ne s'agit pas de ce que nous devons admirer, mais de ce que nous devons imiter en lui; il ne s'agit pas de relever son apostolat, et d'en concevoir de hautes idées, mais de nous édifier de ses exemples. Attachons-nous donc à sa foi et à son amour. En qualité de chrétiens, nous sommes les pierres vivantes de ce mystérieux édifice de l'Eglise, que Jésus-Christ est venu construire sur la terre. Et

(1) Joan. 21.

comme, après Jésus-Christ, votre saint patron en est la pierre fondamentale, il faut que nous soyons bâtis sur cette pierre: Et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam (1). Or pour cela il faut que nous participions à la foi et à l'amour de saint Pierre; pour cela il faut que la foi de saint Pierre soit la règle de la nôtre et que l'amour de saint Pierre soit le modèle de notre amour; il faut que nous croyons de cœur, et que nous confessions de bouche ce que le Père céleste, et non pas la chair et le sang a révélé à saint Pierre ; et il faut que nous puissions dire à Jésus-Christ, comme saint Pierre: Vous savez, Seigneur, que je vous aime. Ainsi, chrétiens, comparons notre foi avec la foi de saint Pierre, et notre amour avec l'amour de saint Pierre pour JésusChrist. En deux mots, la foi de saint Pierre opposée à notre infidélité : c'est la première partie; l'amour de saint Pierre pour Jésus-Christ, opposé à notre insensibilité : c'est la seconde. Toutes deux feront le partage de ce discours, et le sujet de votre attention, après que nous aurons salué Marie. Ave, Maria.

PREMIÈRE PARTIE.

Je fais l'éloge du prince des apôtres, du chef visible de l'Eglise, du vicaire de Jésus-Christ en terre, mais qui, par une disposition particulière de la Providence, n'a pas laissé avec tout cela d'être pécheur; qui, malgré tout cela, est tombé, et a eu besoin de se relever par la pénitence; et qui, par la pénitence, est aussi rentré dans tous les priviléges et dans tous les droits attachés à son apostolat. Je parle d'un saint dont Jésus-Christ a béatifié la foi, et le zèle à confesser la foi, mais qui, dans l'abondance même des lumières de sa foi, avant qu'il eût reçu le Saint-Esprit, n'a pas laissé d'avoir ses ténèbres, c'est-à-dire, ses erreurs; et qui,

(1) Matth. 16.

malgré la ferveur de son zèle, a eu ses imperfections et ses foiblesses: or l'un et l'autre, dans le dessein de Dieu, doit aujourd'hui nous instruire, et contribuer à notre édification.

Il est donc du devoir de 'mon ministère que je ne sépare point ces deux choses; et qu'en prédicateur fidèle de la divine parole, considérant saint Pierre dans l'état où l'évangile nous le représente, je veux dire dans cet état de béatitude commencée, mais non encore consommée par la venue du Saint-Esprit : Beatus es, Simon Barjona (1), je vous parle de ses erreurs aussi bien que de ses lumières, de ses foiblesses aussi bien que de ses ferveurs, de sa chute et de son péché aussi bien que de ses mérites. Il est vrai, c'est sur la foi de saint Pierre que la prééminence de sa dignité fut dès-lors fondée; mais après tout, la foi de saint Pierre n'étoit pas encore parfaite, quand Jésus-Christ lui dit : Vous êtes bienheureux, parce que ce n'est point la chair ni le sang qui vous a révélé ceci, mais mon Père qui est dans le ciel. Il est vrai, saint Pierre confessa que Jésus-Christ étoit le Fils du Dieu vivant, et c'est par cette confession qu'il mérita d'entendre ce que Jésus-Christ lui répondit : Vous êtes Pierre, et c'est sur cette pierre que je bâtirai mon Eglise. Mais après tout, en ce moment-là saint Pierre n'étoit pas encore à l'épreuve des tentations où sa foi devoit être exposée; il n'étoit pas encore inébranlable dans cette confession de foi qu'il faisoit avec tant de zèle. Or c'est à nous, comme je l'ai dit, de profiter, non-seulement de l'exemple de sa foi, mais des imperfections mêmes de sa foi: de l'exemple de sa foi en l'imitant, et des imperfections de sa foi en les évitant. C'est à nous d'apprendre de lui à confesser de bouche la foi que nous avons dans le cœur ; et si quelquefois nous sommes assez malheu

(1) Matth. 16.

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