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régime des castes est-il une pure créa- | dans lesquels elles paraissent en effet,

ainsi que nous le verrons bientôt, avoir une source unique et comme un centre commun d'unité.

tion du despotisme ou de la conquête, ou un développement naturel de la société dans son enfance? Ces questions n'ont point encore été résolues unifor- D'abord, à une époque très-reculée, mément ni d'une manière péremptoire apparaît la religion la plus ancienne, par la science moderne. Quoi qu'il en qui touche à l'origine même du monde soit, les plus anciennes traditions sem- actuel, et dont la simplicité et la publent avoir conservé le souvenir de luttes reté rappellent le théisme primitif qui terribles entre les deux premières fut la première religion des anciens castes, par suite desquelles les Brah- peuples avant l'établissement des cultes manes obtinrent cette haute préémi-idolâtriques. Cette religion est celle nence qui ne paraît pas leur avoir été | qui fut révélée par BRAHMA, Dieu le contestée depuis, du moins par leurs père, créateur du monde, première rivaux, les Kchatriyas. Dès lors, la do- personne de la trinité hindoue, qui mination de ces prêtres guerriers fut s'incarna le premier, il y a bien des fondée dans ces contrées qu'arrosent siècles, pour enseigner aux hommes la les eaux du Gange et de l'Indus; leur doctrine de vérité, la loi suprême de langue prévalut, leur législation théo- l'Eternel, et cette législation qui fut cratique s'affermit, et les destinées de promulguée par son fils Manou et consila nation se développèrent uniquement gnée dans le Manava-Dharma-Sâstra. sous leur influence; quelle que fût la Alors, les hommes, revêtus d'innocence formé du gouvernement des différents et de sainteté, offraient à Dieu l'homEtats, et la diversité de leur langage et mage de leur piété et de leurs prières, de leur origine, toute l'autorité résidait des sacrifices aussi simples que leurs dans les mains des seuls Brahmanes. cœurs étaient purs, savoir, les prémices Maîtres du roi par le cérémonial reli- de leurs fruits et le lait de leurs trougieux et par la nature même de la peaux, mais jamais de sacrifices sanconstitution, maîtres des peuples et des glants. Tel fut primitivement le BRAHgrands par l'ascendant des lumières MAÏSME, ou religion de Brahmâ. devenues leur propriété exclusive, cette autorité était en outre sanctionnée par la révélation divine, c'est-à-dire par la religion et par une multitude de lois et de règlements civils, politiques et administratifs qu'elle imposa aux autres castes et aux familles organisées ainsi sur un même plan et d'après un seul principe, pour éterniser à la fois et sa suprématie et leur dépendance'.

Outre les révolutions politiques dont nous venons de parler, l'Inde fut autrefois le théâtre de révolutions religieuses et philosophiques non moins importantes, dont l'époque et la succession chronologiques n'ont pas encore pu être fixées d'une manière certaine, et qui donnèrent lieu à des luttes sanglantes, à divers cultes religieux et à plusieurs sectes, qui, à l'exception de quelquesunes, s'appuyaient également sur la révélation des Védas ou livres sacrés, 1 Voy. pour plus de développement, Guigniaut, ibid., p. 885...— Les auteurs cités ibid., et le Ma

nava-Dharma-Sastra, Passim.

Mais les hommes étant devenus mé. chants, effacèrent jusqu'aux dernières traces de ce culte. Alors commencèrent les guerres religieuses, le culte de SIVA, troisième personne de la trinité hindoue, deuxième incarnation de la Divinité, apportant aux hommes le culte de l'infâme Lingam, image de la vie et de la mort, et les orgies délirantes et les sacrifices sanglants, non-seulement d'animaux, mais encore d'êtres humains, remplaçant les fêtes pures et simples de l'ancien Brahmaïsme. Tel est le culte qu'on appelle le SIVAÏSME ou culte de Siva, dont l'affreuse KALI, son épouse, partage avec lui les autels, les hommages des peuples et les sacrifices cruels ou impurs.

Vient ensuite VICHNOU, seconde personne de la trinité hindoue, troisième incarnation de la divinité, apportant aux hommes une religion nouvelle qui n'est ni le Brahmaïsme, dans toute sa simplicité et sa pureté, ni le Sivaïsme avec son culte destructeur et ahomi

nable. Il adoucit celui-ci en le modifiant et en le spiritualisant, et il s'efforça de faire remonter la religion à sa source antique et pure. Tel fut le VICHNOUÏSME.

Mais la réforme de la religion ne put être complète et radicale; elle fut continuée par CRICHNA et par BOUDDHA, au

ou religion des Brahmanes, et leurs doctrines seront exposées dans notre histoire de la philosophie, sous ce titre : DOCTRINES THÉOLOGICO-PHILOSOPHIQUES DES HINDOUS.

Les Brahmanes eux-mêmes favorisèrent cette fusion des doctrines par un système de tolérance et d'éclectisme habilement combiné pour mettre fin aux dissensions intestines qui pouvaient devenir funestes à leur caste. Le Bouddhaïsme seul fut exclu de cette tolérance, et par suite, chassé de l'Inde où tres personnages mythico-historiques il avait pris naissance. Les autres sysconsidérés comme la huitième et la neu-tèmes religieux sont compris sous la vième incarnation de Vichnou, comme dénomination générale de Brahmanisme étant Vichnou ou l'être infini luimême. La doctrine de ce dernier, d'accord en général avec le système théologique auquel il se rattache, s'en écarte cependaut en un point essentiel, quoiqu'il ne regarde que la discipline, en ce qu'il nie l'origine divine de la distinction des castes et qu'il refuse à la première le privilége exclusif qu'elle s'attribue d'exercer les fonctions et les droits du sacerdoce, appelant à l'exercice de cette sublime mission, et particulièrement à la prédication de la parole de Dieu, quiconque se sentait animé de l'inspiration divine, quelle que fùt sa naissance et sa caste. Nous donnerons à ce culte le nom de Bouddhaïsme (Bouddhisme).

Malgré les efforts des Brahmanes pour maintenir dans la religion au moins l'unité des doctrines fondamentales, les différences qui existaient dans le culte. et les pratiques, dans les mœurs et les opinions religieuses de ces diverses sectes, finirent par amener des divergences assez grandes dans les doctrines fondamentales elles-mêmes. La division éclata dans le sein même de la caste des Brahmanes, non-seulement par la faveur que plusieurs d'entre eux donnèrent aux divers cultes, mais encore par la multitude de systèmes philosophiques qui surgirent des diverses écoles théologiques, et dont plusieurs, s'associant aux sectes religieuses, rendirent la division des doctrines de plus en plus profonde. Nous ferons connaître ces

<< disciples, tous parfaitement orthodoxes, bien qu'ils << aient entre eux des opinions, des croyances et « des mœurs assez différentes, suivant qu'ils recon<< naissent pour leur Dieu l'une ou l'autre des trois << personnes de la puissante Trinité que composent « BRAHMA, VICHNOU, SIVA, et qu'ils lui consacrent << exclusivement leurs adorations et leur culte. »

Quoique ces systèmes, paraissent indiquer des modifications importantes dans le culte, et, entre leurs sectateurs respectifs, des opinions, des croyances et des mœurs assez différentes, cependant ils se rapportent tous, quant aux doctrines fondamentales, à une source unique qui est la religion primitive et son texte sacré, les Védas; tous, sans en excepter le Bouddhaïsme lui-même, paraissent avoir eu jadis un centre et comme un foyer commun dans un vaste système à la fois sacerdotal et populaire. Aussi leurs divergences portent-elles F. Schlegel, Philosophie de l'histoire, t. I, p. 155. plutôt sur la forme, comme le culte, les théogonies, les symboles, etc., que sur le fond même des doctrines. Le Bouddhaïsme lui-même ne paraît si populaire et si différent des autres systèmes, que parce qu'il nie l'origine divine de la distinction des castes, et qu'il refuse aux Brahmanes le privilége exclusif des fonctions sacerdotales '.

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V. sur Bouddha, p. 133.

<< Indépendamment de la source unique à laquelle << toutes les sectes rapportent également leurs < systèmes divers (les textes sacrés des Védas), << ces sectes ont eu jadis, au moins les deux princi« pales, celles de VICHNOU et de SIVA, peut-être « même celle de BOUDDHA, un centre et comme un « foyer commun avec le culte de BRAHMA dans un < vaste système à la fois sacerdotal et populaire, où << chacun de ces grands symboles retrouvait sa place, << son rapport avec les autres, et son sens primitif. » Guigníaut, ouvrage déjà cité, p. 897. Voy. toute celte note, p. 591...

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systèmes sous ce titre : SYSTÈMES de PHILOSOPHIE PROPREMENT DITE.

1° Doctrines théologico-philosophiques.

2o Systèmes philosophiques.

Telles sont les deux parties de l'his loire de la philosophie dans l'Inde.

L'abbé J. B. BOURGEAT, "Professeur de philosophie,

Sciences Historiques.

COURS D'HISTOIRE DE FRANCE.

VINGT-SEPTIÈME LEÇON'.

Droits du pouvoir; aberration du système moderne.

– Séditions des armées mérovingiennes; les rois abandonnent le commandement militaire, — Leur polygamie augmente les intrigues du palais; les six femmes de Clotaire. - Multiplication dange, reuse des leudes; épuisement du domaine royal.

Une divine parole de l'Évangile a résumé tout l'Évangile en deux préceptes qui n'en font qu'un, l'amour de Dieu et du prochain. Vérité aussi simple que sublime, qui cependant n'a jamais été saisie par les plus grands esprits, sans la foi. Et, chose à peine explicable, ce qu'en ont le moins compris les plus emphatiques déclamateurs de la dignité humaine, c'est précisément la dignité humaine, que cette vérité implique si excellemment. Car c'est là tout l'homme, puisqu'on ne peut aimer Dieu, sans s'aimer soi-même; que le plus sûr, l'unique moyen de s'aimer soi-même, est d'aimer Dieu.

Toute intelligence a donc, par le seul fait de ses obligations envers le créateur, des obligations envers elle-même et envers les autres créatures intelligentes en sorte que chacun de nous n'a rien à faire pour autrui, ni rien à en attendre sinon en vue de Dieu; que nos refus injustes nous sont autant de pertes, et nos concessions nous valent d'autant plus que nous y apportons plus de désintéressement. En un mot, l'homme doit tendre au bien général, comme à son bien particulier, parce

Voir la xxvi leçon au no 86 ci-dessus, p. 104.

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qu'il doit tendre à Dieu; l'homme ne doit aux autres que ce qu'il se doit à lui-même, et il ne se doit rien que parce qu'il se doit à son créateur, qui est le souverain bien.

Semblablement et par conséquence, toute condition humaine a, selon l'ordre de la providence, ses devoirs particuliers, qui se rapportent à son propre exercice, et qui assurent d'autant ses devoirs à l'égard de la société. Chaque homme dans sa condition se doit tout ce qui est nécessaire à son œuvre, laquelle ne sera point complète, à moins qu'il ne ménage les avantages, qui s'y rattachent, à moins qu'il ne tire enfin de sa condition toute la valeur personnelle, qu'il y peut acquérir. Et cela est si peu contraire à l'humilité chrétienne, que plus on sera humble, mieux on le comprendra et mieux on y réussira.

Si l'artisan n'a pas confiance dans son industrie, le soldat dans sa bravoure; si l'un ne tient pas à la trempe de ses instruments, l'autre à celle de ses armes; s'ils n'ont pas la conscience comme la volonté d'être utiles, n'en attendez rien de bon. H en est en ce sens, d'un homme dans la société, comme d'un peuple au milieu des autres peuples; s'il ne compte pas sur sa force, il la perd; s'il ne tient pas à son honneur national, il peut se résigner à la servitude.

A mesure qu'on remonte par degrés dans la hiérarchie sociale, la proposi tion se vérifie mieux encore, et devient plus évidente, quand on l'appliqué aux conditions plus élevées. Quiconque est

placé pour diriger les autres, a des droits plus étendus, plus déterminés, qui correspondent à sa tâche plus grave. La royauté a certainement les siens, en proportion de l'utilité, qui lui est échue, ou plutôt qui lui est imposée. Et pour ne rien laisser de vague et d'obscur sur un tel sujet, pour compléter l'idée de la royauté, c'est-à-dire du pouvoir humain dans sa plus entière manifestation, après en avoir déjà constaté l'origine et le caractère', tâchons de nous fixer maintenant sur les droits qui lui sont propres.

sédait l'inviolabilité exclusivement: c'est par là que la souveraineté se transporta au peuple; du moins on le pensait. Toutes les autres magistratures romaines, quoique dépourvues de ce privilége, étaient d'ailleurs irrévocables, pendant toute la durée de leurs fonc tions, parce qu'elles faisaient partie du pouvoir public. Elles ne dépendaient que des présages religieux, qui seuls étaient capables d'annuler l'élection la plus légale, jusque dans l'exercice des fonctions commencées; ce qui, loin d'ébranler l'autorité d'une magistrature, la consolidait. Car telle est la vertu de la loi religieuse, que ne parlant point au nom de l'homme, elle n'affermit pas moins, soit qu'elle accorde, soit qu'elle refuse sa sanction. II est bon d'en prendre acte en ce moment. En tout autre cas, même en trahison' flagrante, on ne destituait jamais à Rome un magistrat; on déclarait qu'il devait se démettre, et l'on ne procédait point au jugement contre lui qu'il n'eût auparavant déposé les insignes de sa' charge. Il fallait qu'il fût convaincu avant d'être jugé. On le voit dans les décemvirs, qui, après leur usurpation manifeste, et le soulèvement général causé par la mort de Virginie, résistaient encore en plein sénat à leur abdication demandée. L'aîné des Gracques donna le premier l'exemple de faire dé

Quel est le premier besoin d'une nation pour son existence? La sécurité. Quel est le but, l'office du pouvoir? Procurer cette sécurité, réprimer ou prévenir constamment tout ce qui voudrait la troubler, c'est-à-dire toute injustice. Le pouvoir a pour cela une double action, l'une prohibitive, ou coercitive qu'il exerce par la disposition des lois, des jugements et des armes, l'autre directive, qu'il exerce par la disposition des services et des deniers publics. C'est ce qu'on désigne ordinairement sous les titres de fonctions ou autorités législative, judiciaire, militaire, administrative ou civile, et fiscale, qu'on nommerait mieux économique. Or, pour que cette double action opère efficacement, pleinement, il faut qu'il agisse en assurance, sans partage ni contestation, en un mot que le pouvoir soit in-poser par le peuple un tribun son- colviolable, indivisible, absolu.

L'inviolabilité d'abord lui appartient, ce qui comprend la non-responsabilité. La loi judaïque et la loi chrétienne ne sont pas plus expresses là-dessus que les païens, que ceux-là même qui avaient passé par la république, qui prétendaient s'y tenir encore, et en avoir seulement changé la forme. Les rois n'ont que Dieu au-dessus d'eux :

Regum timendorum in proprios greges,
Reges in ipsos imperium est Jovist.

Cela est si vrai, si invariablement senti, si impossible à nier, que dans la démocratie modèle, il y eut une magis

lègue; et malgré la faveur et la justice de son motif, il brisa ainsi la force du tribunat. Il en porta aussi le premier la peine. I périt par une émeute de la noblesse ; son frère, plus glorieux et plus puissant encore, eut la même des tinée. Seize ans après, le proconsulat souffrit une pareille atteinte et bien plus injustement dans la personne de Capion. C'était la fin de la république ; la tyrannie ne tarda pas de paraître avec Marius et Sylla. Et néanmoins, vingtcinq ans plus tard, Lentulus, avéré complice de Catilina, quittait la toge de préteur en présence des sénateurs assemblés afin qu'on le jugeât,

trature, le tribunat plébéien, qui pos-tribunitien, et la sentence sans appel En second lieu, que signifiait le Veto

Voyez leçons i et xvi.

2 Horace, Od, HI, 4.`

du dictateur, sinon qu'en certaines conjonctures on ne peut se passer d'une

décision définitive? sinon que le pou- | Pense-t-on que les finances demeurent

voir est absolu de sa nature? Troisièmement, la même dictature nous le montre encore indivisible, puisqu'il n'y avait d'autre moyen de pourvoir aux nécessités extrêmes que la réunion de tous les droits, jusqu'à celui de la hache, et de rallier au moins pour un temps l'autorité civile (potestas) à l'autorité militaire (imperium), qui ne devait jamais apparaître à Rome, dans la situation ordinaire '.

Je sais qu'il est admis aujourd'hui comme un succès acquis à la science politique, de distinguer les fonctions du pouvoir, d'en faire autant d'autorités séparées, incompatibles, et d'obtenir ainsi un juste équilibre dans le gouvernement. Mais quoi de plus arbitraire et de moins fondé que cette séparation? Pourquoi la borner aux trois pouvoirs législatif, exécutif ou administratif et judiciaire? Pourquoi attribuer, comme nous le voyons, au pouvoir exécutif une part dans la législation? Pourquoi lui donner en outre le commandement militaire et le maniement des finances? Pourquoi l'armée, dans ce système de division et de pondération, ne seraitelle pas régie à part et n'aurait-elle pas le droit de consentir à sa coopération? Pourquoi surtout les finances ne seraient-elles pas perçues et employées sous la juridiction souveraine de la cour des Comptes, comme la justice est rendue sous la juridiction souveraine de la cour de Cassation? En bonne conscience et en bonne logique, si la séparation déjà opérée de trois autorités indépendantes est utile, une autorité financière ou économique à part ne serait-elle pas de première nécessité?

• Lorsque en 1339, Berne menacée par une ligue de ses plus puissants voisins, choisit le brave chevalier d'Erlach pour son général, celui-ci, avant d'accepter le gonfalon, répondit : « La bravoure est <inutile sans subordination. Vous autres citoyens, <qui exercez des métiers, vous n'aimez pas à obéir; << mais vous ne resterez libres que si vous savez « obéir à temps. Je ne crains pas l'ennemi; avec < l'aide de Dieu et de vos bras je le combattrai...; « mais je ne serai pas votre général si vous ne me « donnez tout pouvoir. » On jura d'obéir. Rodolphe d'Erlach, avec 8000 hommes, en battit 18000 à Laupen.

plus sûrement entre les mains des gouvernants? On n'oserait soutenir que la justice, toute séparée qu'elle est, ne reçoive jamais d'influence administrative. Les finances même indépendantes y seraient bien plus exposées; combien dans le système moderne devrait-on désirer cette indépendance?

Au fait, rien de plus difficile à déterminer que les limites et la démarcation de telles choses, qui ont entre elles des rapports si intimes. Cette grande distinction tant vantée ne repose que sur une équivoque. On abuse singulièrement de la flexibilité des termes; parce qu'on appelle communément autorité ou pouvoir, chaque fonction du pouvoir, on en est venu à conclure autant de pouvoirs divers, tandis que l'impossibilité de les appeler autrement pour parler un langage intelligible à tous, devrait faire conclure au contraire que. tous ces pouvoirs, parties inséparables d'un même tout, composent ensemble un seul et même pouvoir '.

Inviolabilité, indivisibilité, décision absolue, tels sont donc ses droits constitutifs, indubitables, puisque la démocratie, loin de s'en affranchir, n'a jamais su éviter d'y recourir, et s'est vue obligée d'y recourir souvent. Droits parfaitement en rapport avec l'office du gouvernement, et sans lesquels les devoirs n'en seraient pas remplis, les uns et les autres également imprescriptibles.

Que fera le meilleur prince et le plus capable, s'il néglige, s'il cède ou perd ses droits? s'il ne fait ce qu'il peut, ou s'il ne l'ose? Que penserait-on d'un magistrat, ou d'un chef militaire, qui

Ce mot a reçu du système représentatif une autre acception encore; on s'en sert pour désigner le chef du gouvernement et les deux assemblées délibératives; cela s'appelle les trois pouvoirs, en ce sens que l'assentiment de chacun d'eux est indispensable pour la législation, de sorte que le veto d'un seul rend nulle la décision des deux autres. C'est une imitation servile et maladroite de l'Angleterre, où la chambre des lords représente réellement une partie de la nation, tandis que la chambre des pairs en France ne représente rien. On sera bien étonné un jour de la confusion qu'on a mise dans les idées avec un seul mot mal compris, et du profit que les cabotins politiques en ont tiré.

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