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produire; ainsi les paroles de Jésus-Christ, une fois dites, opèrent depuis ce moment jusqu'à son avénement, à chaque table de nos églises, un sacrifice parfait. » Cela siguifie seulement, dit Bingham, que JésusChrist, en prononçant une fois ces paroles, a donné aux hommes le pouvoir de faire son corps symbolique, c'est-à-dire, la figure de son corps. Mais pour faire une figure, une image, une représentation, est-il besoin du pouvoir de Jésus-Christ, de la puissance et de la grâce de Dieu? Selon saint Chrysostome, c'est Jésus-Christ lui-même qui, à la parole prononcée par le prêtre, transforme les dons offerts, produit son corps et son sang. Dans une simple figure, où est la trausformation? Le pain et le vin, par cuxmêmes, sont une nourriture corporelle; ils sont donc par eux-mêmes la figure d'une nourriture spirituelle, par conséquent du corps et du sang de Jésus-Christ: un pouvoir divin n'est pas nécessaire pour leur donner celte signification.

Aussi, les nouveaux écrivains protestants, devenus plus sincères, ne font grand cas ni des passages des Pères, ni des liturgies orientales; ils ont vu que la forme de la consécration y est trop claire, et que le sens en est encore fixé par les marques d'adoration rendue à l'eucharistie. Voy. la Perpétuité de la foi, tom. IV, 1. 1, c. 9; tom. V, Préface. Autant les anciens controversistes protestants ont témoigné d'empressement pour obtenir le suffrage des Orientaux, autant ceux d'aujourd'hui le dédaignent.

:

Dans la messe romaine, après la consécration, le prêtre dit à Dieu Nous offrons à votre majesté suprême l'hostie pure, sainte, sans tache, le pain sacré de la vie éternelle et le calice du salut perpétuel; sur lesquels daignez jeter un regard propice et favorable, et les agréer comme il vous a plu d'avoir agréables les présents du juste Abel, le sacrifice d'Abraham et celui de Melchisedech, saint sacrifice, hostie suns tache. Nous vous en supplions,

Dieu tout-puissant, commandez qu'ils soient portés sur votre aut céleste, en présence de votre divine majesté, par les mains de votre saint ange, afin que nous tous qui, en participant à cet autel, aurons reçu le saint et sacré corps et le sang de votre Fils, soyons remplis de toute bénédiction céleste et de toule grace, par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Bingham argumente encore sur cette prière: Si les dons consacrés, dit-il, sont véritablement le corps et le sang de Jésus-Christ, il est ridicule de prier Dieu de les agréer, de les comparer aux sacrifices des patriarches, qui n'étaient que des figures; sûrement cette prière a été composée avant l'invention du dogme de la transsubstantiation (Orig. ecclés., 1. xv, c. 2, § 31). Nous soutenons au contraire que cette prière suppose la transsubstantiation, puisqu'elle nomme les dous eucharistiques le saint et sacré corps et le sang du Fils de Dieu, qu'elle les appelle une hostic pure et sans tache, un saint sacrifice; expressions condamnées et rejetées par les protestants. Le prêtre ue

demande pas simplement à Dieu d'agréer ces dons, mais de les accepter, afin que ou de manière que ceux qui y participeront reçuivent les mêmes bénédictions célestes que les patriarches: on ne compare donc point ce sacrifice aux leurs, quant à la valeur, mais relativement aux grâces accordées à ceux qui les ont offerts.

Mais telle a toujours été la méthode des protestants; lorsque dans l'Ecriture, ou dans les anciens monuments, il y a des expressions qui les incommodent, ils les tordent, ils leur donnent un sens vague, ils les regardent comme des façons de parler abusi ves; s'il s'y trouve seulement un mot qui semble les favoriser, ils le pressent, ils le prennent à la lettre et dans la dernière rigueur.

CONSEILS ÉVANGÉLIQUES, ou MAXIMES DE PERFECTION. Jésus-Christ les distingue évidemment d'avec les préceptes. Un jeune homme lui demandait ce qu'il faut faire pour obtenir la vie éternelle; Jésus lur répondit: Gardez les commandements. Je les ai observés dès ma jeunesse, répondit ce prosélyte; que me manque-t-il encore? Si vous voulez être parfait, répliqua le Sauveur, allez rendre ce que vous possédez, donnez-le aux pauvres, vous aurez un trésor dans le cirl; alors venez et suivez-moi (Matth. xix, 16; Marc. x, 17; Luc. xvi, 18). Selon ces paroles, ce que Jésus-Christ lui proposait n'était pas nécessaire pour obtenir la vie éternelle, mais pour pratiquer la perfection ei pour être admis au ministère apostolique.

Plusieurs censeurs de l'Evangile ont dit que la distinction entre les préceptes et les conseils est une subtilité inventée par les théologiens pour pallier l'absurdité de la morale chrétienne. Il est clair que ce reproche est très-mal foudé. La loi ou le précepte se borne à défendre ce qui est crime, à com mander ce qui est devoir; les conseils on maximes doivent aller plus loin, pour la súreté même de la loi; quiconque veut s'en tenir à ce qui est étroitement commandé, ne tardera pas de violer la loi. D'autres ont été scandalisés du terme de conseils; il ne convient pas à Dieu, disent-ils, de conseiller, mais d'ordonner. Cette observation n'est pas plus juste que la précédente. Dieu, légisiateur sage et bon, ne mesure point l'étendue de ses lois sur celle de son souverain domaine, mais sur la faiblesse de l'homme; après avoir commandé en rigueur, sous l'alternative d'une récompense ou d'une peine éternelle, ce qui est absolument nécessaire au bon ordre de l'univers et au maintien de la société, il peut montrer à l'homme un plus haut degré de vertu, lui promettre des graces pour y atteindre, lui proposer une plus grande récompense. C'est ce qu'a fait Jésus

Christ.

En général, on ne peut donner à l'homme une trop haute idée de la perfection à laquelle il peut s'élever avec le secours de la grâce divine. Dès qu'il est pénétré de la noblesse de son origine, de la grandeur de sa destinée, des pertes qu'il a faites, des moyens

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qu'il a de les réparer, du prix que Dieu réserve à la vertu, il n'est rien dont il ne soit capable; l'exemple des saints en est la preuve. Au reste, la prévention des incrédules contre les conseils évangéliques leur vient des protestants, ceux-ci n'en ont pas parlé d'une manière plus sensée. Ils ont dit que Jésus-Christ avait prescrit à tous ses disciples une seule et même règle de vie et de mœurs; mais que plusieurs chrétiens, soit par le goût d'une vie austère, soit pour imiter certains philosophes, prétendirent que le Sauveur avait établi une double règle de sainteté et de vertu, l'une ordinaire et commune, l'autre extraordinaire et plus sublime: la première, pour les personnes engagées dans le monde; la seconde, pour ceux qui, vivant dans la retraite, n'aspiraient qu'au bonheur du ciel; qu'ils distinguèrent conséquemment, dans la morale chrétienne, les préceptes obligatoires pour tous les hommes, et les conseils qui regardaient les chrétiens plus parfaits. Cette erreur, dit Mosheim, vint plutôt d'imprudence que de mauvaise volonté; mais elle ne laissa pas d'en produire d'autres dans tous les siècles de l'Eglise, et de multiplier les maux sous lesquels l'Evangile a souvent gémi. De là, selon lui, sout nées les austérités et la vie singulière des ascètes, des solitaires, des moines, etc. (list. ecclésiastique du 1e siècle, I part., ch. 3, $12).

Mais nous demandons aux protestants si Jésus-Christ imposait un précepte à tous les chrétiens, lorsqu'il disait: Quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut pas être mon disciple (Luc. XIV, 33). Heureux les pauvres, ceux qui ont faim, ceux qui pleurent donnez à quiconque vous demande, et s'il vous enlère ce qui vous appartient, ne le répétez pas (v1, 20 et 30). Si quel qu'un veut venir après moi, qu'il renonce à ·lui-même, qu'il por'e sa croix tous les jours, el qu'il me suive (1x, 23). Il y a des eunuques qui ont renoncé au mariage pour le royaume des cieux; que celui qui peut le comprendre, le comprenne (Matth. xix, 12). Les commenlateurs, même protestants, ont été forcés de reconnaitre dans ce passage un conseil et non un précepte. Voy. la SYNOPSE sur cet endroit. Saint Paul a dit (I Cor. vii, 40): Une veure sera plus heureuse si elle demeure dans cet état, selon mon CONSEIL : or, je pense que j'ai aussi l'Esprit de Dieu. En exhortant les Corinthiens à des aumônes, il leur dit : Je ne vous fais pas un commandement,... mais je vous donne un CONSEIL, parce que cela vous est utile (11 Cor. vin, 8 et 10). Et aux Galates, c. V, vers. 24: Ceux qui sont à Jésus-Christ onl crucifié leur chair avec ses vices et ses corruptions. Si les chrétiens du siècle se sont trompés en distinguant les conseils d'avec les préceptes, c'est Jésus-Christ et saint Paul qui les ont induits en erreur. Pour estimer et pour pratiquer des austérités, des mortifications, des abstinences, et le renoncement aux commodités de la vie, ils n'ont pas eu besoin de consulter l'exemple des philosophes, le goût des Orientaux, ui les

mœurs des Esséniens ou des Thérapeutes; it feur a suffi de lire l'Evangile.

Quant aux maux prétendus qui en ont résulté, sont-ils si terribles? Nos anciens apologistes nous attestent que la mortification, la chasteté, le désintéressement des premiers chrétiens, aussi bien que leur douceur, leur charité, leur patience, ont causé de l'admiration aux païens, et ont produit une infinité de conversions. Dans les siècles suivants, les mêmes vertus, pratiquées par les solitaires, ont fort adouci la férocité des barbares; si les missionnaires qui ont converti les peuples du Nord n'avaient pas praliqué les conseils évangéliques, ils n'auraient pas attiré, peut-être, un seul prosélyte. Voilà les malheurs qui, au jugement des protestants, ont fait gémir l'Eglise dans tous les siècles, et que les incrédules déplorent avec eux. Heureusement, les réformateurs sont venus au XVIe siècle réparer tous ces maux; ils ont formé des sectateurs, non par des exemples de vertus, mais par des déclamations et par des arguments, ils ont fondé une nouvelle religion, non sur la perfection des mœurs, mais sur l'indépendance et sur le mépris des usages religieux; aussi n'ont-ils converti ni des païens, ni des barbares; ils ont perverti des chrétiens.

CONSERVATEUR, CONSERVATION. La révélation se réunit à la lumière naturelle, pour nous apprendre que Dieu conserve les créatures auxquelles il a donné l'être, et maintient l'ordre physique du monde; l'auteur du livre de la Sagesse lui dit : Comment quelque chose pourrait-il subsister, si vous ne le vouliez pas, ou se conserver sans votre ordre (Sap. x1, 26)? Il conserve l'ordre moral entre les créatures intelligentes, par l'instinct moral qu'il leur a donné, par la conscience qui leur intime sa loi et leur fait craindre le châtiment du crime. C'est dans cette double attention que consiste la providence.

Mais rien ne nous montre mieux l'action continuelle de Dieu dans la marche de la ualure, que le pouvoir par lequel il en suspend les lois quand il lui plaît. Le monde noyé dans les eaux du déluge, le feu du ciel lancé sur Sodome, les mers divisées pour donner passage aux Hébreux et submerger les Egyptiens, etc. voilà les événements par lesquels Dieu a convaincu les hommes qu'il est le seul maître, le seul conservateur de l'univers. Il fallait alors des miracles, parce que le commun des hommes n'était pas en état de raisonner sur l'ordre physique du monde, d'y remarquer une main attentive et bienfaisante. Ainsi, Dieu a prévenu d'avance les hommes, encore ignorants el grossiers, contre les faux systèmes des philosoples qui ont enseigné, les uns, que Dieu est l'âme du monde, et que le monde est éternel; les autres, que Dieu, après l'avoir construit, en a laissé le soin à des intelligences subalternes. Le dogme d'un seul Dieu, créateur et conservateur, est la croyance primitive; si les peuples avaient été fidè es à le girder, ils n'auraient été égarés ni par le

polythéisme, ni par l'idolâtrie, ni par les prestiges de la philosophie. Mais, dès qu'une fois cette grande vérité a été généralement méconnue, il a été besoin d'une nouvelle révélation pour en rétablirla croyance, et tel était le principal objet des leçons que Dieu donna aux Hébreux par Moïse. Voy. RÉVÉLATION.

CONSOLATION, cérémonie des manichéens albigeois, par laquelle ils prétendaient que toutes leurs fautes étaient effacées; ils la conféraient à l'article de la mort; ils l'avaient substituée à la pénitence et au viatique. Elle consistait à imposer les mains, à les lever sur la tête du pénitent, à y tenir le livre des Evangiles, et à réciter sept pater avec le commencement de l'Evangile selon saint Jean. C'était un prêtre qui en était le ministre; et il fallait, pour son efficacité, qu'il fût sans péché mortel. On dit que, lorsqu'ils étaient consolés, ils seraient morts au milieu des flammes sans se plaindre, et qu'ils auraient donné tout ce qu'ils possédaient pour l'être. Exemple frappant de ce que peuvent l'enthousiasme et la superstition, lorsqu'ils se sont emparés fortement des esprits.

CONSORT, société ou confrérie du tiers ordre de Saint-François, établie à Milan, et composée d'hommes et de femmes, pour le soulagement des pauvres. On lui avait confié la distribution des aumônes; elle s'en acquitta avec tant de fidélité, que l'on reconnut bientôt la faute que l'on avait faite en la privant de cette fonction délicate. Il fallut la médiation du pape Sixte IV pour l'engager à la reprendre preuve qu'elle n'y avait trouvé que des peines méritoires pour l'autre vie; avantage que la piété solide peut aisément se procurer. Le débat le plus scandaleux qui pourrait survenir entre des chrétiens, serait celui qui aurait pour objet l'économat du bien des pauvres; mais ceux qui ont le courage de s'en charger, sont souvent accusés très-mal à propos.

CONSTANCE. Le concile général tenu dans cette ville fut assemblé sur la fin d'octobre, l'an 1414, eldura jusqu'au mois d'avril 1418. Un des principaux objets de cette assemblée était de mettre fin au schisme, qui durait depuis l'an 1377, entre plusieurs prétendants à la papauté, et qui tous avaient des partisans. Il y en avait encore trois pour lors, savoir, Jean XXIII, qui avait convoqué le concile, Grégoire XII, et Benoît XIII; ces deux derniers avaient déjà été déposés au concile de Pise, cinq ans auparavant; ils le furent de nouveau à Constance : le concile déposa aussi Jean XXIII, et élut à sa place Martin V, qui fut universellement reconnu. Les autres objets étaient de condamner les erreurs de Jean Hus et de Jérôme de Prague, qui étaient les mêmes que celles de Wiclef, et de réformer l'Eglise, tant dans son chef que dans ses membres.

Le décret de ce concile, publié dans la quatrième session, est remarquable: il porte que le concile de Constance, légitimement assemblé au nom du Saint-Esprit, faisaut un

concile général qui représente l'Eglise catho lique militante, a reçu immédiatement de Jésus-Christ une puissance à laquelle toute personne, de quelque état et dignité qu'elle soit, même papale, est obligée d'obéir dans ce qui regarde la foi, l'extirpation du schisme et la réformation de l'Eglise dans son chef et dans ses membres. Il ne manque rien à cette décision pour avoir une pleine autorité, puisque Martin V, élu pape au mois de novembre 1417, donna, immédiatement aprè son élection, une bulle par laquelle il vent que celui qui sera suspect dans sa foi, jure qu'il reçoit tous les co ciles généraux, et en particulier celui de Constance représentant l'Eglise universelle, et que tout ce qui a ete approuvé et condamné par ce concile, soit approuvé et condamné par tous les fidèles. Par conséquent, ce pontife approuve et confirme lui-même ce qui avait été décidé dans la quatrième session: il fit la même chose dans deux bulles contre les hussites, le 29 février 1418, et dans la dernière session du concile, I confirma encore expressément tout ce qui avait été fait en pleine assemblée, conciliariter.-Ce même décret fut approuve et confirmé de nouveau par le concile de Båle, en 1431. C'est aussi la doctrine à laquelle le clergé de France a toujours fait profession d'être attaché, notamment dans son assembiée de 1682 (1).

Dans la quinzième session, le concile condamma les erreurs de Wiclef et de Jean Hus, qu'il avait déjà proscrites dans la huitième. Comme Jean Hus ne voulut point se soumettre à cette condamnation, ni se rétracter,

(1) Telle a é é la pensée de l'école gallicane, qui voulait s'appuyer de l'autorité de ce concile pour restreindre le pouvoir des papes. Mais il est extrême mest probable (pour ne pas dire certain) que le concile de Constance n'était pas œcuménique dous les quatrième et cinquième sessions, parce que les trois obediences de Grégoire XII, de Jean XXillende Benoit XIII n'étaient pas réunies en une assemblée. L'Eglise universelle n'était donc pas représentée. El d'a lleurs Martin V, dans son décret de confirmation, s'est servi du mot conciliariter, preuve évidente qu'à ses yeux il y avait dans les décrets de Costa.re quelques articles qu'il ne voulait pas confirmer, parce qu'en certaines circonstances les règles n'avaient pas été observées. Quelques-uns de ceux qui o admis la valeur de ces décrets les restreignent au temps du schisme. Les termes des canons le disent clairement : Toute personne, de quelque état qu'ele soit, et quelque dignité qu'elle possède, fût-ce méne celle de pape, est obligée d'obéir au présent concise, dans les choses qui appartiennent à la foi, à l'extr pation dudit schisme et à la réformat on de l'Eglise dans son chel et dans ses membres. Sess. 4. Quiconque, de quelque condition, état et digné qu put être, quand même il serait pape, refuserait avec opiniâtreté d'obéir aux règlements de ce saint synde el de tout autre concile général lég timement assemble sur les matières susdites, soit décidees, soit à décides, qui y auraient rapport, s'il ne venait à résipiscemer serait puni comme il devrait l'être. Sess, 5. Il est done évident que les décrets de Constance, dont la gallicans ont fait tant de bruit, ne sont rien nobis que des décisions dogmatiques. Les matières qu's renferment sont des opinions ivrées à la mare dis cussion des écoles. Voy. PARE.

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il fut déclaré hérétique, dégradé et livré au bras séculier qui lui fit subir le supplice du feu, Jérôme de Prague, son disciple, après | s'être rétracté dans la dix-neuvième session, désavoua cette rétractation dans la vingtunième, soutint opiniâtrément ses erreurs, et eut le même sort que son maître. Le concile, dans la troisième, prononça l'anathème contre ceux qui soutenaient que la communion sous une seule espèce était illégitime et abusive; c'était une des erreurs de Jean Hus. Dans la quinzième, il déclare hérétique, scandaleuse et séditieuse la proposition de Jean Petit, docteur de Paris, qui, en 1408, avait soutenu publiquement qu'il test permis d'user de surprise, de trahison et de toute sorte de moyens pour se défaire d'un Tyran, et qu'on n'est pas obligé de lui garder la foi qu'on lui a promise. Dans les sessions 40, 42 et 43, on fit quelques décrets pour reformer les abus introduits dans la discipline.

Plusieurs protestants et plusieurs incrédules ont accusé le concile de Constance d'avoir violé' le droit naturel et les lois de la justice et de l'humanité, en livrant Jean Hus an bras séculier, pour être puni du dernier supplice, malgré le sauf-conduit qui lui avait été donné par l'empereur; c'est une calomnie que nous réfuterous au mot Hus

SITES.

CONSTANTIN. Nous ne devrions avoir rien à dire sur cet empereur; mais les critiques modernes se sont appliqués à le noircir, afin de rendre suspecte sa conversion au christianisme, et de décréditer les écrivains ecclésiastiques qui ont fait l'éloge de ses verlus. Basnage leur a fourni les matériaux. Hist. de l'Egl., tom. II, pag. 1077. Mosheim n'a été guèro plus équitable. Hist. Christ., sæc. iv, pag. 952. Un théologien doit savoir à quoi s'en tenir sur le caractère de ce prince.

sa mémoire. Mais les païens contemporains ont été moins injustes que les philosophes du XVII siècle; les premiers l'ont adoré comme un dieu après sa mort; les seconds veulent le faire détester comme un scélérat.

Pour juger Constantin sans partialité, il faut consulter Tillemont; il n'a supprimé aucun des reproches qui ont été fails à ce prince: il y oppose non le témoignage des auteurs chrétiens, mais celui des historiens païens, d'Aurélius Victor, d'Eutrope, d'Ammien Marcellin, de Libanius, de Julien : la plupart ont écrit après la mort de Constantin, et après l'extinction de sa famille; ils n'avaient aucun intérêt de déguiser la vérité.

est faux que Constantin ait fait assassiner Licinius malgré la foi des traités. Trois fois Licinius avait armé contre lui, avait été vaincu en bataille rangée, et avait été pardonné. Après avoir solennellement renoncé à l'empire, devenu simple particulier, il cabalait encore; il violait donc les traités, il ne fut donc pas mis à mort contre la foi des traités la mort d'un sujet rebelle, ordonnée par un empereur despole,' après trois pardons accordés, ne fut jamais un assassinat.

Constantin n'est point l'auteur du meurtre du jeune Licinien; aucun écrivain n'a osé l'en accuser, et il n'y en a aucune preuve.

Maximien, son beau-père, avait attenté à sa vie, c'était d'ailleurs un monstre couvert de crimes; après avoir renoncé à l'empire, il voulait s'en emparer de nouveau et l'arracher à son gendre; il fut réduit à s'égorger lui-même. Se défaire d'un compétiteur injuste ou plutôt d'un assassin, pour prévenir de nouvelles guerres civiles, est-ce un crime?

Nous avouons le meurtre injuste de Cris pus. Sa belle-mère Fausta l'accu-ait d'avoir attenté à sa pudeur; Constantin, trop crédule, cut tort de ne pas mieux vérifier ce crime prétendu; mais lorsque, persuadé de l'innocence de son fils, Constantin punit la calomnic de Fausta, nous soutenons qu'il fit un acte de justice. Aucun écrivain chrétien n'a cherché à justifier ni à pallier le meur

1. On lui reproche les meurtres de Licinius, son beau-frère, assassiné malgré la foi des traités; de Licinien son neveu, massacré à l'âge de douze ans ; de Maximien son beau-tre de Crispus. Quant à la cruauté exercée

père, égorgé par son ordre à Marseille; de son propre fils Crispus, prince de grande espérance, injustement mis à mort, après lui avoir vu gagner des batailles; de l'impératrice Fausta son épouse, étouffée dans un bain. On insiste sur la cruauté avec laquelle il fit dévorer par des bêtes féroces, dans les jeux du cirque, tous les chefs des Francs avec les prisonniers qu'il avait faits dans une expédition sur le Rhin on ajoute que tous ces crimes exécrables flétriront à jamais sa mémoire.-S'ils étaient tous vrais, il serait étonnant que Julien, qui ne ménage pas Constantin dans la Satire des Césars, n'en eût rien dit, pendant qu'il traitait de monstres les deux compétiteurs de Constantin; que Zosime, historien païen, très-indisposé conIre lui, ne lui cût pas reproché ces crimes; que Libanius et Praxagore, autres païens zelés, cussent osé faire un éloge complet des vertus de Constantin, lorsqu'il n'exis'ait plus, et que l'on pouvait flétrir impunément

coutre les chefs des Francs et contre les prisonniers, il faut se souvenir que depuis longtemps la coutume des Romains était de faire contre les Barbares la guerre sans quartier : qu'après la victoire remportée sur Maxence, Constantin avait racheté à prix d'argent la vie des prisonniers; qu'il avait placé dans l'Illyrie et dans la Thrace trois cent mille Sarmates, chassés de leur pays par d'autres Barbares; ce n'était donc pas un monstre altéré de sang humain. Ses prédécesseurs avaient, pendant trois cents aus, fait dévorer par les bêtes, dans le cirque, les chrétiens qui n'étaient ni des Francs, ni des Sarmates, mais des Romains; et les censeurs de Constantin l'ont trouvé bon.

II. Ses accusateurs ont cherché à rendre suspects les motifs et les causes de sa conyersion au christianisme; les uns ont dit, sur la foi de Zosime, historien païen trèsprévenu contre ce prince, qu'il se fit chrélien, parce que les pontifes du paganisme

l'assurèrent que leur religion n'avait point d'expiations assez puissantes pour expier les crimes qu'il avait commis. Cette absurdité est assez réfutée par les éloges que lui ont prodigués d'autres auteurs païens, et par le culte idolâtre qui lui a été rendu par les païens après sa mort. Eutrope, 1. x. D'autres empereurs, plus coupables que lui, n'avaient pas cru avoir besoin d'expiation, et l'on sait d'ailleurs si les pontifes du paganisme étaient des censeurs fort rigides à l'égard des empereurs. Les autres disent que Constantin se fit chrétien par politique, parce qu'il vit que les chrétiens étaient déjà nombreux et puissants, qu'il pouvait compter sur leur fidélité, que leur religion était plus capable que le paganisme de contenir les peuples dans l'obéissance. Soit pour un moment. Il en résulte déjà que Constantin fut plus sage et meilleur politique que ses prédécesseurs, qu'il rendit au christianisme plus de justice que ne lui en rendent les incrédules, el que par l'événement il ne fut pas trompé, puisque son règne fut paisible et heureux. Mais les motifs de politique ne dérogent en rien aux preuves que ce prince put acquérir d'ailleurs de la divinité du christianisine. Constantin a raconté lui-même, qu'avant de livrer bataille à son compétiteur Maxence, il avait vu, après midi, dans le ciel et au-dessus du soleil, une croix lumineuse avec ces mots. Sois vainqueur par ce signe; que les soldats qui l'accompagnaient en avaient été témoins. Il ajoutait que la nuit suivante Jésus-Christ lui était apparu, et lui avait ordonné de faire faire une ensei-gne militaire, ornée du signe qu'il avait vu. Constantin la fit exécuter en effet; c'est ce qui fut nommé le labarum. Après sa victoire, ce prince fit placer à Rome sa statue, tenant à la main une lance en forme de croix, avec celte inscription: Par la vertu de ce signe, j'ai délivré votre ville du joug de la tyrannie, etc. Eusèbe, dans la Vie de Constantin, liv. 1, c. 28 et suiv., assure qu'il tenait ce fait de la propre bouche de l'empereur, qui le lui avait attesté avec serment, et dit qu'il avait vu plus d'une fois le labarum. Il en parle encore dans le panégyrique de ce prince, prononcé en sa présence, la trentième année de son règne, où l'an 335. Orat. de laud. Const., c. 6 et 9. Constantin lui-même semble y faire allusion dans son discours à l'assemblée des saints, Orat. ad Sanct. cœtum, c. 26, lorsqu'il dit que ses exploits militaires ont commencé par une inspiration de Dieu.-Lactance, auteur contemporain (Lib. de Mort. persec., c. 44), dit seulement que Constantin fut avertit en songe de faire graver sur les boucliers de ses soldats le signe céleste de Dieu, avant de commencer le combat, et qu'il fit en effet marquer sur les boucliers le sigue de Jésus-Christ. Socrate, Sozomène, Philostorge, Théodoret, Optatianus, Porphyre, dans un poëme à la louange de Constantin, deux orateurs païens dans les panegyriques de ce prince, le poëte Prudence et d'autres, confirment la narration d'Eusèbe.

Jusqu'au xvIe siècle aucun écrivain ne l'a

vait attaquée; mais, comme les protestan's ont vu qu'elle pouvait servir à autoris ri culte de la croix, plusieurs d'entre eux ont entrepris de lui ôter toute croyance. Ils ont dit que tous les témoignages que l'on produit en faveur de ce miracle, se réduisent, dans le fond, à celui de Constantin; que ce fut, de sa part, une ruse militaire pour animer ses soldats au combat. Chauffepié, dans le Supplément au Dictionnaire de Bayle, a ras semblé toutes les objections et les conjertures de ces critiques. Mosheim a fait de même (Hist. Christ., sæc. iv, p. 978). Les incrédules modernes en ont triomphé, et fon n'a pas manqué de mettre un long extrait de cette dissertation dans l'ancienne Encycl pédie, au mot VISION DE CONSTANTIN. - E 1774, M. l'abbé Duvoisin leur a opposé une dissertation plus exacte et plus solide; ila rapporté les preuves et les témoignages que nous venons d'indiquer, il en a fait sentir la force, et a répondu à toutes les objections; l'on peut consulter cet ouvrage. On y verra, dans tout son jour, la témérité avec laquelle les protestants ont travaillé à jeter du doate sur les faits de l'Histoire ecclésiastique, qui paraissent les mieux constatés, et les armes qu'ils ont fournies aux incrédules pour attaquer tous les faits favorables au christis

nisme.

Nous nous bornons à remarquer que l'os suspecte, sans aucune raison, la probité de Constantin. 1° A-l-on prouvé que Dieu a pas pu ou n'a pas dû faire un miracle pow convertir cet empereur, et pour préparerains le triomphe du christianisme? 2 fat supposer que tous les soldats de son armee étaient chrétiens, ce qui ne peut pas êre, puisqu'alors ce prince n'avait pas encor professé la religion chretienne; des soldats païens ne pouvaient avoir aucun respect aucune confiance au nom ni au signe de Je sus-Christ; il était à craindre au contraire que ce sigue, détesté par les païens, ne les fit déserter et passer du côté de Maxence. 30 Après la victoire une fois remportée ser Maxence, quel intérêt pouvait avoir Costantin à faire attester par ses enseignes, par sa statue, et par d'autres monuments, l'iposture qu'il avait forgée pour inspirer du courage à ses soldats? 4 II en avait encore moins à répéter cette fable à Eusèbe dour ou quinze ans après, à l'attester par serment, à dire que le prodige avait été vu par les soldats qui l'accompagnaient pour lors Si cela n'était pas vrai, les païens, surtout les soldats, ont dû se moquer de la fourbene de l'empereur et de ses prétendus monuments, et s'obstiner davantage dans la profession du paganisme. D'un côté l'on attribue à ce prince une politique très-rusée, de l'autre une imprudence inconcevable. 5 La vi sion de Constantin n'est pas, dans le foad, une preuve fort nécessaire au christianisme. il peut aisément s'en passer; nous ne voyons pas que ceux qui la rapportent en tirent aucune conséquence ni aucun avantage. Ils ont donc eu moins d'intérêt à l'accrediter, que les protestants et les incrédules n'en out à la

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