voilà le triomphe de la patience des saints. La guerre se rallume aussitôt entre les rois, pour se partager les dépouilles de la victoire. Mais les peuples ont appris par le martyre du peuple sacré à croire à sa vérité, à l'aimer, à se dévouer à elle, à mourir aussi pour elle; ils ont appris, par l'injustice et l'avidité de leurs princes, à détester leur domination impie. Ils retirent leurs bras puissans, et les trônes s'écroulent, les royales couronnes roulent dans la poussière; et ceux qui en paraient leurs fronts anathèmes s'enfuient dans les déserts pour se dévorer entre eux. Et avec les trônes de la terre ses villes impures deviennent solitaires; les capitales de l'impie Babylone, les rendez-vous de la grande prostituée, sont l'une après l'au tre la proie des flammes vengeresses; et la fumée de leur embrasement s'élève en tournoyant dans les siècles des siècles (30). ROYAUME DE DIEU. aîtres désormais de la terre qu'ils ont méritée par leur sacrifice et payée de leur sang, les chrétiens relèvent partout, en chantant les louanges du Seigneur, leurs cités saintes, plus resplendissantes plus aériennes encore que ne l'étaient les premières. Et comme un éclair parti de l'orient paraît tout à coup jusqu'à l'occident, ainsi se rallume sur toutes les cimes de la terre la gloire du Thabor, ainsi se répandent par toutes les régions les anges du second avénement du Christ, les saints du royaume de Dieu, ainsi se manifeste l'accomplisse ment temporel de sa parole d'amour, l'organisation de la fraternité universelle. Les cités chrétiennes en se multipliant se groupent autour de divers foyers concentriques, pour fonder entre elles des rapports religieux de science et d'amour, des échanges de leurs productions, une combinaison unitaire de leur activité diverse. Ce ne sont plus des fleuves ou des montagnes qui servent de limites arbitraires à ces provinces, à ces nations nouvelles : comme dans les corps vivans ce sont des lois d'affinité qui en règlent l'organisation et les mouvemens variés ; c'est un ordre semblable à celui qui fait graviter les corps célestes les uns autour des autres, et tous vers un centre commun, qui hiérarchise toutes ces sociétés entre elles, et les relie au cœur de l'Église universelle. Il est entre ces diverses sociétés, autant d'espèces, de variétés, qu'il en est dans chacune d'elles entre leurs diverses fonctions; variétés qui tiennent à la nature des lieux, au degré de développement spirituel de l'homme, et enfin à son organisation naturelle résultant des deux premiers élémens. Mais toutes ces différences, réfléchies dans les constitutions sociales, ne sont cependant que des nuances et des degrés de la vie chrétienne, qui coule désor mais dans toutes les veines de l'humanité. Ainsi, dans certains états il est conservé à l'individualité plus de franchise; dans d'autres une plus grande abnégation concentre les âmes dans une unité plus puis |