Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

REPENTIR-MISÉRICORDE.

Après avoir investi sa créature de la liberté, et s'être reposé sur elle de l'accomplissement de son destin, Dieu ne fait plus que bénir ou maudire son œuvre : il bénit son mariage avec lui, en la consommant en son sein; il maudit son divorce, en la précipitant dans les ténèbres extérieures,

Voilà la loi ontologique de la vie dont l'inexécution surmonte la puissance même de Dieu. Dieu ne peut pas plus contraindre la volonté libre de sa créature, pour empêcher sa séparation, que sa propre volonté

ne peut se combattre elle-même; il ne peut pas suspendre la responsabilité des actes accomplis librement, sans détruire la liberté même; enfin, il ne peut pas se donner à celui qui le repousse ou qui ne l'aspire pas. La possession ne résulte que de l'amour. Dans la sphère de l'esprit, la prostitution est impossible.

Mais le repentir de la créature change la justice de Dieu en miséricorde; et dans le coupable que la justice maudit, la miséricorde crée à la pénitence les moyens de renaître à l'amour. L'œuvre créée par la liberté de la créature, Dieu ne peut sans doute l'effacer; mais en la fixant il la soumet à une nouvelle loi de création en ressemblance de la création céleste, et dont les développemens progressifs la rétabliront dans sa gloire absolue.

Cependant il ne suffit pas, pour sa résurrection, que l'être déchu soit recréé à l'image de Dieu; il faut que Dieu lui-même revête sa nature, s'incarne en sa substance, pour se rendre visible à son sens obscurci, saisissable aux embrassemens de son amour énervé; il faut que l'infini se limite, se matérialise, meure en proportion de la mort de la créature, pour la faire rentrer en rapport avec lui; il faut que l'essence éternelle s'inocule au sein de la matière pour la revivifier, la transfigurer et la transsubstantier en sa nature céleste. L'ange a pu, par la liberté illimitée dont il jouissait, tomber de l'immensité dans l'espace; mais il ne peut, par celle qui lui reste, remonter du fini à l'infini. Car l'être libre ne possède Dieu que dans la mesure de son amour; et l'amour immense, nécessaire à cette union, n'est plus possible à l'esclave de la ma

[ocr errors]

tière. Entre l'infini et le fini il y a l'infini; et ce rapport rompu par le péché de la créature, ne peut être rétabli que par l'incarnation du créateur (3).

Et si l'esprit est d'abord obscurci par les séductions du péché, les suites mortelles et douloureuses de celui-ci lui dévoilent bientôt son erreur. Et l'être vivant dans la mort par la privation de Dieu, peutil après un certain temps d'épreuve ne pas désirer la fin de ses souffrances? peut-il, quand il ne lui faut pour sortir de son abîme de ténèbres et rentrer dans sa gloire céleste que crier grâce à Dieu, ne pas pousser ce cri de salut ?

UNIVERS MATÉRIEL.

Dieu penché sur l'abîme (4), l'enveloppe, le presse, l'étreint de son esprit pour faire jaillir de ses entrailles douloureuses une larme, un soupir, qu'il attend pour faire à son tour éclater sa miséricorde.

Et, pénétrant au sein du chaos sitôt que ce soupir lui a ouvert une issue, sitôt que cette larme lui a creusé une place dans le granite de l'orgueil, le verbe divin, dans son impatience d'amour, achève lui-même l'expiation commencée. Il s'approprie toute faute, comme il revêt toute corruption; ik

« ZurückWeiter »