Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors]
[ocr errors]

«l'ont fait sortir du désespoir et des pas«sions humaines, au lieu de le faire « naître de la vue paisible des misères « de l'humanité exilée et cheminant vers l'éternité. Ils l'ont rendu ou froid et « systématique, ou sombre et farouche, « au lieu de le peindre naturel et plein d'un gracieux enthousiasme, doux, aimable, et montrant toujours le sou« rire de l'espérance à travers les larmes d'une sainte tristesse. Enfin, ils l'ont conduit à la haine des hommes, « au dégoût de la vie et au suicide, au «lieu de lui faire produire la résignation chrétienne, la charité et la compas<sion pour des misères communes, le désir patient du ciel. Non, encore une fois, les romantiques ne prennent ja<< mais le christianisme et ses inspira

«Ils n'ont pas conçu ce sentiment nou« veau qui avait été pour Caton, païen, « le désespoir, et dont le christianisme <fit la mélancolie. »

Elles sont bien profondes les impressions du berceau et de l'éducation + première; aussi jamais ne s'est effacée l'impression de mélancolie que les sociétés chrétiennes reçurent de leur origine et des malheurs de leur en<fance. Et d'ailleurs, aux souvenirs des infortunes d'autrefois, ne vient-il pastions sous leur point de vue véritable. se joindre le sentiment des infortunes présentes? nous sommes toujours froissés et bouleversés par des catastrophes, conséquences du plan pro‹ videntiel de la solidarité et de l'expia<tion; nous marchons à tâtons dans la nuit vers un avenir incertain que Dieu tient caché dans ses secrets impénétrables, la terre boit toujours le sang de ses enfants; le fracas des trônes qui s'écroulent vient à chaque instant effrayer nos oreilles; les dynasties s'engloutissent dans le gouffre des révolutions. Et le monde ne retentirait que de cris de joie! on ne verrait personne pleurer sur tant de malheurs et tant de ruines!

La mélancolie se montre surtout aux époques matérielles ou de rénovation sociale: Le poëte, alors accablé par ‹ cette société qui pèse lourdement sur lui, gémit avec ses rêves, avec la nature. Désenchanté de la vie, il reporte ailleurs ses espérances, et les yeux tournés vers l'horizon, si un brillant éclair vient en sillonner les flancs té⚫nébreux, il salue l'avenir de ses plain(tives mélodies. C'est assez dire que la mélancolie doit être une des muses du siècle présent. . .

Sous ce rapport comme sous tous les autres, les romantiques ont mal exploité le sentiment chrétien qu'ils ne comprennent pas. Ils n'en ont saisi ni l'origine, ni la nature, ni la fin. Ils

Nous voici arrivés au véritable champ de bataille des deux armées littéraires, le mélange du laid et du beau, du sublime et du grotesque, la théorie de l'art pour l'art.

Le sublime et le grotesque! N'y a-t-il pas déjà une sorte de condamnation dans ce rapprochement de mots? C'est l'image de la vie, dit-on, soit; mais si dans le cours de la vie je rencontre cet alliage qui semble vous sourire une verrue au milieu d'un jeune et beau visage, un membre difforme dans la statue d'un Phidias, une fade plaisanterie au milieu du discours le plus pathétique, un cœur corrompu sous le manteau heroïque d'un César ou d'un Alexandre, quelle est l'impression que j'éprouve? n'est-elle pas triste, pénible? N'a-t-elle pas pour infaillible effet de me dégoûter du beau et du sublime, à cause du laid et du grotesque qui s'y trouvent mêlés? Il en doit être à plus forte raison ainsi dans une œuvre littéraire où l'on s'attend à trouver, non la peinture grossièrement exacte de la réalité, mais un portrait flatté, embelli, une sorte d'idéal enfin. Vous invoquez la grande loi du monde, la lutte du bien et du mal... mais cette loi a été imposée à l'homme comme un châtiment, et la volonté, juge et victime

de ce combat en champ clos, lui a été | tours et les couleurs. L'art en littéradonnée pour faire prédominer le bien ture me paraît consister dans le choix sur le mal. Pourquoi donc vous, poëte, et dans l'harmonie de la pensée et de qui avez reçu du ciel, ainsi que vous le l'expression. Donnez à une idée vulgaire proclamez si haut, une mission sociale, le plus riche vêtement, elle demeurera pourquoi, lorsqu'il vous en coûterait si vulgaire si elle ne devient pas ridicule; peu, lorsqu'il s'agit non d'agir, mais de ou si elle fait un instant illusion, elle parler, ne feriez-vous pas aussi surnager ne laissera aucune trace après elle et les instincts supérieurs au lieu de les s'évanouira avec l'impression fugitive noyer dans les eaux fangeuses de l'immo- qu'elle aura causée; or, l'art ne meurt ralité? La dégradation humaine a-t-elle pas ainsi. Traduisez, au contraire, dans donc pour vous tant d'attrait que vous un style pauvre et bas la plus haute insoyez si empressés de la produire au spiration, elle y sera ensevelie comme grand jour et d'en triompher? - Faut- une perle dans un fumier. Quelle beauté il donc, me répondez-vous, renoncer à est à l'épreuve d'un haillon? la puissance des contrastes? Je connais cette puissance, et avant vous les plus grands écrivains, Homère, Virgile, le Tasse, en ont fait usage, mais avec quel goût et quelle discrétion! comme ils se sont arrêtés précisément au point où commençait le dégoût! Si les romantiques s'étaient tenus dans cette mesure, ils auraient été moins neufs peutêtre, mais plus habiles et plus généralement applaudis. Au reste, l'épreuve a été tentée, elle a été tentée sur une assez vaste échelle, elle a été plusieurs fois renouvelée par l'écrivain le plus hardi, le plus original, le plus populaire de notre temps, A-t-elle réussi? Lisez le Roi s'amuse, Han d'Islande, Ruys-Blas, NotreDame de Paris même... et répondez.

Le choix et l'harmonie, voilà donc la double condition de l'art; c'est pour y être resté fidèle que l'art grec est parvenu à son apogée et qu'il sera difficilement surpassé par les modernes. Considérez en effet un poëme, une statue ou un discours de ces grands artistes de l'antiquité qui ont été si longtemps nos maîtres et nos modèles: qu'est-ce qui frappe tout d'abord, si ce n'est l'élévation ou la grâce de la conception première jointe au fini des détails et à une sorte d'unité dans les proportions? Les novateurs ont appelé cette sage ordonnance monotonie, uniformité, ennui, ils ont changé tout cela. Ne cherchant, ne rêvant que les effets extraordinaires, ils ont eu recours, pour les produire, aux procédés les plus bizarres, aux alliances les plus monstrueuses, aux plus incroyables transformations. En même temps qu'ils ont tenté d'élever jusqu'à la poésie les détails les plus prosaïques et les plus grossiers de la vie, ils ont abaissé jusqu'au langage le plus trivial les idées les plus sublimes, ce qui produit de choquantes disparates, fait boiter désagréablement le style et met aussitôt l'art en fuite.

La Théorie de l'Art pour l'Art est de la même valeur, si toutefois elle signifie quelque chose et si elle est bien comprise par ceux-là même qui l'ont mise récemment en lumière. L'art pour l'art, qu'est-ce à dire? L'art est-il quelque chose de tellement absolu, indépendant, isolé, qu'on puisse le considérer en dehors de tout autre élément? N'est-il pas, au contraire, le résultat et comme la quintessence de nos facultés Laissons les extravagances, et arrêles plus élevées et les plus délicates? tons-nous au seul système qui soit digne Ou bien ne serait-il, ainsi que l'ensei- d'un examen : l'art n'est que la perfecgnent et le pratiquent certains écrivains tion de la forme. Ici on ne supprime de nos jours, que la perfection de la qu'une chose, l'âme : c'est le matériaforme? Toutes ces questions peuvent lisme ou, pour parler moins sévèrement, sembler oiseuses, car l'art se sent mieux c'est le naturalisme transporté de la phiqu'il ne se définit : c'est une fleur de losophie à la littérature. Je comprends l'imagination dont la fraîcheur se fane, à la rigueur dans les arts plastiques, dont le parfum s'évapore dès qu'on le dans l'architecture, la statuaire, la presse entre ses doigts. Essayons toute- peinture, cette préoccupation presque fois, sans le flétrir, d'en saisir les con-exclusive et cette admiration enthou

siaste de la forme; aussi, tout en rendant justice aux efforts tentés par les premiers artistes catholiques pour spiritualiser la matière, je reconnais que plusieurs d'entre eux sont entrés dans une fausse voie et qu'ils ont manqué le seul but qu'ils auraient dû se proposer: élever l'âme en charmant les sens. Mais la littérature, cet art de l'intelligence, de l'imagination et du cœur, n'a-t-elle pas une plus haute destination? N'est-ce pas la profaner que de la forcer à ne parler qu'aux yeux et aux oreilles, à n'exciter que des sensations, et de la surcharger à cet effet d'images et de couleurs sous lesquelles l'idée n'est pas seulement voilée, mais étouffée, anéantie. Il me semble voir une madone italienne toute surchargée de faux rubis et d'oripaux de mauvais goût, tandis qu'elle ne devrait briller que par la chaste simplicité de son attitude et la céleste pureté de son regard.

Les conséquences de ces fausses théories ont été l'avortement des brillantes espérances que les premiers pas dans une route nouvelle avaient fait concevoir, l'abaissement continu de la littérature, l'indifférence du public pour elle, les progrès effrayants du sensualisme et cette fièvre d'immoralité qui s'est emparé du drame et du roman, poison funeste administré à forte dose dans de nombreux in-octavo, ou détaillé dans les feuilletons quotidiens, sentines ouvertes à toutes les classes de lecteurs et à tous les genres de scandale, enfin ce dédain des choses de l'esprit qui gagne même les rangs supérieurs de la société et consacre le triomphe du positif, mot honnête sous lequel on déguise le culte de la matière qui révolterait les adorateurs s'il leur était présenté avec son propre nom.

Le spiritualisme, voilà le remède à ces maux, voilà le principe et la fin de eet art chrétien dont on a proclamé naguère la renaissance. Élever en haut les cœurs et les intelligences, les imprégner de foi et d'amour, tel doit être le résultat de l'emploi de la religion dans la poésie et dans les autres œuvres littéraires, Est-ce bien là l'usage que les romantiques en ont fait? Quelques âmes d'élite, inspirées par un souf

fle supérieur, ont compris cette noble mission, ce saint apostolat de la poésie. Elles ont déployé leurs blanches ailes, vierges encore du contact du monde, et ont pris leur essor vers l'infini; mais, épuisées trop tôt par cet effort sublime, elles sont retombées sur la terre pour en suivre les chemins au risque d'y égarer leur génie; leurs chants n'en resteront pas moins dans notre mémoire comme un regret du passé et une espérance de l'avenir.

Dans les rangs inférieurs du romantisme, la religion n'a plus été un but, mais un moyen de faire du style et de la poésie, sans avoir besoin de rien inventer. Les uns lui ont emprunté, comme sujets de description, et sans en comprendre les significations mystérieuses, ses monuments, ses cérémonies, sa liturgie, tout ce qu'elle a d'extérieur. Les autres, au contraire, y ont puisé je ne sais quel sentiment vague, monotone, indéfinissable et indéfini, qui ne ressemble pas plus à la foi, que les teintes pâles et effacées de l'aurore boréale ne ressemblent aux regards du soleil. Quelquesuns, plus profonds en apparencel, ont semblé prendre le Christianisme pour base de leurs graves méditations; mais ils l'ont commenté, mutilé, dénaturé, transformé au gré de leurs caprices et de leur imagination: ils en ont fait une loi humanitaire, une phase sociale, un mythe, une philosophie enfin ; c'est-à-dire qu'il s'est évanoui dans leurs propres pensées.

Ce n'est point ainsi que la littérature doit s'appuyer sur la religion. Il ne faut pas qu'elle ait la prétention de rabaisserà sa taille cette colonne du ciel, ni de la briser en mille pièces pour se construire, avec chaque fragment, un piédestal ou un autel; il faut qu'elle fasse effort pour s'élever de degrés en degrés jusqu'au sommet, pour de là embrasser d'un seul coup d'œil le domaine de Dieu et celui de l'homme, et venir ensuite raconter à la terre les merveilles de ce double univers. Il n'est pas permis de faire de l'éclectisme en religion, de choisir parmi les vérités divines, acceptant l'une, dédaignant l'autre, car toutes ces vérités n'en forment qu'une seule, indivisible et éternelle. La

littérature a donc besoin, pour être | au clergé de se tenir en arrière, et de

l'expression sincère, complète et durable du Christianisme, de l'embrasser tout entier; les monuments avec l'âme qui les vivifie, les cérémonies avec les mystères, le culte avec les dogmes et la morale, la liturgie avec les livres sacrés. De toutes ces sources confondues, elle devra composer un fleuve immense, et le répandre sur ses œuvres, non en minces filets, mais en vastes torrents de poésie et d'inspiration.

Ces idées sont le résumé du livre de M. l'abbé Maynard, qui, voulant trouver pour ses chers disciples une route brillante et sûre, a laissé le terre à terre de l'école, et s'est placé tout d'abord sur les hauteurs littéraires, pour de là reconnaître les grands chemins suivis et fréquentés depuis tant de siècles; signaler les sentiers récemment découverts, les précipices qu'ils recèlent, ou les perspectives nouvelles qu'ils ouvrent à la pensée; indiquer enfin, au milieu de tant de directions diverses et opposées, celle que le goût, la raison, l'imagination et la foi tracent de concert devant les jeunes et fraîches intelligences. Il montre la littérature qui s'était abaissée, affadie par suite de la corruption des mœurs et de l'emploi des formes mythologiques, se relevant et s'agrandissant au seul contact des idées chrétiennes, et appelée, si elle le veut, et malgré les égarements de quelques auteurs contemporains, à de magnifiques destinées. La parole de ce maître expérimenté n'a pas seulement l'autorité de la raison, mais aussi celle de l'exemple, elle est pleine de mouvement et d'éclat. Nous recommandons surtout aux jeunes élèves du sanctuaire ses réflexions sur l'éloquence de la chaire, qu'il cherche à garantir d'un double écueil le lieu commun et l'esprit téméraire d'innovation. Les Études sur la littérature contemporaine sont certainement un des ouvrages de critique les plus élevés et les plus consciencieux qu'on puisse consulter; sorti de l'obscurité d'un petit séminaire de province, et destiné à l'enseignement ecclésiastique, il est une nouvelle réponse aux reproches adressés

rester trop étranger aux mouvements du siècle. On a pu le juger par les citations que nous avons déjà faites, on le jugera mieux par la conclusion.

« Il y a du mal dans le romantisme, << beaucoup de mal, nous l'avons dit: mais il y a du bien aussi. Ce mal, tâchons de le paralyser; ce bien, tâchons d'en protéger l'heureux développement. Affranchissement de l'imitation grecque, proscription des divinités mythologiques, retour au Chris«tianisme, liberté sage; littérature naturelle, variée par le contraste et non plus uniformément belle, mouvement et profondeur dans la pensée, originalité et pittoresque dans l'expres«sion; en prose, phrases heurtées, empreintes de sentiments et d'images; en poésie, rhythme mélodieux tels « sont les éléments d'un monde nouveau, qu'il suffit de dégager du chaos obscur et confus de l'école moderne.

[ocr errors]
[merged small][ocr errors]

<< Maintenons l'autorité des traditions, l'autorité des modèles, l'autorité des règles consacrées par l'usage des < grands maîtres et l'expérience des «siècles; car là résident essentiellement « le vrai et le bon; car à une époque com

me la nôtre, il faut protéger l'autorité « contre les envahissements de la li<cence. Mais hors de là, ne soyons ni romantiques ni classiques. Etudions les changements qu'ont pu amener le « progrès des idées, les révolutions morales et politiques, et réglant « notre choix sur les principes inva«riables du beau, prenons partout

autour de nous nos moyens d'action « sur la société contemporaine. »

Certes, voilà un langage ferme et indépendant, voilà aussi une sage conclusion. Nous l'adoptons en tous points, et nous sommes persuadés qu'elle sera également ratifiée par nos lecteurs, à qui nous sommes heureux d'avoir fait connaître un excellent professeur de littérature, un prêtre animé du feu vraiment sacré de la poésie et de l'éloquence.

Ludovic GUYOT.

ÉTUDES LITTÉRAIRES, PHILOSOPHIQUES ET MORALES

SUR L'UNIVERSITÉ DE PARIS,

ET SUR LES PROGRÈS DE L'ESPRIT HUMAIN AU MOYEN AGE.

DEUXIÈME ARTICLE 2.

Amaury de Bène, ou le saint-simonisme au 15° siècle. — Sa secte, ses doctrines, sa fin. --Le val

des écoliers.

Cet Amaury dont nous avons parlé au précédent article était, ainsi que nous l'avons déjà dit, de la petite ville de Bène, dans le pays Chartrain. Après avoir parcouru tous les degrés universitaires, il était parvenu à une chaire de théologie dans l'Université de Paris. Cependant il eut toujours pour instruire et pour enseigner une manière à lui, une opinion particulière, éloignée et séparée des autres. C'est pour cela que, même en théologie, il osa tout bonnement affirmer que tout chrétien est tenu de croire qu'il est membre du Christ, et que nul ne peut être sauvé sans le croire, pas plus que s'il ne croyait pas à l'incarnation, à la mort du Christ et à d'autres articles de foi, au nombre desquels il avait l'audace de compter ses doctrines.

Depuis longtemps Amaury pensait et parlait en ce sens ; mais ce ne fut qu'en 1204 que cité à comparaître devant les comices universitaires, il fut accusé, condamné et frappé d'anathème. Ce n'est pas qu'il n'eût déjà été contredit souvent en ces divers points par tous les catholiques en général, mais il ne devait être jugé que par ses pairs, et l'Université n'avait pas encore parlé. Quand elle eut donné sa sentence, Amaury partit pour Rome, et en appela au pape. Le pape, après avoir examiné ses écrits et ses doctrines, donna à son tour sentence contre lui, dans le même sens que l'Université de Paris. Il revint donc en cette ville, et y fut forcé par l'Université d'y confesser de bouche

[blocks in formation]

qu'à l'avenir il penserait contrairement à ses précédentes opinions, de confesser de bouche, dis-je, car dans son cœur il ne s'en éloigna jamais 1; mais le chagrin profond qu'il ressentit dans son âme de l'ignominie de ce désaveu le fit mourir bientôt après. Avec lui ne moururent pas ses doctrines, et si, depuis sa condamnation, ses amis mirent encore plus de réserve et de prudence, ils ne mirent pas moins de zèle à les propager.

Grâce au zèle de cet apostolat nouveau, combiné avec l'erreur albigeoise dont il était le fils, la religion catholique courait en France de grands dangers, selon l'expression même d'uu auteur contemporain. Dans la province de Narbonne et d'Aquitaine, nous dit-il, il n'y avait presque plus de vrais catholiques, tant était publique la profession de foi albigeoise; la capitale elle-même, ajoute-t-il, ne manqua point de ces hommes pestifères qui étaient d'autant plus à craindre qu'ils se cachaient davantage. Ils infiltraient leur venin peu à peu, et ce n'était plus seulement l'Académie des Parisiens, mais c'étaient aussi les autres villes, bourgs, villages et châteaux, qu'ils commencaient aussi à troubler. Non contents de suivre les traces d'Amaury, ils allaient jusqu'à l'audace d'avancer en outre que le Christ n'est pas plus dans l'Eucharistie que dans toute autre chose; que chacune des personnes de la Trinité avait eu son temps, que le Père tout-puissant avait fini le sien à la venue du Christ; que le Christ lui-même, ainsi que sa doctrine, avaient fait le leur, et qu'ils devaient être remplacés par le règne de l'Esprit. Ces hérésiar

Rigord, in Bulao, tome III, p. 25.

20

« ZurückWeiter »