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vierge solitude; pour vivre avec ses semblables dans une plus intime fraternité, il devait en être alternativement plus séparé. Le lien matériel de la commune n'avait pas moins besoin d'être plus étendu que son lien social plus resserré. Et c'est cette industrie religieuse, qui appropriant la nature aux facultés de l'homme, rapprochant les distances, facilitant les communications, satisfait à ces deux besoins, aussi puissans l'un que l'autre, de la solitude et de la société.

Et les déserts, les forêts, les rivages de la mer se peuplent à l'envi; sur le bord des torrens, sur le penchant des précipices, sur les cimes escarpées, s'élèvent de pittoresques habitations; et dans les vertes prairies, les ombreuses vallées, l'homme se dresse de nouvelles tentes. Et, pour toutes

ces demeures, des horizons ou immenses ou gracieux, une fraiche atmosphère et des haleines embaumées, le vent jouant dans les arbres, et les oiseaux chantant sur leurs branches; et le ciel pur au dessus de tous ces amoureux abris; et dans son azur immaculé, les étoiles resplendissantes comme des soleils, pour nourrir de leurs rayons les désirs infinis du cœur de l'homme.

Et de tous ces lieux divers des voies rapides sont tracées; les montagnes sont aplanies par des ponts aériens qui se suspendent d'un sommet à un autre; la vapeur emporte dans des chars l'habitant des plaines aux cimes les plus escarpées, aussi vite que la pesanteur le ramène dans ses vallées. Et toutes ses communications sont dirigées vers les centres divers de l'acti

vité sociale, les ateliers, les salles de festin, les assemblées publiques, le théâtre; toutes enfin gravissent vers la cime la plus proche du soleil, où s'élève dans toutes les splendeurs de l'art et de la nature, dans toutes les pompes de la terre et du firmament, le temple du Dieu tout-puissant.

SUPRÊME ÉPREUVE.

Cependant les chrétiens n'oublient pas dans les voluptés saintes de leur cité leurs frères du désert; ils ne concentrent pas toutes leurs forces en leur sein; ils ne se bornent pas à former, de leurs enfans ou de leurs frères nouveaux, des colonies nouvelles. Ils agissent incessamment sur le monde extérieur, ils l'initient à leur vérité, ils lui disent les joies de leur amour, la liberté absolue dont ils ont trouvé le moyen de jouir, et dont l'homme dans ses cités charnelles ne sait évoquer que des ombres sanglantes.

Et leur voix et leur exemple font éclore à l'envi de semblables associations. Mais d'autres se forment aussi d'élémens moins purs, d'hommes moins éprouvés, lassés comme les premiers des vaines luttes du vieux monde, mais sans avoir renoncé comme eux dans leur cœur à ses principes délétères, à son orgueil, son égoïsme, ses impures voluptés. Ils veulent jouir des bénéfices de l'association, sans se soumettre aux sacrifices qu'elle exige; ils espèrent par une artificielle religion des intérêts, par une combinaison mécanique des passions, se défrayer des labeurs de l'amour. L'œuvre la plus religieuse est à leur sens grossier une savante exploitation du globe, pour lui faire produire davantage, pour augmenter avec leurs richesses les moyens de se repaître et de se gorger sans mesure. Le frère ne communie avec le frère qu'en

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