32

64

74

80

83

CATHOLIQUE.

NUMÉRO 85. — JANVIER 1843.

7

Sciences Physiologiques, Physiques et Mathématiques.

COURS SUR LA GÉOLOGIE.

SUITE DE LA QUATRIÈME LEÇON '.
Des Éléments de la terre.Système minéralogique.

In se enim elementa dùm convertun-
tor, sicut in organo qualitats sonus
immutatur, et omnia suum sonum cus-
tod unt; undè æstimari ex ipso visu
certo potest.
Sap., xix, 17.

La plupart des substances minérales

sont mixtes.

composée de deux termes chimiques du 1° Toute substance minérale mixte est même ordre, simples ou mixtes, affectés de signes contraires;

tions définies, constantes pour un même 2o La combinaison à lieu en propormixte, et ces proportions peuvent toujours être exprimées par des multiples simples d'un certain nombre constant pour chaque terme ;

Ces mixtes résultent de la combinaison des divers éléments chimiques, deux à deux, trois à trois, etc. : de là, des substances de différents ordres. Les simples sont du premier ordre; les binaires sont du deuxième ordre, etc. Or, comme tous les éléments chimiques, au nombre de cinquante-sept, interviennent dans le règne minéral, il paraît, au premier abord, que le nombre des mixtes, appartenant à ce règne, ne peut être que considérable. A ne prendre les éléments que deux à deux, le nombre des combinaisons possibles dépasserait treize cents; en les prenant trois à trois, il y en aurait plus de manière remarquable le règne minéral La première loi caractérise d'une vingt-deux mille. Cependant, le nombre des espèces minérales n'excède pas par rapport aux deux autres. Elle n'est cinq cents. C'est que, dans ce règne, néral : si on soumet à l'action d'une au reste que l'expression de ce fait géla composition des mixtes est soumise pile voltaïque, convenablement graà des lois qui en limitent singulière-duée, une substance minérale mixte,

■ Voir la première partio, t. XIV, 323.

tités de l'élément commun aux deux 3o Dans tout mixte ternaire, les quansimple et constant pour un même état termes binaires sont dans un rapport de saturation.

elle est décomposée en deux uatres;

l'une se rend au pôle positif, l'autre se | n'ayant aucun élément commun, comme rend au pôle négatif. Or, ces substan- il arrive quand un chlorure métallique ces, qui sont les deux termes chimi- se combine avec l'eau. ques de la combinaison, sont toutes deux simples, ou toutes deux binaires, etc., et par conséquent de même ordre. Le terme qui se rend au pôle positif est, conformément à la théorie électro-chimique, appelé négatif; celui qui se rend au pôle négatif est appelé positif. Ainsi, l'eau, soumise à l'action de la pile, est décomposée en oxigène, qui se rend au pôle positif, et hydrogène, qui se rend au pôle négatif, deux substances du premier ordre et de signes contraires. Le sulfate de soude se décompose en acide sulfurique et soude, deux substances du second ordre et de signes contraires.

Cependant, cette première loi présente quelques exceptions. La plus considérable est fournie par l'eau, qui peut se combiner avec un grand nombre de substances minérales d'un autre ordre, la plupart ternaires ou quaternaires. On rencontre aussi quelques fluorures combinés avec des phosphates et des silicates. Mais, malgré ces exceptions, la loi qui nous occupe n'en fournit pas moins un caractère remarquable pour le règne minéral considéré dans son ensemble, qui pourrait nous éclairer sur sa véritable signification et la nature des forces dont il dépend.

Les choses se passent autrement pour Une conséquence immédiate de cette les substances organiques : là, un radiloi, relative aux mixtes ternaires, c'est cal simple se combine avec un binaire, que les termes qui les composent sont un binaire avec un ternaire, etc. La tous deux binaires, et renferment un gomme, considérée spécifiquement (la élément commun. Cet élément commun dextrine), est composée de carbone et est le plus souvent négatif dans les deux d'eau, ainsi que le ligneux et l'amidon. facteurs, quelquefois positif. Ainsi, dans L'albumine est composée de carbone, le sulfate de soude, qui est un mixte d'eau, d'ammoniaque et de carbure ternaire, es deux facteurs, acide sul- d'hydrogène, ainsi que la fibrine et le furique et soude, ont un élément com- gluten. Le dualisme, exprimé par la mun qui est l'oxigène, négatif dans première loi, ne se retrouve plus ici chacun d'eux. Il en est de même pour qu'accidentellement. Le fondement de les nitrates, les carbonates, les phos- la substance organique est un ternaire phates, les silicates, etc.; mais dans le composé de carbone et d'eau, auquel minéral appelé mispickel, les deux ter- vient s'ajouter l'ammonium pour former mes composants, sulfure de fer et arse- la substance animale proprement dite. niure de fer, ont pour élément com- Venons maintenant à la seconde loi. mun le fer, positif dans chacun d'eux. Le principe proclamé par Linnée, que Ce corollaire de la loi peut même être la nature procède toujours par degrés étendu aux mixtes d'un ordre supé-insensibles et d'une manière continue, rieur. En général, un mixte de l'ordre jamais brusquement ou par saut, est inn résulte de la combinaison de deux ter- contestable, quand on se borne à l'apmes de l'ordre n − 1, renfermant eux-pliquer aux corps organisés; mais loin mêmes un terme commun de l'ordre n

2, ordinairement négatif dans chacun d'eux. C'est ainsi que la dolomie, mixte quaternaire, résulte de la combinaison des deux ternaires, carbonate de chaux et carbonate de magnésie, renfermant le binaire commun, acide carbonique. Toutefois, ce corollaire n'est rigoureusement vrai que pour les mixtes ternaires, ou plutôt pour tous ceux d'un ordre impair. Un mixte quaternaire peut, en effet, résulter de la combinaison de deux facteurs binaires

qu'il puisse s'étendre aux corps bruts, c'est le principe contraire qui les gouverne. Là, tout est fixe, déterminé, arrêté.

Deux substances de même ordre se combinent en proportions définies, constantes pour un même mixte; et tout mixte de la même nature, soumis à l'analyse, reproduit invariablement les mêmes proportions. Ce point capital, indiqué par les travaux de Wenzel et de Richter, repris et débattu par Proust et Berthollet, dans la belle et savante