sont en toutes choses mêlés dans une mesure égale, induirait au plus à la croyance d'un bon et d'un mauvais principe, dispensateur des joies et des douleurs; et mieux vaut encore un athéisme pur, qu'un Dieu luttant éternellement avec un ennemi qu'il ne doit vaincre jamais. De tous ceux qui ne croient pas à un crime commis dans le passé, pour expliquer l'infortune du présent, le plus logicien est celui qui ne croit pas à Dieu. Entre le chrétien, c'est-à dire l'homme qui confesse le péché, s'en purifie par son repentir, s'unit par cette pureté à celui qui l'a expié par son amour et ressuscite avec lui et par lui en Dieu, entre le chrétien et l'athée, il n'y a qu'une contradiction.

L'homme ayant perdu la possession de Dieu par une libre négation d'amour, ne

devait la retrouver que par un acte libre d'amour. C'est pourquoi Dieu a permis que son existence ne pût se prouver à la seule raison, que sa lumière ne ressortît pas des ténèbres du monde, mais ne se rallumât que dans les cœurs embrasés. Il ne se donne qu'à ceux qui le désirent pour répandre son amour en charité sur leurs frères. Mais il ne se laisse point violer par une curieuse et vaine sagesse, qui ne ferait porter à sa semence féconde aucun fruit. Le souverain bien de sa possession se mérite par la vertu, mais ne s'achète pas avec des syllogismes. La croyance en Dieu n'est point une spéculation, mais une vision qui jaillit d'un acte chrétien de liberté.

Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu; et ils l'embrasseront dans les triples replis de son être, et le compren

dront dans sa mystérieuse immensité! Et, dụ haut de Dieu, tout dans l'univers reluit et se transfigure, tout s'enchaîne et se comprend. L'amour engendre le verbe; et pour cette raison re trempée dans les larmes du repentir et le feu de la prière, il n'est plus de doute ni de mystère. L'amour divin ravit la pensée dans l'éternité, la charité la fait pénétrer dans le sein des créations. Tous les voiles de poussière dont le péché les a enveloppés et qui enveloppent à leur tour la raison du pécheur, tombent sous le regard que le doigt du Christ a touché.

Seigneur! Seigneur! je suis à vous, comme

je ne suis que par vous! En vous je veux vivre, en vous je veux mourir, pour ressusciter en vous plus aimant et plus pur, et vous embrasser dans une étreinte immense,'

et vous posséder dans une extase sans fin.

Jusqu'à ce que la mort vienne vous délivrer, mourez, ô mon âme! mourez à toutes les heures, dans toutes vos pensées, par tous vos désirs, à votre corps de mort. Déchirez le linceul glacé de votre égoïsme; brisez la pierre que l'orgueil a durcie en votre sein. Élancez-vous de la terre au dessus des nuées où le ciel est toujours pur, mettez les orages et les foudres de ses passions à vos pieds. Endormez-vous dans l'affection du Seigneur, à tous les vains bruits, à toutes les clameurs insensées des hommes, et renouvelez votre foi en cet amour sacré pour répandre, en de plus fécondes effusions, votre charité sur le monde évanoui dans la douleur.