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a attribuer son infortune à sa corruption; et la conscience du péché, s'enracinant chaque jour davantage dans l'âme humaine, éveille de plus en plus en elle le repentir; le repentir entraîne à son tour l'espérance du pardon; et la conscience du péché et l'espérance du pardon se combinent en la conception d'un médiateur.

Et cette conception devient la base de toutes les religions: chez les peuples les plus impatiens, l'imagination réalise cette espérance. Confondant sans doute d'antiques souvenirs traditionnels sur l'incarnation universelle et primitive du verbe avec le pressentiment de son renouvellement sur la terre, ils supposent consommé dans un passé mystérieux ce qui chez d'autres peuples n'est encore

qu'un vou, qu'une prophétie d'avenir.

Les saints d'Israël, en communication plus pure, plus intime avec l'esprit divin qui couvre le monde, prophétisent nonseulement la venue du sauveur, mais jusqu'aux moindres détails de sa vie; ils disent son nom, le lieu, la date de son apparition, sa naissance miraculeuse, ses humiliations et sa gloire, sa mort douloureuse et sa résurrection, ses deux avénemens, ses deux règnes, son église spirituelle et son royaume temporel, et la soumission de tous les royaumes de la terre à son empire universel.

Et les religions plus charnelles suspendent leurs oracles vaincus, pour appeler le Dieu nouveau. Les émanations souterraines des antres Sibyllins se mêlent aux

souffles sacrés, pour annoncer la bonne nouvelle; et les poètes et les philosophes eux-mêmes cessent de tisser la toile de leurs rêves, pour donner aussi leur témoignage des voix mystérieuses qu'ils ont entendues, des ombres célestes qu'ils ont aperçues dans les régions de l'idéal.

Toute la terre est dans l'attente : une épidémie sacrée semble être portée par les vents dans toutes les régions, et faire frissonner tous les peuples de stupeur et d'espoir.

Ce Messie, ce libérateur, cet hommeDieu, ne doit pas moins appartenir à la terre qu'au ciel pour transfigurer la terre de la gloire du ciel; il ne doit pas moins sortir du sein de l'homme qu'être engendré de Dieu, pour ressusciter l'homme dans l'esprit de Dieu. Ces larmes de l'exil,

ces soupirs vers la patrie, cette aspiration universelle sont comme la conception terrestre, l'effusion de l'esprit prophétique, la fécondation céleste du germe divin dans l'humanité et quand la double initiation de l'espérance et de la crainte, de la prière et de la douleur, ce double enseignement de Dieu et de la mort, ont déplié ce germe, quand les entrailles humaines sont assez fécondées par l'esprit et les pleurs, elles enfantent le Christ.

INCARNATION.

Le Verbe divin revêt l'âme et le corps de l'homme il aspire tous les péchés de l'âme, il la purifie de ses souillures dans ses larmes de sang, il consume ses impuretés dans le feu céleste de son amour; et vidant sans relâche le cœur de l'homme de ses vanités, de ses égoïsmes, de ses adultères, de tous ses désirs impies, il le dilate sans mesure, il le répand en torrens de charité par toute la terre; il l'épanche en un amour divin qui s'élève, s'étend en raison croissante du renoncement de sa volonté à elle-même, de la diminution de son

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