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s'éleva de toutes parts contre lui un cri | à savoir choisir les hommes. On lui a regénéral de réprobation; et l'historien proché avec raison d'avoir laissé ses Socrate, grave témoin de ces temps, généraux sans secours et d'avoir abaissé nous fait observer que Nestorius agis- Bélisaire. Il s'est laissé tromper par sait en cela contre l'usage de l'Église. l'envie de ses courtisans : c'est une faiLa démarche du pape Jean, commandée blesse qui fait dans sa gloire une tache par d'impérieuses circonstances, était ineffaçable; c'est trop souvent la faute donc conforme au véritable esprit de de la royauté. Je n'entrerai pas, Mesl'Église et pleinement d'accord avec ses sieurs, dans le détail des faits glorieux intérêts. de son règne; je dois me borner aux actes qui se lient à l'histoire de l'Église. Plus tard, j'aurai à vous parler de son code dans ses rapports avec l'état ec-* clésiastique.

A son arrivée à Constantinople, il fut reçu avec tous les hommages dus à sa primauté; toute la population alla processionnellement à sa rencontre et l'accompagna à son entrée dans la ville, en portant des cierges et des croix; l'empereur se prosterna devant lui, et lui demanda la faveur d'être une seconde fois couronné de sa main; le patriarche Épiphane l'invita à célébrer l'office divin; ce qu'il accepta en réservant que, comme chef de l'Église, il occuperait le premier rang; cela ne fit point de difficulté. Il s'occupa ensuite de la négociation qui l'appelait à Constantinople, ét obtint pour les Ariens la main-levée du séquestre mis sur leurs biens, la restitution des églises dont ils avaient été dépossédés, et le libre exercice de leur culte. Mais cette liberté ne pouvait être comprise alors; une multitude d'excès s'ensuivirent; et, comme nous le verrons, le pape fut mal récompensé de sa générosité et de son dévouemeut.

Justin mourut en 527, après avoir régné 9 ans et avoir associé à l'empire son neveu Justinien, devenu célèbre par le code qui porte son nom, par ses gigantesques constructions, et par les exploits de Bélisaire et de l'eunuque Narsès. Justinien, comme plusieurs grands hommes, a été fort diversement jugé, non-seulement par ses contemporains, mais aussi par la postérité. Il n'a point commandé ses armées en personne, mais il a lui-même dressé les plans de campagne, choisi et dirigé les généraux capables de les exécuter; il n'était point architecte, mais il a su trouver ceux qui l'étaient; il n'a pas écrit son code, mais il a eu le coup d'œil assez juste pour discerner l'homme capable d'exécuter cette œuvre difficile. La plus grande partie de l'art de régner consiste

Justinien avait reçu une éducation brillante, mais profondément chrétienne; elle ne fut point perdue. Il faut ajouter à ses titres de gloire qu'il fut également pieux et laborieux. Il brilla par une vertu que tous les princes ne cultivent pas, et qui ne respire pas o.. dinairement un bon air dans les cours, Il fut d'une chasteté exemplaire, et l'austérité de ses mœurs alla jusqu'à la pénitence d'un anachorète. Une âme ainsi faite ne pouvait être favorable au désordre de l'hérésie ; il avait d'ailleurs compris le besoin de l'unité religieuse pour fonder l'unité politique. Aussi, pour consolider l'oeuvre entreprise par son oncle, s'adressa-t-il à Rome, qui lui prêta son concours. Il ne se borna pas à écarter les hérétiques des dignités et des emplois publics, et d'y placer des hommes irréprochables par leur orthodoxie; il fulmina des lois sévères contre les hérétiques et les païens, et bannit sans pitié de ses États tout ce qui pouvait altérer la pureté du dogme chrétien, ou corrompre la morale publique.

Mais sa femme Théodora, si célèbre dans l'histoire, ne lui ressemblait guère. C'était une ancienne actrice, qu'il avait épousée contrairement aux lois de l'empire, Elle se signala par de honteux déportements; elle était eutychéenne, et comme telle favorisait secrètement ceux de son parti nommés Acéphales. Habile et insinuante, elle dominait son mari sans qu'il s'en apercùt; elle le charmait comme une sirène; elle l'endormait dans des liens qu'il ne voyait pas, qu'il ne sentait pas, et, dès qu'il avait les yeux fermés, elle

l'entourait de piéges, elle combinait | tre actrice, et d'ailleurs lui parait pro

adroitement un assemblage de circonstances dont il ne pouvait ensuite se débarrasser. Ainsi le pauvre prince, avec cette malheureuse faiblesse qui a trop souvent annulé ses plus belles qualités, allait comme un aveugle où cette indigne femme voulait le conduire.

pre à remplir le rôle qu'elle lui destine dans la pièce qu'elle veut monter. De l'or et du pouvoir, cela flatte tous les hommes; d'immenses richesses et le suprême pontificat à un simple diacre, cela lui tournera la tête: elle les lui offre à condition que, devenu pape, il rejet

tera le concile de Calcédoine et admettra dans sa communion Anthème de Constantinople, Sévère d'Antioche et d'autres hérétiques. La proposition sou

l'accepte. Théodora lui remet une lettre pour Bélisaire, chargé de l'installer après la prise de Rome qu'il tient assiégée. Cependant les Romains, apprenant la mort d'Agapet, ont nommé Sylvérius, et il occupe le siége. Mais Bélisaire se rend maître de la ville, envoie le nouveau pape mourir en exil', et intronise Vigile, qui joue beaucoup mieux son rôle que Théodora ne l'avait espéré ; car, à peine s'est-il assis sur le siége romain, qu'il se déclare le défenseur du concile de Calcédoine, se fait réélire par le peuple, et prend sa place de pape légitime. Théodora est furieuse, mais pour le moment elle ne peut rien; elle enferme sa haine dans son cœur, et couve sa vengeance.

L'Église d'Alexandrie était encore aux mains du schismatique Timothée IV, homme paisible, mais attaché à l'hérésie d'Eutychès. Après dix-huit ans d'épiscopat, il mourut au moment où Jus-rit à Vigile, il sourit à la proposition et tinien le mandait à Constantinople pour l'obliger à rentrer dans l'unité ou à quitter son siége. Il n'était pas déposé en terre, que les factions s'agitent pour le choix de son successeur : les uns proposent Théodose, les autres veulent Gaïen; mais avec le secours de Narsès, qui s'appuie en secret sur Théodora, l'hérétique Théodose triomphe. On fait couler le sang devant lui, et l'on marche sur des cadavres pour aller l'installer. Théodora protége aussi à Constantinople plusieurs évêques acéphales; elle en établit un en Asie, elle parvient à en faire monter un autre dans le siége de Constantinople, Anthème, évêque de Trébizonde. Mais le pape Agapet, venant en députation à Constantinople pour Théodat, roi d'Italie, le dépose à son arrivée, sans même assembler de concile, ce qui n'empêche pas cet acte d'être approuvé plus tard par un concile de Constantinople; il élève à sa place Mennas sur ce siége, tombe malade, et meurt dans cette ville.

J'oubliais de vous dire qu'il avait en même temps procédé, et par des formes anssi expéditives, contre Sévère d'Antioche, Pierre d'Agamna, et un certain Zoaras. Théodora vient de voir le pape défaire dans un instant le fruit de son ouvrage et de son application pendant plusieurs années; elle conçoit que de cette manière elle travaillera à la toile de Pénélope; elle n'est pas une Pénélope, elle n'en a pas non plus la patience: elle s'ingénie, et ne se résout à rien moins qu'à jouer une pièce à la papauté. Avec un pape acéphale, elle obtiendra partout des évêques acéphales. Un diacre 'nommé Vigile avait accompagné le pape Agapet; ce diacre plaît beaucoup à no

Cependant l'empereur, voyant les Eutychéens, qui étaient nombreux, multiplier chaque jour les divisions, et ne trouvant aucun moyen de rétablir la paix, conçoit qu'il n'y en a pas d'autre que de les réunir à l'Église. Il venait de se mettre à écrire pour défendre les doctrines de Calcédoine, lorsque Théodore, évêque de Césarée en Cappadoce, qui était Acéphale sous des dehors catholiques, le vient trouver, et s'adressant à lui avec une grande apparence de bonhomie, lui dit : « Vous êtes trop bon, seigneur, de prendre la plume contre les Acéphales; il y a un moyen plus simple de les ramener tous. Ce qui les choque dans le concile de Calcédoine, c'est que ce concile a reçu les louanges de Théodore de Mopsueste, qu'ensuite il a déclaré orthodoxes les écrits de Théodoret contre les douze anathèmes de saint Cyrille et la lettre

Il mourut en 383.

d'Ibas à Maris, laquelle est réellement | soutiennent qu'on ne peut faire le pronestorienne. Condamnez les écrits de cès à ceux qui sont morts dans la comces trois auteurs; il n'y aura plus pour munion catholique. Cependant l'empeeux de difficulté; ils recevront le con- reur veut qu'on souscrive; plus ses incile votre piété les aura réconciliés à stances deviennent pressantes, plus les l'Église, et elle en acquerra une gloire discussions s'avivent et s'enflamment. immortelle. » Le patriarche Mennas, dans l'anxiété, souscrit en réservant l'approbation du pape. Malgré cette réserve, plusieurs évêques rompent à l'instant avec lui. De même ailleurs, les évêques qui livrent leur signature sont anathématisés par les autres; l'empereur a recours à la force, il dépose, il exile les réfractaires ; les uns cèdent à la peur et s'en

Il y avait longtemps que ces écrits étaient tombés dans l'oubli. A l'exception de Théodore de Mopsueste, qui était mort avant le concile de Calcédoine, les auteurs de ces écrits, répréhensibles en effet, et entachés de nestorianisme, s'étaient rétractés, et avaient été reçus par ce concile, non d'après leurs écrits que d'ailleurs ils n'avaient jamais ap-gagent; les autres s'enfuient ou se caprouvés, mais d'après leur profession de foi verbale et parfaitement orthodoxe. Mais il y avait une infernale adresse pour infirmer l'autorité du concile, à faire croire qu'il avait reconnu la doctrine de ces écrits, et à les condamner comme hérétiques.

L'empereur entend parler, par un homme qui a sa confiance, d'un moyen facile, d'une paix universelle, d'une gloire immortelle; il ne regarde pas plus loin, il donne en plein dans le piége, et une fois lancé il ne voudra plus reculer. Sans consulter aucun évêque orthodoxe, il publie un long édit, dont on attribue généralement la rédaction à celui qui l'avait conseillé, par lequel il condamne les écrits mentionnés de ces trois évêques, épargnant cependant les personnes, à l'exception de Théodore de Mopsueste. C'est ce qu'on appelle la condamnation des trois chapitres. Justinien s'applaudit de son œuvre, et donne des ordres en conséquence. L'édit est envoyé dans toutes les parties de l'empire, même en Afrique récemment reconquise sur les Vandales par Bélisaire. Partout il soulève d'interminables discussions : les uns prétendent que ces écrits sont orthodoxes et que si les Nestoriens les ont fait valoir, c'est à tort; les autres avouent qu'ils sont hérétiques, mais ils contestent à l'empereur le droit de les condamner sans la participation de l'Église; ceux-ci s'imaginent que le concile de Calcédoine a réellement approuvé ces récits et craignent en les rejetant de rejeter le concile; ceux-là

chent, attendant des temps meilleurs.

Enfin, jusqu'en Afrique et en Italie, toute l'Église est pleine de troubles, et Théodore de Cappadoce avoua luimême, plus tard, qu'il méritait d'être brûlé vif pour avoir été cause d'un tel bouleversement.

Après avoir jeté partout les brandons de la discorde, l'empereur ne peut plus les éteindre et ne sait plus où donner de la tête. Il s'adresse au pape, mais ce n'est pas pour lui céder, c'est pour le soumettre, c'est pour s'en faire un instrument. Il l'invite à se rendre à Constantinople; Vigile ne peut s'y refuser; il fait ce voyage. Il n'est pas plutôt arrivé que l'empereur l'assiége et veut obtenir sa signature; il se refuse d'abord à la donner, dans la persuasion où il est que la lettre d'Ibas à été approuvée par le concile de Calcédoine. On le presse avec une vivacité qui approche de la violence, et il s'écrie dans l'assemblée :

a

Je vous déclare que si vous me tenez « captif, vous ne tenez pas saint Pierre. » Pour s'éclairer, il assemble un concile de 70 évêques qui se déclarent en faveur de la condamnation; alors il se laisse fléchir, il condamne les trois chapitres en ajoutant cette clause :

Sauf l'autorité du concile de Calcédoine. Cet acte qui a pris le nom de Judicatum ne contente pas les Eutychéens qui voulaient ruiner l'autorité du concile, et il scandalise les défenseurs des trois chapitres qui les croient approuvés par le concile; ils pensent que le pape est tombé dans l'hérésie. Deux diacres qui l'avaient accompagné,

R stique et Sébastien, se séparent de lui et écrivent dans l'Occident que le pape vient d'abandonner lè concile de Calcédoine. Cette épouvantable rumeur se propage; les Églises sont consternées; les évêques de l'Afrique, de l'Illyrie et de la Dalmatie ne peuvent contenir leur indignation, ils se séparent de Vigile; plusieurs conciles provinciaux, outrepassant leurs pouvoirs, en viennent même jusqu'à le frapper d'excommunication.

Consterné des funestes résultats qu'a amenés son judicatum, le pape se retire aussitôt et demande la convocation d'un concile général. En attendant il défend toute discussion sur les trois chapitres, et on lui obéit.

Mais Théodose de Césarée porte l'empereur à insister, à exiger immédiate ment une souscription définitive. Le pape est maltraité; il se réfugie dans l'église de St-Pierre de Constantinople, il en est arraché par la violence; si on lui accorde ensuite un peu de relâche, bientôt de nouveaux sévices l'obligent à se sauver à Calcédoine et à se réfugier dans l'eglise de Ste-Euphémie, où le concile avait tenu ses sessions. Là même où sa vie n'était pas en sùreté, il déclare qu'il adhère aux quatre conciles généraux et qu'il les maintiendra sans permettre qu'on en retranche ou qu'on y ajoute une syllabe. Mais dans l'intervalle de cette fuite, Mennas et plusieurs évêques qui avaient ratifié la condamnation des trois chapitres, font de leur côté des déclarations semblables, et Vigile se détermine à revenir à Constantinople. Mennas meurt et est remplacé par Eutychius, digne prélat qui ne travaille qu'à seconder les intentions du pape et qui est le premier à lui offrir la présidence du concile. Cent soixante évêques étaient réunis, mais presque tous orientaux. Par cette considération et dans la crainte que les suffrages ne soient pas libres, le pape, tout en approuvant la tenue du concile, se refuse à le présider, et annonce qu'il attendra pour approuver les décisions du concile qu'il ait eu le temps de les examiner.

Le concile condamna les trois chapitres et prononça des anathèmes contre leurs auteurs. Après avoir mûrement réfléchi et avoir examiné par lui-même les écrits des trois évêques, le pape approuva le concile par deux constitutions successives et longuement motivées. Le concile de Constantinople devint ainsi le 5 concile général.

La discussion sur les trois chapitres tomba en Orient, mais elle se soutint longtemps encore dans l'Occident; elle suscita mille embarras aux papes et devint la source des schismes qui durèrent plus d'un siècle. La principale cause de cette inquiétude était l'ignorance où l'on était des éléments de la difficulté. Les écrits sur lesquels portait la condamnation étaient tombés dans l'oubli depuis plus d'un siècle; les copies en étaient rares, et ils étaient composés en grec, en sorte que les évêques occidentaux ne pouvaient s'assurer par eux-mêmes de l'hétérodoxie de ces écrits. D'autre part, on n'avait pas une connaissance assez détaillée de l'histoire du concile de Calcédoine, dont on ne connaissait que les canons et les actes principaux. On craignait de condamner des écrits qu'il ùt approuvés.

Au demeurant, Justinien donna, à son propre détriment et au détriment de la tranquillite de son empire, un exemple mémorable du danger qu'il y a pour les princes de chercher à s'immiscer, même avec les plus louables intentions, dans les choses de l'Église et de la foi. L'hénotique de Zénon avait amené un long et déplorable schisme; la condamnation des trois chapitres de Justinien inquiéta l'Église, la troubla, devint pour elle, pour l'empire, et pour Justinien lui-même, une véritable calamité. Au lieu de se tourmenter dans cette malheureuse affaire qui absorba son temps et son attention, qui le jeta dans les intrigues des partis, le poussa à la violence et fit mettre en problème ses grandes qualités, que ne prit-il le sage parti de recevoir, de soutenir les décisions de l'Église et de concentrer sur les affaires de l'empire tout son génie et toutes ses forces!

REVUE.

INSTITUTIONS LITURGIQUES;

PAR LE R. P. DOM PROSPER GUÉRANGER, ABBÉ DE SOLESMES ».

DEUXIÈME ARTICLE 2.

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Dans le premier volume des institu- | images qui en décoraient l'intérieur, tions liturgiques, la tâche de l'auteur avait été douce. Il n'avait eu qu'à suivre et à exposer aux yeux du lecteur le développement de la liturgie catholique, parallèle à celui de la foi et de la piété des peuples de l'Europe. A mesure que le sentiment de l'unité avait poussé parmi eux de plus profondes racines, le besoin de l'unité dans les formes extérieures du culté s'était aussi fait sentir davantage; et il y avait alors harmonie parfaite entre la pensée chrétienne et ce qui lui servait d'expression. De grandes et profondes divisions séparaient politiquement les peuples. La langue, les mœurs, les usages, les costumes, la littérature variaient à l'infini selon les divers climats. Un fleuve, une montagne établissaient en quelque sorte | un abime entre les populations qu'ils séparaient. Car à cette époque de foi, les individualités étaient encore fortement tranchées, et n'avaient point disparu dans une triste uniformité.

Mais partout, sous tous les climats, même les plus divers, parmi tous les peuples, même les plus opposés, il était un lieu qui rappelait à tous les hommes qu'ils sont frères, enfants d'un même père, et destinés à la même fin; un lieu où ils retrouvaient, soit dans les formes extérieures de l'edifice, soit dans les

• Deuxième volume; à Paris, chez Debécourl. Prix : 6 fr.

• Voir le ger art, au no 57, t. X, p. 201.

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soit dans les cérémonies du culte qui
s'y pratiquaient, soit dans la langue
qu'on y parlait, soit dans les chants qui
y montaient vers le trône de Dieu, où
ils retrouvaient, dis-je, un reflet et un
symbole de leur communauté d'origine
et de fin. Ennemis dans les camps et
dans les guerres incessantes que la con-
stitution sociale de l'Europe rendait
presque nécessaires alors, ils se recon-
naissaient pour frères dans les temples
du Seigneur, que la piété des fidèles
avait multipliés outre mesure. Ces mê-
mes hommes, qui ne pouvaient s'enten-
dre sur la place publique au milieu de
laquelle était située l'église, une fois
entrés dans son enceinte, parlaient tous
le même langage; et chacun compre-
nait tous les autres, comme il en était
compris lui-même. Les mêmes chants
ravissaient leurs âmes dans un élan
commun, et les emportaient palpitantes
de foi et d'amour vers le ciel. Toutes
les divisions, toutes les oppositions,
toutes les luttes s'arrêtaient devant le
seuil du temple, comme les flots de la
mer à qui Dieu a dit : « Vous n'irez pas
plus loin,» respectent la limite que sa
main leur a tracées. Au delà l'on ne res-
pirait plus que la foi, l'espérance et l'a-
mour, la prière, la concorde et la paix.
Le temple était vraiment comme un re-
flet du ciel sur la terre.

Aujourd'hui ce n'est plus cela. Les rôles sont changés et intervertis. Dans la société temporelle, une unité factice,

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