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labar dans les Indes et dans la grande Tartarie, pénétrèrent à la Chine et s'y établirent. Ce fail est prouvé non-seulement par le témoignage de plusieurs écrivains orientaux, mais par un monument qui fut déterré en 1625 dans la ville de Sigan-Fou, capitale f'une province de la Chine. C'était une grande sierre au haut de laquelle était une croix, nsuite une longue inscription, partie en caactères chinois, et partie en caractères sylens, majuscules, nommés communément tranghelo. Le magistrat du lieu, qui crut evoir la conserver, la fit transporter dans temple de bonzes. Elle portait que l'an 5 de notre ère, il était arrivé à la Chine homme de Ta-Tsin ou de l'Occident, qui tait présenté à l'empereur des livres de la ligion qu'il venait prêcher, et que l'an 638 Empereur avait donné un édit en faveur du ristianisme. On y lisait ensuite les princijux dogmes de la religion chrétienne, et il ait dit que cette inscription avait été faile jur servir de monument de ces fails, l'an 02 des Grecs, de Jésus-Christ 780, sous le lificat d'Apan-Yesou, patriarche des nestiens.

La Croze, Beausobre et d'autres critiques 'estants, ont trouvé bon de contester uthencité de ce monument, de supposer le ç'a été une fraude pieuse imaginée par missionnaires catholiques en 1625, afin persuader aux Chinois que le christianisme était pas une religion nouvelle chez eux, ais anciennement établie dans leur empire. de Guignes, dans une savante dissertation it ce sujet (Mémoires de l'Académie des Insriptions, tom. LIV, in-12, p. 295), a prouvé alausseté de ce soupçon, et l'authenticité de Inscription de Sigan-Fou, par le témoiage des annales de la Chine, et de plusieurs Beurs chinois. Il fait voir que ces auteurs it confondu les missionnaires nestoriens jec les bonzes de Fo, et qu'ils ont désigné us ce nom tous les prédicateurs de relions étrangères; mais ce qu'ils en disent rapporte si exactement, pour le temps et Bur les circonstances, à l'établissement des storiens à la Chine, qu'il est impossible ele hasard ait pu produire cette conforité. Il prouve aussi, par le témoignage des Drageurs, qu'il y avait encore de ces chréens nestoriens à la Chine dans les xu I stue siècles, mais qu'alors leur religion fait fort altérée et défigurée par un mélange emahométisme, tellement que quand les ortugais arrivèrent à la Chine, en 1517, ils y trouvèrent plus aucun vestige du chrisanisme. Le savant Assemani, de son côté, produit plusieurs autres preuves de l'aubencité et de la vérité de l'inscription trouée à Sigan-Fou (Biblioth. orient., I. IV, c. 56). Le jugement de ces savants est d'un Tout autre poids que les vaines conjectures des critiques protestants.

Ce fut en 1580 que les Pères Roger et Ricci, missionnaires jésuites, entrèrent à la Chine, et trois ans après ils obtinrent la permission de s'y établir. Dans l'espace d'un ècle la religion chrétienne y fit tant de

progrès qu'en 1715 il y avait dans cet empire plus de trois cents églises, et au moins trois cent mille chrétiens. Mais en 1722, l'empereur Yong-Tching publia un édit coutre le christianisme, résolut de l'exterminer, et fit exercer contre les chrétiens une sanglante persécution. En 1731, tous les missionnaires furent bannis à Macao: depuis 1733, on ne permet plus à aucun étranger de pénétrer dans l'intérieur de la Chine, et les prédicateurs qui ont été découverts, ont été mis à mort. Les jésuites, que l'empereur a gardés à la cour, en qualité de mathématiciens, n'ont pas la permission d'exercer les fonctions de missionnaires. Cependant, depuis l'an 1753, la persécution parait ralentie; il leur est permis d'assister les chrétiens qui s'y trouvent encore; ils ont demandé au gouvernement français des successeurs, dans l'espérance d'obtenir peu à peu plus de liberté de faire des prosélytes. On prétend qu'actuellement il y a déjà plus de soixante mille chrétiens dans cet empire. Matheu

reusement, au commencement de ce siècle, il s'éleva une contestation entre les Jésuites de la Chine et les missionnaires des autres ordres religieux. Il s'agissait de savoir s'il y avait de la superstition et de l'idolâtrie dans les honneurs que les Chinois rendaient à Confucius et à leurs ancêtres, honneurs accompagnés d'offrandes, d'invocations, de parfums, etc. En 1704, Clément XI condamna ces rites chinois comme superstitieux et idolâtriques; en 1742, Benoît XIV confirma ce décret par sa bulle Ex quo singu- · lari: depuis ce temps-là les missionnaires ont interdit ces rites à leurs proselytes. Mais cette dispute, trop animée de part et d'autre, a nui beaucoup aux intérêts da christianisme. Outre cet obstacle accidentel et passager, il y en a d'autres qui relarderont toujours les progrès de la religion chrétienne dans cette partie du monde. La corruption des mœurs populaires de cet empire, l'attachement opiniâtre des Chinois à leurs usages, attachement cimenté par le culte religieux qu'ils rendent à leurs ancêtres; leur vanité, qui leur persuade qu'ils sont le peuple le plus parfait de l'univers ; l'orgueil, l'ambition, la jalousie des lettres, qui sont seuls en possession de l'enseignement, dont les uns sont athées, les autres idolâtres et superstitieux; le despotisme de l'empereur, qui est le chef suprême et l'arbitre de la religion aussi bien que des lois, sont autant d'obstacles qui rendent les conversions trèsdifficiles. Les Chinois méprisent les étrangers, les craignent et les haïssent. Malheureusement les navigateurs des différentes nations européennes qui ont séjourné à la Chine, ne s'y sont pas comportés de manière à gagner la confiance et l'affection des habitants du pays; et cette conduite n'a pas peu contribué à indisposer les Chinois contre le christianisme. Is auraient moins de répugnance à écouter des missionnaires nationaux que des étrangers.

Si nos philosophes incrédules étaient véritablement amis de l'humanité, ils auraient

déploré comme nous le bannissement des missionnaires de la Chine; au contraire, ils en ont triomphé : ils en ont pris occasion de rendre odieux le christianisme même, aussi bien que ceux qui le prêchent. Ils ont dit que les empereurs de la Chine ont proscrit cette religion à cause de son intolérance, ou du droit que ses ministres s'attribuent de forcer les peuples à l'embrasser; à cause de l'indépendance dans laquelle ils veulent être à l'égard de la puissance temporelle; à cause de leur caractère séditieux et turbulent; à cause enfin du tort que le célibat fait à la population. Il n'est pas possible de calomnier d'une manière plus noire. Dans les mémoires présentés à l'empereur de la Chine par les mandarins, contre le christianisme, ils n'ont fait aucun de ces reproches aux missionnaires; ils ont seulement représenté que cette religion est nouvelle et étrangère dans l'empire, qu'elle n'admet ni Divinité, ni esprit, ni ancêtres. Lettres édifiantes, tome XXIX, pag. 217; tome XXX, pag. 156. On voit par là ce qui est encore prouvé d'ailleurs, que les lettres chinois font aller de pair le culte des esprits et des ancêtres avec le culte de la Divinité, et il est fort douteux s'ils admettent d'autre Divinité que les esprits qui président aux différentes parties de la nature. La lecture du Chou-King, qui est leur livre classique, ne nous montre chez eux point d'autre croyance que celle des anciens polythéistes. Quand le génie des missionnaires serait tel que les incrédules le représentent, ont-ils été assez imprudents pour le faire connaître, pour prêcher l'intolerance, l'indépendance, la sédition et la révolte contre un gouvernement absolu et despolique? Une accusation aussi atroce ne doit point être hasardée sans preuve; les incrédules ne peuvent en alléguer aucune. D'un côté, ils reprochent au christianisme de favoriser le despotisme des princes et l'esclavage des peuples; de l'autre, ils prétendent qu'un empereur des pole a redouté les principes et la morale de cette religion: ce sont deux accusations contradictoires.

Une autre absurdité est de penser que les Chinois, qui font périr chaque année plus de trente mille enfants, ont craint que le christianisme ne nuisit à la population; qu'ils redoutent le célibat, pendant qu'il se trouve à la Chine des millions de boozes qui vivent dans le célibat. En général, le gouvernement chinois craint plus l'accroissement de la population que sa diminution. Voy. MISSION (1).

(1) Pour compléter cet article, nous avons besoin de donner une idée de la religion chinoise dans ses rapports avec nos croyances. Dans la Rédemption annoncée par les traditions (Voy. Démonst. évanj., édit. Migne), Schmitt montre qu'il y a un grand nombre de croyances qui viennent de la révélation primitive. Il serait en effet étonnant qu'un peuple qui remonte si haut n'eût rien conservé de la foi de nos premiers parents. Voici l'exposition de Schmitt : 1. Croyances des Chinois.

Outre une morale excellente, ces fragments et les livres canoniques des Chinois offrent des traces Temary ables de vérités révélées. Au milieu de la

CHIROTONIE. Voyez IMPOSITION DES MAINS. CHOEUR, dans nos églises, est un espace

bles incohérentes, nous lisons que Tao créa le ciel et ia terre, et comme Tao signifie trois personnes dans une, ces ouvrages disent que l'une tira l'univers du néant, que l'autre sépara les êires confondus dans le chaos, que la troisième fit le jour et la nuit.

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On y trouve la création de l'homme, formé avec de la terre jaune. On y trouve un paradis terrestre, placé à la porte du ciel fermée à ses habitants, ar rosé par quatre fleuves qui jaillissent d'une source jaune (le jaune est la couleur sacrée des Chinois). On le omme le Jardin, dont la vue et l'entrée soul également interdites, mais d'où la vie s'est répan due. On y trouve un arbre, duquel elle s'est, jour ainsi dire, détachée comme son fruit naturel : on trouve encore la description d'un âge d'or. Le désir immodéré de la science, observe floinantsee, a perde le genre humain. ›

Un ancien proverbe dit: Il ne faut pas écou ter les discours de la femme. La glose ajoute: ‹ Car la femme a été la soure et la racine du mal. Après la dégradation de l'homme, dit Lopi, le animaux, les oiseaux, les insectes et les serpents commencèrent à l'envi à lui faire la guerre. Après que l'homme eut acquis la sc ence, toutes les créa tures furent ses ennemies. En moins de trois o de cing heures, continue Lopi, le ciel changea et l'hom me ne fut plus le même.

Quand l'innocence eut été perdue, dit Hoinanti sec, parut la miséricord■. ›

11. Emblèmes et dogmes divers.

De pieux missionnaires ont cru reconnaître les mystères les plus élevés du christianisme dans le criture figurée des Chinois. Ainsi, relativement a signe qui indique un être dont on attend la présence, et qui retrace un nuage auquel un enfant se trouve suspendu, le Père Cibot se rappelle la parole du prophete Isaïe: Et nubes pluant justum. Cibot voile rédempteur, le Messie, dans plusieurs semblables figures; un signe antique, incompréhensible pour les Chinois modernes, inexplicable pour les ane ens auteurs, lui représente même la chute du premier homme c'est un arbre sous lequel sont placées deur personnes, el, au-dessus, la tête d'un denken. —A Pexemple de l'autel que l'apôtre saint Paul trousa, à Athènes, avec cette inscription: Ignoto Deo, es emblèmes religieux pouvaient, soit dans le cours d'une prédication, soit même dans une simple conversation avec des Chinois, fournir à un pieut missionnaire l'occasion de préparer la vole aux v rités de l'Evangile. Il est posible que le dernier signe ait réellement le sens que lui attribue C (Mémoires concernant les Chinois); car, bien ce tainement, la doctrine héréditaire de notre première chute dut se conserver longtemps au sein de Ja race séparée, de laquelle sont issus les Chinos actuels; mais les plus anciens écrivains de ce pays étaient déjà étrangers à cette interprétation. On ne saurait méconnaitre non plus l'importance du trian gle équilatéral que le Père Cibot regarde comme e symbole de l'unité. D'après le dictionnaire compose par l'empereur Kanghi, il indique aussi conjonction. Un livre, particusèrement estimé des Chinois, dil:

Le triangle signifie trots, confondus en un. › Use Savante explication des plus anciens caracteres, Lieufutsing, s'exprime ainsi sur ce sujet : Letran gle est l'emblème d'une secrète conjunction, de l'ar monic, premier bien de l'homme, du ciel et de la terre. C'est la conjonction des trois Tsai (Tsai, d Ko, indique le principe générateur, le pon voir, la science dans Tao). Réunis et simulandment, ils gouvernent, créést et soutiennent ce qui est créé. — Un autre livre dit: Antrefuis l'em pereur offrail, tous les trois nns, un sacritice soleahet a fesprit de conjonction et d'unité. » — (Or

situé ou derrière l'autel, ou entre l'autel et la nef, dans lequel est placé le clergé pour chanter l'office divin. Dans la plupart des églises d'Italie, le chœur est placé derrière

connalt en Europe, rapporte Ko, le fameux texte de Laotsee: Tao est un, de sa nature; le premier engendra le second; les deux premiers ont produit le troisième; les trois ont fait toutes choses. Voici comme s'exprimait, relativement à l'origine de l'univers, le philosophe Lilaokium, plus ancien que Confucius La loi ou la raison produisit l'un; celui-ci produisit deux; les deux produisirent trois; les trois produisirent toutes choses. Cette sentence, au témoignage de Couplet, est encore répétée par les sectateurs de son école. Suivant un texte différent: Celui qui, pour ainsi dire, est visible, sans théanmoins être vu, s'appelle Khi, Celui que l'on peut entendre, quoiqu'il ne parle point aux oreilles, se nomme Hi. Celui qui se laisse, pour ainsi dire, entir, bien qu'il se dérobe au toucher, s'appelle Uri. En vain interrogez-vous vos sens sur la nature le ces trois êtres, la raison seule peut vous en inruire, et, ce qu'elle vous apprend, c'est qu'ils ne Forment qu'un, au-dessus duquel ne brille aucune umière, au-dessous duquel n'existent aucunes ténėires. Il est éternel. Aucun nom ne saurait lui être ttribué; il ne ressemble à aucune de toutes les hoses qui nous entourent. C'est une figure sans orme, une forme sans matière. Sa lumière est eneloppée de ténèbres. Elevez-vous les yeux, vous ne oyez pas son commencement. Le suivez-vous, vous fen trouvez pas la fin. Par cela seul qu'il est le Tao le tous les siècles, jugez quelle est sa nature. Savoir qu'il est éternel, voilà le commencement de la agesse.

Je suis entré deux fois, dit un missionnaire, dans les pagodes ou les temples chinois. Dans la première Cour ou dans la première partie, se présentent trois grandes statues posées perpendiculairement et qui représentent trois hommes; chaque statue porte un sceptre à la main; celle de droite est élevée sur un ; celle de gauche sur un éléphant : ces trois personnes, cependant, à ce que prétendent les bontes, he forment qu'un seul Dieu. »

III. Allégorie du Messie.

Les livres cañoniques de la Chine contiennent ne allégorie frappante du Messie. Comme les Chiaois n'ont rien pu emprunter à Isaïe, il paraît qu'ils liennent de No, leur auteur, l'idée de la rédemption; tar leurs ancêtres savaient, aussi bien que les antieus Toscans, qu'une vierge concevrait, qu'elle enlanterait le Saint des saints; mais assurément celte prophétie, héréditaire chez les enfants de Sem, fut aussi mal comprise en Chine qu'elle fut mal interprétée par les descendants de Japhet, en Italie: dans ces deux régions, elle donna lieu au même abus. De même que Virgile, à l'égard du fils de Pollion, les Chinois faisaient naître d'une vierge chacun de leurs personnages les plus remarquables: toutefois, malgré cet abus, ce peuple égaré conservait, avec toute sa pureté, la tradition que le Saint des saints Baltrait un jour dans un pays situé à l'occident de la Chine. On sait que Confucius, antérieur de cinq cent cinquante et un ans à Jésus-Christ, objet d'ailleurs de la plus haute vénération chez les Chinois, avait prédit qu'à l'Occident apparai rait le Seigneur. › Confucius n'était point un prophète : il confirmait seu lement la tradition orale et écrite de la mystérieuse doctrine par laquelle les livres canoniques chinois et leurs interprètes classiques désignaient le Saint des saints d'une manière positive et reconnaissable. Ils entendent par le Saint des saints: Celui qui sait Jout, qui voit tout, dont toutes les paroles instruiseat, dont toutes les pensées sont vraies; celui qui D.CT. DE THÉOL. DOGMATIQUE. 1.

l'autel, et alors celui-ci se trouve rapproché de l'assemblée du peuple; c'est ce que l'on nomme autel à la romaine. En France, le chœur est ordinairement situé entre l'autel

est céleste et miraculeux, dont la sagesse n'a point de bornes, aux yeux duquel l'avenir entier est sans voiles, dont chaque parole est efficace. Il est un avec le Tien (Dieu), et, sans le Tien, le monde ne pourrait le reconnaître; lui seul peut offrir un holocauste digne de la majesté du Schantzti (Dieu, souverain du ciel). Les peuples l'attendent, dit Mentius, disciple de Confucius, comme les plantes flétries attendent la rosée.›

Le livre Tschong-Jong, ou le juste milieu, composé sans doute par un disciple du célèbre Confueius, offre quelques passages qui ont directement trait au futur Messie. Combien sont sublimes les voies du Saint des saints! sa vertu embrassera l'univers entier; il inculquera à tout une nouvelle vie et une nouvelle force, et s'élèvera jusqu'au Tien (c'est-à-dire jusqu'au ciel). Quelle immense carrière s'ouvrira pour nous! Combien de lois et de devoirs nouveaux ! Que de rites majestueux et de solennités ! Mais, comment les observer, s'il n'en donne luimême l'exemple? Sa présence peut seule en prépa rer, en faciliter l'accomplissement. De là vient cet adage de tous les siècles: Les voies de la perfection ne seront fréquemment parcourues, qu'alors que le Saint des saints les aura consacrées en y imprimant ses pas. Les peuples se prosterneront devant lui; en le voyant, en l'écoutant, ils seront convaincus, el tous ensemble n'auront plus qu'une voix pour chanter ses louanges. L'univers retentira du bruit de son nom, sera rempli de sa magnificence. La Chine verra les rayons de sa gloire parvenir jusqu'à elle; ils pénétrerout chez les nations les plus sauvages, dans les déserts les plus inabordables, ou dans les lieux que ne peut visiter aucun vaisseau. Dans l'un et dans l'autre hémisphère, de l'une à l'autre extrémité de la mer, il ne demeurera aucune région, aucun parage, aucun pays, éclairés par les astres, humectés par la rosée, habités par les hommes, où son nom ne soit béni et honoré. › (Mémoires concernant les Chinois.)

Le grand commentaire sur le Chou-King, un de leurs autres livres classiques, s'exprime ainsi : ‹ Le Tien est le Saint des saints invisible; le Saint des saints est le Tien rendu visible pour instruire les ‹ hommes. » Et l'explication de l'Y-King dit: Un homme d'une certaine nature est le Tien, et le Tien est un homme d'une certaine nature (a). » - Les anciens sages de la Chine nomment le Saint des saints, l'homme, l'homme le plus grand, le plus beau des hommes, l'homme par excellence, l'homme miraculeux, le premier-né; il renouvellera l'univers, changera les mœurs, expiera les péchés du monde, mourra accablé de douleur et d'opprobre, ouvrira la porte du ciel. Peut-on, de nos jours, et sans prononcer son nom, désigner Jésus-Christ d'une ma nière plus positive? peut-on en parler d'une manière plus sublime? Or ce Saint des saints, qui voit tout, qui connaît tout, qui est un avec D.eu, a paru ou paraîtra à l'occident de la Chine. Assurément, en se rendant visible, en devenant homme, le Tien a revêtu l'humanité. La secte de Fo se sert d'un signe

-

(a) Ce mot, si souvent répété en cet endroit, ne saurait signilier ici le ciel matériel. Comment, en effet, le ciel matériel peut-il devenir visible, peut-il devenir homme? Comment le Saint des saints qui doit naître à l'occident de la Chine, peut-il ne laire qu'un avec lui? Comment peut briller sa sagesse, et l'avenir se dévoiler à ses yeux ? Comment aussi des ignorants, capables à peine de balbuter que'ques mots chinois, ont-ils pu faire aux jésuites un crime de dire Tien avec ces peuples, lorsqu'ils voulaient parler de Dieu ? Le mot Tien signifie le ciel, mais il signite encore l'Etre saprème. (Note de Schmitt.)

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et la nef, environn d'une balustrade ou d'un mur, garni à droite et à gauche de deux rangs de stalles, où se placent les ecclésiastiques et les chantres.

composé de deux parties, dont l'une indique l'action de descendre, de s'humilier; l'autre, une naissance future: elle nomme ce signe l'incarnation de Fo, mais un ancien ameur prétend qu'elle ne l'interprète ainsi que par abus; que ce signe est de beaucoup antérieur à l'existence, en Chine, d'aucun adorateur de Fo; qu'il désigne spécialement celui qui doit enrichir les hommes avec ses richesses, les ennoblir en leur communiquant sa dignité et sa grandeur.

Mais l'abus même que font de ce signe les sectateurs de Fo, est très-remarquable. Comment sontals arrivés à imaginer l'incarnation de leur divinité? L'idée que Dieu prendra't une organisation matéielle, que, par là, il se trouverait abandonné à l'usage de ses forces physiques, est bien éloignée de Fintelligence humaine, et il me semble tout à fait

possible que l'homme, livré à ses propres facultés, ait jamais u la rencontrer. Jamais, d'ailleurs, les peuples païens plus modernes, les Grecs, les Etrusques, les Latins, ne prêtèrent une nature organique à leurs divinités : ils se bornaient à l'apparence, car il suffisait de faire illusion aux sens or ce n'était point au dessus de la toute puissance divine. Les adorateurs de Fo abusèrent de ce sigue, mais son invention n'appartenait point au hasard, elle dérivait d'une doctrine héréditaire qu'ils avaient seulement altérée. Probablement, lors de leur introduction en Chine, ils trouvèrent cette doctrine et le sigue qui

représentait déjà enveloppés de ténèbres, mais jeur secte wème date d'une époque antérieure à cet abus; leurs idées sur Fo découlent précisément de cette doctrine héréditaire, non moins connue des Indiens que des Chinois dans les temps primitifs, cependant défigurée beaucoup plus tôt et d'une manière plus déplorable par la délirante imagination des Fremiers et par les mensonges systématiques de leurs bramines.

Avec ces idées se coordonne une doctrine aussi ancienne qu'incompréhensible chez les premiers peuples, les Indiens, les Chinois, les Egyptiens. Le Fo des indiens, nommé au Japon Schaka (Xaca), Busd et Budso, fut engendré par une vierge, sans aucune cohabitation. Les anciens Chinois faisaient descendre de vierges les divers chefs des maisons qui ont successivement gouverné l'empire. Chez les poëtes de la Grèce e de Rome, qui empruntèrent toutes Jeurs fables aux Egyptiens et aux Phéniciens, on trouve des heros issus de vierges, ou, du moins, conçus d'une man ère surnaturelle. D'où viendrait cite idée, si étrangère à l'ordre de la nature, commune à des peuples que séparait tant de distance, malgré la diversité des détails qui l'environment dans les différentes contrées, si elle n'avait orig nairement jailli de la même source? Parmi tous les peuples du paganisme, la virginité commanait la plus haute vénération. Partout, et à toutes les époques de l'existence du genre humain, l'on trouve des vierges consacrées à la Divinité. Quelle institution effaça en gloire celle des vestales? Avec le culte de Vesta se soutint le lustre de l'empire romain; avec lui aussi on le vit s'éteindre. Dans le temple de Minerve, à Athènes, des vierges entretenaient, comme à Rome, le feu sacré. On a retrouvé les mèmes vestales chez d'autres peuples, notamme. t aux deux Inde- et récemment au Péron, où, chose merveilleuse, la transgression de leurs vœux était Junie de la même peine qu'à Rome. On y regardait la virginité comme une dignité sainte, également agréable à l'empereur et aux dieux. Dans les Indes, la loi de Menu dispose que les fêtes prescrites en l'honneur de la chasteté ne, concernent que les

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Le chœur signifie aussi l'assemblée de reux qui chantent; ainsi le chœur répond au celébrant; on chante à deux chœurs; le hautchaur, ce sont les chanoines ou les prètres

vierges, et que les femmes auxquelles ce titre n'ap partient plus doivent demeurer étrangères à toutes les céré uonies qu'elle établit. Généralement, parmi toutes les nations, on attachait le plus grand prix à la virginité.

La source d'où se répandirent ces idées est, sans contredit, la doctrine antique et héréditaire d'un futur Messie, révélée à l'un des plus anciens pères du genre humain, enracinée par Noé dans l'esprit de sa postérité. Elle s'effaça depuis chez les diverses races, disparaissant tout à fait, ou bien se dégradant par l'adjonction des plus monstrueu préjugés, des fables les plus ridicules: ce n'est qu'au sein du peuple élu qu'elle se conserva Jum neuse et complète. Une vierge, dit Isaïe, com vra et engendre a un fils, qui sera appelé Emmaune!

Aucun interprète de l'Ecriture sainte ne donnerait un autre seus à ce passage, fut-il familiaris avec le contenu de tous les ouvrages chinois. — la Chine entière en avait lu de semblables ou d'anale gues, tant dans ses livres canoniques que dans leurs commentateurs, quand, vers l'an 65 de notre ère, Tempereur Mim-Ti voulut envoyer à ia recherche da Saint des saints, ou du moins, s'il était déjà mort, de sa doctrine. - Malheureusement les connaissances géographiques de ce prince sur l'Occident se bornaient aux Indes. Il fit partir une ambassade cu devait en ramener le Saint des saints, ou on tapporter la doctrine dans son empire. Les ambassa deurs y trouvèrent une divinité, objet du respec général, nommée Fo ou Foë, et une autre, plus a cienne encore, appelée Omito, auxquelles les b diens attribuaient les plus grands miracles, dont i racontaient les choses les plus extraordinaires. Lai ambassadeurs, croyant avoir rencontré le Saiul des saints dans ces deux divinités, rapportèrent en Chine leurs images avec les livres qui les concer maient, et ramenèrent quelques prêtres voués à leur calte sous le nom de Talaponiens. Au Japon, où së propagea cette idolâtrie, ils retinrent celui de bouzes, dont se servent les missionnaires de la Chine, parce que nos relations antérieures avec le Japon l'avaient fait connaître aux Européens leur véritable chinois est Hoschang. L'adoration de Foè émanant de l'empereur : il n'est donc point étonnant qu'ca Chine, où presque chaque action, chaque mot et ca que peusée du monarque passent pour un oracle et loi, ce geure d'idolatrie se soit rapidement répaada.

Dès lors la porte fut ouverte à toutes les abser dités de la superstition; les principes et la s

orale s'évanouirent bientôt. Cette abominable latrie, qui règne encore aujourd'hui à Siam et à Cy lan, se propagea tellement en Chine depas celle époque, qu'une grande masse de ses habitants en est maintenant infectée.

IV. Contra te des deux religions de la Chine.

Autant il est consolant de penser que, durant une longue série de siècles, alors que tous les peuples, excepté celui d'Israël, servaient des idoles mucites, sourdes, aveugles, une nation, séparée du reste des hommes, qui comptait plus d'habitants que Eurore entière, persévérait néanmoins à honocer le vrai Dien, autant l'on est affligé de voir comment cette nation, trompée dans son attente du Samt des saints par la doctrine de Foë, tomba dans une bontouse idolà rie, dont le joug pèse encore sur ses des

cendants.

V. Maintien partiel de l'ancienne croyance. Quand, vers le lien da yvu siecle, les Tartares envahirent la Chine et fonderent la dynastie actuelle, les idoles de la Tartarie suivirent les vainqueurs

en

qui occupent les stalles les plus élevées; le bas-chaur, ce sont les chantres, les musiciens, les enfants de chœur qui remplissent les bas stalles. Dans l'origine zopós signifie une assemblée formée en rond, une ceinte; c'est pour cela qu'il désignait une troupe de danseurs qui se tenaient par la main, et formaient un circuit. Il ne faut pas en conclure, comme ont fait quelques auteurs, que chorus a signifié, dans les églises, un espace où l'on dansait. Dans le second livre d'Esdras (xi, 31, 37, 39), xopós signi fie évidemment des chantres et non des dan

seurs.

On prétend que le chœur des églises n'a élé séparé de la nef que sous le règne de Constantin. Cela signifie seulement qu'il n'y a point de preuve plus ancienne de cette séparation. Alors il fut environné d'une balustrade, et même d'un voile ou rideau qui ne s'ouvrait qu'après la consécration. Dans le su siècle, on le ferma par un mur; mais comme cette séparation défigure une église et cache le coup d'œil de l'architecture, on est revenu à l'usage des balustrades. Dans les monastères de filles, le chœur est une salle attachée au corps de l'église, de laquelle il est séparé par une grille;

toutefois, la cour et les conquérants conservent seuls leur culte.

Beaucoup de Chinois professent encore leur doctrine primitive, bien qu'entachée de pratiques superstitieuses. A leur idolâtrie tartare les empereurs alient une profonde vénération pour Confucius, à la morale duquel les Chinois sont redevables d'avoir vu produire même à la nouvelle dynastie des souverains que leur sagesse, leur humanité, leur zèle rendent dignes du plus ancien et du plus puissant tròde de la terre. >

VI. Apparition du christianisme.

↑ Au milieu du xvno siècle, à l'aide des missionaires catholiques et particulièrement des jésuites, 'Evangile trouva accès en Chine. L'empereur XunChi protégeait les missionnaires, les jésuites surtout qui, par leur éducation, leurs mœurs austeres, leurs connaissances en physique et en mathématiques, se Concilièrent l'attachement de la cour impériale. Mais à la mort de ce monarque, et sous le gouvern ment des ministres qui administraient pendant la minorité de son successeur, les choses changèrent. L'inBaence des jésuites sous le règne précédent leur avait fait des ennemis et les exposa à des persécutions. Quelques-uns furent baunis, d'autres mis à mort. Mais quand l'empereur Kang-li commença à régner par lui-même à sa majorité, en 1669, la mission en général, les jésuites en particulier, éprouvèrent un meilleur traitement. Cet empereur fit venir d'Europe un plus grand nombre de jésuites, les honora à sa cour des premières dignités, leur confia les plus importantes affaires de l'empire, leur tit båur une superbe église à proximité du palais, déclara la religion chrétienne innocente, et permit à ses sujets de l'embrasser. Sous quelques empereurs qui lui succédèrent, les chrétiens souffrirent d'horribles persécutions, quelquefois d'après leurs ordres directs et dans toute l'étendue de l'empire; plus souvent, isolément dans les provinces, de la part des mandarins (gouverneurs). Ceux-ci sont-ils ennemis des chrétiens, ils remettent en vigueur les lois qui les proscrivent, et que les mandarins animés d'un autre esprit laissent dormir dans les districts confiés à leurs soins. >

c'est là que les religieuses chantent l'office. Bingham (Orig. ecclés., 1. vii, c. 6, § 7), a prouvé par plusieurs anciens monuments, que dans les premiers siècles le chœur des églises était réservé au clergé seul ; qu'il n'était permis aux laïques d'approcher de l'autel que pour faire leur offrande et pour recevoir la communion. Cette enceinte est souvent nommée adytum, lieu où l'on n'entre point. Quand on compare le plan des ancien nes basiliques avec le tableau des assemblées chrétiennes, tracé par saint Jean dans l'Apocalypse, c. Iv et v, on voit que cette discipline venal des apôtres; l'empereur Julien, quoique apostat, la respectait. Saint Ambroise ne permit point à l'empereur Théodose de se placer dans le chœur de l'église de Milan : l'entrée du sanctuaire était surtout interdite aux femmes; les laïques, sans distinction, devaient se tenir dans la nef pendant les saints mystères: preuve irrécusable, contre les protestants, de la distinction qui a régné entre les prêtres et les laïques, dès l'origine du christianisme, et de l'idée que l'on attachait à l'auguste sacrifice des autels. Mais lorsque les barbares se furent rendus maîtres de l'Occident, ils portèrent dans la religion leur caractère hautain, militaire et féroce; ils entrèrent dans les églises avec leurs armes, qu'ils ne quittaient jamais; ils prirent les places du clergé, et ne respectèrent aucune loi. Les possesseurs des moindres fiefs suivirent l'exemple des princes, et prétendirent au même privilége; une place dans le chœur devint un droit seigneu rial. Aujourd'hui encore un seigneur de paroisse ne se contente pas de l'occuper; mais sa femme, ses enfants, ses laquais, ses servantes, ont l'impudence de s'y placer; et si les pasteurs s'y opposaient, ils seraient condamnés dans tous les tribunaux.

Les évêques de l'Eglise primitive, les disciples des apôtres, seraient bien étonnés si, revenus au monde, ils voyaient, dans les jours les plus solennels, le sanctuaire des églises occupé par des soldats armés, qui s'y conduisent à peu près comme dans un camp, et comme s'ils venaient faire la guerre à Dieu, les laïques et les femmes approcher du saint autel avec aussi peu de respect que d'une table profane, étouffer les sentiments de religion par orgueil et par curiosité. Tremblez de respect à la vue de mon sanctuaire; je suis le Seigneur (Levit. xxv1, 2). On ne se souvient plus de cette leçon.

Parmi les lettres de Julien, il en est une adressée à Arsace, souverain pontife de Galatie, qui est une censure sanglante de nos mœurs. Lorsque les gouverneurs, lui ditil, viendront aux temples, on ira les recevoir dans le vestibule. Qu'ils ne s'y fassent point accompagner par des soldats, mais qu'il soit libre à qui voudra de les suivre. Dès qu'ils mettent les pieds dans le temple, ils deviennent de simples particuliers. Vous seul avez droit d'y commander, puisque les dieux l'ordonnent ainsi. Ceux qui se soumettent à cette loi font voir qu'ils ont véritablement de la religion; les autres, qui ne

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