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Quel œil, apercevant le ténébreux séjour,
Ne jette un long regard vers l'enceinte du jour?
Nature, chez les morts ta voix se fait entendre;
Ta flamme dans la tombe anime notre cendre:
Aux portes du néant respirant l'avenir,
Nous voulons nous survivre en un doux souvenir.

« Et toi, qui, pour venger la probité sans gloire, << Du pauvre dans tes vers chantas la simple histoire, Si, visitant ces lieux, domaine de la mort, « Un cœur parent du tien veut apprendre ton sort, << Sans doute un villageois, à la tête blanchie, «< Lui dira: Traversant la plaine rafraîchie,

<< Souvent sur la colline il devançait le jour;

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Quand au sommet des cieux le midi de retour

« Dévorait les coteaux de sa brûlante haleine,

Seul, et goûtant le frais à l'ombre d'un vieux chêne, « Couché nonchalamment, les yeux fixés sur l'eau, « Il aimait à rêver au doux bruit du ruisseau; <«< Le soir, dans la forêt, loin des routes tracées, << Il égarait ses pas et ses tristes pensées;

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Quelquefois, en quittant ces bois religieux,

<< Des pleurs mal essuyés mouillaient encor ses yeux; « Un jour, près d'un ruisseau, sur le mont solitaire, << Sous l'arbre favori, le long de la bruyère,

« Je cherchai, mais en vain, la trace de ses pas; « Je vins le jour suivant, je ne le trouvai pas;

<<< The next with dirges due in sad array

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<< Slow thro the church-way path we saw him borne:

Approach and read (for thou canst read) the lay, << Grav'd on the stone beneath yon aged thorn. >>

THE EPITAPH.

Here rests his head upon the lap of Earth
A Youth, to Fortune and to Fame unknown:
Fair Science frown'd not on his humble birth,
And Melancholy mark'd him for her own.

Large was his bounty, and his soul sincere;
Heav'n did a recompence as largely send;
He gave to Misery (all he had) a tear,

He gain'd from Heav'd ('twas all he wish'd) a friend,

No farther seek his merits to disclose,

Or draw his frailties from their dread abode, (There they alike in trembling hope repose,) The bosom of his Father and his God.

<«< Le lendemain, vers l'heure où naissent les ténèbres, J'aperçus un cercueil et des flambeaux funèbres;

« A pas lents vers l'église on portait ses débris: << Sa tombe est près de nous; regarde, approche, et lis: >>

ÉPITAPHE.

Sous ce froid monument sont les jeunes reliques
D'un homme à la fortune, à la gloire inconnu;
La tristesse voilait ses traits mélancoliques;
Il eut peu de savoir, mais un cœur ingénu.

Les pauvres ont béni sa pieuse jeunesse,
Dont la bonté du ciel a daigné prendre soin;
Il sut donner des pleurs, son unique richesse;
Il obtint un ami, son unique besoin.

Ne mets point ses vertus, ses défauts en balance,
Homme! tu n'es plus juge en ce funèbre lieu.
Dans un espoir tremblant, il repose en silence
Entre les bras d'un père et sous la loi d'un Dieu.

OEuvres anciennes. III.

14

LA RETRAITE.

ÉLÉGIE.

1809.

UN

N roi, je dirai plus, un sage,
Écrit que tout est vanité,

Tout, y compris la majesté,
Même l'amour, et c'est dommage.
Nombre de gens ont souhaité
D'éterniser dans la mémoire
Un nom d'âge en âge escorté
Par les fanfares de la gloire.

Ce rêve est sans doute fort beau;

Mais, lorsque de nos jours plus sombres

Pâlit et s'éteint le flambeau,

Le bruit qu'on fait sur un tombeau
Ne va point réjouir les ombres.
Heureux qui, du monde oublié,
Cultive sans inquiétude

Et les beaux-arts et l'amitié!

Heureux qui dans la solitude,

De la vérité seule épris,

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Le plaisir, et non plus l'étude!
Dans la jeunesse, où l'avenir
Nous découvre une mer immense,
L'homme entend la voix du zéphir,
Et s'embarque avec l'espérance;
Mais bientôt l'imprudent nocher
Est froissé par un long orage;
Contre les pointes d'un rocher
Son vaisseau heurte et fait naufrage,
Lui-même il se sauve à la nage;
Il vient sécher ses vêtemens;
Les dieux reçoivent ses sermens
De ne plus quitter le rivage.
Vainement le zéphir trompeur
Lui renouvelle ses caresses:
Il fuit la mer et ses promesses;
Les fleuves même lui font peur.
Il n'ira pas au sein des villes,
Portant des yeux désenchantés,
Abjurer ses plaisirs tranquilles
Pour de bruyantes voluptés;
Moins passionné, plus sensible,
Il ne veut que l'ombre et le frais,
Que le silence des forêts,
Que le bruit d'un ruisseau paisible.
Là, quand de ses derniers rayons

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