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te corps de boue que l'Eglise veut préserver des atteintes du fer, mais bien l'âme créée à l'ide Dieu, qu'elle veut prémunir contre les altaques de l'invisible ennemi. Et vous ne tressailleriez pas d'allégresse à sa voix quand elle vous dit : Venez tremper cette âme affaiblie déjà avant d'avoir combat u, dans ces eaux fortifiantes qui jaillissent de la vie éternelle!

« Parents, amis, vous tous qui êtes choisis par une famille pour répondre, à la place de l'enfant, aux plus graves questions, et pour prendre en son nom le plus solennel engagement, interpellés pub'iquement en quelque sorte par l'Eglise, votre mère; comprenez toujours la sublimité de vos fonctions! Gardez-vous bien surtout d'être intérieurement incrédules, ou de rester seulement indifférents et inattentifs, quand Dieu luimême daigne abaisser les cieux, et vous parler par la voix de son ministre !

Et vous, jeunes enfants, vous qui êtes chargés quelquefois d'affirmer les plus hautes vérités religieuses à un âge où vous pouvez à peine les bégayer, en quelque sorte, vous présentez sans doute un touchant spectacle en venant demander ainsi, pour un frère plus jeune encore, l'innocence dont Vous êtes vous-mêmes la vivante image. Toutefois, pour ne pas mentir à l'Eglise, ou

du moins pour ne point lui parler du bout des lèvres seulement, à elle qui est esprit aussi, à l'exemple de son divin Fondateur, vous devez, autant qu'il dépend de vous, agrandir votre âme en ce moment, l'embraser d'amour et de foi, comme le flambeau symbolique qui brûle alors sous vos yeux. Sans vous arrêter à la surface des choses, comme on le fait si communément à votre age, voyant des yeux de la foi les anges du ciel verser abondamment la grâce céleste dans l'âme du régénéré, en même temps que l'eau baptismale coule sur sa tête, vous devez, autant que possible, vous montrer dignes de coopérer à l'acle divin de la régéuération. (L'Education chrétienne.)

Voilà le baptême, tel qu'il est réellement, pour qui sait le comprendre. Mais il ne peut en être ainsi si vous gênez le le prêtre dans l'administration de ce sacrement, si vous êtes toujours disposés à le blâmer, à le critiquer, dans tout ce qu'il prescrit ou conseille alors au nom de l'Eglise. Ah! plutôt, prêtons-nous de bon cœur et avec zèle à l'accomplissement de ces cérémonies si touchantes et si nobles qui servent à faire descendre plus abondamment sur la terre les grâces célestes et nous rattachent plus intimement et plus solidement à Dieu!

BARTHÉLEMY (MASSACRE DE LA SAINT-).

Objection. Et la Saint-Barthélemy! C'est une tache dont le nom de catholique se lavera difficilement.

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Réponse. Si quelque chose m'étonne, c'est que le souvenir du massacre de la SaintBarthélemy nous soit le plus souvent et le plus acrimonieusement rappelé aujourd'hui par des hommes qui font sonner hautement leur nom de Français, et qui ne permettent pas toujours qu'on leur retire celui de catholique.

Et la Saint-Barthélemy! nous dit-on. C'est une tache dont le nom de catholique se lavera difficilement.

Vous croyez? Avez-vous bien réfléchi à ce que vous dites? C'est au cœur même de la France que ce grand crime a été commis; ceux qui l'ont commis ne portaient pas seulement le nom de catholiques, ils portaient également celui de Français, ils occupaient alors, dans notre patrie, les plus hautes dignités. La France n'a point été à jamais déshonorée par cela pourquoi donc la religion catholique le serait-elle? Le nom français n'a point été souillé d'une tache indélébile: pourquoi celui de catholique le seraitil davantage? Si un étranger venait vous faire des reproches à ce sujet, et s'avisait de vous dire, en se servant de votre pensée, et en partie, aussi, de vos paroles: - Et la Saint-Barthélemy! c'est une tache dont le nom de Français se lavera difficilement, vous ne sericz pas beaucoup embarrassés pour

répondre : « La Saint-Barthélemy! diriezvous; mais nous la détestons, nous la réprouvons, nous la maudissons, autant et plus que vous peut-être, parce qu'elle nous pèse davantage sur le cœur. La France, du reste, n'en saurait être déshonorée. Le crime a été commis en France, au cœur même de la France, dans sa capitale, mais non pas par la France, par la majorité de ses habitants, par son esprit surtout, par cet esprit de douceur, de générosité et de dévouement, qui nous porte, nous Français, à épargner nos ennemis, plutôt qu'à répandre leur sang inutilement et traitreusement. Notre nom de Français reste donc toujours digne de la vénération et de l'amour des peuples. Il n'a pas été plus souillé par ce crime que le nom d'Anglais ne le fut par les atrocités de son Henri VIII, que le nom de Romain ne le fut par les incomparables cruautés de ses Nérons, cruautés qui ont duré plus d'années, autant de siècles peut-être que les cruautés de la Saint-Barthélemy ont duré de jours. Bien loin de faire une seule et même chose avec ceux qui commirent ces cruautés, ceux-ci ne méritaient même pas de le porter, quelles que fussent leurs dignités. »

Voilà ce que vous répondriez, n'est-il pas vrai? Et c'est aussi ce que nous pouvons vous répondre, quand vous nous dites : « Et la Saint-Barthélemy! c'est une tache de sang dont le nom de catholique se lavera difficilement. » « La Saint-Barthélemy! mais nous la détestons, nous la réprouvons, nous

-

la maudissons autant et plus que vous peutêtre, parce qu'elle nous pèse davantage sur le cœur. La religion catholique, du reste, n'en saurait être déshonorée. Le crime a été commis dans un pays catholique, et même dans l'un des pays les plus attachés à cette religion; mais il ne l'a pas été par la religion catholique, par la majorité de ses adhérents, par son esprit surtout, par cet esprit de douceur, de générosité et de dévouement qui nous porte, nous catholiques, à épargner nos ennemis et à leur faire du bien, plutôt qu'à devenir, même par représailles, persécuteurs et bourreaux. Notre nom de catholique reste donc toujours digne de la vénération et de l'amour des peuples. Il n'a pas été plus souillé par ce crime que ne l'a été votre nom de Français. Bien loin de faire une seule et même chose avec ceux qui se rendirent si coupables en ce jour, ceux-ci ne méritaient même pas de le porter, et ils ne l'auraient pas mérité davantage, quand bien même ils eussent occupé dans notre société religieuse un rang aussi élevé que dans la société civile. »

Vous me direz peut-être que les instiga teurs et exécuteurs de la Saint-Barthélemy agissaient comme catholiques.

Mais non, répondent ici la plupart des historiens, ils agissaient comme politiques, ou plutôt comme des ennemis qui se vengent avec autant de cruauté que de mauvaise foi. Eussent-ils cru, d'ailleurs, servir la religion catholique, comme ils croyaient aussi probablement servir la France, ils auraient été encore plus aveuglés dans leur foi religieuse que dans leur foi politique, puisque, en agissant ainsi, ils se mettaient en opposition la plus formelle avec la religion catholique, laquelle, n'étant autre que la religion de Jésus-Christ, nous défend, sous les peines les plus sévères, la trahison et la cruau

té.

Et chose bien extraordinaire encore en ceci, c'est que ceux qui nous reprochent le massacre de la Saint-Barthélemy, qui ne pèse pourtant sur nous en aucune manière, comme nous venons de le montrer, sont souvent des hommes dont la conduite est loin d'être irréprochable, des cœurs haineux, cruels, ayant même donné déjà des preuves de cruauté, et n'attendant qu'une occasion pour en donner des nouvelles.

« Est-ce la Saint-Barthélemy qui vous empêche de bien vivre? leur répond avec beaucoup d'à propos l'abbé de Ségur. (Réponses.)

« Et avez-vous peur, si vous devenez bon Chrétien, que l'on vous engage à massacrer vos voisins s'ils ne servent pas le bon Dieu!

«Le massacre de la Saint-Barthélemy a été un de ces excès déplorables que l'irritation des guerres civiles, l'astuce de la politique, la fureur de quelques fanatiques, la dureté des mœurs de ce temps, peuvent seules expliquer.

«La religion est bien loin d'approuver tout ce qu'on fait en son nom et tout ce qui se couvre de son manteau sacré.

<< Il faut dire, du reste, que les ennemis

ont singulièrement dénaturé ce crime. Ils l'ont représenté comme l'œuvre de la religion, tandis qu'il n'est l'œuvre que de la haine et du fanatisme que blâme la religion.

« Ils l'ont représenté comme exécuté par les prêtres, tandis que pas un seul n'y prit part. Il y en eut même plusieurs, entre autres l'évêque de Lisieux, qui sauvèrent tout ce qu'ils purent de huguenots, et qui intercédèrent pour eux auprès du roi Charles IX, etc.

« Si un fait est avéré maintenant et hors de contestation, c'est que la Saint-Barthélemy est, avant tout, un coup d'Etat politique, que la religion en a été le prétexte bien plutôt que la cause, et que l'astucieuse Catherine de Médicis, mère de Charles IX, chercha bien plus à se débarrasser d'un parti qui gênait et inquiétait chaque jour davantage son gouvernement, qu'à procurer la gloire de Dieu.

« Il a plu à un poëte de l'école voltairienne de représenter le cardinal de Lorraine bé nissant les poignards des catholiques. Malheureusement ce cardinal était à Rome en ce moment, pour l'élection du Pape Grégoire XIII, successeur de saint Pie V, qui venait de mourir.

<< Mais ces messieurs n'y regardent pas de si près. Mentez, mentez toujours, osait écrire Voltaire à ses amis, il en restera quelque chose! (Lettre au marquis d'Argens.)

Depuis trois siècles, la haine des protestants, et plus tard, des voltairiens, contre l'Eglise, a tellement altéré l'histoire, qu'il est très-difficile d'y découvrir la vérité.

« On arrange les faits, on ajoute, on retranche, on invente même, au besoin. On impute à l'Eglise des crimes qu'elle déteste. On fait peser sur la religion des accusations odieuses. Méfiez-vous, en général, des faits historiques où la religion joue un rôle ridicule ou barbare ou ignoble. Il se peut qu'ils soient vrais; et alors il faut porter tout le blâme sur l'homme faible ou vicieux qui a oublié son caractère de prêtre ou d'évêque ou même de Pape, et qui, devant faire le bien, a fait le mal; mais il se peut aussi (et c'est le plus ordinaire) que les faits soient, sinon inventés complétement, du moins tellement travestis et exagérés, que l'on peut, avec justice, les taxer de mensonge.

Il est fort commode d'attaquer l'Eglise de cette façon; mais est-ce légitime? est-ce loyal? est-ce sincère?»

Un de ces faits dénaturés qui ont servi et servent encore de texte aux attaques de la plus insigne mauvaise foi contre l'Eglise, c'est bien celui qui nous occupe en ce moment. Qu'il nous soit donc permis d'ajouter, ici, à tout ce que nous venons de dire nousmême, et de transcrire, à ce sujet, les sages réflexions d'un des défenseurs les plus modérés et les plus éclairés que la religion ait eus en ces derniers temps.

« Que dirons-nous de la Saint-Barthélemy?» se demande l'abbé de Frayssinous, dans une de ses conférences. (La religion vengée du reproche de fanatisme.) « Nous

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dirons que c'est là une horrible journée qui sera la honte éternelle de nos annales, et sans doute il n'est pas de vrai Français qui ne désirât de pouvoir déchirer les pages sanglantes qui en retracent le souvenir. Mais, si cette journée est affreuse, c'est aussi une affreuse calomnie de l'imputer à la religion, comme si la religion l'avait commandée, comme si elle l'avait approuvée, comme si cette épouvantable tragédie était dans les maximes et dans l'esprit du christianisme; il est avéré qu'il n'y eut ni prêtre ni évêque dans le conseil où cet horrble massacre fut résolu. Il est fort aisé à des déclamateurs d'avancer que le faux zèle avait armé Charles IX du fer homicide; mais, pour rendre hommage à la vérité, disons plutôt que ce fut une politique farouche et le ressentiment profond des troubles qui avaient agité son règne; et qu'il faut voir dans ce massacre d'odieuses représailles. En effet, le despotisme fanatique de la reine de Navarre, infatuée des nouvelles opinions, avait indigné les états du Béarn. Leurs remontrances et leurs clameurs furent inutiles, le désespoir arma les Béarnais; leur patrie désolée devint le théâtre de la discorde. Sous les murs de Navarreins, on combattit avec fureur. A Orthez, se fit un carnage horrible, surtout des religieux et des prêtres: on voyait des ruisseaux de sang couler dans les maisons, les places et les rues. Le Gave parut tout ensanglanté, et ses eaux portèrent jusqu'aux mers voisines les nouvelles de cet épouvantable désastre. Le massacre d'Orthez fut suivi de celui de la fleur de la noblesse. Comme si le 24 août eût été dans ce siècle une époque sinistre, consacré à des exécutions barbares, ce jour-là même, un grand nombre de gentilshommes furent poignardés à Pau, contre la foi des traités, et par la noire perfidie des calvinistes. L'histoire dépose que Charles IX jura de s'en venger. On lit, à ce sujet, dans T'Histoire de Navarre, ces paroles remarquables: Ces nouvelles, dit l'auteur en rapportant le massacre de Pau, fáchèrent extrêmement le roi Charles, qui dès lors résolut en son esprit de faire une seconde Saint-Barthélemy, en expiation de la première. Aussi, lorsqu'il semblait reculer devant le crime qu'il méditait, la reine mère, pour raffermir. son âme effrayée, ne lui disait pas Souvenez-vous de ce que vous devez à la religion, mais elle lui disait : Pourquoi ne pas avoir la force de vous défaire de gens qui ont si peu ménagé votre autorité et votre personne? (BOSSUET, Abrégé de l'Histoire de France: règne de Charles IX.)

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On rappelle que le Pape Grégoire XIII fit faire à Rome des réjouissances sur cet événement; mais on a soin de ne pas dire que Charles IX, pour pallier son crime et pour donner le change aux cours de l'Europe, leur avait député des courriers pour y répandre que la découverte inopinée d'une conspiration contre sa personne et son autorité l'avait forcé à des mesures violentes, et qu'il avait échappé au péril imminent dont il était

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« Si l'on n'était pas égaré par la haine, on observerait que, dans ce massacre, un grand nombre même de catholiques périrent victimes de vengeances personnelles; qu'à Lyon, à Toulouse, à Bordeaux, plusieurs des proscrits durent la conservation de leurs jours à des ecclésiastiques. On sait que, suivant une tradition respectable, Jean Hennuyer, évêque de Lisieux, s'opposa au massacre, et que sa courageuse clémence toucha tellement les calvinistes qu'ils firent abjuration entre ses mains. Où est l'écrivain ecclésiastique qui n'ait parlé avec horreur de ce jour funeste ? L'historien de Henri IV, Péréfive, l'appelle une action exécrable, qui n'a jamais eu, et n'aura jamais, s'il plait à Dieu, de semblable. Bossuet ne rappelle qu'avec des sentiments d'exécration cette effroyable journée. On a dit, je le sais, qu'un abbé de Caveyrac avait fait l'apologie de la Saint-Barthélemy le fait avait été avancé d'abord par d'Alembert et par Voltaire comme on le voit par leur correspondance; il a été répété, et il l'est encore de nos jours. Vous sentez bien que la cause de cet écrivain n'a rien de commuu avec celle de la religion: et qu'importerait après tout au christianisme qu'un frénétique se fut fait l'apologiste d'une frénésie? N'y aurait-il donc plus de bonne philosophie, parce que le philosophe Sénèque a fait l'apoJogie d'un monstre meurtrier de sa mère ? Mais ici les sophistes n'ont pas le mérite d'avoir fait cette dégoûtante découverte; leur imputation est une calomnie. Dès la première page, l'auteur dit : On peut répandre des clartés sur les motifs et les effets de cet événement tragique, sans être l'approbateur tacite des uns, ou le contemplateur insensible des autres; et, quand on enlèverait à la Saint-Barthélemy les trois quarts des horribles excès qui l'ont accompagnée, elle serait encore assez affreuse pour être détestée de ceux en qui tout sentiment d'humanité n'est pas entièrement éteint. C'est dans cette confiance que j'oserai avancer: 1° Que la religion n'y a eu aucune part; 2° que ce fut une affaire de proscription; 3° quelle n'a jamais dú regarder que Paris; 4 qu'il y a péri beaucoup moins de monde qu'on ne l'a écrit.

« Que ces assertions soient fondées on non, il y a bien loin de là à l'apologie du massacre; confondre ces choses est un trait de mauvaise foi auquel on refuserait de croire, si l'on n'en avait la preuve sous les

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Saint-Barthélemy fut une action exécrable, pour me servir des expressions de Péréfixe, quoique nous ne puissions ajouter avec lui: qui n'a jamais eu et n'aura jamais, s'il plait à Dieu, de semblable. Parler ainsi, ce serait montrer qu'on ne connaît point l'histoire des peuples même les plus civilisés, notre propre histoire, celle en particulier de notre révolution. Quelles en ont été les causes véritables? il est assez difficile de le dire; car il est dans les cœurs des mystères secrets qui ne s'éclaircissent jamais parfaitement. Quoi qu'il en soit, il est aussi absurde qu'injuste de l'imputer à la religion, dont elle est, au contraire, la contradiction la plus manifeste, puisque la religion nous commande de prier même pour nos persécuteurs et de leur faire du bien. Il ne paraît pas qu'aucun ecclésiastique se soit rencontré ni parmi les instiga

teurs, ni parmi les exécuteurs du massacre de la Saint-Barthélemy. Plusieurs en auraient, au contraire, adouci les rigueurs. Mais, cela ne fût-il pas, eût-on vu figurer, dans ce drame affreux, un prêtre, un évê que, le Souverain Pontife lui-même, jusqu'à un certain point, le nom de catholique, ce nom qu'une auréole incomparable de sainteté environne aux yeux des peuples, n'en serait pas plus souillé que ne l'est le nom de Français, ce nom qu'environne une auréole peu commune de gloire aux yeux des peuples, parce que le crime a été commis en France, au centre, au cœur même de ce noble pays, parce qu'il a eu parmi ses instigateurs et ses exécuteurs ceux qui occupaient les principales dignités dans l'Etat, une reine, un roi de France lui-même ?

BÉNÉDICTIONS.

Objection. Bénédictions de chapelles, bénédictions de statues, bénédictions de chemins de fer, bénédictions de navires, bénédictions d'arbres de liberté, etc., etc.; franchement, que signitie tout cela, et quel peut en être le résultat?

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Réponse. Cela signifie qu'en tout et toujours nous avons besoin de l'assistance de Dieu, et que pour l'obtenir, il faut la lui demander par de ferventes prières, surtout par des prières faites en commun, au nom de Jésus-Christ.

Le résultat de cela, c'est le recueillement, la méditation, une connaissance plus approfondie de la loi divine, le repentir de ses fautes, une pratique plus exacte de toutes les vertus chrétiennes, de celles principalement qui sont la base de notre sanctification.

Quelles que soient vos dispositions, fussiez-vous incrédule, impie déclaré, eussiezvous attaqué la foi dans ce qu'elle a de plus sacré, de vive voix et par écrit, je vous défie d'assister sérieusement à une de ces cérémonies si fréquentes dans l'Eglise catholique par lesquelles cette divine mère appelle

toutes les bénédictions célestes sur ses enfants, sur leurs possessions et sur leur travail, sans vous sentir attendri jusqu'aux larmes, et sans faire un retour sérieux sur vous-même. Qui ne se rappelle J.-J. Rousseau, entrant dans une église de village à la suite d'une procession à travers les champs, et éprouvant là une émotion qu'il n'avait sans doute jamais ressentie dans ses méditations philosophiques les plus profondes.

Avez-vous assisté à quelques-unes de ces cérémonies qui ont eu lieu dans toutes les parties de la France à l'occasion de la proclamation du dogme de l'Immaculée-Conception? En avez-vous lu du moins attentivement la relation? Que de prières ferventes! que de chants sacrés! que de prédications intéressantes! que donnes œuvres en tout genre!

A quoi cela peut-il servir? nous demanderont quelques personnes.

Les plus inintelligentes doivent le comprendre actuellement: c'est le plus bel hommage que notre siècle, si indifférent des choses religieuses, ait pu rendre à la Mère de Dieu; c'est l'élan le plus prononcé que notre terre, si refroidie par l'incrédulité, ait pu prendre vers les cieux. Puisse-t-il ne pas s'arrêter, mais se fortifier de plus en plus au contraire, jusqu'à ce que nous ayons rencontré Dieu, dans une foi pleine et entière d'abord, puis dans l'éternelle possession.

Qu'il nous soit permis de faire ici le récit d'une modeste mais intéressante cérémonie, dont nous avons été témoin, et à laquelle nous avons pris une grande part:

Et quorum pars magna fui.

(VIRGIL., Eneid., lib. 1, vers. 6.)

Ce récit, du reste, revient d'autant mieux à notre sujet, qu'à la bénédiction d'une statue l'Immaculée-Conception, se joint, comme érigée à l'occasion de la proclamation de on va le voir, la bénédiction des statues de deux autres saints. Après avoir pris connaissance de cette cérémonie multiple, en quelque sorte, après avoir entendu les quelques mots prononcés à cette occasion, après avoir vu l'effet salutaire produit sur la population, je défie qui que ce soit de nous dire encore: « A quoi bon toutes ces bénédictions? et quel peut en être le résultat ? » C'est bien simple! me direz-vous pentêtre. Oui, et nous avons commencé par vous le dire nous-même. Mais si, malgré toute sa simplicité, elle n'en a pas moins été d'une utilité incontestable, vous conclurez de là de quelle utilité doivent être les autres. Ce sera le cas d'appliquer le mot employé autrefois dans une circonstance bien différente: Ab uno disce omnes. Si nous entrons dans beaucoup de détails, c'est pour faire mieux comprendre combien de personnes ces sortes de cérémonies mettent en mouvement,

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et quelle action elles exercent sur les individus comme sur la masse.

Ce fut le 21 septembre 1856 qu'eut lieu celle que nous allons décrire:

Depuis longtemps déjà, M. Moisant-Pèdre, propriétaire du joli château de Poillé, rebâti depuis peu par M. Moisant Le Gobien, son père, sur la paroisse de Charentilly, près Tours, avait le plus vif désir d'ériger un monument à la sainte Vierge, en mémoire de la proclamation de son Immaculée-Conception. L'idée première lui en était venue probablement à la magnifique cérémonie qui avait eu lieu à Tours, à la même occasion, le 6 mai 1855, et à laquelle il avait pris une part très-active, ornant, le jour, de feuillages artistement arrangés, illuminant, le soir, toute la façade de la maison qu'il possède dans cette ville. Mais cette pensée s'était singulièrement développée à la description qu'il lisait chaque jour dans une de nos feuilles religieuses les plus dévouée à la gloire de Marie, de fêtes semblables, célébrées partout, avec un enthousiasme auquel personne ne pouvait s'attendre.

C'était un spectacle bien extraordinaire, en effet, de la part de ce peuple qu'on avait vu naguère, oubliant les bienfaits sans nombre qu'il avait reçus de Dieu, par l'entremise de l'Eglise, abattre les croix, renverser les autels, proscrire les ministres de la religion, les conduire enchaînés dans les prisons, jusque sur les échafauds. Vous enssiez dit le réveil de la foi chez l'enfant prodigue, dans les bras de sa mère. Là, au centre même de la France, c'était un évêque qui, avec l'argent recueilli dans toutes les bourses, depuis celle du souverain jusqu'à celle du soldat, avec le bronze enlevé aux ennemis de la patrie et de la religion, érigeait une statue colossale à Marie, sur un point assez élevé pour qu'elle pût apercevoir une partie considérable de son immense famille, et en être aperçue. Ailleurs, dans une vallée solitaire, c'était un pauvre curé de village qui, avec l'obole de la veuve et de l'orphelin, trouvait le moyen d'ériger également à la Reine immaculée une modeste statue, au pied de laquelle ses paroissiens pourraient déposer, en se rendant du travail, leurs fatigues de corps et d'esprit, leurs peines de toute nature.

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<< Et moi aussi, » disait alors à ses confidents les plus intimes, celui dont nous com mencerons par expliquer les intentions, « et moi aussi, je veux avoir ma cérémonie en l'honneur de la sainte Vierge! Et moi aussi, je veux lui ériger un monument, en mémoire de la proclamation de son Immaculée-Conception, afin que cette divine Mère me bénisse, qu'elle bénisse ma famille et toutes les populations environnantes, auxquelles je dois l'assistance spirituelle, en même temps que l'assistance corporelle! >>

Pour mettre à exécution ceite pieuse pensée, il fut heureusement servi par les circonstances. Un de ses parents, M. Budan, propriétaire du château de la Châtaigneraie, près Langeais, venait de faire construire

une chapelle domestique d'une grande élégance. Il avait acheté, pour en faire le principal ornement intérieur, un groupe religieux dû au ciseau d'un jeune sculpteur portant un nom depuis longtemps connu dans les arts, Jean Goujon, groupe que plusieurs avaient pu remarquer à l'une des expositions si fréquentes à la capitale. C'était une vierge tenant dans ses bras l'EnfantDieu, et ayant auprès d'elle saint JeanBaptiste. Cette Mère de Dieu et des hommes, cette sainte famille réduite à ses membres les plus essentiels, était un sujet bien convenable pour une chapelle domestique. Malheureusement, eile ne put y être placée, ayant des proportions beaucoup trop grandes pour la délicieuse petite chapelle. Dans cet état de choses, M. Budan offrit à M. Moisant, dont il connaissait déjà les vues, de lui céder son acquisition, ce que celui-ci accepta avec empressement.

Ce n'était point là pourtant la représentation de la Vierge immaculée, que M. Moisant avait spécialement pour but d'honorer; c'était la Vierge-Mère dans toute l'étendue du mot. Mère de Dieu réellement, ce qui était rappelé par Jésus qu'elle tenait dans ses bras, mère de l'homme, par adoption, ce qui était aussi rappelé par saint Jean-Baptiste qu'elle avait auprès d'eNe, car Jean veut dire grâce; et voilà pourquoi ce fut un autre Jean que son cœur, percé d'un glaive de douleur, enfanta si péniblement sur le Calvaire, quand, par le testament de son divin Fils, elle devint définitivement mère de tous les hommes. Je m'exprime ainsi avec in. tention, car il me semble que déjà il lui avait confié les enfants pour lesquels il montra toujours un amour de prédilection, lorsqu'il permettait que le petit saint Jean vint partager avec lui les caresses et les soins de cette tendre Mère.

Ces considérations, qui frappaient tous les yeux, n'arrêtèrent point M. Moisant, et ce fut avec raison, selon moi, car, pour ce qui le concernait personnellement, la statue acquérait plus de prix à ses yeux, en lui venant par l'entremise d'un des membres les plus chers de sa famille. Et puis, à prendre la chose en elle-même, je me demande s'il est bien nécessaire que Marie soit absolument seule pour nous rappeler le mystère de son Immaculée-Conception. Elle a été conçue sans péché avant d'être mère, me direz-vous.- Sans doute, mais, comme vous ne pourriez la représenter au moment même de sa Conception, il n'importe pas extrêmement, à mon avis, que vous la preniezavant ou après sa maternité. Bien loin d'exclure le mystère de son Immaculée-Conception, le mystère de sa maternité divine en est, an contraire, toute la raison. La présence de l'Enfant-Jésus ne saurait donc nous empêcher d'honorer dans Marie le mystère de son Immaculée-Conception. Quant à la présence de saint Jean, elle nous rappelle que ce fut précisément lors de la visite de Marie à sainte Elisabeth que Jésus effaça miraculeusement en lui la tache originelle, tant ce

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