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Croit-on qu'il y eût beaucoup de plaisirs (nous entendons de ces plaisirs à la façon du monde), croit-on qu'il fût fort doux pour un Cordelier, un Carme, un Franciscain, d'aller, au milieu des prisons, annoncer la sentence au criminel, l'écouter, le consoler, et avoir, pendant des journées entières, l'âme transpercée des scènes les plus déchirantes? On a vu, dans ces actes de dévouement, la sueur tomber à grosses gouttes du front de ces 'compatissants Religieux, et mouiller ce froc qu'elle a pour toujours rendu sacré, en dépit des sarcasmes de la philosophie. Et pourtant quel honneur, quel profit revenoitil à ces moines de tant de sacrifices, sinon la dérision du monde, et les injures même des prisonniers qu'ils consoloient! Mais du moins les hommes, tout ingrats qu'ils sont, avoient confessé leur nullité dans ces grandes rencontres de la vie, puisqu'ils les avoient abandonnées à la religion, seul véritable secours au dernier degré du malheur. O apôtre de Jésus-Christ, de quelles catastrophes n'étiez-vous point témoin, vous qui, près du bourreau, ne craigniez point de vous couvrir du sang des misérables, et qui étiez leur dernier ami! Voici un des plus hauts spectacles de la terre: aux deux coins de cet échafaud, les deux justices sont en présence, la Justice humaine et la Justice divine: l'une, im

placable et appuyée sur un glaive, est accompagnée du désespoir; l'autre, tenant un voile trempé de pleurs, se montre entre la pitié et l'espérance: l'une a pour ministre un homme de sang, l'autre un homme de paix: l'une condamne, l'autre absout: innocente ou coupable, la première dit à la victime : « Meurs ! » La seconde lui crie: «< Fils de l'innocence ou du repentir, montez au ciel!».

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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

NOTE A, page 9.

On se refuse presque à croire que quelques-unes de ces notes soient de Voltaire, tant elles sont au-dessous de lui. Mais on ne peut s'empêcher d'être révolté à chaque instant de la mauvaise foi des éditeurs, et des louanges qu'ils se donnent entre eux. Qui croiroit, à moins de l'avoir vu imprimé, que dans une notule, faite sur une note, on appelle le commentateur, le Secrétaire de Marc-Aurèle, et Pascal, le Secrétaire de Port-Royal? Dans cent autres endroits on force les idées de Pascal, pour le faire passer pour athée. Par exemple, lorsqu'il dit que la raison de l'homme seule ne peut arriver à une démonstration parfaite de l'existence de Dieu, on triomphe, on s'écrie qu'il est beau de voir Voltaire prendre le parti de Dieu contre Pascal. En vérité, c'est bien se jouer du sens commun, et compter sur la bon

homie du lecteur.

N'est-il pas évident que Pascal raisonne en chrétien qui veut presser l'argument de la nécessité d'une révélation? Il y a d'ailleurs quelque chose de pis que tout

cela dans cette édition commentée. Il ne nous est pas démontré que les Pensées nouvelles qu'on y a ajoutées, ne soient pas au moins dénaturées, pour ne rien dire de plus. Ce qui autorise à le croire, c'est qu'on s'est permis de retrancher plusieurs des anciennes, et qu'on a souvent divisé les autres, sous prétexte que le premier ordre étoit arbitraire, de manière à ce qu'elles ne donnent plus le même sens. On conçoit combien il est aisé d'altérer un passage en rompant la chaîne des idées, et en séparant deux membres de phrase, pour en faire deux sens complets. Il y a une adresse, une ruse, une intention cachée dans cette édition, qui l'auroient rendue dangereuse, si les notes n'avoient heureusement détruit tout le fruit qu'on s'en étoit promis.

NOTE B, page 14.

Outre les projets de réforme et d'amélioration qui sont venus à la connoissance du public, on prétend que l'on a trouvé depuis la révolution, dans les anciens papiers du ministère, une foule de projets proposés dans le conseil de Louis XIV, entre autres celui de reculer les frontières de la France jusqu'au Rhin, et de s'emparer de l'Égypte. Quant aux monuments et aux travaux pour l'embellissement de Paris, ils paroissent avoir tous été discutés. On vouloit achever le Louvre, faire venir des eaux, découvrir les quais de la Cité, etc. etc.

Des raisons d'économie ou quelque autre motif arrêtèrent apparemment les entreprises. Ce siècle avoit

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