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afin d'y établir une uniformité de rite, l'Eglise de Milan se servit du nom du grand Ambroise et de l'opinion où l'on était qu'il avait composé ou travaillé cet office, pour étre dispensée de l'abandonner; ce qui l'a fait nommer rite ambrosien, par opposition au rite romain. La liturgie ambrosienne a été publiée par Pamélius, en 1560: Le Père Le Brun l'a tirée de divers missels anciens, imprimés on manuscrits; il note exactement en quoi elle était différente de celle de Rome, ce que saint Ambroise y avait ajouté, et co qui existait avant lui. Il rapporte les tentatives qui ont été faites, soit par le pape Adrien 1 Sous Charlemagne, soit par les successeurs de ce pontife dans les siècles suivants, pour introduire dans l'Eglise de Milan la liturgie romaine et le rite grégorien, et la résistance constante du clergé de Milan. Saint Charles, lui-même fut très-zélé pour la conservation du rite ambrosien; et ce rite subsiste encore dans la cathédrale et dans la plupart des églises du diocèse de Milan. Explication des Cérémonies de la messe, tom. II, pag. 175.

AMBROSIEN (chant). Il est parlé dans les rubricaires du chant ambrosien, aussi usité dans l'Eglise de Milan et dans quelques autres, et qu'on distinguait du chant romain en ce qu'il était plus fort et plus élevé ; au lieu que le romain était plus doux et plus harmonieus. Voy. CHANT et GRÉGOR:EN. Saint Augustin attribue à saint Ambroise d'avoir introduit en Occident le chant des psaumes, à limitation des Eglises orientales; et il est trèsprobable qu'il en composa ou en revit la psalmodie. August., Confess., 1. rx, cap. 7.

AMBROSIENS ou PNEUMATIQUES, nom que quelques-uns ont donné à des anabap lisles disciples d'un certain Ambroise, qui Vantait ses prétendues révélations divines, en comparaison desquelles il méprisait les livres sacrés de l'Ecriture. Gauthier, De Hær., au xv siècle.

rons quelques réflexions touchant l'origine de l'âme.

1. De la spiritualité de l'ame (1). La première vérité que nous enseigne l'histoire sainte, est

(1) Avant de suivre Bergier dans l'exposition des preuves tirées de l'Ecriture sainte en faveur de la spiritualité de l'âme, nous devons donner celles qui Sont puisées dans la raison.

Il faut d'abord commencer par apprécier l'argument apporté communément par les théologiens et les philosophes en faveur de la spiritualité de l'âme. Voici la substance de l'argument qui a été développé longuement par le cardinal de la Luzerne, Disseriation sur la spirituali é de l'âme, et qui a é é reproduit depuis dans presque tous les traités classiques de philosophie, et notamment dans les Institutiones philosophica de Mgr Bouvier, évêque du Mons, lesquelles sont enseignées dans beaucoup de séminaires. L'âme humaine est simple, dit-on (Instit. philos., t. II, p. 324, édit. 1837), si la pensée ne peut avoir pour siége un sujet composé or, la pensée ne peut résider dans un sujet composé; car alors ou toute la peasée serait en même temps dans chaque partie du sujet; ou une partie de la pensée serait dans une fraction du sujet, et une autre partie dans une autre fraction; ou enfin toute la pensée serait coucennée dans une seule partie : or, on ne peut soutenir aucune de ces trois hypothèses. Dans la première, la pensée ne serait plus une, mais multiple; daus la seconde, il faudrait soutenir que la pensee a plusieurs parties et qu'aucune d'elles n'a la conscience de toute la pensée; dans la troisième hypothèse, si l'on suppose, pour ne pas retomber dans les deux autres, que la partie matérielle dont on fait le sujet de la pensée, soit simple ou indivi-ible, la coutroverse, dit-on, ne roule plus que sur des mots : Causam obtinemus, dit Mgr Bouvier (op. cit., p. 525); car alors les matérialistes regardent comme matière ce qui est réputé esprit. Donc, conclut-on avec une absolue confiance, l'âme humaine est simple.

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En résumé, dans l'argumentation qui précède, et que ous avons tradite avec fidélité, on n'exige dans le sujet de la pensée que la qualité de simple ou d'indivisible; parce que l'on suppose fort gratuitement que tout ce qui est matière est indéfiniment divisible. Ainsi, en derniere analyse, la démonstration que l'on prétend donner de la piritualité de l'âme, au moyen de l'argument ci-dessus rapporté, ne repose que sur le système de la divisibilité de la matière à l'infini, réprouvé par la science moderne. M. Pouillet (député), professeur de physique à la Faculté des Sciences de Paris, et membre de l'Académie des Sciences, dit, dans l'introduction qui précède ses savants Eléments de physique expérimentale (t. I, p. 5, édit. 1844), que la théorie des éléments simples de la ma ière est aujourd'hui exclusivement adoptée. M. Dumas en dit autant dans son Traité de chimie, et fait voir que les combinaisons chimiques qui n'ont jamais lieu que selon des proportions bien définies, insinuent sulfisamment que tous les corps sont composés d'éléments simples ou d'atomes indivisibles.

AME, substance spirituelle, qui pense et qui est le principe de la vie dans l'homme (1). Il est de foi que l'âme de l'homme est un pur esprit (Later. Iv); immortelle (Later. v); uni que Constant. iv); libre (Trident., sess. 6, can. 4); qu'elle n'existe pas avant le corps qu'elle doit habiter (Constant. 11)]. C'est aux philosophes d'exposer les preuves de la spiritualité et de l'immortalité de l'âme humaine, que la lumière naturelle peut fourair; le devoir des théologiens est de faire Foir que ces deux dogmes essentiels ont été révélés aux hommes dès le commencement du monde; que Dieu n'a pas attendu les speculations de la philosophie, pour leur enseigner ces deux importantes vérités; que les philosophes mêmes n'ont jamais pu les démontrer invinciblement, faute d'avoir été éclairés par la révelation. Nous ajoute-tion des corps, a supposé qu'ils étaient formés de

(1) M. l'abbé Charvoz et les partisans de l'Œuvre de la Miséricorde prétendent qu'il y a en nous deux substances spirituelles, l'une que nous nommons Ime, dont nous parlons ici, et l'autre qui est on ange deba. Nous réfu'ons cette dernière opinion au mot ASGE.

Ce n'est pas d'hier que la théorie des éléments simples est imaginée. Zénon trouva es points marériels indivisibles dans le ve siècle avant notre ère. Ocellus Lucanus et Démocrite soutinrent à peu près la même doctrine, qui a été renouvelée par Gassendi. Leibnitz, pour rendre raison de la com, osi

monades, ou éléments matériels simples et sans étendue. On a objecté avec raison contre ces systèmes que des éléments inétendus, ou, comme on l'a dit, des zéros d'étendue, ne sauraient constituer des corps étendus. Le mathématicien Boscowikh, pour éluder cette difficulté, tout en supposant inétendus les éléments de la matière, a prétendu qu'ils

que Dieu est Créa ́eur, qu'il a tout fait par sa parole ou par un simple acte de sa volonté, donc il est pur espri'. Au mot CRÉATION, nous ferons voir que cette conséquence est

pouvaient néanmoins former des corps étendus. II S'est fondé sur ce que les atomes, en vertu de leurs attractions et de leurs répulsions, s'établissaient dans un état d'équilibre sans arriver jamais au contact, et occupaient ainsi une étendue déterminée dans l'espace. Lavoisier démontrait, à peu près à la même époque, qu'il n'y a dans la nature aucun contact parfait, par la considération qu'il n'y a pas de froid absolu, et que par conséquent la chaleur, qui est une force centrifuge, tient les molécules matérielles à une distance quelconque les unes des autres. Mais il restait toujours une difficulté dans le système de Boscowikh, celle de savoir comment les éléments inė endus peuvent tomber sons les sens. Déjà, cependant, dans ce système il était facile de résoudre les object ons que des esprits subtils (Voy. Logique de Port-Royal, Pollet, Séguy, Gérard, etc.) avaient prétendu tirer de la géométrie contre la théorie des éléments simples. Il sulfit, en effet, pour y répondre, de supposer que les parties matérielles ne sont point contiguês, ce qui est conforme à la vérité. D'ailleurs, nous aurons occasion par la suite de démontrer que les ma hématiciens, avec tous leurs infiais, ne font que jouer sur les mots. J'ai été surpris, en 1834, de retrouver de telles subtilités dans les Annales de philosophie chrétienne (1. VIII, p. 172); mais heureusement, l'auteur de l'article où elles sont reproduites, commence par avertir qu'il supposera les molécules immédiatement voisines les unes des autres (p. 184). Quant aux lignes que l'on suppose pouvoir se rapprocher sans jamais se rencontrer, elles prouveraient tout au plus, comme les autres faits du même genre, que l'étendue et non la matière est indéfinie et diVisible. Encore faudrait-il, pour être en droit de Taffirmer, que l'étendue pût être mesurée, ou seulement fût appréciable sur les corps, ce qui n'est assurément pas. Cette infinie divis bilité, avec toutes ses prétendues démonstrations mathématiques, n'a, comine l'a judicieusement fait remarquer Kant, d'autre fondement que imagination, et encore l'imagib. tion se représentant un espace limité par des corps. Mais quoiqu'on puisse sans grand effort résoudre toutes les objections tirées des mathématiques dans 1- siseme de Boscowiku sur les éléments de la maLeve, nous avons vu qu'il restait encore une grave ‹ Brulté, celle de savoir comment les éléments inendus peuvent tomber sous les sens MM. Biot et Ampere, membres de l'académie des Sciences, qui ent été des premiers dans notre siècle à revenir à na beure des éléments indivisibles de la matière, etancu la difficulté en reconnaissant de l'étendue ser des points élémentaires ou atomes. Selon M. Biot Traité de physique, t. IV), une foule d'expériences asus out montre qu'aucun corps n'est un assemblage coutinu de maliere, mais qu'ils sont tous composés de part eules matérielles placées à distance et mainteires dans cet état par les forces opposées de l'attraction et de la chaleur. It suppose ensuite que, dans les corps les plus denses, la capacité des interstices pourrait bien surpasser plusieurs milliers de fa se volume des parucules matérielles; que les dernieres particules élémentaires et impénétrables

e stituent les principes des corps soient réu* - en groupes, deux à deux, trois à trois, etc. est clair que le célèbre physicien astronome

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que les corps ont pour principes constitutifs van ééments limpénétrables, c'est-à-dire indivisibles tota la fois Feu M. Ampère (Annales sowe, motl 1:14) enseigne la même doctrine, • Veve comte esant ceile des physiciens mo¡re nous concevons nous-mêmes,

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incontestable. Or, cette même histoire nous apprend que Dieu a fait l'homme à son image et à sa ressemblance. Gen. 1, 26 et 27; 1x, 6. Donc l'homme n'est pas seulement un corps;

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depuis dix huit ans, la théorie des éléments indivisibles de la matière. Nous ne nous arrêterous pas à montrer les difficultés que renfermait le système de la divisibilité de la matière à l'infini, lequel n'avait de fondement que dans l'imagination. La matière étant une substance essentiellement passive, est divisible par une puissance active un degré inassignable; mais comme elle ne pouvait offrir aucune résistance sans cesser d'être positive, et que l'ima gination concevait toujours dans le plus petit atome un dessus et un dessous, on a conclu qu'elle était disible indéfiniment. On a ainsi, dit M. Buchez (Essai d'un traité complet de philosophie, t. III, P. 143), transporté à la matière, comme propriété, ce qui était possible de la part d'une activité spirituelle. Une matière infiniment divisible, dit-il quelques pages plus loin (page 154), et une matière dont les parties ont les propriétés particulières, paraissent.. deux affirmations contradic oires, où la seconde nie la prem ère. Nous en convenons, la contradiction existe. Il est impossible, ajoute le même anteur (p. 213), de faire concorder avec la divisibilité à l'infini Texistence de propriétés posi ives et diverses, elles que celles remarquées par les corps simples occupant d'une manière fixe des points différents de la imatière. Ainsi, continue-t-il (p. 215), le corps simple ou élémentaire des chimistes n'est autre chose, selon Bous, qu'un atome étendu et indivisible, dout le volume, la forme et les propriétés sont fixes. Il eu donne pour preuve l'étude expérimentale de ce qui se passe dans les combinaisons et décompositions chimiques; il cite, par exemple, la formule de l'eau, dont la conclusion logique.... est que la réduction définitive ne peut aller au delà de deux II (deus atomes on équivalents d'hydrogène ) et un 0 ( atome d'oxygène) dans la formation du compose E (eau), c'est-à-dire au delà de trois atomes ou molécules constituantes, dont deux sont représentatives des propriétés H et une des propriétés O. De ce raisonnement, poursuit-il, qui est applicable à tous les corps chimiques, il résulte qu'il y a des atomes ou molécules élémentaires.... Les atomes (p. 217) sont indivisibles, indestructibles les uns pour les autres. Qui croirait, après avoir lu les passages qui précédent, que ce savant auteur se déclare formellement, dans le même volume, partisan de la divisibilité de la matière à l'infini? Mais it attribue les propriétés fixes des éléments matériels à une force spéciale qu'il Homme sérielle, laquelle force sérielle (p.217) engendre et conserve diverses espèces de germes minéraux, c'est-à dire diverses espèces d'atomes élémentaires ou de molécules constituantes, comme elle engendre et conserve diverses espèces de végétaux et d'ani maux. On voit, d'après cette explication, que le sen timent de M. Buchez ne diffère du nôtre que dans les mois. En effet, une des raisons qui nous portent à admettre l'indivisib lué des éléments constitutifs de la matière, c'est que si la division les atteignait, elle détruirait en eux les centres d'action, elle anéan tirant toutes les ropriétés physiques et chimiques, esfin elle ferait que tous les corps ne seraient plus eux-mêmes. Mais nous voyons que la matière orga nique se résout constamment en les mêmes corps simples ayant invariablement les mêmes propriétés, que les corps cristallisables, à quelque état de division qu'on les ait soumis, affectent, en se solidifiant, des formes toujours régulières et toujours identiques pour les mêmes corps; que les phénomènes de la vie organique, qui accusent des corps qui out subi Je maximum de la divisibilité, se reproduisent saps cesse d'une manière aussi symétrique; enfin que les

il est intelligent, actif, libre dans ses volonlés comme Dieu.

Il est dit qu'après avoir formé un corps de terre, Dieu souffla sur le visage de l'hom

germes soit végétaux, soit animaux, se présentent toujours les mêmes et sans altération pour les mêmes espèces. Or, tous ces phénomènes ne seraient pas produits avec une constance aussi universelle, si les éléments constitutifs de la matière étaient altérables par une cause physique quelconque; car, à combien d'accidents, à combien de causes de la divisibilé ne sont-ils pas soumis ?

M. Buchez fait intervenir l'action immédiate d'unc force sérielle pour la production d'effets qui ne sont qu'une conséquence de l'inaltérabilité, et conséquemment de l'indivis blité des atomes matériels; mais an fond, fidée est la même de part et d'autre.

Nous nous sommes étendu sur cette matière, pour faire voir sur quel fondement ruineux on fait ordinairement reposer une thèse aussi importante que Fest celle de la spiritualité de l'àme. On y donne gain de cause aux matérialistes, dans l'hypothèse que les éléments de la matière seraient indivisibles, et cependant, comme nous l'avons montré, tout porte a croire qu'ils le sont.

On n'a pas songé que c'est par cette activité que lime bumaine diffère essentiellement de la matière. Il faudrait done, pour établir sur cette considération de la pensée une preuve spéciale de la spiritualité de lame, démontrer, 1° qu'il faut de l'activité dans la cause productive de la pensée; 2o que cette activité est toute autre chose que du mouvement; 3o que la matière n'est susceptible que de mouvement, el que même celui-ci doit lui être imprimé par une force immatérielle.

Examinons maintenant, au point de vue de la science moderne, la question de l'existence et des propriétés de l'âme humaine.

Voyons dabord en peu de mots, si l'on est en droit de contester l'existence dans l'homme d'un principe immatériel, ou, pour parler le langage commun, d'une substance spirituelle, par la raison que cente substance ne tombe pas directement sous les sens. Tout phénomène, tant dans l'ordre physique que dans l'ordre psychologique, implique l'existence d'une substance on, comme on aime à le répéter aujourd'hui après les scholastiqnes, d'un substratum. On ne peut concevoir aucune propriété sans sujet, aucune action sans agent, aucune force sans moteur, en un mot aucun effet sans cause. D'un antre côté, omme il y a un rapport nécessaire entre la canse et Teffet, on ne peut attribuer à une même cause des phenomènes différents.

On n'acquiert done la connaissance de la sub-tance que par l'examen des phénomènes, soit qu'd s'aEsse d'êtres matériels ou d'êtres immatériels. La substance matérielle en effet échappe à tous les sens, emme la substance immaté.ielle; les phénomènes observés en constatent seuls l'existence, et font disfinguer l'une de l'autre, en nous découvrant dans T'une l'inertie et dans l'autre l'activité, deux proprié les qui s'excluent nécessairement. Il est clair, d'après ce simple exposé de l'état de la question, qu'on e peut révoquer en doute l'existence dans l'homme d'une substance sp.rituelle, parce qu'elle ne tombe pas directement sous les sens. Ce n'est jamais que par une opération de l'esprit que nous avons l'idée de substance: nous arrivons à la connaissance de la substance matérielle par voie d'abstraction, et à celle de la substance dite spirituelle par voie de Conséquence.

Les phénomènes de l'ordre psychologique proprethent dit sont de trois sortes: les sensations, les arouvenients spontanés et les pensées; or, ces trois basses de phénmènes révèlent trois propriétés

me; que dès ce moment, ce corps fut vivant, animé, doué du mouvement et de la parole. En effet, c'est sur le visage on la physionomie de l'homme que brillent la vie, l'intelli

d'une substance quelconque, qui est en l'homme : ca sont la sensibilité, la motilité et l'intellection. Chacune de ces trois propriétés a pour siége on substratum une substance active, comme nous le démontrerons rigoureusement, et par conséquent une substance essentiellement immatérielle, puisque l'activité et l'inertie s'excluent nécessairement dans un même sujet. Voilà notre argumentation générale.

Il nous reste à prouver que la sensibilité, la motilité et l'intellection supposent nécessairement de Factivité.

Mais l'activité ne peut être exerrée sans un centre d'action: nous allons d'abord examiner si cette centralisation pourrait avoir pour siége le système nerveux, ainsi que l'ont prétendu des psychologistes matérialistes.

Il n'existe soit dans le cerveau humain, soit dans celui des animaux, aucun point central du système nerveux; et par conséquent il n'y a pas, comme on l'a cru autrefois, de sensorium commune. Les matérialistes eux-mêmes, comme Gall et Broussais, l'ont reconnu, et c'est pour cela qu'ils ont admis un point central variable qui s'établissait dans la partie du cerveau actuellement en action. Au contraire, dans le système nerveux de relation, appelé aussi système nerveux de la vie animale, il y a beaucoup de centralités particulières qui se correspondent deux à deux dans deux hémisphères da cerveau, es qui se ramifient chacune en deux appareils pairs et symé triques, l'une dans la partie droite, l'antre dans la partie gauche du corps. Seulement, ces doubles points de centre communiquent deux à deux au moyen de commissures ou trajets nerveux, qui ne centralisent aucune impression.

Mais demandera-t-on, si le cerveau ne contient pas un point central universel, pourquoi la soustraction de ce viscère détermine-t-elle immédiatement la mort chez l'homme et chez les mammifères ? Nous répondrons que la véritable canse de la mort n'est pas l'ablation de l'encéphale lui-même, mais celle, soit de l'origine, soit des troncs de certains nerfs de la moëlle épinière, qui président aux fonctions de la respiration et de la circulation.

Ainsi, dit le docteur Buchez (op. cit. t. II p. 293), on a vu des anencéphales vivre quelques heures et même quelques jours sans cerveau; mais les nerfs dont il s'agit existaient chez eux. La mort donc résulte non pas de l'ablation de la centralité encéphalique, mais de la destruction des nerfs qui servent à la respiration et à la circulation. Si chez nous et les mammifères, la disposition anatomique était autre, c'est-à-dire telle qu'on pût enlever le cerveau sans toucher les nerfs dont il s'agit, il arriverait ce que l'on remarque chez les animaux où cette disposition n'existe point. La décapitation ne produirait point immédiatement la mort. On a vu des tortues vivre sans tête assez longtemps pour que la plaie du col se soit cicatrisée, etc.,

Nous avons dit plus haut que les commissures et le corps calleux formant des trajets nerveux ne centralisent aucune impression : c'est un fait que l'anatonie et la physiologie moderne démontrent clairement. Qu'il nous suffise de faire observer qu'ordinairement un seul hémisphère du cerveau est mis directement en exercice soit par les sens, soit par l'usage des membres. Les centralités correspondantes de l'autre hémisphère ne sont excitées qu'à l'aide de trajets nerveux qui y transmettent les impressions au lieu d'en recevoir eux-mêmes pour les centraliser. Au reste le cops calleux manque dans des classes

gence, l'activité, les désirs, les sentiments de

son die. Rien de semblable dans les aniraux, L'âme, l'esprit, ne sont point sensibles par eux-mêmes, mais par leurs effets; ils ne

entières d'animaux, et on ne le rencontre que dans cesses plus rapprochés de l'homme.

li est démontre, par ce qui précède, que le'systere nerveux ne centra ise rien, contrairement aux assertions de quelques physiologistes matérialistes de ces derniers temps. Or, c est là tout ce que nous nous proposons d'etablir comme principe fondamental.

Nous avons signalé trois séries de phénomènes ou Le fans payeunagiques, qui sont les sensations, les

¿vements spontanes et les pensées. Ces phénotė es tous manifestent trois proprié és d'une subsLace quelconque qui parait faire par ie de l'homme. Nas avons appele ces phénomènes psychologiques, parce qu'il sem le, au premier aperçu, que ces proprietes soient des modes d'action d'un principe doué d- spontanéité, et par conséquent essentiellement self. On sait que les faits de l'ordre physique sont an contraire les effets immediats de causes dont l'acLon est constante et ordinairement invariable. Il s'agit maintenat de prouver que Is propriétés observees supposent un sujet acuf, c'est à-dire essentiellec ent matériel. Ces propriétés relatives aux trois classes de phenomènes qui les révèlent sont, comme nous l'avons dit, la sensibilité, la motilité et l'intellection.

Il y a quelque chose de matériel dans toutes les operations de l'homme, mais aussi il y a quelque chose d'immatériel; il faut donc, pour en faire une analyse exacte, bien préciser ce qu'il est impossible d'attribuer à la matière. La substance qui con-titue 1: corps humain est org misée, c'est à dire qu'elle est maintenue dans l'état de vie et préservée de l'influence destructive des causes physiques et chimiques, par une force indépendante de la volonté humaine et dont nous nous abstenons, pour le présent, d rechercher la cause. Cette force imprime à la maTese organisée une sé ie de mouvements non inter

mpus en vertu desquels une communication est *Labve entre toutes les parties, en même temps qu'il Sipere un transport et un déplacement incessant de wo Bovies. Un voit qu'il n'y a dans l'organisme que ement: encore faut-il admettre que ce mouretubal est, comme tout autre, produit par une force,

conséquemment doit être rapporté à une cause active, immaterielle. Cependant, comme cette force est dirigée selon des lois constantes indépendantes ce Thomme, et analogue aux autres lois qui régient les corps, nous la regarderons, avec tous les spiritualistes, comme une force matérielle, et par conséquent d'un ordre inférieur aux actes qui sont des effets de la spontanéité humaine. Amsi, en faisant abstraction d'une cause première pour ne considérer que les causes secondes, on peut dire que l'organisme est matériel.

Examinons maintenant si l'organisme, ainsi que le présentent des matérialistes physiologistes, peut être considéré comme le siège de la sensibilité, c'est-à-dire si la sensation s'accomplit et demeure dans Forganisme. On croyait autrefois que le système nerveux ne constituait ou ne dominait qe les organes de la vie de relation; mais il est maintenant reconnu, surtout d'après les admirables découvertes de Bichat, qu'il préside aussi à toutes les fonctions de la vie orgamique, c'est-à-dire à la nutrition, à la respiration, aux sécrétions, e.c. D'ou l'on doit conciure qu'il y a un très grand nombre d'actions nerveuses dont nous n'avons pas même la conscience, et qui par conséquent ne donnent occasion à aucune sensation. Il n'y a que le système nerveux de la vie animate qui donne naissance aux impressions qui sont l'origine des sensations. Cependant les impressions sont, dans

peuvent donc être désignés que par là: le plus sensible de ces effets est le souffle ou la respiration; tout ce qui respire est censé vi. vant. Il est donc naturel d'exprimer par le

l'un et l'autre système, le résultat do mouvenient de fluide nerveux dans les névrilemmes. De mème beau. coup d'impressions ont lieu dans le système nerveux de la vie de relation, surtout dans les nerfs, que déterminent les contractions musculaires, sans qu'il s'ensuive aucune sensation. Ce n'est donc pas dans Forganisme que s'accomplit la sensation. Il faut un acte de l'attention pour que les impressions soient senties, pour qu'il y ait sensation; il faut que que chose qui soit distinct des impressions elles-mêmes. De plus ce quelque chose reçoit, sans les contondre, des impressions de diverses natures, occasionnées par chacun des cinq sens, dans une même matière cérébrale, et par de simples mouvements d'un fluide nerveux partout identique. Lorsque tout mouvement a cessé et que même le fluide nerveux a disparu, ce quelque chose qui a senti les impressions, les centra lise, souvent les identilie en les rapportant à un meme objet, les distingue, les coordonne, en un mot les domine toutes et réagit selon son bon plaisir sur le monde extérieur, au moyen du second appareil nerveux qui traverse l'autre dans tous les sens, el opere les contractions musculaires nécessaires au mouvement. Voilà des actes spontanés qui n'ont aucon rappor avec ce qui se passe dans l'organisme à P. ccasion de la sensation quand celle-ci a lieu, et qui, par con séquent, doivent être auribués à un principe act. D'aillems, ce principe centralise tout sans rien confondre, ce qui serait impossible s'il n'était qu'un point de réunion où divers mouvements, ou plutot diverses ondulations nerveuses viendraient se terminer, se centraliser, ou au moins se confondre les uns dang les autres. Au surplus, nous avons démontré anatomiquement ailleurs que le système nerveux, mème celui de la vie de relation, ne centralise rieu.

J'ajoute, par surabo..dance de dron, que la sen sation ne demeure pas dans l'organisme : je dis pur surabondance de droit, parce que s'il est certam, comme nous l'avons prouvé, que la sensation ne S'accomplit pas dans l'organisme, il est évident qu'elle n'y demeure pas. Nous concevons le souve mr de nos sensations, et nous les comparons entre elles ; mais le résultat des impressions qui en out été l'occasion est l'épuisement du fluide nerveux. Aucune nouvelle impression, en effet, ne peut avoir lieu dans les nerfs qui ont été mis en action avant que le phénomène de la nutrition ait remplacé le fluide absorbe par une substance identique que se crètent les parois des névrilemmes. Il ne reste donorien dans le système nerveux de ce qui a occasionne les sensations, d'où il suit que ce qu'il y a de stable dans celles-ci ne peut avoir pour sujet ou substratum rien de ce qui a servi à transmettre les impressions, rien qui tienne à l'organisme, en un mot rien de materiel dans le sens ci-dessus déterminé.

Il est done physiologiquement démontré que la sensation ne s'accompat ni ne demeure dans le système nerveux, et que par conséquent l'organisme ne peut être regardé comme le siége de la sensibilite. Au contraire, il résulte de notre argumentation quo Ja sensibilité réside dans un sujet actif ou tériel.

Cette propriété nous est révélée par les mouvements spontanés de Thomme. Il est donc clair que nous n'entendons pas parler ici de mouvements qu'une force, dont nous n'avons point à rechercher mamtenant la cause, produit dans l'organisme: celle force, avons nous déjà dit, est dirigee selon des lois constantes, indépendames de l'homme, et n'offre à nos investigations rien de spontané. L'observatcur le moins attentif remarque en homme, outre les

sole le principe même de la vie. Mais il est écrit que le souffle du Tout-Puissant donne l'intelligence. Job, xxx11, 8. Jamais nos auteurs sacrés n'ont attribué l'intelli

mouvements qui sont une condition Indispensable de l'organisation de son corps, des mouvements de spontanéité. Il ouvre et ferme les yeux et la bouche; il dirige ses membres comme il lui plaît; il transporte son corps où il veut, prenant en lui-même des points d'appui; enfin, il se meut à son gré pour saisfaire ou ses besoins ou ses désirs. Quand ses sens lui ont transmis des impressions occasionnées par les divers corps de la nature, il réagit sur le monde extérieur, comme nous l'avons déjà exposé, au moyen d'un appareil nerveux spécial auquel un mouvement est instantanément imprimé dans la direction du dedans au dehors, pour être communiqué à l'appareil musculaire qui exécute les ordres de la volonté. On conçoit que tous ces mouvements ont leur origine dans l'intérieur du corps humain, et qu'ils peuvent être modifiés soit en force, soit en vites e, au gré d'une paissance centrale harmonisatrice douée de spontanéité. Comme la matière est essentiellement inerte, il y a incompatibilité, sous le rapport de la causalité, entre l'idée de corps et celle de mouvement, spontané surtout. La même incompa tabilité existe si l'on considère l'organisme lui-même, puisque, comme nous l'avons déjà fait observer, il est soumis à des lois invariables qui excluent toute idée de spontanéité.

Cependant des physiologistes matérialistes ne voient dans l'homme d'autre force que celle qui préde à l'organisme. Ils ne reconnaissent point en lui Texistence de mouvements spontanés proprement dits, et soutiennent que tous les actes sont les prodaits d'instincts et d'aptitudes, comme chez les anifuaus. Mais la fausseté de cette prétention ne peut échapper à quiconque réfléchit un instant sur les actes de la spontanéité humaine. Ne voyons-nous pas, en effet, combien nous varions nos actions, combien surtout l'exercice et l'application perfectionnent les dirers mouvements de notre corps. Nous sommes témoins tous les jours que différents hommes agissent de diverses manières dans les mêmes circonstances, quoique mus par les mémes instincts, et que le même homine, dans les cas identiq es, se determine à des actes tout opposés. Mais de telles anomalies n'auraient assurément pas plus lieu chez Thomme qu'elles n'ont lieu chez les animaux, si, comme ceux-ci, il n'était mû que par ses instincts naturels; si, en un mot, il ne possédait pas un principe de motilité ou d'activité qui domine l'organisme lui-même, en agissant directement sur le système nerveux de relation. D'ailleurs, s'il n'y avail en l'homme d'autre force que des appétits, des justincts, comine ceux-ci ne se manifestent pas surcrement, il n'y aurait pas même lieu de choisir eatre des acies simplement contradictoires, à plus forte raison n'aurait-on jamais à se déterminer pour le plaisir ou pour la peine, ce qui est évidemment Coraire à l'expérience quotidienne. Enfin l'homme bobeirait qu'à des forces instinctives; ses actes, ses babitudes domestiques surtout seraient invariablement les mêmes dans tous les temps et dans tous les heas; il n'inventerait ni ne perfect onnerait rien, à l'instar des animaux; par conséquent, il n'aurait pu s'e ever jusqu'à la hauteur de la civilisation acLarile. Qui ne voit, au contraire, qu'il y a en l'homme Bu principe de spontanéité qui le fait agir non-seuevent en dehors de ses instincts, mais aussi trèsSouvent contre ses instincts mêmes ?

Gest i que se rattache naturellement la question de dépendance réciproque du principe actif hu , el de l'organisme, ou, comme on dit vulgaire de l'âme et du corps. Pour exercer la puisDICT. DE THÉOL. DOGMATIQUE. I.

gence à la matière. Les philosophes qui ont dit que le souffle désigne ici quelque chose de matériel, ont bien peu réfléchi sur l'énergie du langage.

sance de motilité, le principe actif agit directement sur le système nerveux, et par son entremise sur les organes du mouvement. D'un autre cô é, sa puissance de sensibilité ne peut entrer en action qu'après certaines modifications du cerveau, dʊnt les prolongements communiquent avec les faisceaux nerveux les plus extérieurs, qui constituent les organes des sens. Enfin, sa puissance d'intellection elle-même ne peut engendrer aucune idée, aucune réflexion, former aucun jugement, prendre aucune détermination, sans l'action du système nerveux. It y a donc dans tout phénomène intellectuel, comme dans tout phénomène de motilité et de sensibilité, deux choses nécessairement unies, un acte de spontanéité et une impression nerveuse également nécessaires pour l'accomplissement du phénomène. Mais ces relations intimes du principe actif n'ont lieu qu'avec le système nerveux de la vie animale, et non avec celui de la vie organique. Les nerfs de ce sys tème, qui ont pour point d'unité tantôt un ganglion, tantôt un plexus ou lacis du filet nerveux, sont le siége d'une multitude de phénomènes sur lesquels la volonté n'exerce aucune influence directe, et même dont nous n'avons la conscience que quand les inpressions sont douloureuses.

On ne conçoit pas, dira-t-on, comment l'àme exerce une action immédiate sur le système nerveux de la vie de relation. Nous nous absienons de rapporter les divers systèmes de l'influx physique, du médiateur plastique, de l'harmonie préétablie, etc., au moyen desquels les métaphysiciens ont cherché à expliquer l'union de l'âme avec le corps; parce qu'ils ne sont fondés sur aucun fait que l'on pui-se Soumettre à l'observation. Il est prouvé que les actes du principe actif sont toujours précédés ou suivis de certaines modifications du système nerveux de relation. Cependant l'influence de la matière sera toujours un mystère pour nous, vu l'incompatibilité de ces deux substances sur l'esprit. Mais comprenonsnous mieux, en mécanique, la communication du mouvement et sa trausmission d'un corps à un autre? Savons-nous même bien ce que c'est que le mouvement, ce que c'est que la vitesse? Voilà cependant des phénomènes qui sont sous la domination directe des sens. Et nous voudrions connaitre le pourquoi et le comment des relations de l'esprit avec la matière ! Nous ne comprendrons jamais, dit le profond Steinmetz (Cours de psychologie), pourquoi certains changements dans les corpuscules de la matière cérébrale sont toujours suivis de certaines modifications de l'âme; mais aussi comprenons-nous pourquoi, dans certaines conditions, un sel en solution se sépare de son milieu et se cristallise, et pourquoi il revêt une forme toujours identique? En y regardant de près, nous serons peut-être obligés d'avouer que nous ne possédons le pourquoi de rien.

Les phénomènes qui manifestent cette propriété du principe actif humain sur les faits psychologiques proprement dits caractérisent l'homme bien mieux que les sensations, que les mouvements spontanés, et peuvent tous être rapportés à l'idée générale de pensée. M. Buchez regrette que, depuis Descartes, on se soit servi du mot de pensée pour désigner la propriété essentielle de l'esprit ou de l'âme humaine, soit parce que la pensée n'est point, dans l'homme pourvu d'un organisme, un fait purement spirituel; soit parce qu'elle est un fait de pure conscience, et par conséquent indémontrable; soit enfin parce que le mot pensée ne donne qu'une idée confuse des pensées intellectuelles de l'homme. Que fait-on quand on pense? se demande-t-il (Essai, etc., t. III, p.

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