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l'abbaye de Cherlieu. Vers le milieu du XIIIe siècle, les comtes de Bourgogne commencent à y placer leurs tombeaux, et leurs fidèles chevaliers, jaloux, ce semble, de se tenir à leurs côtés jusque dans leur dernier asile, viennent se ranger dès-lors sous les voûtes du même monument.

Divon, que d'autres appellent Bisuntius (1), monta après Albéric sur le siége abbatial (1266), pour recevoir quelques mois plus tard les cendres de Hugues, comte palatin (octobre ou novembre). On les déposa non loin du maître-autel, du côté de l'épître; la statue de ce prince en indiquait la place, et on lisait sur la pierre tumulaire :

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Le vœu de Hugues que le dernier vers exprime ne paraît pas avoir préoccupé d'abord la comtesse Alix. Mère de douze enfants, elle songea plutôt à se donner un appui par une seconde alliance, afin de gouverner en paix l'antique héritage de ses pères. Philippe de Savoie devint son mari, et elle abandonna le séjour de la Bourgogne. Toutefois ce ne fut point en vain que son premier époux avait marqué d'avance sa place à côté de lui. Par son testament daté du mois de mars 1277 (V. S.), elle

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choisit notre abbaye pour le lieu de sa sépulture et y fonda un anniversaire en donnant aux religieux 20 liv. de rente perpétuelle. Une année après, le 8 mars, elle mourut à Evian, en Savoie, sur les bords du lac de Genève. Sa dépouille mortelle fut apportée dans l'asile qu'elle avait désigné, et en 1306, une tombe en cuivre, faite récemment à Paris par les soins de la comtesse Mahaut, sa belle-fille, vint recouvrir ses cendres chéries. On voyait encore dans le dernier siècle ce pieux monument près du maître-autel, du côté de l'évangile. Il portait une épitaphe d'assez mauvais goût qui, si elle est due à un moine de Cherlieu, ne fait point honneur à sa littérature :

Alta plagis italis marquissa Sabaudialis

Et Burgundialis comitessa sub hic jacet Alis.
W. semel et C, ter sunt vigenti duo præter,
Ossibus hexameter locus hic animæ patet iter.
Octavo Martis exuta sum caro filamen
Artubus hic arctis hujus generet relevamen.
In sanctæ partis requie sit ei locus. Amen (1).

Divon était mort depuis 1270. Il avait obtenu de Poinçard, seigneur de Pesmes, de Guillaume et de Simon de la Risie, pour la somme de 160 liv., le désistement des droits d'usage qu'ils réclamaient dans les forêts de Cherlieu. Gauthier, son successeur, descendit dans la tombe (1277) avant qu'elle se fermât sur les restes inanimés d'Alix. Après lui, la crosse abbatiale passa dans la main de Guy IV. C'est à ce dernier que Jean de Vergy voulut

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bien renouveler l'assurance de sa protection et de ses bons offices, en approuvant sans réserve les dons offerts par ses ancêtres à Notre-Dame de Cherlieu. Jean de Vergy ajouta « Si nous où nos héritiers augmentons » le nombre des foires ou des marchés de Fouvent, les >> religieux continueront à y percevoir le droit d'éminage, » comme ils en jouissent aujourd'hui. Nous voulons de » plus qu'ils établissent dans la halle un logis où ils pour>> ront sans dommage toucher leurs redevances, et au» dessus une chambre dans laquelle ils conserveront les >> poids et mesures nécessaires à l'éminage (1) » (décembre 1278). Une transaction conclue avec Guillaume d'Abbans marqua la dernière année de l'administration de Guy IV (2).

Jean I gouverna dix ans le monastère (1282–1292). Bougey, qui dépendait déjà des domaines de Cherlieu, entra sous sa juridiction spirituelle, grâce aux libéralités de Poinçard, seigneur de Pesmes et de Vuillaume de Bougey, damoiseau. Ceux-ci avaient alternativement droit de présentation à la cure; ils le cédèrent aux religieux avec quelques redevances utiles (3). En 1283, Poinçard fonda son anniversaire à Cherlieu ; une donation de Jean de la Roche sur l'Ognon, sire de Ray, date de la même année (4). Elle a pour objet la métairie de Betoncourt que les moines avaient naguère échangée (1234) avec Othon de la Roche contre les dîmes de Fleu

(1) Hist. de Vergy, II, 204-205.

(2) Sires de Salins, t. I.

(3) Note communiquée par M. Duvernoy.

(4) Sires de Salins, t. I, p. 72.

rey (1). Le généreux sire de Ray n'en accorda pas moins à ces religieux une rente annuelle de trois bichots de froment sur la terre qu'ils avaient aliénée.

Un autre ami du monastère, Jean de Rupt (2), se fit inhumer, en 1283, dans l'église qu'il avait enrichie. Voici son épitaphe :

Ey gist Jehans escuiers, sires de Ru,
Qui trepassai au mois de octobre

M. CC. IIII. XX et III. la voille de
Seint Nicholas d'iver.

Priez pour l'arme de luy. Amen,

Les derniers jours de l'abbé Jean furent troublés par de graves désordres. Jean de Vergy, sénéchal de Bourgogne, prétendait à la garde et à la haute justice de Cornot et au pâturage du territoire de Gourgeon. Également zélé pour ses sujets et pour soi-même, le couvent défendait ces droits divers, les uns parce qu'ils lui appartenaient, les autres dans l'intérêt de ses hommes de Lavigney. On ne sut pas s'arrêter dans les limites d'un débat judiciaire. A Lavigney et à Gourgeon, plusieurs querelles s'engagèrent entre les sujets des deux seigneuries rivales, et il y eût, dit une chronique, « pour cette » discorde grans batailles entre les hômes desdites villes » et mêmes mort d'hômes. » Le sire de Vergy consentit

(1) Sires de Salins, t. I. p. 71.

(2) Hugues, d'une première maison de Rupt, vivait en 1135. Elle s'éteignit dans celle de Pesmes, déjà distinguée sous le règne du comte Renaud II. Le sire Guyot, l'un des Croisés de 1201, la releva par ses deux fils, Jean, désigné dans notre texte, et Jacques, qui vivait en 1239 et postérieurement.

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enfin à une transaction. Il reçut 200 liv. tournois et abandonna toutes ses prétentions à ce prix (1290) (1). En 1296, ces dispositions généreuses duraient encore. Le sénéchal approuva alors que son oncle, Anselme de Fouvent, chanoine de Langres, eût donné en aumône aux abbé et religieux de Cherlieu la moitié des grosses dîmes de la ville et de toute la paroisse de Vauconcourt (2). Guillaume de Conflandey consentit de même à cet acte de libéralité, et le titre en fut dressé par l'official de Besançon, en présence de l'archevêque Odon.

Othon IV, comte palatin de Bourgogne, était alors en proie aux plus vives agitations. Tantôt il soutenait en Sicile et en Aragon des guerres ruineuses, tantôt il bravait étourdiment l'empereur Rodolphe ou s'engageait dans de longs débats contre ses frères ou ses proches. Jean, l'un de ceux-là, élevait diverses prétentions en accroissement d'apanage; Othon résistait à ses demandes. Ils convinrent de s'en rapporter au jugement arbitral de Hugues, leur frère commun, qui adjugea au plaignant 1300 livres de terre assignées sur la châtellenie de Jussey, ses fiefs et ses arrière-fiefs. Mais on en excepta formellement celui de Vergy et la garde de l'abbaye de Cherlieu (3). C'est la première fois qu'il est fait mention de cette avouerie dans nos chartes. Le passage prouve que les comtes palatins de Bourgogne attachaient encore un grand prix au titre de protecteurs de Cherlieu. L'ac

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