de son être en Dieu. Et c'est par sa trinité que l'ange s'engendre à l'amour, à la lumière et se consomme dans l'esprit de la Trinité infinie. La charité divine tend à créer le plus grand nombre d'êtres possible, comme à faire participer chacun d'eux de la plus grande somme de vie: or, la puissance du Verbe étant sans plus de limites que la charité du principe, l'activité créatrice étant de toute éternité dans une plénitude infinie, la création céleste est sans bornes dans l'immensité et dans l'éternité, comme sans limite dans les facultés de chacun des membres angéliques qui la composent. Si toute créature a eu un commencement, il n'en est aucune qui dans le passé, ait été sans création précédente, aucune qui, dans l'avenir, doive être le terme de l'incessante et inépuisable fécondité du créateur. Mais il n'est point de grandeur dans l'espace, point de mesure dans la pensée de l'homme, qui puisse mesurer la grandeur des créations célestes. Les gouttes d'eau de tous les océans réunis de la terre, multipliées par les globules de lumière qu'ont versés depuis le commencement et que répandront jusqu'à la fin des siècles tous les soleils du firmament, sont en un moindre nombre que le nombre des anges qui chantent dans le ciel l'amour, la sagesse, la beauté du Tout-Puissant. Or sur les confins de cet univers se dérouleraient d'autres cieux, auxquels succéderaient de nouveaux univers encore; et autant de pensées et de soupirs d'amour sont échangés dans le premier ciel par tous les anges ensemble, autant de milliards de cieux et d'univers se déploieraient aussi peuplés, aussi radieux. Et ce ne serait point là encore la limite des créations célestes; ce n'en serait que le commencement, ce ne serait qu'un grain de poussière dans l'immensité, que Dieu remplit éternellement de sa fécondité infinie. Et chaque trinité angélique communie, ainsi qu'avec Dieu, avec tous les anges du ciel et les anges de tous les cieux. Ils s'embrassent, se pénètrent, se fondent en un seul être; ils vivent chacun de la vie de tous, et tous de la vie infinie de Dieu, qui lui-même vit dans son univers, sa trinité externe, comme il vit en lui dans son intégrante Trinité. LIBERTÉ. Mais la fécondité de Dieu n'est-elle pas épuisée dans cette création, éternelle, infinie? Pourquoi de nouvelles créations en core? pourquoi le fini, la matière, la lutte, le désordre, le mal, la douleur ? quelles peuvent être leur origine et leur cause, puisque l'infini ne peut se manifester que dans une création harmonieuse, parfaite, sans limites? Quelle raison de cette disproportion entre le principe divin et la création bornée? Doù vient cette solution de con tinuité entre le monde céleste et l'univers matériel ? La liberté est le principe constitutif de la personnalité de l'être, et l'élément de distinction entre les êtres, la cause première du mouvement, la force créatrice. Sans la liberté dans les êtres de l'univers, l'univers ne serait que le prolongement de Dieu. Tous les mouvemens d'aujourd'hui résulteraient de ceux d'hier, aussi nécessairement qu'ils entraîneraient ceux de demain. L'avenir le plus reculé du monde serait enchaîné dans ses moindres modes dans ses parties les plus ténues, à l'état présent, comme celui-ci ne serait que la conséquence de son passé le plus reculé, de son origine première, de sa cause créatrice, de Dieu. Pas une haleine n'agiterait l'air que ce ne fût Dieu qui la soufflât; pas un grain de poussière ne changerait de place, que ce ne fût Dieu qui l'eût fait |