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de fer, vapeur, chariots traînés par des chevaux de feu Currus igneus et equi ignei (IV Reg. 11, 11), chariots dont les rênes sont aussi de feu: Igneæ habenæ currus (Nahum 11, 3); dragon qui marchez en repliant Vos anneaux sur vous-même et portant au Join l'effroi par ces sifflements plus horribles que ceux des tigres dans le désert, écoutez ma parole: Audite vocem meam. (Isa. XXXII, 9.) Vous m'avez appelé pour vous bénir; et moi je vous dirai "d'abord : c'est à vous de bénir Dieu, en exécutant avec une sévère ponctualité les ordres de ceux qui vous commandent, et à qui la patrie livre tous les jours la vie de ses enfants, pleine de sécurité et de confiance en leur zèle intelligent et dévoué. Cette compagnie généreuse a semé l'aumône et les bienfaits devant elle, et c'est une raison divine qui doit vous faire respecter davantage la sécurité de ses marches quotidiennes au milieu de dangers imprévus.

« C'est donc à vous, coursiers de fer et de feu, à bénir Dieu dans vos œuvres, par votre fidélité à accomplir votre mission. Quand un père, une sœur, une épouse, attendront avec l'anxiété de l'amour les objets les plus chers du cœur, soyez fidèles et ne trompez jamais leurs espérances. Rendez-leur toujours avec l'exactitude que commande la religion du dépôt, un époux, un frère, des enfants bienaimés. Pendant la route, garantissez-les des intempéries de la saison, car maintenant Vous avez tout pouvoir, et on demandera beaucoup à celui qui aura reçu beaucoup. Qu'ils reviennent frais et dispos, qu'ils soient reçus avec bonheur dans les bras de l'affection. Que tout être vivant qui suivra cette ligue, puisse redire avec vérité cette devise de la ville de la Rochelle: sous l'égide et la direction de Dieu, j'ai trouvé la vie et le salut: Servator, rectore Deo. C'est ainsi que vousinêmes vous bénirez Dieu dans vos œuvres : ear tout être qui fait le bien et évite le mal, bénit le Seigneur. Allez donc fièrement, roues et char de feu; c'est à ces conditions que je vous bénis au nom du Tout-Puissant. Puissiez-vous porter avec vous la paix, la joie, la richesse et la vie: Spiritus enim vitæ erat in rotis. (Ezech. 1, 20.)

« Mais surtout devenez pour les nations un instrument de salut; en rapprochant les distances, réunissez les esprits. Ayez une bienveillance toute spéciale pour ces apôtres de la parole, que vous porterez aux sauvages lointains, et quelquefois à ces frères de l'intérieur qui sont presque barbares au milieu de la civilisation chrétienne. En vous parlant ainsi, je crois entrer dans les vues d'un sage et fort gouvernement qui comprend de plus en plus la nécessité des idées religieuses pour fixer d'une manière solide l'avenir des peuples. La civilisation extérieure ne suffit pas, quel que soit son nom : à chaque grande ligne de chemin de fer devrait correspondre une large direction de pensées et de sentiments chrétiens, pour contenir les âmes, leur donner une impulsion divine, et empêcher les explosions plus terribles que celles de la vapeur.

« Rappelez encore aux hommes, par votre mouvement rapide, que nous sommes des voyageurs ici-bas; que la vie va aussi vite que la roue du wagon, et qu'il est nécessaire, au milieu de ces mouvements précipités de l'existence, de tenir toujours son âme prête à subir la vue de Dieu. Oui, le chemin de fer est pour tous l'image de la vie on arrive à la gare avec un bagage plus ca moins embarrassant, on prend le train, on s'arrête plus ou moins en chemin; on voudrait s'arrêter plus longtemps, mais il se trouve aussi des inspecteurs dont les ordres sont inflexibles; il faut remonter, et tout à coup, au milieu du sommeil peut-être, un sifflement se fait entendre: c'est l'heure de l'arrivée. Heureux ceux qui pendant la route n'ont point perdu de vue leur vraie patrie, et au milieu de la variété prodigieuse des objets et des hommes, ont tenu leur cœur dans cette disposition où la mort n'est que le passage à un monde meilleur et le réveil sur la terre des vivants! >>

Ces belles et saintes paroles me rappellent l'admirable discours que prononçait, peu avant, le même prélat, au moment de la bénédiction d'un de ces navires qui sillonnent la vaste étendue des eaux, et sur lesquels la religion est appelée à répandre ses bénédictions quand ils sont lancés à la mer.

Que signifie cela ? peut se demander alors l'homme irréligieux ou superficiel.

Ce que cela signifie? ah! it est aisé de le voir c'est que, quand cette nouvelle arche se détache de la terre, emportant avec elle l'autel, le drapeau, le foyer domestique, chargée dès lors des intérêts les plus sacrés de la religion, de la patrie et de la famille, pour aller braver la fureur de la tempête et des flots, tous doivent être saisis d'une terreur secrète, et ne peuvent trop s'empresser d'appeler sur elle, par le ministère de l'Eglise, la toute-puissante protection de celui qui commande aux vents et à la mer, et à qui les vents et la mer obéissent. Venti et mare obediunt ei. (Matth. viii, 27.)

Au souvenir des dangers de la religion, de la patrie et de la famille, nous devons nous rappeler ces bénédictions innombrables d'arbres de liberté, plantés dans toutes les parties de la France et jusque dans les plus petits villages.

Que signifiait tout cela? peut-on se demander encore.

Je viens de vous le rappeler : c'était pour conjurer les dangers auxquels étaient alors exposées la religion, la patrie, la famille ; c'était pour présenter à la terre, au nom du ciel, ces idées d'ordre et de vertu que nous oublions si facilement en certaines circonstances, et sans lesquelles cependant il ne saurait y avoir pour nous ni sécurité, ni gloire, ni bonheur: « le véritable arbre de la liberté,» disait partout, en ce moment, le ministre de la religion, « c'est la croix. Il y a plus de dix-huit siècles qu'il a été planté, el, depuis ce temps, il n'a pas cessé de faire jouir de la liberté des enfants de Dieu, les individus et les peuples qui sont venus

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dites? Il aurait promptement disparu, en co cas, de peur que la inalice ne changeât sa nature, et de l'arbre de liberté ne fit l'arbre de l'esclavage, comme cela était déjà arrivé: Raptus est, ne malitia mutaret. (Sap. IV, 11.)

BIBLES.

Objection. On ne sait pourquoi les catholiques s'opposent à cette distribution de Bibles faite dans tout l'univers par les sociétés protestantes qui ont pour but de les propager, et qu'on nomme pour cela Sociétés bibliques. C'est toujours la parole de Dieu de quelque part qu'elle vienne.

Réponse. C'est bien le cas d'appliquer les remarquables paroles du Troyen à la vue de cette inachine colossale fabriquée chez les Grecs et introduite ensuite au cœur de sa ville chérie. « Je crains les Grecs, disaitil, a'ors même qu'ils nous font des présents! »

Timeo Danaos,et dona ferentes. (VIRGIL., Eneid. lib. 11, vers. 49.)

Et nous aussi, catholiques et français, à la vue de cette masse de Bibles répandues, non-seulement en France, mais dans toutes les parties du monde, par les ennemis de notre foi, nous pouvons et nous devons même nous écrier : « Alertel ce sont nos ennemis ! » Timeo Danaos, et dona feren

tes!

C'est toujours la parole de Dieu. de quelque part qu'elle nous vienne, avez-vous dit.

Oui, c'est la parole de Dieu; mais c'est la parole de Dieu écrite, et cette parole de Dieu écrite ne vient pas seule. Or, par qui nous est-elle apportée? Par l'ennemi, qui, en nous faisant ce don divin d'une main, répand de l'autre ses poisons, je veux dire ses idées anti-catholiques, et quelquefois anti-françaises. Nous avons donc raison de nous écrier: Timeo Danaos, et dona fe

rentes.

Oui, c'est la parole de Dieu; mais la parole de Dieu traduite. Or, par qui a-t-elle été traduite, sinon en tout, du moins en partie? Par une main suspecte et même complétement ennemie. Et non-seulement cette parole de Dieu est dénaturée par de fausses interprétations; mais elle est tronquée en certains points. Il nous est donc permis et même commaudé de la repousser.

Oui, c'est la parole de Dieu, mais ce n'est pas toute la parole de Dieu, puisque celle-ci se trouve également dans la tradition. En remettant la Bible entre les mains des fidèI-s, comme l'unique règle de la foi et des *mœurs, vous les exposez donc à de graves erreurs, et leur faites souvent plus de mal que de bien.

Oui, c'est la parole de Dieu, et, par conséquent, la nourriture de l'âme, puisque nous ne vivons pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche

de Dieu Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo quod procedit de ore Dei. (Matth. iv, 4.) Or, qui êtes-vous pour distribuer cette nourriture au troupeau de Jésus-Christ? Connaissez-vous ses besoins? Est-ce à vous qu'il a été dit: Paissez mes agneaux, paissez mes brebis. (Joan. xxi, 16.17.) Si vous n'êtes point le vrai pasteur, si, au lieu d'agir sous sa direction, vous agissez dans un sens opposé, il est évident que Vous ne pouvez obtenir que de funestes résultats, auxquels nous devons nous opposer de toutes nos forces.

Si du raisonnement nous passons aux faits, nous y trouvons la confirmation de tout ce que nous venons de dire.

Il y a longtemps déjà que les sociétés bibliques ont en France leurs émissaires qui y jouissent de le plus grande liberté. Qu'y font-ils? Le mal, j'ajouterai: sans compensation d'aucun bien. Ils vendent leurs Bibles à de mauvais catholiques, qui deviennent de plus mauvais catholiques encore, sans se donner même la peine, la plupart du temps, de prendre le nom protestant.

C'est à peu près la même chose dans les autres parties du monde catholique, si nous en jugeons par les réclamations soulevées de tous côtés, et par ces procès scandaleux dont le honteux écho est arrivé jusqu'à nous.

Comment voulez-vous qu'ils obtiennent de grands résultats dans les pays où ils viennent élever autel contre autel et où ils ne font que jouer le rôle de contradicteurs, lorsque nous savons, à n'en pas douter, que, dans. les pays idolâtres, dans ces lieux où ils peuvent tailler en plein drap, comme on dit communément, où ils ne nous rencontrent point pour empêcher ou gêner la distribution de leurs Bibles, ils sont si loin d'avoir les mêmes succès qu'ont eus souvent, et qu'ont encore, en certaines localités, nos missionnaires catholiques?

« Les sociétés bibliques et les associations de missionnaires protestants,» disait en 1833 une revue anglaise fort accréditée, «ont commencé leurs travaux, il y a plus de trente ans. Elles ont amassé et dépensé des revenus de prince; elles ont des agents dans toutes les parties du globe. Les îles les plus éloignées des mers du sud, de l'Océan pacifique et des mers de l'Inde, ont été visitées par leurs envoyés. Nous les avons entendues proclamer plus d'une fois non-seulement que l'idolâtrie était anéantie dans les petites fles, mais même que la Tartarie, la Perse et l'Inde étaient sur le point de céder aux efforts des missionnaires britanniques, et d'adopter la religion de la croix...

«Nous avons des preuves en abondance

que, aussi longtemps que les missionnaires britanniques continueront leur système actuel, ils doivent nécessairemeut échouer dans leurs tentatives de convertir les Indiens: l'éducation, les meurs et les préjugés de ces peuples sont tels que la simple lecture de la Bible, sans de longues instructions préalables pour les aider à l'interpréter, les éloigne de la religion de l'Evangile plutôt que de les y attirer. D'ailleurs, les traductions de la Bible dans les dialectes de l'Inde, sont si inexactes et si éminemment ridicules, que mênie le plus petit nombre d'Indiens qui les lisent avec un esprit impartial et dépouillé de préjugés, en sont dégoûtés à la première vue. On peut donc assurer que malgré tout ce que nous lisons dans les rapports pompeux de la société biblique, et dans ceux des missionnaires britanniques, leurs succès sont réellement si peu de chose, que leur résultat n'est rien en comparaison des dépenses énormes qu'elles occasionnent. »>

Que dirait, aujourd'hui, celui qui a écrit ces

mots, au récit de tant de cruautés qui font frémir d'horreur? Les Anglais s'imaginaient avoir fait des chrétiens, ou des demi-chrétiens du moins; et l'expérience montre aux plus incrédules qu'ils n'ont formé que des démons, et encore quels démons! On parle beaucoup de leur férocité, en ce moment, et encore tout ce qu'on en dit est-il bien audessous de la réalité, s'il faut ajouter foi à une lettre écrite par un Anglais récemment débarqué dans l'Inde Ne croyez pas, affirme-t-il, que vous sachiez jamais en Angleterre ce qui se passe ici. La vérité est si affreuse que les journaux ne peuvent l'imprimer. Ici même, on évite ce sujet, et on en parle peu, de peur de devenir fou. Mais il est curieux de voir I expression de tous les visages, quand on y fait allusion: toutes les lèvres se serrent, et un sombre éclair jaillit des yeux...» La fureur de la presse anglaise, portée cependant à son paroxysme extrême, est moins éloquente que cette courte phrase.

BIENFAITS De l'église.

Objections. Pourquoi tout le monde parlet-il des bienfaits de l'Église? - Sont-ils réellement ce que chacun dit? - Sont-ils tels aujourd'hui qu'ils étaient autrefois? Estce que nous n'avons pas notre raison pour nous diriger; et, quand celle-ci se tait ou s'égare, est-ce que nous ne pouvons pas avoir recours à la raison de nos semblables, à la raison générale, appelée encore sens commun, parce qu'elle est le patrimoine de tous?

Réponse. Si tout le monde parle des bienfaits de l'Eglise, c'est que tout le monde les voit, et, pour mieux dire encore, c'est que tout le monde les éprouve. Depuis l'enfant dont la raison commence à se développer jusqu'à celui qui finit sa carrière, depuis le plus ignorant jusqu'au plus savant, depuis le plus pauvre jusqu'au plus riche, depuis le plus faible jusqu'au plus fort, depuis celui qui occupe les derniers degrés dans l'échelle sociale jusqu'à celui qui se trouve placé au sommet, tout ce qui porte en soi un cœur chrétien le sent palpiter et vivre sur le sein de cette divine mère que Dieu nous a donnée, dans son infinie bonté, pour éclairer nos âmes, les sanctifier, les diriger, et les conduire heureusement de la terre au ciel, si elles suivent son impulsion.

« Partis de la base, avons-nous dit ailleurs (Bienfaits du catholicisme), en racontant quelques-uns des innombrables bienfaits du catholicisme dans la société, nous nous sommes élevés au sommet de l'Eglise. De cette hauteur portons les yeux autour de nous. Apercevez-vous dans la société une position où la religion ne se trouve avec toute sa force pour soutenir et diriger l'homme aveugle et débile? Elle monte avec lui sur le trone; elle le suit sous le toit de la misère. Revêtue de splendeur, elle trône au milieu des peuples civilisés. Elle vole à la recherche du pauvre sauvage dans les déserts inhabités,

au milieu de ses forêts ténébreuses, sur ses montagnes inaccessibles. Quand nous nous lançons sur les flots, elle nous suit; quand nous nous livrons au sommeil, elle veille à nos côtés; quand notre corps est rendu à la terre, elle plante sa croix au-dessus de notre dépouille niortelle, pour appeler sur nous les prières et les bénédictions des vivants, et comme pour indiquer à l'ange de la résurrection le lieu où se trouvent ces ossements arides qu'il doit rendre à la vie. »

Et non-seulement chacun parle des bienfaits de l'Eglise, mais il semble même qu'on ne puisse pas faire autre chose, quand il s'agit de religion. Quel est le sujet de ces instructions religieuses que vous entendez quelquefois, de ces livres de piété ou de controverse que vous pouvez lire? Le développement de quelques-uns de ces bienfaits que nous recevons de cette divine mère. L'article dont nous nous occupons en ce moment a spécialement pour but de nous les rappeler, d'une manière générale: mais, dans les autres, que faisonsnous autre chose, que de les rappeler en détail, et de répondre à ceux qui s'efforcent d'en atténuer du moins l'efficacité et la grandeur?

J'irai plus loin, et je dirai encore que nonseulement nous ne pouvons guère faire autre chose que de parler des bienfaits de l'Eglise, quand il s'agit de religion, mais que nous avons besoin de ces mêmes bienfaits, pour en parler dignement. Ces pensées dont nous nous servons pour les exprimer, ces images que nous employons fréquemment pour nous les rendre plus présents, en quelque sorte, ces sentiments auxquels nous avons recours pour nous les faire goûter, d'où cela nous vient-il? De l'Eglise. C'est elle qui en nous fournissant les matériaux avec lesquels nous élevons l'édifice de ses bienfaits, nous dirige dans ce travail, nous redresse, si nous venons à nous tromper, et nous conduit plus facilement et plus sûrement au but que nous nous pro

posons d'atteindre. Tant il est vrai que nous recevons tout de cette divine mère, tout absolument, jusqu'à la connaissance que nous pouvons avoir de ses bienfaits, jusqu'à la gratitude que cette connaissance nous inspire. Vous ne trouverez donc point étonnant, après cela, que tout le monde parle des bienfaits de l'Eglise.

Sont-ils réellement ce que chacundit, avezvons demandé?

Ils sont beaucoup plus; et non-seulement ils sont beaucoup plus que ce que chacun dit, mais ils sont infiniment plus que ce qu'en ont jamais dit, et en pourront dire tous les hommes. Prenez, je ne dis pas l'éloge le plus accompli des bienfaits de l'Eglise, mais tous ceux qui ont été faits jusqu'ici. Aux éloges déjà faits, joignez, en idée, ceux qui se feront plus tard, ceux qui ne sortiront point du domaine de la pensée, et j'ajouterai même du possible. Tout cela est beaucoup assurément; mais enfin tout cela n'est que le fini, l'imparfait, parce que c'est l'œuvre des hommes; quant à l'ensemble des bienfaits de l'Eglise, c'est le parfait, l'infini, parce que c'est l'œuvre même de Jésus-Christ, qui est Dieu.

Vous demandez si les bienfaits de l'Eglise sont réellement tels que chacun dit. Mais vous ne pouvez l'ignorer, si vous êtes réellement chrétien, ou si, ne l'étant pas vous-même, vous savez du moins ce que c'est.

Vous demandez si les bienfaits de l'Eglise sont réellement tels que chacun dit. Mais, estce que vous en doutez? Quels que soient votre age, votre intelligence, votre caractère, votre rang, vos dispositions intérieures, pour peu que vous apparteniez à l'Eglise, ou que vous lui ayez appartenu, est-ce que vous n'avez pas vu, éprouvé ses bienfaits? est-ce Vous ne vous êtes pas senti comme enveloppé dans ce réseau divin, jeté sur les hommes, pour les rattacher à Dieu, et d'où il leur est comme impossible de s'échapper complétement, quelque effort qu'ils fassent pour cela?

Considérons ensemble quelques-uns de ces bienfaits.

C'est l'Eglise qui éclaire véritablement tout homme venant en ce monde; et c'est elle aussi qui éclaire les peuples avec la même facilité que les individus.

C'est elle qui nous fournit tous les moyens de sanctification dont nous avons besoin au milieu de tant de dangers et avec une faiblesse si grande.

Ayant pour mission spéciale d'assurer notre bonheur dans l'autre vie, elle nous rendrait en celle-ci aussi heureux qu'il est possible de l'être, si nous suivions avec soin l'impulsion qu'elle nous donne.

Mais, hélas! nous sommes des enfants indociles, et les circonstances fâcheuses dans lesquelles nous nous trouvons favorisent encore notre indocilité. L'Eglise nous environne de toutes les lumières de la vérité, et nous nous plongeons dans les ténèbres de l'erreur. Elle nous appelle à la sanctification, et nous nous précipitons dans les a

bimes du vice. Elle voudrait assurer notre bonheur en cette vie et en l'autre, et nous n'avons de goût que pour ce qui peut assurer notre perte. Il semble que l'Eglise devrait alors nous abandonner à nous-mêmes. Au contraire, plus nous nous éloignons d'elle, et plus elle se rapproche de nous; plus nous recherchons le mal avec ardeur, et plus elle s'efforce de nous porter au bien. Voyez son enseignement, son culte, ses sacrements.... Voyez sa hiérarchie, ses conciles, ses missions, ses communautés, ses associations de tout genre... Que de puissance en soi! Quelle influence sur les homines! Ah! j'ai eu raison de le dire, il est impossible à un homme, à tous les hommes, réunis pour cela, d'exprimer, de comprendre toute l'étendue de ses bienfaits, parce que, quelle que soit l'intelligence humaine, elle ne saurait embrasser cette conception divine qui s'appelle l'Eglise.

Sont-ils tels aujourd'hui qu'ils étaient autrefois, demandez-vous encore ?

Pourquoi non? N'est-elle pas toujours la même? Jésus-Christ, son divin fondateur, n'a-t-il pas promis d'être avec elle jusqu'à la consommation des siècles? Son influence sur les hommes ne peut donc avoir diminué; et ses bienfaits doivent être toujours les mêmes. L'arbre toujours le même produit toujours les mêmes fruits. Sa séve s'épuise, direzvous. Non, quand sa vigueur est toujours la même; non, quand la séve est divine. Or, la séve dont se nourrit cet arbre indestructible que Jésus-Christ lui-même a planté, c'est sa divine parole. Aussi conserve-t-il toujours la même vigueur et ne peut-il manquer de produire les mêmes fruits.

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Vous ne pouvez en disconvenir vous-même, pour peu que vous soyez de bonne foi. Quand son enseignement fut-il plus complet, plus étendu, plus approprié aux différents besoins de l'humanité? Quand son culte futil exercé avec plus de décence et de pompe ? Quand ses sacrements ont-ils été administrés avec plus de régularité et de sainteté? Quand les cérémonies qu'elle étale aux yeux des hommes, comme pour leurdonnerun avantgoût du ciel, se sont-elles accomplies avec plus de magnificence ?... Tout cela, du reste, ne nous surprendra point si nous considérons, en même temps, la conduite de ceux à qui Jésus a confié une part plus ou moins importante dans la direction de cette Eglise. Quand vit-on sa hiérarchie plus développée et plus unie? Quand ses assemblées se sontelles tenues avec plus de recueillement et d'union? Quand ses missions ont-elles montré plus de zèle? Quand ses communautés ontelles été plus saintes, quand ses associations de tout genre ont-elles été plus nombreuses et plus dévouées? Oui, les aveugles euxmêmes doivent le reconnaître, c'est toujours l'Eglise de Jésus-Christ, la bienfaitrice universelle.

Vous allez me dire peut-être que beaucoup la quittent aujourd'hui, et qu'il y a dans son sein de grands scandales.

Mais cela a toujours été et sera toujours,

A

et il est même impossible qu'il en soit autrement. L'homme est nécessairement l'homme. Quelque chargé qu'il soit des bienfaits de Eglise, il est encore libre de l'abandonner, et on le voit user souvent de cette liberté d'une manière d'autant plus scandaleuse que, l'ingratitude venant se joindre à ses autres défauts, il se trouve plus rapidement et plus profondément entraîné dans l'abîme. Avez-vous oublié l'histoire de ces hérésies, de ces schismes, de ces dissensions, de ces crimes abominables qui, de tout temps, ont déchiré le cœur de l'Eglise? Avez-vous oublié ce qui s'est passé du temps même de Notre-Seigneur Jésus-Christ? Sur douze apôtres, il y eut un Judas, c'est-à-dire le plus grand coupable qui fut jamais, le déicide, avec circonstances aggravantes, dirions-nous, si quelque chose pouvait ajouter à l'énormité intrinsèque d'un tel crime. Celui qui doit être, après lui, le chef de son Eglise, le renie lâchement à la voix d'une faible femine. Tous ses disciples semblent l'avoir abandonné.... L'Eglise est morte, avant d'avoir véçu, auraient pu dire alors ses ennemis. Point du tout. Peu de temps après, le monde entier devait entrer converti dans son sein.

Beaucoup la quittent aujourd'hui, avezvous dit, et il y a dans son sein d'énormes scandales.

Oui, c'est vrai; beaucoup sortent du sein de l'Eglise, non pas aujourd'hui seulement, mais toujours. Toutefois, d'autres y entrent en plus grand nombre, pour la dédommager; et ceux mêmes qui l'ont quittée, après avoir erré dans les sentiers de l'erreur et de l'iniquité, reviennent à elle avec plus de fidélité et d'amour que précédemment, chercher le bonheur qu'ils n'ont pu trouver loin d'elle. Oui, il y a aujourd'hui, comme toujours, d'énormes scandales dans le sein de l'Eglise; mais il y a également, par compensation, les plus beaux exemples donnés. Et ce sont même quelquefois ces scandales qui les occasionnent. Car, quand ils arrivent, les démons triomphent dans l'enfer, et les anges pleurent au ciel; mais les fidèles se disent aussitôt sur la terre : « Hâtons-nous de réparer ces affreux scandales arrivés au milieu de nous, de peur qu'ils n'attirent la malédiction de Dieu sur la terre!» Et l'on ne tarde guère à voir briller d'angéliques vertus, qui réjouissent le ciel et font trembler l'enfer.

encore aujourd'hui dans les lieux où ne s'est point fait sentir sa divine influence, et même chez ceux qui, élevés dans le sein de l'Eglise, s'en sont plus tard séparés. Que sail-elle alors? Que dit-elle à l'homme, sur les choses qu'il lui importe le plus de con naître? Est-il une croyance salutaire qu'elle n'ait combattue, un principe fondamental qu'elle n'ait essayé de déraciner? On l'a dit avec raison: Il n'y a point d'absurdité qui n'ait été soutenue par quelque philosophe, c'est-à-dire par quelque ministre de la raison, si je puis m'exprimer de la sorte. Or, si c'est ainsi qu'elle forme les maîtres, que sera-ce, grand Dieu! des disciples?

-

Après avoir vu l'enseignement de la raison par rapport aux vérités que nous sommes obligés de croire, voulez-vous que nous le considérions par rapport aux vérités que nous devons pratiquer? Ce sera bien autre chose; car il ne s'agit plus là seulement de reconnaître ce qui est vrai, mais de dompter le cœur, de l'assujettir au joug de la vertu, et cela malgré sa rébellion naturelle, malgré les mauvais conseils, les mauvais exemples qui lui sont donnés partout, malgré les suggestions du démon. Et vous vous imaginez qu'elle pourrait suffire à une telle tâche? Ce serait grandement s'abuser. Voyez-la agir; écoutez seulement son langage. Qu'y a-t-il de vrai, en morale principalement? — Rien. Quoi! rien. N'est-il donc pas mieux de pardonner à son ennemi que de l'immoler impitoyablement? de l'assister dans ses plus pressants besoins que de boire avec délices dans son crâne desséché? N'est-il pas infiniment mieux d'élever son fils bien-aimé que de l'exposer sur une place publique, au milieu des immondices, ou de le précipiter dans quelque fleuve? de soigner avec dévouement son vieux père que de dévorer ses nembres tremblants? - Oui et non, a dit la raison. Comment! non. Mais la raison n'a jamais dit cela? Elle l'a dit; et, qui pis est, elle l'a fait mettre en pratique. Et nonseulement elle l'a dit et fait metire en pratique, mais elle le dit et fait mettre encore en pratique, aujourd'hui, en certains lieux. Ce n'est point la raison qui dit et fait mettre en pratique de telles monstruosités : c'est la déraison au suprême degré. Soit; mais la raison dans l'homme, tel que l'a fait la révolte du premier père, la raison aveuglée, entraînée au mal par les passions, par ces mille causes d'égarement dont elle a toujours tant de peine à se défendre, qu'est-ce autre chose que la déraison au suprême

Est-ce que nous n'avons pas encore notre raison pour nous diriger, avez-vous ajouté? Et quand celle-ci se tait ou s'égare, est-ce que nous ne pouvons pas avoir recours à la raison de nos semblables, à la raison géné-degré? rale, appelée encore sens commun, parce qu'elle est le patrimoine de tous?

Oui, mais cela ne suffit pas. C'est quelque chose, c'est même beaucoup avec l'Eglise; mais sans l'Eglise, ce n'est rien ou presque rien. C'est même souvent une lumière incertaine et trompeuse qui ne peut que nous égarer, au lieu de nous conduire dans le droit chemin. Voulez-vous vous en convaincre? Considérez ce que fut la raison avant l'établissement de l'Eglise, ce qu'elle est

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La raison de nos semblables n'est pas autre que la nôtre, et nous pouvons en dire tout autant.

Il y a plus de sûreté sans doute dans la raison générale, appelée encore sens commun, parce qu'elle est le patrimoine de tous, comme vous dites avec justesse; mais je ne vois qu'un petit nombre de vérités sur lesquelles elle ait porté son jugement. Et ses décisions, d'ailleurs, en supposant qu'elles soient parfaitement justes, qui nous les fera

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