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Enfin l'on touche au moment redoutable. Le canon, où la loi éternelle est gravée, vient de s'ouvrir la consécration s'achève : par les paroles mêmes de Jésus-Christ. « Seigneur, dit le prêtre en s'inclinant profondément, que l'hostie sainte vous soit agréable comme les dons d'Abel le juste, comme le sacrifice d'Abraham notre patriarche, comme celui de votre grand-prétre Melchisedech. Nous vous supplions d'ordonner que ces dons soient portés à votre autel sublime par les mains de votre ange, en présence de votre divine majesté. »

A ces mots le mystère s'accomplit, l'Agneau descend pour être immolé :

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O moment solennel! ce peuple prosterné,

Ce temple dont la mousse a couvert les portiques,

Ses vieux murs, son jour sombre et ses vitraux gothiques,
Cette lampe d'airain qui, dans l'antiquité,

Symbole du soleil et de l'éternité,

Luit devant le Très-Haut, jour et nuit suspendue;

La majesté d'un Dieu parmi nous descendue,

Les pleurs, les vœux, l'encens qui monte vers l'autel,

Et de jeunes beautés qui, sous l'œil maternel,

Adoucissent encor par leur voix innocente
De la religion la pompe attendrissante;
Cet orgue qui se tait, ce silence pieux,
L'invisible union de la terre et des cieux,

Tout enflamme, agrandit, émeut l'homme sensible:
Il croit avoir franchi ce monde inaccessible,
Où sur des harpes d'or l'immortel Séraphin,
Aux pieds de Jéhovah chante l'hymne sans fin.

Alors de toutes parts un Dieu se fait entendre;
Il se cache au savant, se révèle au cœur tendre:
Il doit moins se prouver qu'il ne doit se sentir 1. »

1 Le Jour des Morts, par M. de Fontanes. La Harpe a dit que ce sont là vingt des plus beaux vers de la langue françoise; nous ajouterons qu'ils peignent avec la der. nière exactitude le sacrifice chrétien. Voyez la Note R à la fin du volume.

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CHAPITRE VII.

LA FÊTE DÍEU.

L n'en est pas des fêtes chrétiennes comme des cérémonies du paganisme; on n'y traîne pas en triomphe un bœufdieu, un bouc sacré; on n'est pas obligé, sous peine d'être mis en pièces, d'adorer un chat ou un crocodile, ou de se rouler ivre dans les rues, en commettant toutes sortes d'abominations, pour Vénus, Flore ou Bacchus : dans nos solennités, tout est essentiellement moral. Si l'Église en a seulement banni les danses 1, c'est qu'elle sait combien de passions se cachent sous ce plaisir en apparence innocent. Le Dieu des chrétiens ne demande que les élans du cœur, et les mouve

Elles sont cependant en usage dans quelques pays, comme dans l'Amérique méridionale, parce que parmi les Sauvages chrétiens il règne encore une grande innocence.

ments égaux d'une âme que règle le paisible concert des vertus. Et quelle est, par exemple, la solennité païenne qu'on peut opposer à la fête où nous célébrons le nom du Seigneur 1?

Aussitôt que l'aurore a annoncé la fête du Roi du monde, les maisons se couvrent de tapisseries de laine et de soie, les rues se jonchent de fleurs, et les cloches appellent au temple la troupe des fidèles. Le signal est donné tout s'ébranle, et la pompe commence à défiler.

On voit paroître d'abord les corps qui composent la société des peuples. Leurs épaules sont chargées de l'image des protecteurs de leurs tribus, et quelquefois des reliques de ces hommes qui, nés dans une classe inférieure, ont mérité d'être adorés des rois pour leurs vertus': sublime leçon que la religion chrétienne a seule donnée à la terre.

Après ces groupes populaires, on voit s'élever l'étendard de Jésus-Christ, qui n'est plus un signe de douleur, mais une marque de joie. A pas lents s'avance sur deux files une longue suite de ces époux de la solitude, de ces enfants du torrent et du rocher, dont l'antique vêtement retrace à la mémoire d'autres moeurs et d'autres siècles. Le clergé séculier vient après ces Soli

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taires quelquefois des prélats, revêtus de la pourpre romaine, prolongent encore la chaîne religieuse. Enfin le pontife de la fête apparoît seul dans le lointain. Ses mains soutiennent la radieuse Eucharistie, qui se montre sous un dais à l'extrémité de la pompe, comme on voit quelquefois le soleil briller sous un nuage d'or, au bout d'une avenue illuminée de ses feux.

Cependant des groupes d'adolescents marchent entre les rangs de la procession : les uns présentent les corbeilles de fleurs, les autres les vases des parfums. Au signal répété par le maître des pompes, les choristes se retournent vers l'image du soleil éternel, et font voler des roses effeuillées sur son passage. Des lévites, en tuniques blanches, balancent l'encensoir devant le Très-Haut. Alors des chants s'élèvent le long des lignes saintes le bruit des cloches et le roulement des canons annoncent que le Tout-Puissant a franchi le seuil de son temple. Par intervalles, les voix et les instruments se taisent, et un silence aussi majestueux que celui des grandes mers dans un jour de calme, règne parmi cette multitude recueillie on n'entend plus que ses pas mesurés sur les pavés reten

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