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Lies dit : Front l'homme à notre image • mergemblance, pour qu'il préside aux animiz a tout ce qui vil sur la terre, à toute 1. terre e, come ne Gen. 1, 26. Et Dieu lui d one en eff i ret empire, v. 28; l'homme est donc d'une nature bien supérieure à celle

15% On formale des propositions, c'est-à-dire In jge, Ton imagine, l'on se souvent, l'on sent, Pon ra toune, en un mo on agit. Une telle analyse ne lasse pont de place au v gue. Je demanderai d'abord au profond philosophe, dont je sais d'ailleurs apprevier le rare la ent, co ument les espèces, nécessairement moins abstraites que le genre, se aient d'une nature plus spirituelle, ou moins mixte. On a vu, du reste, que toutes les opérations de l'àm · sont jointes à des effets matériels. Ensuite, quand on jige, qu'on se souvie it, etc., on prodit des actes de pre conscience, qui ne sont communi ables, comme lonte pensée, que par des signes sensibles exprimés d'une man ere quelconque. Enfin, le mot pensée est trop propre à résumer les résultats du mide d'activité de l'âme, distinct soit de la sensib lité, soit de la modité.

Certains matérialistes idéologues des temps modernes ont soutenu que penser était sentir et que la sensation avait autant de to mes que la pensée. Or, ils faisaient résider dans la mat ere la faculté de sentir. Il suffit, pour réfuter cette erreur, de renvoyer a ce que nous avons dit sur la sens.bilié et de répeter, apres Larom guière (Leçons de philosophie, passim), que l'on ne sent qu'au moyen de l'attention, laquelle procede évidemment d'un princ.pe actif ou immatériel.

A plus forte raison, la pensée proprement dite a l-elle aussi un principe actif, puisque, contrairement à la sensation, elle précède toute modi cation du système nerveux. Penser, c'est réunir plusieurs snjets souvent très-distincts les uns des autres, et dont on a acquis la connaissance en diffé ents points; c'est transporter les qualités d'un suj· tdans un autre; c'est aller souvent l'un de l'autre pour établir des ressemblances ou des différences; c'est abstraire les diverses propriétés d'une substance; c'est recomposer la même substance après l'avoir analysée; c'est rapporter les effets à leurs causes, et déduire les conséquences de leur principe, etc., etc. Or, n'y a-t-il point évidemment de l'activité dans la production de tous ces actes? D'un autre côté, il ne s'opère aucun déplacement des objets réunis ou divisés, aucun mouvement n'a lieu hors de nous à l'occasion de nos pensées. A la vérité, il s'effec ne dans le système nerveux une translation de m lécules; mais c'est postérieurment à l'acte qui produit la pensée. Au reste, pour que l'on pût, avec quelque apparence de raison, attribuer au mouvement du flaide nerveux les elles que nous avons mentionnés, il faudrait qu'il y eût contact entre les neris et les objets extérieurs, et que ce contact suffit pour réunir les objets. Mais on conçoit que, dans celle hypothèse, les premières pensées humaines sar les étoiles, le soleil, la line, la terre, etc., auraient bouleversé la nature. L'activité dont résulte la pen-će est donc tout autre chose que du mouvement. Mais la matière n'est susceptible que de mouvement: encore faut-il que celui-ci la sont imprimé par une force, comme nous l'avons fait voir en traitant de la sensibilité. Donc le principe de la pensée est doué d'une activité, d'une spontanéité, dont l'organisme humain même n'est pas susceptible. Donc l'intellec Gon est une propriété d'un sujet actif, immatériel.

Locke semble avoir cru que Dieu pouvait doner la matière de la faculté de penser; mais rien n'est plus absurde que cette supposition, attendu qu'aucune puissance ne peut avoir le même sujet d'attributs qui s'exeluent essentiellement. Or, la matere est meite

des animaux, puisqu'il est crue pour br leur maître. Voy., art. ADAM, le beau po sage de Bossnet sur ce verset de la rest

En effet. Dieu ne parle point aux ette ma eriels, il n'adresse point la par se aut animaux; mais il parle à l'homme, tenverse avec lui, il lui accorde des de * L. impose des devoirs; il agit avec lui coue avec un étre intelligent, libre, mai re se sr actions, digne de recompense ou de che ment: est-ce ainsi que l'on trai e un 260male ou un anima: ? Des speculations meaphysiques sur la nature de l'esprit et de la matiere, des dissertations grammatica es sur la signification des termes, sont bien fro es en comparaison des leço is que nous donne l'histoire sainte.

Il n'est donc pas étonnant qu'il me se smi encore trouvé sur la terre aucun peuple assez stupide pour confondre l'esprit avec la matière, et l'homme avec les animaux; l

talis que to

et partant essentiellement inactive; pensée supp se nécessairement un sujet acid. I est donc encore moins vrai que la matière puisse penser, qu'il ne l'est qu'elle puisse digerer, secreler, ou exercer une fonction quelconque. Le matemancien Euler, qui a fait une dissertation latine, atsi claire que solide, pour démontrer l'oppion qu'il y a entre la matière et la pensée (Opuscuta), résuna toutes ses idées en cet argumeat.

Nullum corpus vim habere potest inere conta riam;

Atqui facultas cogitandi est vis inertia conruru; Ergo nullum corpus facultatem cogiami havere polest.

On a soutenu, à la fin du dernier siècle et a mencement de celui-ci, que la pensée est & reamt de l'organisme. Mais d'abord il n'y a dans f'organisme que des molécules matérielles, et par cmUCKI inertes; elles font partie de l'organisme pour na temps plus ou moins long, puis elles rentrends leur état d'inertie en retournant à la classe des ciris bruts. A la vérité l'organisme est constitue el ca servé par la force vitale qui le soustrait aut physiques et chimiques que subissent les corps eganiques. Mais, outre que cette force n'a pour resel tat qu'un cercle de mouvements, elle n'a rien de spon tané, elle est absolue et tout à fait indépendante de la volonté, tandis que la pensée est produite el mo difiée au gré de cette puissance.

Le langage même est propre à montrer qu'il y a en Bous un principe actif d'intellection d'un ordre supérieur à l'organisme. En effet, il y a dans le langage deux choses bien distinctes, le son et le sens : celuici n'est pas le même pour tout le monde; le son, a contraire est toujours le même. Mais s'il n'y avait es nous que de l'organisme, comme le même son produit chez tout le monde la même impression per veuse, il réveillerait aussi constamment la méne idée; et réciproquement, la mème idée serait inva riablement atta hée à des sous identiques, ce qui est contraire à tous les faits du langage. Il n'est pas nécessaire, pour sentir cette vérité, de posséder plusieurs langues; il sufut de connaî re dans une meme langue deux impressions ou mê ne ders nois qui soient à peu près synonymnes ou seulement des homonymes.

Il est donc scientifiquement démontré, contre toutes sortes de matérialistes, qu'il y a en l'homme un principe actif de sensibilité el d'intellection: or c'est ce principe que l'on est convenu d'appeler ne

maine.

plupart ont mieux aimé donner une dme intelligente et spirituelle aux animaux que de la refuser à l'homme.

Faudra-t-il parcourir toute la suite de l'histoire et des livres saints, pour montrer la nfème croyance toujours subsistante chez les Hébreux? Vainement on y chercherait des vestiges de matérialisme, ou des expressions capables de prouver que les Juifs ont mis l'homme au rang des animaux. Le reproche le plus sanglant que les auteurs sacrés font aux hommes corrompus et livrés à des passions brutales, est de leur dire qu'ils ont oublié leur propre nature, qu'ils se sont dégradés jusqu'au rang des animaux, et se sont rendus semblables aux brutes. Ps. ILVII, XV et Xxı; Isaï. 1, 3, etc.

On a voulu tourner Moïse en ridicule, parce qu'en défendant aux Israélites de manger le sang des animaux, il a dit que l'âme de toute chair est dans le sang, et que le sang est l'âme des animaux. Levit. xvi, 11 el 14; Deut. x11, 23. Et l'on a conclu que les auteurs sacrés, en parlant de l'âme en général, n'ont entendu rien autre chose que le soufile ou la respiration.

Quand Moïse aurait voulu donner à entendre que le principe de la vie des animaux est dans leur sang, nous ne voyons pas par quelle raison démonstrative nos plus habiles physiciens pourraient prouver le contraire, et il ne s'ensuivrait pas que Moïse a pensé de même à l'égard de l'dme de l'homme. Mais re législateur ne faisait pas une dissertation philosophique sur l'âme des bêtes; il donBail aux Hébreux une raison sensible de la loi qu'il leur imposait. Il leur défend de manger le sang des animaux, parce que ce sang, sans lequel les animaux ne peuvent vivre, a été donné de Dieu aux Israélites poar expier leurs ames, lorsqu'il est offert sur l'autel. C'est donc dans ce sens qu'il dit, Levit. xvi, 11: Le sang est pour l'expiation de l'AME, et Deut. x11, 23: Leur sang est pour FAME. Mais cela ne signifie point que le sang Bent lieu d'âme aux animaux.

Comme l'ame signifie en général le principe de la vie, les Hébreux ont pu dire, com me nous, l'âme des brutes, puisqu'elles out en effet un principe de vie. Quel est-il ? Nous ne le savons pas mieux qu'eux. Mais ils n'ont jamais pensé, non plus que nous, que ce principe fut le même en nous et dans les brules. Ils se servent du mot âme pour désigner l'homme, et non les animaux quand ils dent: toute âme qui ne recevra point la airconcision, touie âme qui pèchera mourra, Toute âme qui ne s'affligera point, etc. Ils at tribuent à l'âme et non au corps les fonctions spirituelles. Lorsque David dit: Mon âme se réjouit dans le Seigneur ; mon âme est affigée; mon âme, bénissez le Seigneur, etc., cela ne peut s'entendre du souffle, de la respiration, du principe de vie matérielle.

Nous prouverons dans un moment que les Israélites ont cru constamment l'immorta ité de l'âme humaine; il en résultera qu'ils ne l'ont point confondue avec le souffle ou respiration.

Personne ne nous obligera, sans doute, à montrer que Jésus-Christ a confirmé par ses leçons divines la croyance primitive de la spiritualité de l'âme, et qu'il a pleinement dissipé les doutes qu'une philosophie conlentieuse avait répandus sur cette importante question: Dieu est esprit, dit-il, et ceux qui lui rendent un culte doivent l'adorer en esprit et en vérité (Joan., iv, 24). Mais c'est surtout en établissant d'une manière invincible l'immortalité de l'âme, que notre divin Maître en a démontré la spiritualité; nous le verrons ci-après.

Les incrédules, qui ne savent argumenter que sur des mots, ont cependant objecté que souvent, dans l'Evangile, l'âme ne signifie rien autre chose que la vie. Cela n'est pas étonnant, puisque c'est l'âme qui est le principe de la vie; mais lorsque Jésus-Christ a dit: Celui qui perdra son AME pour moi, la retrouvera; celui qui hait son AME en ce monde la garde pour une vie éternelle (Matth. x, 39, Joan., x11, 25); n'est-il question là que de la vie du corps?

Dans l'impossibilité de faire de Jésus-Christ un matérialiste, nos savants dissertateurs ont du moins voulu imprimer cette tacho aux Pères de l'Eglise. Ils ont soutenu que, comme aucun des anciens philosophes n'a eu l'idée de la parfaite spiritualité, les Pères de l'Eglise ne l'ont pas mieux conçue; qu'ils ont seulement entendu par l'esprit une matière subtile; que, selon lear opinion, Dieu, les anges, les ames humaines, sont foncièrement des corps, mais légers, ignés ou aériens.

Nous n'avons certainement aucun intérêt à justifier les anciens philosophes; mais nous ne pouvons nous résoudre à croire que des hommes, qui ont combattu de toutes leurs forces contre le matérialisme des épicuriens, sont tombés cependant dans la même erreur. Cicéron, dans ses Tusculanes, a prouvé la spiritualité de l'âme aussi solidement que Descartes, et il fait profession de répéter les leçons de Platon, de Socrate et d'Aristote. Nos littérateurs modernes se sont moqués de celui-ci, parce qu'il a dit que l'âme est une entéléchie; ils n'ont pas vu que εντελεχεία chez les Grecs signifie la méme chose que intelligentia chez les Latins. Voilà des dissertateurs fort en état de juger de la doctrine des anciens philosophes.

Nous croirons encore moins que les Pères de l'Eglise ont préféré les leçons du portique ou de l'académie à celles de l'Ecriture sainte, et qu'en admettant un Dieu créateur, ils ont supposé un Dieu corporel ces deux dogines sont incompatibles. La plupart ont insisté sur ce qu'il est dit dans la Genèse, que Dieu a fait l'homme à son image; et ils n'ont jamais pensé qu'un corps, tant subtil qu'il pût être, pouvait ressembler à un pur esprit. Enfin, tous ont attribué à l'âme humaine l'intelligence, la liberté et l'immortalité : propriétés qui ne peuvent appartenir à un corps.

A la vérité les Pères, obligés de s'assujettir au langage ordinaire, ont été dans le

getme en letras que les philosophes ; ils ont 18 ATORS TAX rimer la nature, les proprié

ies operations de l'âme par des termes empruntes des choses corporelles; parce C&venne langue de l'univers ne peut en kurtir d'autres. Ainsi, les uns ont pris le mot de coris dans un sens synonyme à cei de substance, parce que celui-ci n'était s employé chez les Latins dans la même signification que chez nous; les autres ont pp-le la manière d'être des esprits une forne, et leur action un mouvement; d'autres out designé la présence de l'âme dans toutes ies par ies du corps par le terme de diffusion, d'égalité ou de quantité; autant de métaphores sur lesquelles il est ridicule d'appuyer des arguments. Au 1 siècle de l'Eglise, Plotin, disciple de Platon, dans sa quatrième Ennéade; saint Augustin, dans son livre De quantitate anime; au v‹, Claudien Mamert, dans son traité De statu anime, ont démontré l'immatérialité de l'âme par les inėmes preuves que Descartes. Il est donc ridicule de leur attribuer le matérialisme par voie de conséquence, ou sur quelques expressions qui ne sont pas parfaitement exacles, pendant qu'ils font une profession formelle de la doctrine contraire.

Le comble de la témérité a été d'affirmer, comme on l'a fait de nos jours, que saint Augustin est le premier qui, après bien des efforts, est venu à bout de concevoir la spiritualité et l'essence de l'âme; que cependant il a toujours raisonné en parfait matérialiste sur les substances spirituelles. Nonsculement dans l'ouvrage que nous venoas de citer, mais dans le livre x de Trinitate, c. 10,ce Père donne de la spiritualité de l'ame une démonstration à laquelle aucun matérialiste n'a jamais répondu.

On attribuait autrefois à saint Grégoire Thaumaturge une dispute dans laquelle l'auteur prouve contre Tatien que l'ame humaine est une substance immatérielle, simple et non composée, par conséquent immortelle. Cet ouvrage est sans doute d'un écrivain plus récent, mais qui raisonne trèssolidement. Gérard Vossius observe que la mėme doctrine est formellement professée par saint Maxime dans une di-sertation sur idne, par saint Athanase, par saint Jean Chrysostome et par saint Gregoire de Nazianze. Nous aurons soin de justifier les autres dans leur article particulier.

Parmi les passages allégués par les incrédules pour calomnier les Pères, il y en a plusieurs qui sont forgés, d'autres que l'on a tirés d'ouvrages qui ne sont point des auleurs auxquels on les attribue, d autres dans lesquels on force le sens des expressions; mais nos adversaires ne sont pas scrupuleux sur le choix des armes dont ils se servent.

Ils disent que les anciens étaient fort embarrassés à expliquer l'origine de l'âme, surout Tertullien, I. de Anima, c. 19, et saint Augustin, 1. de Origine anime. Mais avonsnous besoin de l'expliquer mieux que ne fait l'Ecriture sainte ? Saint Augustin n'a allé cette question que parce qu'il aurait

voulu concevoir comment le péché d'Adam est transmis à ses descendants. Cela n'est pas for! nécessaire; il suffit de croire le dogme du péché originel tel qu'il est révélé. Tertullien, dans ce livre même, soutient de toutes ses forces la simplicité, l'indivisibilité et l'indissolubilité de l'âme, c. 14. Cependant l'on s'obstine à dire qu'il a cru i'dme corporelle.

II. De l'immortalité de l'âme (1). On demande si ce dogme est clairement révélé, s'il a été cru par les patriarches et par les Juifs: il n'en est rien, selon nos philosophes maté rialistes; ils disent qu'avant la captivité de Babylone les Juifs n'en ont eu aucune notion, qu'ils l'ont emprunté des Chaldéens ou des Perses; mais on ne nous dit point à quelle école ces derniers en avaient été instruits.

(1) L'immortalité de l'âme, dit Pascal, est une chose qui nous intéresse si profondément, qu'il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l'indiffé rence de savoir ce qui en est. Toutes nos actions et toutes nos pensées doivent prendre des routes si différentes, selon qu'il y aura des biens éternels à espérer ou non, qu'il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement qu'en la réglant par la vue de ce point, qui doit être notre dernier objet. » L'importance de ce dogme l'a fait étudier par tous les sages. Nous allons exposer les motifs sur les quels il repose. Nous avons vu que l'âme est indépendante de l'organisme, elle le domine même en ce qu'elle agit à son gré, en vertu de son activité propre, sur le système de relation; d'où il suit qu'elle n'est pas destructible, comme le corps, par les actions physiques et chimiques. Toutefois, nous devons avancer que l'immortalité du principe immatériel qui est en nous ne peut se déduire ni de l'expérience ni de la science. C'est donc dans une autre source que nous devous puiser nos preuves. Nous consulteron d'abord la croyance des peuples sur ce sujet, et nous en deduirons les conséquences qui en découlent. Nous verrons ensuite ce que la raison nous enseigne par rapport à l'immortalité de l'âme. Une troisième preuve se tirerait de l'Ecriture; mais Bergier la fourhit abondamment. Toutefois, pour ne pas scinder Taddition que nous ajoutons ici, nous parlerons en core de l'influence que l'immortalité de l'âme peut avoir sur la société.

1. Toutes les nations, nouvelles et anciennes, policées et sauvages, ont professé la doctrine de l'immortalité de fame. Dans quelque temps, dans quel que pays que l'on voie des peuples, on trouve celle foi étable. Tous ils ont eu leur empire des morts. Les Latins avaient leur enfer, les Grecs leur hades, les Egyptiens leur amenthès, etc.; en un mot, Chal déens, Pheniciens, Egyptiens, Perses, Indiens, Cel tes, Germains, sauvages des forêts américaines, penplades de la mer du Sud, tout ce qui a jamais existé de nations a été réuni dans la même foi. Les poëtes les plus anciens la célèbrent. Timée le Pyta goricien loue beaucoup Homeère d'avoir conservé dans ses poêmes l'anc enne tradition des châtiments de l'autre vie. Les philosophes les plus éclairés l'out enseignée. Dans les Dialogues de Platon, Socrate s'attache à prouver l'immortalité de l'âme. I en parle comme d'une tradition de la plus haute antiquité.

On doit croire, dit expressément Platon, auf opinions anciennes, qui enseignent que l'âme sera jugée après la mort et punie sévèrement si elle n'a pas vécu en être raisonnable. Aristote, cité par Plutarque, parle du bonheur des hommes après cette vie comme d'une opinion de la plus ancienne date, dont personne ne peut assiguer ni l'origine ni l'an

Nous répondons d'abord que le souffle de la bouche du Seigneur ne meurt point; mais nous ne sommes pas réduits à cette scule preave. Après le péché d'Adam, avant de le

teur, et qui se perd dans l'obscurité des siècles les plus reculés. Cicéron dit que l'immortalité de l'âme a été soutenue par des savants de la plus grande autorité que c'est une opinion commune à tous ceux qui approchent le plus des dieux; que l'antiquité de cette croyance est une preuve de sa vérité. Nous serions infinis si nous voulions citer tous les poctes, tous les historiens, tous les philosophes, tous les orateurs, etc., qui tiennent le même langage. Mais, comme toute vérité qui gène les passions manvaises, l'immortalité de l'âme a été rejetée par les homes qui placent le souverain bonheur dans les plaisirs sensuels. Nous aurions lieu d'être su pris que les épicuriens de nom et d'effet aient admis une vérité qui combattait si fort leurs penchants déréglés. On ne voit, dirons-nous avec Leland, point de conclusion plus légitime à tirer de la grande antiquité de cette doctrine, que celle-ci, savoir qu'elle faisait partie de la religion primitive communiquée par une révélation expresse de Dieu aux premiers pères du geure humain, afin qu'ils 'a transmissent à leur poslenité. C'est la pensée de Grotius, qui dit que la tradition de l'immortalité de l'âme passa de nos premiers pères aux nations les plus civilisé s : Quæ antiquis anna traditio a primis (unde enim alioqui ?) parentibus ad populos moratione» pene omnes manavit, c. 21. Il est en effet difficile de concevoir que, dans ces premiers áges où les hommes grossiers et ignorants étaient capables de faire des raisonnements abstraits et sult is, ils fussent parvenus eux-mêmes à se former des notions de la nature d'un être immatériel qui devait survive à la mort du corps, et continuer de penser apres la destruction des organes corporels. Lomment purent-ils alors s'élever aux spéculations sublimes et pénibles de la nature et des qualités de l'ame, qui ont embarrassé depuis les philosophes, les plus grands gémes, dans le bel âge de la science? Toutes les connaissances des hommes se bornaient à ce qu'ils pouvaient apprendre par l'observation et l'esperieme, ou par la voie de l'instruction. Ils voyent leurs semblables mourir après avoir vécu un certain nombre d'années. Voilà à quoi se réduisat l'espérience sur la fin de l'homme; elle n'était quere propre à leur donner l'idée d'une vie future, où chacun serait puni ou récompensé selon qu'il aurait bien ou mal vécu dans celle-ci. Ce ne fut donc mi par un raisonnement scientifique, dont ils n'étaient pas capables, ni par l'expérience et l'observation, que les hommes parvinrent à la connaissance de l'im

rtalité de l'âme et d'un état futur. Il ne reste plus qu'au moyen, celui de l'instruction divine ou de la revelation. C'est à la révélation qu'il faut rapporter To gine de cette tradition universelle. Plusieurs auteurs paiens déjà cités lui donnent une origine divine, a ftcriture sainte ne nous permet pas d'en dou

Châteaubriand, parlant du respect de tous les peuples pour les tombeaux, a formulé la même croyance dans son magnifique langage. C'est ici, dit-il, que la nature humaine se montre supérieure au reste de la création, et déclare ses hautes destinées. La bête Counait-elle le cercueil, et s'inquiète t-elle de ses Cendres? Que lui font les ossements de son père, ou plutôt sait-elle qui est son père après que les besoms de l'enfance sont passés? Parmi tous les êtres créés, l'homme seul recueille la cendre de son semblable, el im porte au respect religieux : à nos yeux, le dotate de la mort a quelque chose de sacré. D'où nous Vent done la puissante idée que nous avons du trépa? Quelques grains de poussière mériteraient-ils bommages? Non, saus doute: nous respectons

condamner à la mort, Dieu lui promet un rédempleur. En quoi cette promesse pouvait-elle l'intéresser, si elle ne devait pas être accomplie pendant sa vie, et s'il devait

la cendre de nos ancêtres, parce qu'une voix secrète nous dit que tout n'est pas éteint en eux, et c'est cetie voix qui consacre le culte funèbre chez tous les peuples de la terre. Tous sont également persuadés que le sommeil n'est pas durable, même au tombeau, et que la mort n'est qu'une transfiguration glorieuse.

1. Lorsque la raison humaine considère l'état des choses dans ce monde, et qu'elle le compare avec la justice divine, elle ne peut manquer de dire que l'on doit à sa sagesse, à sa bonté et à sa justice, de rendre l'âme immortelle. Les biens de cette vie, dit M. de la Luzerne, sont communs aux bons et aux méchants, indifféremment distribués aux uns et aux autres. On peut même dire qu'à cet égard les cé érats sont mieux traités que les honnêtes gens. La raison en est que, n'ayant en vue que ces sortes de biens, ils emploient, pour se les procurer, toutes sortes de moyens honnêtes ou malhonnêtes que les hommes vertueux ne se perinettent pas. Je n'ai pas besoin de prouver cette vérité, que fait voir évidemment et continuellement l'expérience. Nos adversaires ne la contestent pas. Au contraire, ils se font de la prospérité des méchants un de leurs principaux arguments contre la providence, argument qui véritablement aurait de la force, si le dogme de la vie future n'en donnait pas la solution. D'après cetto répartition des biens et des maux de la vie, égale entre les justes et les malfaiteurs, si même elle n'est pas plus favorable à ceux-ci, nous faisons le raisonnement contraire à celui des incrédules, et bien mieux fondé que le leur. Nous disons que Dieu ne récompensant pas dans cette vie les vertus, et n'y punissant pas les vices, c'est une conséquence nécessaire qu'il y ait, après la mort, un autre état où la récompense sera accordée et le châtiment intligé ; qu'il se doit à lui-même cette sanction; et qu'il inanquerait à sa sagesse, à sa bonté et à sa justice, s'il manquait à l'exercer.

1° est contraire à la sagesse de vouloir une fin, sans en vouloir les moyens. Dieu veut que l'homme fasse le bien et évite le mal, et il lui en donne le précepte. Il est donc de sa sagesse de pourvoir à l'observation de ce précepte, en donnant à l'homme un motif puissant, universel et toujours subsistant, de suivre la vertu et de s'éloigner du vice. Les motifs qui déterminent l'homme sont le désir du bonheur et la crainte du malheur : la sagesse divine exige donc qu'il soit pourvu à l'observation du prócepte, en attachant le bonheur à la vertu, et le malheur au vice. Mais dans la vie présente cette sauction n'est pas effectuée; il doit donc y avoir, après cette vie, un autre état où elle se réalise. Dans l'hypothèse des incrédules, quel motif assez fort pourra déterminer l'homme aux sacrifices que souvent exige la pratique de la vertu ? S'il n'a d'autres biens à espérer que ceux de la vie actuelle, son unique intérêt sera de se les procurer par toutes sortes de voies ; et comme le vice apporte souvent plus d'avantages présents que la vertu, il aura, dans une mult.tude d'occasions, plus d'intérêt à commettre le mal qu'à opérer le bien. Ainsi, la sagesse infinie se contredirait elle-même; elle donnerait à la fois le précepte de l'observation et le motif de l'infraction; elle mettrait le moyen en opposition avec la fin.

2. S'il n'y a de bonheur que dans cette vic, la bonté divine est évidemment en défaut; l'existence qu'elle a donnée à l'homme n'est qu'un don funeste; les souffrances n'ont plus de dédommagement; les combats contre les passions, plus de palmes : les travaux, plus de salaires; les douleurs, plus de consulations. Les incrédules qui relèvent, qui exalteni,

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#i die` prefois même exagèrent les maux que soufPes justes sur la terre, font sentir bien clairemens nécessité d'une vie différente sous l'empire Jan Den bienfaisant. Un maitre bon doit faire le von beur de ceux qui suivent ses ordres. Otez la vie are, quel est le bonheur que Dieu procure aux uservatents de ses commande...ents? · Est-il conforme à la bonté du Créateur, que sa créature, par Tactele plus parfait d'obéissance et de vertu qu'elle passe faire, detruise son bonheur. Le comble de la perfection est de mourir pour la vertu. Si cet acte sérique ne mène pas au bonheur, il anéantit tout ce que l'homme peut espérer.

3. Est-il juste à un supérieur qui a donné des ondres, de trailer également et indifféremment ceux qes enfreignent et ceux qui les remplissent ? Cest cependant ce qu'imputent à Dieu ceux qui préendent qu'il a borié l'existence de l'homme à cette vie. Il faut même qu'ils aillent plus loin: comme le vine j uit plus souvent des agréments et des avanages de ce monde que la vertu, ils doivent, conségemment à leur système, soutenir que la justice divine a voulu et a ét bli un ordre de choses dans equel c'est a l'infraction de ses commandements qu'elle a attaché le bonheur, et c'est à cause de L'observation qu'elle rend misérable. Voici le raisonLesent quits attribuent au dominateur essentiellemert el infiniment juste: En créant un être libre, je lui a donné des préceptes; je lui ai ordonné de les o server, en n'épargnant ni efforts ni travaux ; je lui ai défendu de les violer, quelque satisfaction, quelque avantage qu'il pût y trouver; et celui qui m'aura obéi aura, pour tout prix de ses sacrifices, les peines qu'elles lui auront causées; celui au contraire qui maura desobéi aura, pour unique punition, la jouissance des plaisirs qu'il se sera procurés. Malheur aux observateurs du commandement, bonheur aux fractaires; sage celui qui se rend heureux aux dépens de ses semblables, insensé celui qui fait le Babeur public par ses privations. Voilà le système de justice divine de nos adversaires.

Concluons en trois mots. Ou le précepte divin aire le bien et d'éviter le mal n'est muni d'aucune Banction, ou il a sa sanction dans la vie présente, ou, comme nous le soutenons, sa sanction est réservee a une vie future. De ces trois choses la première répugne manifestement aux attributs divins; la seconde est formellement démentie par une expérience constante et évidente; reste donc la troisième.

Joserai donc le dire à la suite des docteurs de l'Eglise S'il n'y a pas de sanction dans une autre vie, il n'y a pas de vertu sur la terre, il n'y a pas de Dicu dans le ciel. C'est bannir la vertu que de lui óter ses motils; c'est anéantir Dieu que de le priver de ses attributs. (M. de la Luzerne, Dissertation sur la loi naturelle, chapitre 3.)

Voici comment Jean-Jacques Rousseau exprime la meme pensée : Plus je rentre en moi, plus je me Consulte, et plus je lis ces mots gravés dans mon Sue Suis juste, et tu seras heureux. Il n'en est rieu pourtant à considérer l'état présent des choses. Le méchant prospère et le juste reste opprimé. Voyez aussi quelle indignation s'allume en nous quand cette atele est frustrée ! La conscience s'élève et murmure contre son auteur; elle lui crie en gémissant: Tu as trompé. Je t'ai trompé, téméraire, et qui te l'a 4: Ton âme est-elle anéantie? As-tu cessé d'exister? Brutus ! ó mon fils, ne soui le point ta noble vie e la Buissant; ne laisse point ton espoir et ta gloire - champs de Philippes. Pourquoi dis-tu : la ve: tu aeren, quand tu vas jouir de prix de lo tienne?

cevoir la récompense de ses vertus en ce monde, a péri par une mort violente et prématurée. Dieu, qui faisait alors la fonction de législateur et de juge, a-t-il pu le permet.

Tu vas mourir, penses-tu. Non, tu vas vivre; et c'est alors que je tiendrai tout ce que je t'as promis.

Si l'âme est immatérielle, elle peut survivre au corps et si elle lui survit, la Providence est justi fiée. Quand je n'aurais d'autres preuves de l'immor. talité de l'ame que le triomphe du méchant et l'oppre-sion du juste en ce monde, cela seul m'empécherait d'en douter Une si choquante dissonance dans l'harmonie universelle me ferait chercher à la résoudre. Je me dirais tout ne finit pas pour nous avec la vie; tout rentre dans l'ordre à la mort.

Quand Funion du corps et de l'âine est rompe, je conçois que l'un peut se dissoudre et l'autre se conserver. Pourquoi la destruction de l'un entrainerait-elle la destruction de l'autre? Au contraire, étant de nature si différente, ils étaient, par leur union, dans un état violent; et quand cette union cesse, ils rentrent tous deux dans leur état naturel. La substance active regagne toute la force qu'elle employait à mouvoir la substance passive et mo le. Hélas! je le sens trop par mes vices: l'homme ne vit qu'à moitié durant sa vie; et la vie de l'ame ne se commence qu'à la mort du corps. › (Emile.)

Jil. De toutes les vérités il n'en est point de plus propre à élever l'âme de l'homme, à le consoler dans ses malheurs et à l'affermir dans le bien.

la

1. L'espérance d'une seconde vie, dit la Lnzerne, est bien plus flatteuse pour lui que celle da néant; sa destination est bien plus noble, si, à la suite de cette courte vie, la partie principale de luimême existe encore pour recevoir le prix de ses bonnes actions, que s'il est détruit tout entier comme les bêtes. Dans les malheurs qu'il éprouve en ce monde, plus donce consolation est de se représenter le bonheur qui l'attend dans un monde nouveau. Il ne sera jamais ébranlé par les maux actuels, celui qui s'appuie fortement sur l'espérance des biens futurs. regardait comme légères et passagères ses dures tribulations, celui qui élevait ses regards vers le poids immense de gloire réservé pour lui dans l'éternité. Si je me trompe, fait dire Cicéron au vieux Caton, dans ma croyance de l'immortalité des âmes, j'ai du plaisir à me tromper ainsi. Je ne veux pas qu'ou m'arrache une erreur qui fait mes délices. Si, comme le pensent quelques minces philosophes, je ne dois rien sentir après mon trépas, je n'ai pas à craindre que les philosophes morts me raillent de mon er

reur.

2. Utile pour élever l'âme de l'homme, et pour le consoler dans ses malheurs, la pensée de la vie future l'est encore pour lui faire embrasser la vertu, pour l'y maintenir quand il s'y est attaché, pour l'y ramener quand il a eu le malheur de s'en écarter. Quel encouragement aux actions généreuses peut égaler la contemplation d'un Dien qa en est le témoin, le juge et le rémunérateur? Otez la croyance de l'autre vie, quel intérêt peut avoir l'homine place, dans des circonstances très-fréquentes, entre la vertu qui exige des sacrifices, et le vice qui promet des avantages, sinon de préférer le vice à la vertu? Remel tez celle salutaire persuasion, vous rendez à l'homme un intérêt de suivre la vertu supérieur à tous ceux que le vice peut présenter. Cet intérêt de la vie fo ture donne un motif universel pour toutes les personnes, pour toutes les actions, pour toutes les cir constances; un motif facilement aperçu, un motif continuellement actif; un motif dont le poids no peut raisonnablement être balancé par aucun autre, et pour nous en convamere, nous n'avons besoin que de l'aveu même des adversaires de notre dogme. En contestant sa vérité, ils reconnaissent formelle

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