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civil. Saint Paul dit aux évêques qu'ils ont été établis, non par les princes et les magistrats, mais par le Saint-Esprit, pour gouverner l'Eglise de Dieu. Act., c. xx, v. 28. Le pouvoir de remettre les péchés, de lier et de délier dans le ciel et sur la terre, que Jésus-Christ a donné à ses apôtres, n'est certainement pas un pouvoir civil. Les théoJogiens anglicans nomment avec emphase les droits divins de l'épiscopat, et ils font dériver ces droits et cette dignité de la puissance royale ces droits ne sont donc pas plus divins que ceux d'un juge, d'un officier militaire ou d'un financier; tous ces droits sont de même nature, puisqu'ils sont émanés de la même source. Aussi le concile de Trente a décidé que ceux qui ont été appelés et institués au ministère ecclésiastique par le peuple, par la puissance séculière, ou qui s'y sont ingérés d'eux-mêmes, ne sont point de vrais ministres de l'Eglise, mais des voleurs et des usurpateurs, sess. 23. c. 4.

Si le P. Le Courrayer, génovéfain, réfugié en Angleterre, avait été mieux instruit, probablement il n'aurait pas entrepris, en 1723 et 1726, de soutenir la validité des ordinations anglicanes. Cette question en renferme deux, l'une de fait, l'autre de droit. La question de fait est de savoir si Matthieu Parker, prétendu archevêque de Cantorbéry, et tige de tout l'épiscopal d'Angleterre, a reçu ou n'a pas reçu l'ordination épiscopale, par conséquent s'il a pu ou n'a pas pu ordonner validement d'autres évêques. La question de droit est de savoir si la forme d'ordination, prescrite par le rituel anglican dressé sous Edouard Vi, et encore actuellement suivie, est valide ou non.

Sur la première question, il faut savoir que, depuis l'an 1559, époque de la consommation du chisme de l'Angleterre, sous la reine Elisabeth, non-seulement les Anglais catholiques, mais les presbytériens et les autres non-conformistes, ont constamment soutenu aux anglicans, que l'épiscopat ne subsistait plus parmi eux; que Parker n'a jamais e é validement ordonné, puisque Barlow, évêque de Saint-David, et ensuite de Chichester, prétendu consécrateur de Parker, ne l'avait pas été lui-même. Plusieurs ont posé des fails, desquels il résulte qu'il n'a pu l'être; quelques-uns ont avancé qu'il avait ordonné Parker dans une auberge de Londres. On sait d'ailleurs que, selon la doctrine établie pour lors, le brevet de la reine donnait le pouvoir épiscopal, sans qu'il fût besoin d'ordination.

Pour prouver le contraire, Le Courrayer a soutenu, 1° que Barlow avait été réellement sacré évêque, puisqu'il avait assisté en cette qualité aux assemblées du parlement sous Heari VI; mais cela prouve seulement que l'on présumait son ordination. D'ailleurs un homme simplement nommé à un évêché pouvait assister au parlement sans avoir encore été ordonné. 2o Qu'il n'est pas vrai que Barlow ait été absent et en Ecosse dans le temps auquel on suppose qu'il a éle ordonné; que, quoique l'on n'ait pas

pu retrouver l'acte de son ordination, ce n'est qu'une preuve négative. Mais cette preuve est devenue très-positive par l'affirmation constante de ceux qui ont pu savoir s'il avait été sacré ou non. 3 Que la prétendue consécration de Parker dans une auberge est une fable. Cela peut être; mais le fait est très-analogue à la manière de penser des auteurs qui regardaient le sacre des évêques comme une momerie. 4° Que Parker a été réellement sacré à Lambeth le 17 décembre 1559, par Barlow, assisté de Jean Scory, élu évêque d'Hereford, de Miles Coverdale, ancien évêque d'Excester, et de Jean Hocgskins, suffragant de Bedford. On produit l'acte de cette consécration. — Mais en 1727 le P. Hardouin, et en 1730 le P. Le Quien, dominicain, ont réfuté Le Courrayer; ils ont fait voir que la plupart des actes et des titres qu'il a cités, en particulier l'acte de la prétendue ordination de Parker à Lambeth, sont faux, supposés ou altérés; qu'ils ont été forgés postérieurement à l'a 1559, pour satisfaire aux reproches que les catholiques faisaient aux anglicans touchant la nullité de leur épiscopat; que Le Cour rayer a tronqué de mauvaise foi les passages de plusieurs auteurs. Ils ont prouvé par de nouveaux témoignages, que ni Barlow ni Parker n'ont jamais été ordonnés évêques; que l'un et l'autre étaient très - persuadés qu'ils n'avaient pas besoin d'ordination. Le Courrayer n'a rien eu à répliquer de solide.

Sur la question de droit, ou sur la validité de Fordination prescrite par le rituel d'Edouard VI, Le Courrayer a soutenu qu'elle est bonne et suffisante, 1° parce qu'elle consiste dans l'imposition des mains jointe à une prière; 2 qu'il y est fait mention du sacerdoce et du sacrifice, du moins indirectement; 3° que les erreurs particulières, soit du consécrateur soit de l'élu, ne font rien à la validité de la cere monie; 4° que l'ordinal ou le rituel d'Edouard VI a été dressé par des évêques el par des théologiens, et qu'il a été seulement autorisé par le roi. Pour savoir à quoi nous en tenir, il faut examiner la cérémonie telle qu'elle est prescrite par ce rituel. 1 L'on commence par lire le brevet du roi, qui porte: Nous nommons, faisons, ordonnons, créons et établissons un tel évêque de tel siége. 2° L'on fait prêter à l'élu un serment conçu en ces termes : « J'atteste et je déclare sur ma conscience que le roi est le seul gouverneur suprême de ce royaume, tant dans les choses spirituelles ou ecclésiastiques que dans les temporelles, et qu'aucun autre prin. ce ou prélat étranger n'y a aucune juridiction, pouvoir ni autorité ecclésiastique ou spirituelle. 3° L'évêque consécrateur demande à l'élu s'il a été appelé à l'administration de l'episcopat suivant la volonté de JésusChrist et suivant les constitutions du royaume, et s'il est dans la volonté d'en remplic les devoirs. 4° Après les réponses de l'elu, le consécrateur lui met la main sur la tête, et prononce cette prière : « Que Dieu toutpuissant, qui vous a donné cette volonte vous accorde encore les forces et la faculle

de faire efficacement toutes ces choses, de manière qu'il achève en vous son ouvrage, qu'il vous trouve innocent et sans tache au dernier jour, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, Ainsi soit-il.»-Or, on a soutenu contre Le Courrayer, et nous soutenons encore que cette formule est nulle et insuffisante. 1° Loin de faire aucune mention directe ou indirecte du sacrifice ni du sacerdoce, elle a été faite exprès pour en exclure formellement ces notions, puisque l'art. 31 de la confession de foi anglicane les rejette comme un blasphème. Que demande le consécrateur pour l'élu? Que Dieu lui donne la volonté de remplir les devoirs de l'épiscopat, selon les consfi'utions du royaume; vainement il ajoute, selon la volonté de Jésus-Christ, puisque la constitution du royaume touchant l'épiscopat est formellement contraire à la volonté de Jésus-Christ: l'une de ces choses exclut l'autre. 3 Il n'est pas une fonction civile pour laquelle on ne puisse faire la même prière en faveur de celui qui y est installé : elle n'a donc rien de sacré ni de sacramentel. 4° Les erreurs particulières du consécrateur ou de l'élu ne feraient rien à la validité de la cérémonie, si d'ailleurs elle n'exprimait pas formellement ces erreurs; mais ici les erreurs anglicanes sont formellement exprimées par le brevet du roi, par le serment de l'élu, par les interrogations du consécrateur, et par la prière qui y est relative: c'est le total de la cérémonie qui détermine le seus de la formule. 5° Il n'est pas question de savoir qui a dressé le rituel d'Edouard VI, mais qui lui a donné la sanction, l'autorité, la force de loi: or, selon la déclaration formelle de tout le clergé d'Angleterre, c'est le roi et le parlement. Les évêques et les théologiens qui y ont travaillé étaient de simples commissionnaires, incapables de donner à leur ouvrage aucune autorité ; ils étaient d'ailleurs bérétiques, et ils y ont expressément professé leur hérésie. 6° Ceux qui ont refuté Le Courrayer ont fait voir qu'en soutenant la validité de cette formule, il est tombé dans plusieurs erreurs grossières et dans des hérésies proscrites par le concile de Trente et par l'Eglise catholique. En effet, treate-sept de ses propositions ont été condamnées par l'assemblée du clergé de France, le 22 août 1727, comme fausses, erronées et bérétiques. 7° Le Courrayer a posé en fait que, dans l'Eglise grecque, l'ordination des prêtres se fait par la seule imposition des Mains, avec la prière; il cite le Traité des ordinations du père Morin, et le père Har douin l'avait supposé ainsi; mais il est certain que, chez les Grecs, l'évêque, assis devant l'autel, met la main sur la tête de l'ordinand, et lui applique le front contre l'autel chargé des vases pleins, en récitant la formule; ainsi la porrection des instruments est réunie à l'imposition des mains, et détermiue la formule à désigner le double pouvoir du sacerdoce. Traité sur les formes des sacrements, par le P. Morin, jésuite, c. 25. Aujourd'hui les savants conviennent que le ¡ère Morin n'a pas rapporté assez exacte

ment les rites des Orientaux. 8° Avant d'être ordonnés évêques, Barlow et Parker n'étaient pas prêtres : or, on ne peut citer, dans toute l'histoire ecclésiastique, aucun exemple certain d'une pareille ordination reconnue pour valide.

En 1730, un théologien luthérien, dans une thèse soutenue sous la présidence du docteur Mosheim, a examiné de nouveau cette question, tant sur le fait que sur le droit. Dans le premier chapitre, il fait l'histoire de la dispute et des ouvrages qui ont été fais pour ou contre la validité des ordinations anglicanes. Dans le second, il compare les arguments qui ont été allégués de part et d'autre. Dans le troisième, il porte son jugement sur le fond et sur la forme. Ou conçoit bien qu'il a pris parti pour Le Courrayer; il n'approuve pas néanmoins tous ses raisonnements, mais il témoigne beaucoup de mépris pour tous ses adversaires. Il serait inutile de nous arrêter à l'histoire des faits; il vaut mieux nous attacher au fond.

Chap. 2, § 13, l'auteur convient que le capital de la dispute est de savoir si la forme de l'ordination des évêques anglicans est valide et suffisante; il soutient l'affirmative par les mêmes arguments que Le Courrayer; mais il ne satisfait point à ceux que nous lui opposons. Suivant les meilleurs théologiens, dit-il, le rit essentiel de l'ordination épiscopale consiste dans l'imposition des mains et dans une prière; l'Ecriture sainte n'exige rien de plus or, l'une et l'autre se trouvent dans le rituel anglican. Nous soutenons que toute prière ne suffit pas; que si le sens n'en est point relatif aux fins du sacrement, aux devoirs et aux fonctions qui y ont été attachés par Jésus-Christ, à plus forte raison si les circonstances déterminent les paroles à un sens contraire, cette forme est absolument nulle. Or, nous avons fait voir que telle est la formule anglicane.

Les Anglais eux-mêmes ont si bien senti qu'elle était défectueuse, que, sous Charles II, ils l'ont changée. Its y ont ajoute pour les évêques Recevez le Saint-Esprit pour exercer les devoirs et les fonctions d'évêque dans l'Eglise de Dieu, et souvenez-vous de réveiller la grâce de Dieu qui est en vous par l'imposition des mains; et pour les préires Recevez le Saint-Esprit pour exercer les devoirs et les fonctions de prêtre dans l'Eglise de Dieu. Recevez le pouvoir de précher la parole de Dieu et d'administrer les sacrements. Les péchés seront remis à celui à qui vous les remellrez, et ils seront liés à celui auquel vous les lierez. Ibid., n. 22, 23, 28. Quand cette addition rendrait la forme valide, elle n'a pas eu lieu dans l'ordination de Barlow et de Parker: ils étaient morts 80 ans auparavant; des évêques ordonnés sans cette addition n'ont pas pu en ordonner d'autres validement. L'apologiste a beau dire que ces paroles ajoutées ne fout point partie de la forme, qui consiste dans la prière, les Anglais ont compris qu'elles étaient néces saires pour déterminer le sens de la prière ; donc avant l'addition le sens n'était pas assez

déterminé; il l'était même, par les circonstances, à signifier le contraire, comme nous l'avons observé. Qu'ils aient cru ou n'aient pas cru que la forme était déjà valide sans cette addition, cela ne nous fait rien.

Il n'est pas nécessaire, dit notre auteur, que la formule exprime la fin principale et l'effet du sacrement; elle n'est point telle Four le baptême, pour la confirmation, pour l'extrême-onction, ni pour le mariage; cela est faux. Ces paroles: Je te baptise, au nom du Père, etc., signifient certainement, non la purification du corps, mais celle de l'âme, qui est l'effet principal du baptême. Dans la confirmation, la formule: Je te marque du signe de la croix, et je te confirme par le chrême du salut, etc., exprime très-distinctement l'effet du sacrement. Il en est de même de la prière de l'extrême-onction : Que par cette onction, et sa grande miséricorde, le Seigneur vous pardonne les péchés, etc. Pour le mariage, la bénédiction du prêtre, qui dit: Je vous unis en mariage, au nom du Pire, etc., n'est pas moins expressive non plus que l'absolution dans la pénitence: à plus forte raison, dans l'Eucharistie, les paroles de Jésus-Christ: Ceci est mon corps, expriment l'effet de la consécration.

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Le Courrayer en avait imposé à ses lecteurs, en disant que les anglicans ne rejettent pas absolument la notion du sacrifice dans l'Eucharistie, qu'ils y admettent au moins un sacrifice commémoratif et représenlatif, qu'entre eux et les théologiens catholiques il n'y a qu'une dispute de mots; que la notion de sacrifice n'est point fondée sur le dogme de la présence réelle. Ibid., § 27. Son apologiste, plus sincère, convient, c. 3, § 19, qu'un sacrifice commémoratif et représentatif, dans le sens anglican, n'est qu'une ombre ou une figure de sacrifice; que ce n'est point ainsi que l'a entendu le concile de Trente. En effet, ce concile a évidemment fondé la notion du sacrifice sur e dogme de la présence réelle, sess. 22, c. 1 et 2; et au mot EUCHARIST E, § 5 nous avons fait voir que cette notion ne peut pas être fondée autrement. C'est une des principales raisons qui ont attiré à Le Courrayer sa condamnation prononcée par le clergé de France, et approuvée par le souverain pontife.-Quand ce critique ajoute qu'il n'est pas nécessaire qu'un homme soit prêtre pour pouvoir être ordonné évêque, qu'on ne le pense pas, même dans l'Eglise romaine, il se trompe encore; le sentiment contraire a été condamné, comme nous l'avons observé ailleurs. Voy. EVÊQUE. Il avoue, c. 3, § 16, que le rituel d'Edouard VI a reçu du roi toute la sanction et toute l'autorité qu'il a pu avoir; que les évêques et les théologiens, chargés de le rédiger, n'ont été que les mandataires et les députés du roi; que l'on ne reconnaît en Angleterre point d'autre source de l'autorité ecclésiastique.

De tout cela il résulte que l'Eglise romaine est très-bien fondée à regarder les or dinations anglicanes comme absolument nulles, et à réordonner ceux qui ont été ainsi

promus au sacerdoce ou à l'ép'scopat, lorsqu'ils rentrent dans le sein de l'Eglise.

Le même auteur soutient, contre Le Cour. rayer, que si les évêques d'Angleterre sont ordonnés validement, ils le sont légitimement, et qu'ils ont droit d'exercer leurs fonctions, malgré les anathèmes de l'Eglise romaine, nous n'avons aucun intérêt d'examiner le quel des deux a raison. Nous verrons ailleurs les autres reproches que ce critique fait contre la doctrine catholique suivant la coutume de tous les protestants, il la défigure pour avoir droit de la censurer; il prend pour doctrine de l'Eglise les opinions particulières des théologiens les plus décriés. Nous avons déjà dit que la liturgie anglicane se trouve dans le P. Lebrun; mais elle a été changée au moins quatre fois avant d'être mise dans l'état où elle est aujourd'hui. Quoique l'on en ait retranché tout ce qui pouvait donner l'idée de la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie et du sacrifice, elle déplait encore beaucoup aux puritains ou calvin'stes rigides. L'archevêque de Cantorbéry, primat d'Angleterre, jouit encore de la même juridiction et des mêmes priviléges dont jouissaient les évêques dans le XII siècle; mais le clergé anglican ne peut faire sur la doctrine, sur les mœurs, sur la discipline, aucun décret, sans commission spéciale du roi, et ses décrets n'ont de force qu'autant qu'ils sont on firmés par l'autorité royale. Les fonctions des évêques sont de prêcher, de donner la confirmation et les ordres; celles des recteurs de paroisse ou des curés, sont de précher, de baptiser, de marier, d'enterrer les morts. Les trois dernières fonctions se paient très-chèrement, et tous les Anglais, sans distinction de religion, y sont assujettis; mais en général le clergé est très-peu respecté en Angleterre (1).

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Vu l'indifférence que les anglicans affectent pour le dogme, on ne doit pas être surpris du peu de zèle qu'ils ont pour la conversion des infidèles ; ils ont même souvent tourné en ridicule celui de nos missionnaires. La religion ne leur paraît pas une affaire de très-grande importance, et c'est pour cela qu'ils ont été tant loués par nos philosophes; la plupart de leurs théologiens ont passé de l'arianisme aux opinion dès sociniens (2).

ANIMAUX. Dieu dit à l'homme en le créant Dominez sur les poissons de la mer,

(1) L'indifférence dont se plaint Bergier a fait place chez les anglicans à un certain zèle pour la propagation du christianisme et pour les études théologiques. Ce zèle s'est manifesté par de nombreuses associations pour la propagation de l'anglicanisme, et por une foule de traductions de la Bible, dont les exemplaires ont é'é répandus par millions sur toute la surface du globe. (Voy. BIBLIQUES, Sociétés.) L'étude des sciences ecclésiastiques a eu en Angleterre un grand effet en faveur du catholicisme, elle a ramené au giron de l'Eglise une multitude d'esprits éminents de l'université protestante d'Oxford. Voy. Puseysme.

(2) Nous croyons devoir terminer cet article de Bergier par l'appréciation que fait de l'anglicanisme l'un des organes les plus dévoués à cette religion.

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sur les oiseaux du ciel, et sur tous les ANIMAUX qui se meuvent sur la terre (Gen. 1, 28). Il le répète à Noé après le déluge: Que tous les ANIMAUX vous craignent et vous redoutent

Ces pages ont été écrites à l'occasion de la mort de Ngr Affre, archevêque de Paris.

Que la mort est glorieuse quand elle est la récompense de la vertu! L'héroïsme est vénérable, lors même qu'il est superstitieux : le fanatisme est respectable, quand il prouve sa sincérité par le sacrifice de sa vie. Un homme qui ne croit à rien, que peut-il faire pour le monde? Un homme qui croit trop, peut au moins mourir pour sa croyance. Ne laissons pas une telle action s'effacer du miroir du présent, sans l'imprimer dans la mémoire. Elle place son auteur parmi les hommes qui ont bien mérité de la société. C'est une goutte de rosée versée sur le sens moral desséché; c'est une résurrection de l'àge héroique dans un siècle de fer. Cet homme du moins était dans son devoir. Qu'un prêtre reçoive son salaire ou qu'il le prenne, c'est chose fort ordinaire; mais ce qui est moins commun, c'est un prêtre qui le mérite. Voici un évêque qui ne se borne pas à prêcher l'Evangile de paix, mais qui de plus le pratique; qui, le visage serein, au milieu de misérables altérés de sang, les presse d'obéir au commandement nouveau de s'aimer les uns les autres ; et qui, dans l'accomplissement de sa grande mission, celle d'humaniser le monde, tombe avec plus de gloire que le guerrier enseveli dans un triomphe ensanglante.

Son maitre, le pape, est devenu le libérateur de Palie. Les Juifs eux mêmes ont été émancipés à Rome. Le Pontife-Prince, au milieu des splendeurs de sa souveraineté, frugal sans avarice, désintéressé et sobre sans ascétisme et sans momeries pharisaïqurs, soulage à ses propres frais les malheurs de sou peuple, et cherche à régner non-seulement en Italie, mais aussi dans un royaume qui n'est pas de ce monde, non-seulement sur des contrées, mais aussi sur des cœurs. En Amérique, ce n'est que dans les chapelles catholiques qu'on voit le maître et l'es clave agenouillés côte à côte devant le même autel. En Irlande, pendant le plus fort du choléra, et pendant la période la plus fatale de la fièvre engendrée par la famine, les piêtres catholiques étaient là, la for dans un œil et la mort dans l'autre, succombant par centaines sous le fléau, mais fidèles et pleins d'ardeur dans l'accomplissement de leurs devoirs en vers le peuple. Nous ne nous arrêterons pas à demander quelles prières ils récitaient : nous n'examinerons ps avec curiosité la forme de leur croyance ni la coupe de leur phylactère. C'est par leurs fruits que nous voulons les reconnaître. Qu'on les appelle des hérétiques idolâtres et superstitieux, de pernicieux destructeurs d'âmes; pour nous, nous les v yons respectant l'esclave, consolant le mendiant, relevant le cœur brisé du paysan mourant de faim, et gagnant à la bouche du canon, au milieu des passions dechainées des combattants féroces, la bénédiction promise à ceux qui procurent la paix. Ce n'est pas à cette classe de prêtres que nous infligerons un blâme injurieux (Priest crast, intrigue sacerdotale); non, la ruse n'affronte pas si aisément le choléra; le charlatanisine se tient à une distance plus respectueuse de ta Bievre, et l'hypocrisie fastueuse se trouve plutôt à la fin d'un festin, qu'au commencement d'une mêlée comme celle du faubourg Saint-Autoine.

Et que faisaient nos évêques pendant tout ce temps? Le doyen de Héréford Juttait avec le docteur Hampden dans l'arène des cours ecclésiastiques, se disputant avec lui sur le cadavre de leur religion. Sapy Sum, d'Oxford (Soapy savonneux, sobriquet d'un évêque anglican), se vengeait de la perte de Cantorbéry en faisant des discours politiques contre

(1, 2). Le psalmiste bénissait Dieu de cet empire qu'il a donné à l'homme sur tous les animaux (Ps. viti, 8). Les philosophes qui ont observé la nature avec un sens droit

la concession des droits réclamés en faveur des Juifs. L'évêque de Londres marchandait ses baux dans Piccadilly, et plusieurs de ses très-révérends frères dans le Seigneur mouraient en odeur de sainteté sur les plumes de leurs palais, laissant après cux des biens qui s'élevaient en moyenne à 70, 000 liv. st. (1,750,000 fr ). L'archevêque de Paris ne recevait que 1, 200 liv. st. (environ 28,000 fr.), et il dépensait tout pour sa religion et pour ses frères. L'évèque de Londres reçoit 25,000 liv. st. par an (625, 009 fr.), et il dépense tout pour lui et sa famille. Dans ses tournées de confirmation, il fait payer à ses paroissiens l'avoine de ses chevaux, il laisse faire de sa cathédrale et de son abbaye des spectacles à 2 pence (20 centimes) et il répand des larmes de crocodile sur le dénûment spirituel de son diocèse, uniquement pour vider les bourses des fidèles et pour s'emparer du patronage des nouvelles succursales.

Quel est le chef de la croisade contre l'ivrognerie? un prêtre catholique, le P. Matthew. Qui a donné l'idée et pris la direction du comité sanitaire? Southwood Smith, le prédicateur unitairien. Qui a fondé des écoles pour les enfants en haillons? les dissidents. S'agit-il d'affronter la fièvre au chevet du pauvre, de dissiper l'ignorance de la religion dans les hideux repaires du vice: qui ose braver le fléau, s'exposer au danger? Quel évêque, quel recteur, quel doyen, quel curé de l'église de l'Etat trouvera-t-on dans de semblables occasions? Forcés par la charité active des dissidents à produire quelques œuvres chrétiennes, ils font souscrire le stupide public de l'Eglise anglicane à de misérables salaires accordés à ce qu'on appelle les missionnaires de la cité, et ils envoient ces prédicateurs laïques, comme David envoya Urie sur le champ du péril, au milieu des répaires du crime, tandis qu'eux ils font leur ronde parmi leurs paroissiens d'élite, exerçant le christianisme par procuration, rempl ssant en personne l'office de prêtre et de lévite, et laissant les fonctions du Samaritin qui leur sont imposées à quelque Nathaniel affamé : celui-ci, avec un revenu annuel de deux jumeaux devra évangéliser les Seven Dials, être le rédempteur de Field Lane, braver le typhus, affronter chaque jour la fièvre scarlatine, le tout pour 40 liv. st. par an (1,000 fr.), et un habit no r à Noël, si l'on e content de ses services. Nous n'avions jamais entendu parler de taxe pour l'Eglise et de taxe des pauvres avant le protestantisme. Quand l'Eglise papale régnait en Angleterre, elle nourrissait ses pauvres et entretenait la splendeur de ses temples avec ses propres revenus. Examinez l'histoire des missions instituées pour évangéliser les païens et porter aux sauvages les bienfaits de la civilisation. Quels sont les faits qui se représentent invariablement? Des prêtres catholiques, et généralement des Jésuites, furent les premiers missionnaires. Après eux viennent des prédicateurs non conformistes, et l'Eglise anglicane forme seulement la tardive et boiteuse arrière-garde. Dans les chambres des lords, ce sont les votes prépondérants de notre banc des évêques qui ont maintenu la traite des noirs jusqu'à ce que le torrent de l'opinion publique l'eût enfin renversée.

Pour peu que l'on soit impartial, quelle autre cause pourra-t-on assigner à la mauvaise administration de l'Irlande, que l'orgueilleuse et intolérable domination protestante que nous avons usurpée? et qu'est-ce que cette doniination protestante, sinon la propriété exclusive des pains et des poissons que s'adjuge l'établissement protestant? L'Angleterre

nous font remarquer que cet ordre du créateur s'exécute sur toute la face du globe. Le très-grand nombre des animaux sont dociles, s'accoutument aisément avec l'homme,

est le seul Etat civilisé de la terre qui n'ait point de système national d'éducation, et son peuple périt dans l'ignorance, uniquement à cause de la violence avec laquelle le clergé s'oppose à tous les plans d'amélioration dans l'enseignement. Bien plus, il a été constaté devant la commission charitable, en beaucoup d'occasions, que leur odieuse rapacité n'a pas même respecté le patriotisme généreux des part cu hers. Institués administrateurs des dotations et fondations bienfaisantes d'éducation, ils en ont détourné les fonds et se sont approprié les revenus destinés par les fondateurs à soulager la population dans son indigence physique et intellectuelle; ils ont tranquillement laissé leur troupeau dans l'ignorance et dans la misère, tandis qu'ils empochaient les sommes destinées à guérir cette double plaie. L'Eglise de l'Etat a été mise dans la balance, et l'opinion publique l'a depuis longtemps jagée trop légère. Combien de teinps souffrira-t-on qu'elle encombre le sol? Elle reçoit plus que toutes les hiérarchies de toutes les croyances de l'Europe. Qu'a-t-elle fait pour son argent? Sommes-nous plus religieux que nos voisins? N'est-il pas notoire que la majorité de la population est irreligieuse, ce qui est dû en grande partie à la vie que mène le clergé de l'Etat? Sommes-nous plus vertueux? au contraire. Les crimes de l'Angleterre surpassent proportionneliement au moins de moitié ceux que présentent les divers pays catholiques de l'Europe. Sommes-nous plus intelligents? Il n'est que trop certain qu'à très-peu d'exceptions près, notre population offre un moindre nombre d'individus sachant lire et écrire que toutes les autres nations civilisées. Interrogeons le 10 avril, les maisons de pauvres toutes remplies, les assemblées de Confédération et de Conciliation Hall.

A quoi donc a servi l'Eglise de l'Etat? Quels fruits a-t-elle portés? Quel bien a-t-elle lait? Quel mal a t-elle détourné? Est-ce donc un simple patrimoine qu'il convient de définir non par ses devoirs, ses travaux, ses charges publiques, mais par ses revenus, ses bénéfices, ses dimes, ses offrandes, ses présents, ses honoraires, ses pourboires? Combien de temps cette monstrueuse imposture mangera-t-elle le pain de la paresse et recevra-t-elle le salaire de Piniquité? Quand finira cette duperie solennelle, cette religieuse inutilité, cette futilité sociale, cette orgueilleuse, cette vaine et bruyante parade, affairée aux élections, sévère au tribunal pour garder le gbier, mais peu soucieuse de sauver les âmes, courant à la piste des riches, mais négligeant le soin des pauvres. Jamais on n'a vu dans l'histoire des gouvernements un renversement aussi complet de tout ce qu'une institution doit être, jamais une aussi éclatante nécessité de soustraire à tous les regards le plus promptement possible, dans l'intérêt dù bon sens et pour l'honneur de la nation, une semblable personnitication d'hypocrisie pharisaïque.

Ennemi de tout progrès et de toute amélioration, obstacle au développement de l'éducation et de la réforme, arc-boutant de tous les abus privilé giés, partisan de la tyrannie, alversaire décidé de toute extension de l'esprit de liberté, de tout développement social sous quelque forme que ce soit, et de toute espèce de droits humains, que peut-on faire d'un tel fléau, sinon l'anéantir? Et que mérite une semblable institution, sinon d'être arrachée comme une herbe pestilentielle du champ de l'histoire humaine? Considérée en elle-même, la charge pa-torale, la mission cléricale est un des plus grands traits sociaux et politiques du christianisme. Réunir dans un empire une société d'hommes bien élevés,

semblent souvent rechercher sa compagnie et implorer sa protection; les autres fuient devant lui, ils ne l'attaquent point, à moins que des besoins extrêmes ne les jettent, pour ainsi dire, hors de leur naturel. L'éléphant, tout monstrueux qu'il est, se laisse conduire par un enfant; le lion s'éloigne de tous les lieux habités par les hommes, et l'immense baleine, au milieu de son élément, tremble et fuit devant le petit canot d'un Lapon Etud. de la Nat., t. II, pag. 239, etc. Boileau a pu douter, en plaisantant,

Si, vers les autres sourds,

L'ours a peur du passant, ou le passant de l'ours, Et si, sur un édit des pâtres de Nubie, Les lious de Barca videraient la Libye. L'ours n'attaque jamais le passant, à moins qu'il ne soit provoqué, ou qu'il ne craigne pour ses petits; et si les déserts de Barca pouvaient être habités par des hommes, I s lions n'y demeureraient pas longtemps. Mais nos philosophes incrédules nous objectent fort sérieusement que cet empire prétendu de l'homme sur les animaux est chimérique: le requin, disent-ils, engloutit le malelot qui tremble à sa vue; le crocodile dévore le vil Egyptien qui l'adore; toute la nature insulte à la majesté de l'homme. Les manichéen faisaient déjà cette objection. Saint Augu

vertueux, capables, désintéressés, pour enseigner continuellement au peuple ses devoirs, pour luitaire connaître la morale, pour lui apprendre au al par des exemples que par des leçons, les principes de la vertu appliqués à la vie de chaque jour, c'est assu ré nent poser le fondement le plus solide d'un ba gouvernement et de la félicité des peuples. Mais sur les 26,000 sermons prèchés chaque semaine du haut des chaires protestantes sur les sujets les plus inte ressants pour le cœur bumain, les plus attrayants pour l'esprit, et de la plus haute importance pour la vie intime de l'homme, combien y en a t-il qui ser vent à quelque chose, si ce n'est à faire trop lillera lement du dimanche un jour de repos, en procu rant un profond et confortable sommeil à des parois siens somnolents? Combien y en a-t-il qui soient écrits en rhétorique passable? Combien y a--i de phrases qui valent là peine qu'on se les rappelle une heure après les avoir entendues?

Si la religion est une chose bonne, sommes-nous religieux? Si le christianisme est précieux, sommesnous chrétiens? Où est le ministre qu'acc mpaguen au tombeau les larmes des pauvres? Quel est l'évé que qui meurt entouré des regrets et de la vénération de son pays? Les augures, ses confrères, convoite ! avi tement sa dépouille, et avant que le dernier souffle n'ait abandonné son corps, ils assiègent D ning-street pour solliciter sa place. Oxford, Here. ford, Exeter, que dirons-nous de ceux-là, si nous les rapprochons du se mon sur la montague? Le pays demande à l'Eglise : Coin, où est ton frère? Et certe Eg ise visiblement établie dans le seul but d'élever. d'instruire, de spiritualiser le peuple, cette Eglise qui reçoit d'énormes revenus pour faire du peuple un peuple spécial rempli de sèle pour les bonnes a vres (Epit. à Tite, 1, 14), cene Eglise, destinée former le cœur aux habitudes de la vertu et à évangeliser les âmes, cette Eglise qui, lorsqu'elle ne fail pas ces choses, ne fait rien, n'est rien, est moips que rien, ou n'est plus qu'on simple syphon à boire et à manger, une outre remplie de vent; cette Eglise enfin ne peut donner que cette triste réponse: Vrai ment, je n'en sais rien; suis-je le gardien de mon frère? »

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