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qu'elle nous impose; il faut donc que l'homme intervienne nécessairement dans la réalisation de la foi, et c'est ce que nous prouvent les faits. Si l'intervention de l'homme n'avait pas été indispensable, pourquoi Jésus-Christ aurait-il confié la prédication de sa foi à des apôtres? Ne pouvait-il pas répandre cette foi sans leur intermédiaire? Pourquoi prendre des hommes pour instruments, des hommes qui pouvaient errer, qui pouvaient mal interpréter les préceptes qu'il leur avait donnés; et pourtant, depuis la première prédication de saint Pierre jusqu'au plus faible missionnaire de nos jours, dans quel lien de l'univers la foi est-elle née spontanément sans y avoir été portée par l'intermédiaire de l'homme? Ainsi donc, la foi donnée par Dieu ne peut se développer, se réaliser, se compléter chez l'homme, que par l'enseignement de l'homme, soit qu'il le tire de luimême, soit qu'il s'en remette à ses semblables. Mais, Madame, si l'homme ne suit que son enseignement individuel, ou celui de la Bible interprétée par sa propre intelligence, ce qui revient au même, est-il sûr de ne jamais errer? Les apôtres mêmes en eussentils eu la conviction, s'ils n'avaient eu aussi celle de l'assistance constante de leur divin maître? Auraient-ils pu sans elle prêcher une foi absolue, qui ne peut être la vôtre; 'car vous n'avez pas même l'autorité de Jésus-Christ, puisque les livres que vous écoutez sculs, n'ont été écrits que par eux. Dieu était donc avec eux, il leur inspirait leurs paroles, i les guidait dans leurs démarches. Mais où s'est arrêtée cette action de Dieu ? Quand donc a-t-elle cessé? Et si réellement elle eût cessé, que serait-il resté au monde chrétien pour continuer l'enseignement invariable de la parole de Dieu? L'homme seul, puisque Dieu lui aurait retiré son assistance, et l'homme seul, je vous le demande, peut-il enseigner Dieu ?

Que fallait-il donc pour sauver cette loi de Dieu de la versatilité qui ne pouvait manquer de l'atteindre, aussitôt qu'elle était abandonnée à l'humanité seule? Qui pouvait perpétuer un enseignement stable, unique, qui fùt toujours

vrai et ne pùt être que vraí? Qui pouvait transmettre à jamais la parole de Dieu sans erreur? - Dieu seul! Il fallait placer ce dépôt de la loi en dehors de l'humanité, puisque l'humanité ne pouvait lui conserver son intégralité. Car, Madame, il n'y a ici que deux choses possibles. Ou Dieu, ou les hommes sont chargés de ce soin. Si Dieu n'eût commis l'enseignement de sa loi qu'aux hommes qui peuvent errer, il eût permis l'erreur, et la vérité serait inutile; il eût donné la foi en même temps que le droit d'en douter; il eùt inspiré la croyance en lui, en l'abaissant sous le jugement humain. Il n'y a donc que lui qui puisse enseigner sa loi aux chrétiens, me direz-vous, et où réside-t-il à cet effet?Oui, Madame, il n'y a que lui, et c'est pour cela qu'il parle encore par l'Église; c'est parce qu'il n'est pas possible de livrer les devoirs de la foi à l'interprétation fragile d'un individu, qu'il a constitué un corps qui ne devait point errer; c'est parce qu'abandonnée à l'humanité chancelante, la foi perdait toute solidité, toute base même raisonnable, que Dieu l'a placée en dehors de la versatilité humaine. Car jamais vous ne sortirez de ce dilemme inévitable, qu'il faut obéir à Dieu ou à l'homme; que l'homme non inspiré de Dieu, ne pouvant vous enseigner sans erreur ce que Dieu veut, il faut donc que Dieu vous l'enseigne lui-même. Or, pour cela, il faut qu'il soit en permanence dans une autorité qui puisse tomber sous nos sens, sinon il nous livre à nous-mêmes, l'erreur est permisc, la religion croule et la liberté fatale de douter devient un droit de l'homme accordé par Dieu même, en même temps que l'ordre de croire en lui. - Quelle inconséquence! Et n'invoquez pas ici la raison, pour me dire que la vôtre se refuse à croire que Dieu réside dans l'Église catholique. Il faut qu'il y soit présent; il s'en est fait une obligation impérieuse à luimême, lorsqu'il a voulu qu'une foi divine fût réalisée par des hommes qui ne pouvaient la pratiquer que sous sa direction; il faut absolument qu'il préside constamment à l'enseignement de sa foi, ou il la rend inutile et aussi impossible à croire qu'à suivre. La raison

vient ici à l'appui de la foi. La foi et l'erreur ne peuvent exister ensemble, et sans la présence constante de Dieu, il ne peut y avoir qu'erreur; car l'homme par lui-même ne peut qu'errer. Oh! Madame, si ces sublimes vérités pouvaient vous toucher, si elles vous convainquaient de cette assistance continuelle de Dieu près de l'autorité dépositaire de sa foi, combien ne vous deviendrait-il pas facile de vous expliquer cette présence réelle que vous repoussez avec tant d'acharnement! Vous comprendriez alors cette étonnante mission du prêtre, qui, n'ayant pu se la donner lui-même, a dû la recevoir des mains de ses prédécesseurs, rêmontant jusqu'à Jésus-Christ lui-même; alors il vous serait facile de voir que cet homme, qui chaque jour reçoit Jésus-Christ lui-même, ne peut être le dépositaire que de

l'unique vérité, le seul administrateur de sacrements, qui ne sont tous que des actes humains, s'ils ne passent pas par ses mains; alors vous verriez clairement cette cohérence du catholicisme, car cette courte digression sur un seul point vous a prouvé ce que je vous disais en commençant, que dans cette foi catholique chaque détail renferme le tout.

Mais résumons toute cette dissertation: si vous refusez à un corps l'assistance permanente de Dieu qui le rend infaillible, vous ne pouvez l'accorder à chaque individu. Ainsi vous proclamez la possibilité de l'erreur, et c'est là, permettez-moi de le dire, la doctrine qui découle de l'interprétation arbitraire, seule et unique base du protestantisme.

Marquis de LATOURDUPIN-GOUVERNET.

ÉTUDES SUR L'HISTOIRE DE L'ESCLAVAGE

II.

CHEZ LES ANCIENS ET CHEZ LES MODERNES.

GRÈCE .

Analogie du génie grec avec le génie moderne de
P'Europe. Différence radicale établie entre l'on
et l'autre par l'esclavage. 1° Temps héroïques :
Nature et origine de l'esclave. - Droits du mai-
Traitement et fonctions de l'esclave.
Influences
Droits et priviléges. — Châtiments.
diverses qui tendaient à en modifier la condition.

tre.

--

Bien souvent, quand j'ai tour à tour porté les regards sur la carte de la Grèce et sur son histoire, il m'est arrivé de m'étonner à la vue de la merveilleuse analogie qui existe entre sa configuration et celle de l'Europe elle-même, entre son génie et celui qui distingue les habitants de notre petit continent. Que l'on considère un instant ces côtes si profondément coupées, ces baies, ces rades, ces promontoires abruptes qui appellent tous les vents et protégent tous les navires dans leurs anses tranquilles où le flot vient mourir; que l'on

Voir le 1er art. au no 75, t. XIII, p. 216.

examine encore tantôt les fertiles plaines de la Thessalie, tantôt les montagnes de la Phocide, le sol âpre et nu de l'Attique, le plateau de l'Arcadie, ou bien les roseaux où se cache l'Eurotas sous les escarpements du Taygète, et ensuite que l'on prononce! N'y a-t-il pas là une vraie miniature de notre Europe, cette région des bassins étroits, des montagnes peu élevées, mais aussi des grandes méditerranées, des passes nombreuses et des canaux naturels?

Sans aucun doute, il y a une liaison intime entre l'homme lui-même et les sites qui l'environnent, avec l'atmosphère qui le fait vivre. Que sera-ce donc si nous rapprochons le caractère grec du génie moderne! Au milieu de ces horizons bornés, combien de natures différentes, que d'organisations diverses, que de productions variées ! Aussi voyez, à côté de l'aristocratie, la démocratie; la monarchie donnant la main au gouvernement populaire; la

tribu près d'une forte oligarchie; en un mot, l'esprit humain développé sous toutes ses formes! Mais pourtant, au milieu de cette variété étonnante, il se conserve en Grèce un type unique, dominant, qui pénètre tout, se reconnaît partout, se montre où on l'attendait le moins; ce type-là, j'ose le dire, biforme dans sa manifestation, un dans son essence, c'est la liberté ou l'esprit d'examen. La liberté, l'entendez-vous, avec quel orgueil on la proclame! Comme elle renverse les barrières, comme elle chante sur les cadavres d'Armodius et d'Aristogiton, comme elle combat sous le casque de Thémistocle, comme elle meurt avec Léonidas, comme elle tonne par la voix de Démosthènes, comme elle gémit et pleure aux funérailles de Philopomen! Et la science, avec quelle avidité le Grec la poursuit ! Ne semble-t-il | 'pas, en vérité, l'âme du monde païen? Il court les mers et les terres pour voir, pour entendre, et, par-dessus tout, pour répandre ses idées. Ce qui est étranger, il se l'approprie; mais en se l'assimilant, qui ne pense pas comme lui, il le nomme barbare. Les Grecs!... mais ce sont les chevaliers errants de la pensée: philosophes, historiens, poëtes, voyageurs, naturalistes, tous ont une seule affaire approfondir, discuter, juger. Avec quelle prodigieuse facilité l'homme du Pirée s'insinue dans chaque région, à la cour du grand roi, dans les Indes, à Rome, en Gaule, jusque dans la froide Thulé avec Pythéas de Marseille! Nulle part où vous ne le retrouviez avec son génie scrutateur, avec sa verbeuse faconde, et jetant aux vents, dans ses courses, je ne sais quelle semence de liberté, je ne sais quel parfum de savoir que la Providence se chargera de répandre sur d'autres bords.

Ai-je besoin de rappeler actuellement à mes lecteurs le rôle de cette grande famille appelée de nos jours EUROPÉENNE? Les ressemblances et les analogies ne se montrent-elles pas avec évidence aux yeux de chacun? A mesure que l'on crense les mystères de la civilisation, que l'on sonde ce que j'appellerai volontiers la substance de notre organisation sociale, on reconnaît de plus en plus le même ordre de faits et de résultats,

quoique élevés à une puissance beaucoup plus haute et plus grande. Mais si cette ressemblance est réelle, les différences qui séparent l'Europe actuelle de la Grèce ancienne sont encore plus radicales. D'où vient donc ce curieux phénomène? Je laisse de côté une foule de ces différences, et je me borne à celle qui doit nous occuper ici : l'esclavage. Dans la Grèce païenne, et malgré les variétés de constitutions politiques, l'édifice social repose tout entier sur la servitude de l'homme dans l'Europe chrétienne, tout se fonde sur le travail libre, quelle que soit la forme de gouvernement qui régit chacune de ses parties. Or, selon nous, cette singulière anomalie est de nature à exciter fortement notre attention. Comment un pareil changement s'est-il effectué? Quelles causes ont pu le faire naître? Ne serait-on pas autorisé, dès le début, à proclamer qu'une grande révolution s'est accomplie dans l'esprit humain, et que l'âme a été remuée, bouleversée dans ses dernières profondeurs? Car voyons ce qu'il en est d'un côté, la nation marche invariablement dans la même ornière depuis le berceau jusqu'à la tombe; toujours faisant entendre son cri de liberté pour ses élus; mais toujours aussi s'avançant escortée d'esclaves qu'elle prend, sans distinction, parmi ses propres enfants comme parmi ses ennemis ! De l'autre côté, au contraire, vous avez une agrégation de peuples partis de la barbarie, et qui, sous l'empire de certains sentiments moraux, en dépit des obstacles opposés par la tyrannie, ou par les passions, s'élèvent assez rapidement de l'esclavage au servage, du servage à la liberté, et finissent par rejeter avec horreur toute atteinte portée à l'indépendance humaine, comme un produit indigne d'une civilisation véritable, comme une excroissance parasite. Encore une fois, ce problème ne mérite-t-il pas la peine d'être étudié avec soin pour le résoudre? Et comment le serait-il autrement que par l'histoire?

Cependant il ne faut pas non plus oublier que cet abîme entre la Grèce ancienne et le monde, moderne se rétrouvera encore pour Rome; c'est, par con

séquent, une question générale dont la synthèse devra se présenter naturellement lorsque nous quitterons les fausses lueurs du paganisme pour nous laisser guider par les pures clartés de la révélation chrétienne. Bornons-nous donc, en ce moment, au simple rôle de nar

rateurs.

Homère est, sans contredit, notre meilleur guide pour ce qui concerne les temps héroïques. Quand on envahissait un pays, ou qu'on s'emparait d'une ville, on ne reconnaissait aucun droit au vaincu que l'on était libre d'égorger aux pieds des autels. Lui conserver la vie, c'était donc une grâce insigne; Voici notre point de départ : si vous mais cette vie devenait dès lors une consultez les poëtes grecs à toutes les propriété dont le vainqueur pouvait disépoques, ils chantent les douleurs, mais poser à son gré. Au début de l'Iliade, le vieillard de Chio met en scène les en même temps la nécessité de l'esclavage. Secondement, si de la poésie deux principaux personnages de son vous passez aux législations, partout poëme qui luttent de colère et d'injures encore la sanction et la consécration de pour s'arracher deux esclaves. Briseis l'esclavage. Troisièmement, depuis les est devenue la récompense des travaux premières lueurs de la philosophie nais-d'Achille au sac de Lyrnesse'. Ailleurs, sante dans la molle Ionie, jusqu'à la splendeur de Platon et d'Aristote, à peine vous entendez une seule fois un cri d'in dignation contre cette honteuse dégra, dation de l'homme; les rêves dorés du disciple de Socrate l'admettent, les sévères investigations du stagyrite paraissent même la faire descendre du ciel. Cela posé, ouvrons les livres et appelons d'abord en témoignage les temps héroïques.

La première chose qui frappe l'observateur, quand on passe de l'Orient à la Grèce, c'est une différence profonde en ce qui concerne l'origine de l'esclavage. Dans l'Inde, comme dans l'Égypte, la servitude est l'état naturel d'une classe d'hommes, qu'ils ne peuvent même répudier, qu'ils tiennent de Dieu. Ainsi le ciel les a faits. Dans la Grèce, au contraire, rien de pareil: la conquête ou une abdication volontaire de sa liberté ; telle est la double origine de l'esclavage.L'Europe païenne conservera désormais ce caractère fondamental, et le code romain dira plus tard : Il n'y a que deux manières de devenir « esclave : ou par le droit civil, lors• qu'un homme se laisse vendre pour avoir part au prix donné, ou par le droit des gens lorsqu'on est fait prisonnier, ou enfin lorsqu'on naît esclave'. »

Leg. 5, de Stat. Homin. Quando major viginti annis pretii participandi causa se venire patiebatur;' quando ab hostibus quis capiebatur, aut ex ancilla nascebatur.

Achille vend Lycaon, qu'il avait pris
dans une attaque nocturné. Au vingt-
deuxième chant, Priam se plaint de ce
que le héros grec a encore vendu plu-
sienrs de ses fils dans des îles foin-
taines. Thersite nous montre une foule
de captives dans la tente d'Agamemnon'.
Dans l'Odyssée, cette vive et saisissante
peinture de la vie qui se passait autour
de lui, Homère met à nu cette plaie
de la servitude. Je règnerai, s'écrie
Télémaque, sur les esclaves que mon
père a conquis par son courage *. » Une
autre cause alimentait sans cesse le be-
soin toujours renaissant d'acquérir des
esclaves : c'était la piraterie, cette éter-
nelle coutume des peuples maritimes
la piraterie
qui commencent. Pour eux,
n'est qu'une des faces de la guerre ; elle
donne de la gloire et des richesses sans
trop de labeur; témoin Hercule, té-
moin encore les Northmans du moyen
âge et les flibustiers d'Amérique. Aussi
les Phéniciens et les pirates des îles re-
Τὴν ἐκ Λυρνησοῦ ἐξείλετο πολλὰ μογήσας
Λυρνησὸν διαπορθήσας καὶ τείχεα Θήβης.
Iliade, ch. 11, v. 690.
Λαβὼν ἐκ πατρὸς ἀλωῆς οὐκ ἐθέλοντα
Εννύχιος προμολών.

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3

3

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Iliade, ch. xxi, v. 36.

Καὶ περνὰς νήσων ἐπὶ τηλεδαπάων.

Ch. xxii, v. 48.

Πολλαὶ δὲ γυναῖκες

Εἰσὶν ἑνὶ κλισίης ἐξαίρετοι.

Ch. 11, v. 225.

Αὐτὰρ ἐγὼν οἴκοιο ἄναξ ἐσομ ̓ ἡμετέροια,

Καὶ δμώων, οὓς μοι ληίσσατο δῖος Οδυσσεύς.
Odyssée, ch. 1, V. 597,

de Dieu paraît si bien marqué dans cet affreux changement de condition, que la nature subit une transformation. Rester avec les mêmes sentiments, la même intelligence, la même élévation de caractère qui doit distinguer l'homme libre, oh! non, ce serait par trop cruel, et Homère chantera : « Le redoutable Jupiter ôte la moitié de son intelligence à l'infortuné que saisit le jour de la servitude'. Déposez tout orgueil, dit Clytem« nestre à Cassandre; songez que le fils « d'Alcmène lui-même a été vendu comme un captif. Quand la Fortune nous force « à servir, il est doux d'être soumis à des << maîtres accoutumés à l'opulence 2. »

paraissent-ils souvent dans l'Odyssée. Le fidèle Eumée lui-même a été vendu à Laërte par les Phéniciens, qui l'avaient enlevé dans son enfance'. Dans bien des endroits il est facile de reconnaître un commerce d'esclaves en grand. Quelquefois on ne respecte pas les lois sacrées de l'hospitalité. Antinous menace d'envoyer Irus chez le roi Echetus, qui Iui fera couper le nez et les oreilles. Ailleurs il se promet de vendre les étrangers aux corsaires du voisinage. Puis ce sont les Messéniens qui enlèvent trois cents brebis avec leurs bergers, et Ulysse part bientôt pour les réclamer; c'est la première circonstance où se signale son jeune courage. Dans une Il faut, en effet, que le sort commun ville prise d'assaut les femmes sont in- des esclaves, dans les temps qui nous variablement emmenées en captivité; occupent, ait été quelque chose d'ef ́en un mot, de partout s'échappe un froyable pour donner lieu aux lamentalong cri de deuil dont la monotonie lu- tions universelles qui s'échappent de gubre finit par nous glacer. II ne faut tant de bouches accoutumées à d'autres pas, d'ailleurs, s'en étonner; car l'es- accents. Les tragiques sont doublement clavage était héréditaire; les enfants de intéressants sous ce point de vue : Dolius, dans l'Odyssée, sont esclaves scrupuleux imitateurs des temps hocomme lui; et Euripide, écho fidèle mériques, ils reflètent aussi l'époque des mœurs homériques, fait dire à An- où ils vivaient. Mais d'abord, écoutons dromaque, en parlant à Hermione : Priam dans l'Iliade: « Pitié! ah! pitié! «Puis-je donc ambitionner votre place, « fils de Félée, pour un vieillard dont la ⚫ afin de donner le jour à de misérables « raison n'est pas encore égarée, pour esclaves qui traîneront après moi une « un malheureux que le ciel a condamné nouvelle charge de douleur * ? » ⚫ dans ses derniers ans à des catastroDu reste, l'origine primitive de l'escla- phes horribles! Hélas! n'ai-je donc vage était presque toujours la guerre; les « pas vu et mes fils égorgés et mes filles Hellenes y attachèrent de bonne heure captives, et leurs couches brisées, et une idée de fatalité, comme aux chances << leurs enfants vagissants lancés sur le mêmes du combat. Aussi le poëte Anaxan-« sol dans cet affreux carnage, tandis drides a-t-il pu s'écrier: « Aujourd'hui « que mes brus éplorées passaient aux 'à nous d'être esclaves, demain à votre « mains des Grecs ravisseurs. Voilà tour, habitants du Sunium; après-de- le sac de Troie ; en voici la suite, ses main pérorez de nouveau sur l'Agora ; ruines sont fumantes, et pour quiconque « la Fortune nous roule pêle-mêle, c'est contemple sur la grève de la mer re« un dieu qui tient les clefs *. » Le doigt tentissante (napà dīva moduqàsíc6010 Jaλásons) ce sombre tableau, l'on dirait encore

1 Odyssée, XVI. Euripide, Hélène.

9 Μῆλα γὰρ ἐξ Ιθάκης Μησσήνιοι ἄνδρες ἄειραν
· Νηυσὶ πολυκλήϊσι τριηκόσι, ἠδὲ νομῆας.
Odyssée, ch. xxi, v. 18.

3 Ibid., ch. XXIV.
4 Πότερον, ἵν' αὐτὴ παῖδας ἀντὶ σοῦ τέκω
Δούλους, ἐμαυτῇ τ' αθλίαν ἐφολκίδα.

Androm., v. 199, t. 11, édit. Boissonnade.
Τύχη δὲ πάντα μεταφέρει τα σώματα,
Πολλοὶ δὲ νῦν μὲν εἰσὶν οὐκ ἐλεύθεροι,

Εἰς ταύριον δὲ Σουνιέις · εἶτ ̓ εἰς τρίτην,

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