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SAINTS.

Objections. Le proverbe le dit positivement: Il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints. Pourquoi leur rendre tant d'honneurs? Ils sont des hommes comine nous, ils ont été aussi pécheurs et peut-être encore plus pécheurs que nous.

Réponse. Nous répondons, à notre article sur la sainte Vierge, aux principales difficultés qu'on peut élever relativement au culte des saints: ce n'est pas la même chose, mais c'est le même principe. Dès lors, en effet, que le Seigneur permet et veut que nous rendions à sa divine Mère un culte proportionné à son mérite et à sa dignité, il doit permettre et vouloir également que nous rendions aux saints, qui ont été ses amis sur la terre, et qu'il a associés à sa gloire et à son bonheur dans l'autre vie, un culte proportionné également à leur mérite et à leur dignité. Nous nous contenterons donc de donner ici quelques explications qui les concernent plus particulièrement.

Le proverbe le dit positivement, objectez vous Il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints.

Aussi est-ce ce que nous faisons. Voyez toutes les prières que l'Eglise nous recommande d'adresser au Ciel. Ne s'adressent-elles pas à Dieu avant tout? Je suis bien convaincu qu'il n'y en a pas un parmi nous qui, avant detourner sa pensée vers les saints, n'ait commencé par la tourner vers Dieu luimême. Que dis-je? Mais, quand nous nous adressons aux saints, à la sainte Vierge ellemême, n'est-ce pas encore à Dieu que nous nous adressons? Rappelez-vous bien ce que nous leur disons : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous!... Saint Jean-Baptiste, priez pour nous... Saint Pierre, Saint Paul, priez pour nous!... Tous les saints et toutes les saintes, intercédez pour nous!... Priez pour nous, qui donc ? Dieu. Intercédez pour nous, auprès de qui? Auprès de Dieu. Donc, au moment même où nous nous adressons aux saints, c'est à Dieu lui-même que nous nous adressons. Donc, bien loin de rien retrancher à l'honneur qui est dû à Dieu, comme au Créateur et au souverain Maître de toutes choses, le culte que nous rendons aux saints refait qu'y ajouter au contraire, puisque par Mà nous associons toute la cour céleste à l'acte de respect, de soumission et d'amour que nous accomplissons à l'égard de celui qui est le Roi du ciel et de la terre.

Il faut que ceux qui attaquent le culte des saints comine contraire au culte qui est dû à Dieu soient aveugles ou de mauvaise foi. Pourquoi, en effet, ai-je fléchi le genou devant un saint quelconque, si ce n'est pour l'inviter à le fléchir avec moi devant celui à qui appartient tout honneur, et qui est l'unique source de tous les biens. D'où il suit évidemment que la gloire de Dieu, au lieu d'être affaiblie par là, n'en est que rehaus sée.

Mais, me direz-vous, pourquoi ne pas s'adresser à Dieu directement ?

Nous le faisons, je vous l'ai dit, et c'est ce que nous faisons le plus ordinairement. Pourquoi ne pas le faire toujours ?

Je viens de vous en donner la raison principale, c'est afin de rehausser par là le culte que nous rendons à Dieu, en y associant la cour céleste.

Il y en a d'autres qui concernent les saints et qui nous concernent nous-mêmes.

Nous le faisons pour les saints, afin de leur rendre l'honneur qui leur est dû comme étant les amis de Dieu. Ils ont combattu sur la terre; ils ont été méconnus, humiliés, calomniés il importe donc que cette même terre reconnaisse leur gloire et y applau disse.

Nous le faisons encore pour nous-mêmes. Nous n'osons nous adresser à Dieu; nous craignons de ne point être exaucés, à cause de nos mauvaises dispositions. Tout naturellement alors nous nous tournons vers ses saints, et nous leur disons: Priez avec nous et pour nous, vous qui étes les amis de Dieu, afin que notre prière soit mieux accueillie!

N'est-ce pas ce qui s'est toujours fait et ce qui se fait encore chaque jour sur la terre, non-seulement dans l'ordre de la grâce, mais encore dans l'ordre de la nature?

Si les saints qui triomphent dans le ciel étaient encore sur la terre, manifestant par des miracles, et mieux encore par la sainteté de leur vie, le crédit que Dieu donne aux siens auprès de sa souveraine majesté, avec quel empressement nous nous porterions vers eux! Nous traverserions les mers; nous irions au bout du monde, si cela était néces saire; nous nous prosternerions à leurs pieds; nous baiserions leurs haillons, à travers lesquels il nous semblerait voir percer tout l'éclat de leurs vertus, et nous leur dirions Saint Pierre, saint Paul, saint Martin, priez pour nous, qui sommes pécheurs!... Quoi! après que leur épreuve est terminée sur la terre, que leur triomphe est assuré dans le ciel, vous voulez qu'ils ne jouissent pas du même crédit auprès de Dieu? Nous ne nous tournerions pas vers eux avec le même empressement? Nous n'aurions pas la même facilité d'en être écoutés? C'est ab surde. Vous nous accusez de rabaisser la gloire de Dien: c'est vous, plutôt, et vous seuls, qui la rabaissez! Il y a toujours sur l terre des hommes d'une vertu éminente, que nous supposons encore avoir beaucoup de crédit auprès de Dieu, quoiqu'ils ne se soient pas élevés au même degré de sainteté que ceux dont nous venons de parler. Nemployons-nous pas aussi quelquefois leur intercession? Ne leur disons-nous pas avec confiance: Priez pour nous, qui sommes pécheurs! Et nous ne pourrions pas en agir de la sorte à l'égard de ceux que Dieu a rendus participants de son bonheur et de sa gloire?

Cet appui d'une puissance inférieure auprès d'une puissance supérieure, nous le voyons implorer, nous l'implorons nousmêmes à chaque instant, non-seulement dans l'ordre de la grâce, mais encore, comme nous l'avons dit, dans l'ordre de la nature. Vous avez une faveur à demander au chef d'un Etat, vous vous faites appuyer par l'un de ses ministres; c'est au préfet, vous vous faites appuyer par l'un de ses conseillers; c'est à un père de famille, vous vous faites appuyer par un enfant bien-aimé... La dignité du père, du préfet, du chef suprême, en est-elle rabaissée pour cela? Au contraire. Il en est de même de l'intercession des saints auprès de Dien.

Pourquoi leur rendre tant d'honneurs? avez vous dit encore. Ils sont des hommes comme nous; ils ont été aussi pécheurs, et peut-être encore plus pécheurs que nous.

Pourquoi leur rendre tant d'honneurs? Je viens de vous le dire parce qu'ils sont les amis de Dieu, et que tout l'honneur que nous leur rendons plaît à Dieu, et tourne de toute manière à sa gloire.

Ils sont des hommes comme nous!... Par nature, oui; sous les autres rapports, non. Non, ils ne sont plus des homines comme nous, car ils sont au ciel et nous sur la terre. Il est donc tout naturel que nous élevions la voix vers eux, afin qu'ils nous tendent la main et qu'ils nous aident, avec la grâce de Dieu, à arriver comme eux au port du salut.

Ils ont été aussi pécheurs, et peut-être encore plus pécheurs que nous.

C'est possible; mais ils ont cessé de l'être. Que dis-je? leur élévation a été d'autant plus grande ensuite que leur abaissement a été plus profond. La conviction de leurs fautes était comme un aiguillon qui les animait à la sainteté. Voilà pourquoi tout leur a été pardonné; voilà pourquoi ils sont rentrés en grâce auprès de Dieu, et en ont même Obtenu des faveurs dont ils ne jouissaient point auparavant.

Cela est juste en soi, et se retrouve d'ailleurs partout.

C'est juste en soi, puisque l'homme n'est estimable que par ses dispositions présentes, que son passé, bien différent quelque

fois, ne fait que mieux ressortir par le

contraste.

Cela se retrouve partout, avons-nous dit encore, non-seulement dans la religion, mais encore dans l'Etat, dans la famille, dans les rapports les plus ordinaires de la vie.

Dans la religion, je vois un David, un Pierre, un Paul, un Augustin, comblés de toutes les faveurs célestes, malgré leurs infidélités passées.

Dans l'Etat, je vois un Condé et un Turenne effacer par d'éclatants services l'oubli de leurs devoirs dans un jour d'entraînement.

Dans la famille, je vois l'enfant prodigue recouvrer toute l'affection de son père, malgré ses longs et profonds égarements.

Dans les rapports les plus ordinaires de la vie, c'est à vous-même que j'en appelle. Si vous avez un ami qui vous donne des marques du plus sincère attachement, ne le préférerez vous pas mille fois, quoiqu'il vous ait un instant oublié, je suppose, à d'autres qui ne vous auraient point oublié de même, mais qui n'ont point non plus pour vous le même attachement? Sous ce rapport, l'amour des créatures est comme celui du Créateur. C'est un feu qui purifie les âmes des taches qu'elles ont contractées, et les rend encore plus belles quelquefois qu'elles n'étaient auparavant.

Ils sont aussi pécheurs, et peut-être encore plus pécheurs que nous, avez-vous dit.

Mais ne voyez-vous pas qu'il y a là un nouvel effet de la miséricorde de Dieu à notre égard? Si, en portant les yeux au ciel, nous n'y voyions que la perfection, nous les en détournerions effrayés, et nous ne pourrions guère concevoir l'espérance d'y être un jour reçus nous-mêmes; mais quand, après avoir contemplé la divine Majesté, nous apercevons à ses côtés des hommes qui ont été faibles comme nous, malheureux comme nous, pécheurs comme nous, et peut-être encore plus que nous, et qui, par cela même, semblent nous dire à tous : « Nous avons été ce que vous êtes, tâchez de devenir ce que nous sommes, nous nous sentons immédiatement consolés, ranimés, capables de faire ce que nous n'aurions jamais fait, si ce touchant spectacle n'eût frappé nos regards.

SAVANTS ET GENS D'ESPRIT INCREDULES.

Objections. Et Voltaire, et Rousseau, et Lant d'autres savants et gens d'esprit qui ne sont point pour la religion! Je remarque qu'ils se montrent particulièrement hostiles a la religion catholique. Qu'avez-vous à eur opposer?

Réponse. L'autorité est ce qui fait ordiairement le plus d'impression sur les homnes, quels qu'ils soient, grands ou petits, Savants ou ignorants. Voilà pourquoi NotreSeigneur Jésus-Christ a donné à sa religion la plus grande autorité qui fut jamais. Malheureusement l'homme ne le voit pas tou

jours; et il se sert même quelquefois de cette autorité mal appliquée, ou plutôi d'une ombre trompeuse de cette autorité pour combattre la religion.

Et Voltaire, et Rousseau, nous dit-on quelquefois, et tant d'autres savants et gens d'esprit qui ne sont point pour la religion!

Vous ne dites pas tout. Ce que vous devriez ajouter pour être complet, c'est que ceux dont vous parlez ont combattu et coinbattent encore la religion de toutes leurs forces. Voltaire, que vous citez le premier et avec raison, car il fut le plus grand ennemi de la religion, Voltaire l'a combattue avec

un acharnement incroyable pendant presque toute la durée de sa longue carrière; il a suscité contre elle tout ce qu'il a pu lui trouver d'ennemis dans son entourage et ailleurs; poésie, prose, histoire, érudition, philosophie, sciences, mensonge, immoralité, tout a été mis en usage, par lui et par ses associés pour la ruiner dans l'esprit des peuples. Qu'est-il résulté de tout cela cependant? Voltaire est mort, Rousseau est mort, comme sont morts tous les ennemis que la religion avait eus avant eux, et comme mourront tous les ennemis qu'elle aura encore dans la suite. Mais la religion, elle, subsiste toujours, elle est tonjours la mênie, depuis plus de dixhuit siècles, et le passé nous répond qu'il en sera ainsi dans l'avenir. Que dis-je ? elle subsiste toujours, elle est toujours la même! Mais elle s'affermit encore par les coups qu'on lui porte. En vain donc ses ennemis battent des mains, quand ils sont parvenus à faire tomber quelque pan inutile de l'indestructible édifice, eux seuls sont atteints et dispersés, la plupart du temps; quant à l'édifice lui-même, il n'en paraît que plus dégagé et plus solidement établi, une fois dissipée la poussière qui le déroba peut-être un instant aux regards.

Vous ne voyez pas cela? vous ne comprenez pas que plus les ennemis de la religion sont nombreux et puissants, et plus ils prouvent la divinité de cette religion qu'ils ne peuvent détruire ni même ébranler? C'est pourtant bien simple.

Prenons Voltaire, par exemple. Jamais personne n'eut autant d'esprit que lui, disent, d'un commun accord, ses amis et les ennemis de la religion, qui sont, en géné ral, les mêmes. Je ferai là-dessus les concessions qu'on me demandera, et même plus encore, s'il est possible. Je conviendrai, si on veut, non-seulement que personne n'a eu autant d'esprit que lui, mais que personne n'en aura jamais autant. Comment se fait-il que cet incomparable Voltaire, aidé d'auxiliaires innombrables, dignes de lui en général, n'ait rien pu contre une religion fondée par un charpentier qui semble n'avoir rien appris, et qui ne choisit pour aides que douze ignorants? Ce que j'ai dit de Voltaire, je le dirai, toute proportion gardée, de Rousseau, qui n'eut pas autant d'esprit que lui, mais qui eut certainement une éloquence plus chaleureuse et plus entraînante. Ce que j'ai dit de Voltaire et de Rousseau, je le dirai également, toute proportion gardée encore, de tous ces incrédules éminents qui apparaissent de temps en temps, comme pour empêcher les fidèles de s'endormir dans la paix et préparer de nouveaux triomphes à la religion. Comment donc aucun d'eux, comment donc tous, par leurs efforts incessants, n'ont-ils pu renverser ni même affaib'ir ce qui a été établi et consolidé par ce qu'il y a de plus infirme selon le nionde? Ah! cela est évident, si les plus grandes forces humaines ne peuvent rien, ni n'ont jamais rien pu, contre la religion, c'est que cette religion n'est point l'ouvrage de l'hom

me. Divinement établie, elle est divinement conservée, et sa divinité n'en ressort que mieux par la multitude et la valeur de ses ennemis qui, venant tous expirer à ses pieds, rendent hommage ainsi involontairement à son incomparable supériorité.

Je remarque, dites-vous encore, qu'ils se montrent particulièrement hostiles à la religion catholique.

C'est bien simple. La religion catholique, c'est la seule véritable Eglise de Jésus-Christ. celle qu'il a établie il y a plus de dix-huit siècles, celle qu'ont prêchée ses apôtres, celle qui a résisté à tous les efforts combinés de l'erreur et du vice; c'est donc elle aussi que les ennemis de Jésus-Christ et de sa doctrine doivent naturellement attaquer. Et quoi donc voulez-vous qu'ils attaquent, si ce n'est elle? le schisme, l'hérésie? Ce sont des auxiliaires souvent; quand ce sont des ennemis, ce ne sont du moins que des ennemis faibles, qui se dissiperont d'eux-mêmes tôt ou tard. Il est donc tout naturel de diriger ses efforts contre la religion catholique qui seule oppose une continuelle résistance.

Ils attaquent plus particulièrement, ditesvous, la religion catholique. - Mais vous ne pouvez ignorer pourquoi. C'est elle qui les condamne, non-seulement dans leurs erreurs, mais encore dans leurs passions. C'est donc elle aussi qu'ils doivent combattre. Pourquoi des luttes ailleurs? Pourquoi du moins ne feraient-ils pas de grandes conces sious là où on leur en fait de semblables?

Voulez-vous savoir pourquoi encore ils combattent plus particulièrement la religion catholique ? Parce que c'est elle qui pos sède le monde, qui est la reine des intelligences. Voulant régner, à leur tour, et régner sur les intelligences, ils doivent chercher à détruire celle dont ils désirent prendre la place. Quand on veut conquérir un royaume, c'est le roi qu'on attaque, et non ses ennemis.

Ils attaquent plus particulièrement la religion catholique, avez-vous dit.

Vous avez raison; et c'est elle aussi qui leur résiste; et c'est elle qui triomphe; et c'est elle qui atteste encore par là sa divine institution. Oui, rien n'est plus vrai; en vain Voltaire et Rousseau, en vain les savants et les gens d'esprit incrédules, de tous les temps et de tous les lieux, se sont ligués et se liguent encore contre le pêcheur que Jésus-Christ a établi pour toujours direc teur de toutes les intelligences, quand il lui a commandé de paître ses agneaux et ses brebis : Pasce agnos meos... pasce otes meas. (Joan. XXI, 16, 17.) O miracle! le p cheur leur a toujours résisté, il leur résiste toujours, et les lumières du passé et du pré sent éclairant l'avenir, nous pouvons affirmer avec la même certitude qu'il leur résis tera toujours, prouvant ainsi aux yeux de tous que c'est bien à lui que Jésus-Christ, Dieu comme son Père, adressa ces remar quables paroles: Tu es Pierre, et sur celle pierre je bâtiraimon Eglise, et toutes les puissances de l'enfer ne prévaudront jamais contre

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Nous voilà réellement bien embarrassés! Vous nous demandez ce que nous avons à opposer à Voltaire, et à Rousseau, et à tant d'autres savants ou gens d'esprit, qui ne sont point pour la religion, et qui se montrent particulièrement hostiles au Catholicisme. Mais cette religion elle-même avec toutes les preuves qui établissent sa divinité, à savoir: l'incomparable pureté de sa doctrine, les prophéties qui l'ont annoncée, les prodiges sans nombre qui l'ont accompagnée, son établissement si extraordinaire et sa conservation plus extraordinaire encore, son fondateur, ses apôtres, ses martyrs, ses docteurs, ses anachorètes, ses vierges, la sainteté de ses plus modestes fidèles, etc., etc. Nous n'avons pas besoin, d'ailleurs, de la leur opposer, cette religion, si incontestablement divine; elle résiste ssez d'elle-même à toutes leurs attaques, ainsi que nous venons de le montrer. Depuis plus de dix-huit cents ans, ils n'ont cessé de l'attaquer de toute manière, et toujours elle est sortie victorieuse des luttes qu'elle a eu à soutenir. Elle n'aurait donc pas besoin d'autre chose, à la rigueur, avons-nous dit avec raison, pour prouver sa divinité aux yeux mêmes les plus prévenus.

Dites-moi, ceux dont vous parlez n'ont pas attaqué la religion seulement, ils ont également attaqué la morale, si ce n'est même davantage. Ils l'ont attaquée cette divine morale par leurs actions comme par leurs écrits. Or, de bonne foi, la morale at-elle souffert le moins du monde de ces attaques? Parce que Voltaire a distillé, en prose et en vers, dans presque tous ses écrits, la corruption qui était dans son cœur; parce que Rousseau, parce que tous les зavants et gens d'esprit incrédules ont agi à peu près de même, lapudeur est-elle une moins belle vertu aux yeux de tous les hommes, à vos propresyeux,comme à ceux des autres? Non assurément. Donc, aussi, la religion, cette incorruptible et sévère gardienne de la morale, que vos savants et gens d'esprit incrédules n'attaquent la plupart du temps qu'à cause de cela ne saurait souffrir, non plus, de leurs attaques, ni en paraître moins belle et moins respectable aux yeux des hommes.

Ce que nous pouvons leur opposer! demandez-vous.

Mais d'autres savants et d'autres gens d'esprit, en bien plus grand nombre, et dont le émoignage en faveur de la religion a autant fe valeur que celui des incrédules contre elle en a peu.

«Voilà ce qui manque aux savants irréligieux, dit ici l'abbé de Ségur:

Ou bien ils sont indifférents et ignorants en matière de religion; absorbés dans leurs études mathématiques, astronomiques, physiques, ils ne pensent ni à Dieu ni à leur DICTIONN. DES OBJECT. POPUL

âme; et alors il n'est pas étonnant qu'ils n'entendent rien aux choses de la religion. Par rapport à la religion, ils sont ignorants, et leur jugement sur elle n'a pas plus de valeur que celui d'un mathématicien sur la musique ou la peinture. Il y a tel savant qui est plus ignorant en religion qu'un enfant de dix ans assidu au catéchisme.

« Ou bien, ce qui arrive plus souvent, ces hommes sont des orgueilleux qui veulent juger Dieu, traiter avec lui d'égal à égal et mesurer sa parole aux dimensions de leur faible raison. L'orgueil est le plus profond des vices. Aussi sont-ils justement repoussés comme des téméraires, et privés des lumières qui ne sont données qu'aux cœurs simples et humbles. Le bon Dieu n'aime pas les insurrections.

«< Ou, ce qui arrive plus souvent encore, et ce qui, habituellement, est joint aux deux autres vices, ces savants ont des passions mauvaises qu'ils ne veulent pas abandonner, et qu'ils savent incompatibles avec la religion chrétienne.

« Si l'on veut, en outre, peser le nombre et la valeur des témoignages, la difficulté disparaît entièrement.

«On peut affirmer que depuis dix-huit cents ans, parmi les hommes éminents de chaque siècle, il n'y a pas eu un incrédule sur vingt.

«Et, parmi ce faible nombre d'incrédules, on peut affirmer encore que la plupart ne furent point stables dans leur incrédulité et se réfugièrent, avant de mourir, dans les bras de cette religion qu'ils avaient blasphémée.-Tels furent, entre autres, plusieurs des chefs de l'école voltairienne du dernier siècle, Montesquieu, Buffon, Laharpe, etc.

«Voltaire lui-même, malade à Paris, fit appeler le curé de Saint-Sulpice un mois environ avant sa mort. Le danger passa, et, avec le danger, la crainte de Dieu. Mais une seconde crise survint; les amis de l'impie accoururent... Son médecin, témoin oculaire, nous atteste que Voltaire réclama de nouveau les secours de la religion... Mais cette fois ce fut en vain; on ne laissa point le prêtre pénétrer jusqu'au moribond, lequel expira dans un hideux désespoir.

« D'Alembert voulut également se confesser; et il en fut empêché, comme l'avait été son maître, par les philosophes qui entouraient son lit. « Si nous n'eussions « été là,» disait l'un d'eux,» il eût fait le plon« geon comme les autres! »

« Quelle valeur morale ont ces hommes? Et que prouve leur irréligion, surtout si vous leur opposez la foi éclairée des plus grands savants, des plus profonds génies, des hommes les plus vénérables qui aient paru sur la terre?

«La foi, notez-le bien, leur imposait, comme à tous les hommes, des contraintes désagréables, des devoirs assujettissants. L'évidence seule de la vérité du christianisme a pu forcer leur adhésion.

« Sans parler de ces admirables docteurs

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que l'Eglise appelle les Pères, et qui furent presque les seuls philosophes, les seuls savants des quinze premiers siècles, tels que saint Athanase, saint Ambroise, saint Grógoire le Grand, saint Jérôme, saint Augustin, saint Bernard, saint Thomas d'Aquin (l'homme le plus prodigieux peut-être qui ait jamais existé), combien de noms magnifiques la religion ne compte-t-elle pas sur la liste de ses enfants?

«Roger-Bacon, Copernic, Descartes, Pascal, Malebranche, d'Aguesseau, Mathieu Molé, Cujas, Domat, De Maistre, de Bonald, etc., parmi les grands philosophes, les juriconsultes et les savants du monde;

« Bossuet, Fénelon, Bourdaloue, Massillon, parmi les grands orateurs;

«Corneille, Racine, Le Dante, Le Tasse, Boileau, Châteaubriand, etc., parmi les littérateurs et les poëtes.

« Et nos gloires militaires, ne sont-elles pas pour la plupart des gloires religieuses? Charlemagne n'était-il pas Chrétien? Godefroi de Bouillon, Tancrède, Bayard, Du Guesclin, Jeanne d'Arc, Crillon, Vauban, Villars, Catinat, etc., n'abaissaient-ils pas devant la religion leurs fronts glorieux ceints des lauriers de mille victoires? Henri IV, Louis XIV, étaient Chrétiens. Turenne était Chrétien; il avait communié le jour même de sa mort. Le grand Condé était Chrétien.

Et au-dessus de tous, saint Louis, ce héros véritable, cet homme si aimable et si parfait, la gloire de la France en même temps que de l'Eglise.

<< Chacun sait les sentiments du grand Napoléon touchant le christianisme. Dans l'enivrement de sa puissance et de son ambition, il s'écarta gravement, je le sais, et des règles et des devoirs pratiques de la religion, mais il en conservait toujours la croyance et le respect: Je suis Chrétien, catholique romain, disait-il; mon fils l'est comme moi j'aurais un grand chagrin, si mon petitfils ne pouvait l'être. Le plus grand service que j'aie rendu à la France, ajou ait-il encore, c'est d'y avoir rétabli ia religion catholique. Sans la religion, où en seraient les hommes? Ils s'égorgeraient pour la plus belle femme ou pour la plus grosse poire!

« Lorsqu'il se trouva seul avec lui-même, à Sainte-Hélène, il se prit à réfléchir à la foi de son enfance, et, dans son profond génie, Napoléon jugea la foi catholique véritable et

sainte.

« Il demanda à la religion ses consolations suprêmes...

I fit venir à Sainte-Hélène un prêtre catholique, et il assistait à la Messe célébrée dans ses appartements. I recommandait à son cuisinier de ne pas servir gras les jours maigres. Il étonnait les compagnons de son exil par la force avec laquelle I exposait les doctrines fondamentales du catholicisme.

«Etant près de mourir, il congédia ses médecins, fit venir l'abbé Vignoli, son aumônier, et lui dit : Je crois à Dieu; je suis né dans la religion catholique je veux rem

plir les devoirs qu'elle impose et recevoir les secours qu'elle administre...

« Et l'empereur se confessa, reçut le saintviatique et l'extrême-onction. Je suis heu reux d'avoir rempli mes devoirs, dit-il au général Montholon. Je vous souhaite, géné ral, d'avoir à votre mort le même bonheur... Je n'ai point pratiqué sur le trône, parce que la puissance étourdit les hommes. Mais j'ai toujours eu la foi; le son des cloches me fait plaisir, et la vue d'un prêtre m'émeut. — Je voulais faire un mystère de tout ceci; mais c'est de la faiblesse... Je veux rendre gloire d

Dieu!...

<< Puis il ordonna lui-même que l'on dressât un autel dans la chambre voisine, pour l'exposition du Saint-Sacrement et la prière des quarante heures.

« Et ainsi mourut Napoléon, en chrétien.. (Réponses.)

Et aujourd'hui encore, malgré l'affaiblis sement de la foi dans une génération sortie des horreurs de la révolution, la plupart de nos savants sont Chrétiens, et Catholiques romains, comme disait Napoléon. Quelques-uns pratiquent, et même de la manière la plus édifiante, les autres gardent la foi au fondu cœur et ne manquent pas de la manifester à l'occasion.

Tout le monde sait dans quels sentimen's de soumission à l'Eglise catholique est mort le célèbre historien Thierry.

« Où trouver, » disait récemment dans l Siècle, journal peu sympathique à la religion,

M. Ch. Blanchard, « où trouver le successeur de notre grand mathématicien Cauchy, celle étoile, si subitement éteinte, de l'analyse transcendante, auteur de près de cinq cents Mémoires, où sa plume se faisait un jeu de la solution des problèmes les plus ardus du calcul différentiel et intégral, des questions de haute physique, de mécanique et d'astronomie? »

Eh bien! en même temps que son esprit était si profondément occupé de la science, son cœur ne l'était pas moins de toutes sortes de bonnes œuvres. Il n'est point d'institutions catholiques et charitables, ce qui es! ordinairement tout un, qu'il n'ait établies on fait établir dans la paroisse à laquelle il appartenait. Il faisait, pour cela, des dépenses incroyables, dont une partie vient d'être ré

vélée à sa mort.

ou

Quel savant encore que cet illustre Thé nard à qui le ministre de l'instruction publ que, en plein conseil de l'instruction, c'est à-dire devant les sommités intellectuelles de France, a rendu, immédiatement après sa mort, l'hommage que nous transcrivOLS ici:

«Avant d'entretenir le conseil impérial des projets de la session,» leur dit-il, e veux répondre à l'impression de tous en rendant le plus sincère et le plus éclatant hommage à la mémoire du vénérable collè gue que la mort vient d'enlever à nos affec tions. M. le baron Thénard a fourni une le ces laborieuses et nobles carrières dans les quelles on ne sait ce qu'il faut le plus adui

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