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impossible l'accroissement d'un mal, hélas ! trop grand déjà, et rendre possible un retour vers l'antique unité? Le moment est d'autant plus favorable aujourd'hui, que tous les coupables sont morts, et que parmi les évêques qui leur ont succédé, il n'en est pas un seul qui ne déplore ce qui a été fait, et qui ne fùt prêt à réparer la faute commise par ses prédécesseurs, si l'exécution de cette mesure n'était soumise à de nombreuses difficultés qu'une prudence patiente et habile peut seule surmonter. Il y a pour le bien, comme pour le mal, une préparation nécessaire que le temps et les circonstances accomplissent peu à peu dans les esprits. Et le mal que nous proclamons n'aurait pu s'effectuer, s'il n'avait été amené de longue main par une suite d'événements malheureux, et par une élaboration persévérante de l'opinion publique. Le mal était fait dans les esprits quand il se produisit au dehors. Et si l'on mit tant de soin à se distinguer de Rome dans la liturgie, c'est que depuis longtemps le sentiment de l'unité catholique avait été fortement ébranlé dans les cœurs, et que beaucoup d'évêques et de prêtres ne tenaient au Saint-Siége, centre de cette unité, qu'autant qu'il était nécessaire pour n'être pas hors de l'Église; calculant la soumission, avares de foi et d'humilité, obéissant sans amour, enchaînés plutôt qu'attachés au siége de Pierre, et se tenant volontaire

extérieure, matérielle, tyrannique, abaissant toutes les intelligences sous le même niveau, faisant peser sur toutes les âmes le même joug, ôtant aux hommes ce qui fait leur dignité et leur force, je veux dire leur personnalité; arrachant aux peuples ce qui constitue leur majesté et leur puissance, je veux parler de leur individualité, qui n'est au fond que le résultat, le reflet et comme l'abrégé de toute leur histoire. Dans l'Église, au contraire, une division qui affaiblit la foi, énerve l'espérance, attiédit la charité, ralentit la prière, isole les âmes religieuses, et leur ôte une partie de leur force en leur ôtant le sentiment de leur union. Ces hommes, que gouverne une mème loi, qui dans les plus petits détails de l'administra- | tion sentent l'unité du pouvoir qui les régit, qui, jusque dans les usages de la vie domestique, jusque dans les caprices de la mode ressentent l'influence de cette unité exigeante devant laquelle aucune diversité ne saurait tenir ces mêmes hommes qui dans les conseils de la nation, dans les assemblées politiques, dans les tribunaux, sur les places publiques se reconnaissent pour les citoyens d'un même royaume, dès qu'ils entrent dans l'Église ont peine à s'entendre et à se reconnaître pour frères. Les chants, les cérémonies ne sont plus les mêmes. Avec le même code ils pouvaient traverser la France, parce qu'ils trouvaient partout la même loi. Avec le même formulaire ils peuvent à peinement et avec réflexion sur l'extrême lifaire vingt lieues. S'ils le portent plus loin, ce livre leur sera inutile. Hors de leur diocèse, ils sont étrangers. La patrie du chrétien ne s'étend pas chez nous au-delà d'un rayon de vingt lieues. L'unité dans l'État la division dans l'Église, n'est-ce pas là un double contresens qui outrage également et la raison et la foi?

Voilà pourtant le mal dont nous souffrons depuis plus d'un siècle. Pourquoi chercher à le dissimuler ou à l'atténuer? N'est il pas bon, au contraire, de le proclamer à la face du monde, afin que ceux qui ont des oreilles entendent, afin de former parmi les chrétiens une opinion publique éclairée, forte et compacte, qui puisse rendre

mite du devoir et de la foi, et sur le bord de ce profond abîme où le démon du schisme et de l'orgueil ne cesse de rugir contre l'Église de Dieu.

Tout le monde connait les déplorables événements de 1682. Quelques évêques convoqués par un roi osèrent fixer les limites où doit se renfermer la plus haute et la plus vaste puissance qui soit sur la terre; ces limites, que l'Église avait laissées jusque-là dans la sainte et mystérieuse obscurité où Jésus-Christ les avait mises, et où la foi et la piété des peuples les avaient maintenues. C'est une bien triste chose pour une société, quand on met en discussion la nature et l'étendue du pouvoir souverain qui la gouverne; quand ceux qui doivent obéir

sent eux-mêmes à celui qui commande la mesure de leur obéissance. Voilà cependant ce que firent les évêques qui composèrent l'assemblée de 1682. Et nous devons presque leur savoir gré de n'être pas allés plus loin; car avec l'esprit d'insubordination qui animait plusieurs d'entre eux, on en pouvait tout craindre et tout attendre, si Bossuet n'eût jeté au travers de cette fougue et de cette violence les lumières de son génie et la précision de sa foi. Grâce à lui peut-être, ils ne furent qu'imprudents et téméraires.

marchandent leur soumission, et impo- | cendant plus bas, il avait pénétré parmí les prêtres. Et le conciliabule de Pistoie, tenu sous les auspices d'un prince de la maison d'Autriche, achevait l'œuvre entreprise sous le patronage d'un prince de la maison de France : et dans leurs tentatives schismatiques contre le Saint-Siége, les prétendus Pères du conciliabule de Pistoie osèrent invoquer comme un appui et un précédent en leur faveur, l'assemblée de 1682. Et quoiqu'il y ait une très-grande distance entre ces deux assemblées et entre les décrets qui en émanèrent, puisque ceux de la première furent seulement cassés et improuvés, tandis que ceux de la seconde furent condamnés comme héré

pour celle-là d'avoir été invoquée par des hommes infectés de schisme et d'hérésie, et pour la déclaration qu'elle rédigea d'avoir été insérée comme une pièce justificative dans un décret hérétique et schismatique à la fois. Ce n'était plus seulement le corps épiscopal que le conciliabule de Pistoie proclamait supérieur au pape, mais c'était tout le clergé et les simples fidèles. L'Église n'était d'après cela qu'une république démocratique, condamnée par sa constitution même à une perpétuelle anarchie,

Ils regardèrent comme terminées, et pouvant régler leur conduite dans leurs rapports avec le Saint-Siége des ques-tiques, ce n'en est pas moins une tache tions insolubles peut-être, et dont JésusChrist semble avoir voulu abandonner la solution plutôt au cœur de ses enfants et à leur humilité et leur foi qu'à leur esprit et à leurs raisonnements. Or, par un secret dessein de la Providence, juste un siècle plus tard, le roi de France essuyait l'humiliation que son afeul avait infligée au vicaire du Christ. Et l'Assemblée constituante, copiant les articles de l'assemblée des évêques, déclarait au roi que les lois étaient audessus de lui, comme les évêques avaient déclaré au pape qu'il était soumis aux canons. Elle déclarait au roi qu'elle lui était supérieure en autorité et en puissance, de même que les évêques avaient déclaré au pape que la puissance des conciles était supérieure à la sienne. Enfin elle déclarait au roi que la souveraineté, qui est l'infaillibilité de fait, ne résidait point en lui, mais dans la nation, et que ses décrets ne pouvaient, par conséquent, être regardés comme lois du royaume, qu'après avoir été approuvés par les représentants de la nation; de même que les évêques avaient déclaré au pape que ses jugements ne deviennent suprêmes et définitifs, que par le consentement tacite ou formel des évêques. C'est ainsi qu'un des plus pieux et des meilleurs rois qu'ait ens la France, expiait l'insolence et la témérité de son aïeul.

Ce qu'il y avait de plus mauvais et de plus dangereux dans l'assemblée de 1682, c'était moins les principes qui firent la base de sà déclaration que le fait même de cette déclaration. Car ces principes n'avaient jamais été formellement condamnés par le Saint-Siége. Ils avaient été adoptés avant la déclaration qui en fut faite en 1682, comme ils l'ont été depuis, par des hommes d'une piété et d'une science incontestable. Comme opinion, le pape pouvait les tolérer. Érigés en maximes, et présentés au Saint-Siége comme la charte de l'Église de France, et comme la règle que ses évêques étaient décidés à suivre dans leurs rapports avec Rome, ces principes devenaient dangereux, et leur déclaration était presque une révolution.

La Providence sembla vouloir en monCependant l'esprit qui avait animé les trer incontinent le danger, en permetévêques de 1682 ne s'était pas arrêté là; tant à l'hérésie de Jansenius de se promais se répandant dans l'Église, et des-pager dans l'Église. Car, lorsque les

T. XV, - N” 86, 1845,

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extérieure, matérielle, tyrannique, | impossible l'accroissement d'un mal,

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abaissant toutes les intelligences sous le hélas! trop grand déjà, et rendre posmême niveau, faisant peser sur toutes sible un retour vers l'antique unité? Le les âmes le même joug, ôtant aux hom- moment est d'autant plus favorable aumes ce qui fait leur dignité et leur jourd'hui, que tous les coupables sont force, je veux dire leur personnalité; morts, et que parmi les évêques qui arrachant aux peuples ce qui constitue leur ont succédé, il n'en est pas un seul leur majesté et leur puissance, je veux qui ne déplore ce qui a été fait, et qui parler de leur individualité, qui n'est ne fùt prêt à réparer la faute commise au fond que le résultat, le reflet et par ses prédécesseurs, si l'exécution comme l'abrégé de toute leur histoire. de cette mesure n'était soumise à de Dans l'Église, au contraire, une division nombreuses difficultés qu'une prudence qui affaiblit la foi, énerve l'espérance, patiente et habile peut seule surmonter. attiédit la charité, ralentit la prière, Il y a pour le bien, comme pour le isole les âmes religieuses, et leur ôte mal, une préparation nécessaire que le une partie de leur force en leur ôtant temps et les circonstances accomplisle sentiment de leur union. Ces hommes, sent peu à peu dans les esprits. Et le que gouverne une même loi, qui dans mal que nous proclamons n'aurait pu les plus petits détails de l'administra- s'effectuer, s'il n'avait été amené de tion sentent l'unité du pouvoir qui les longue main par une suite d'événements régit, qui, jusque dans les usages de la malheureux, et par une élaboration vie domestique, jusque dans les ca- persévérante de l'opinion publique. Le prices de la mode ressentent l'influence mal était fait dans les esprits quand il de cette unité exigeante devant laquelle se produisit au dehors. Et si l'on mit aucune diversité ne saurait tenir ces tant de soin à se distinguer de Rome mêmes hommes qui dans les conseils de dans la liturgie, c'est que depuis longla nation, dans les assemblées politi- temps le sentiment de l'unité catholique ques, dans les tribunaux, sur les places avait été fortement ébranlé dans les publiques se reconnaissent pour les ci- cœurs, et que beaucoup d'évêques et toyens d'un même royaume, dès qu'ils de prêtres ne tenaient au Saint-Siége, entrent dans l'Église ont peine à s'en- centre de cette unité, qu'autant qu'il tendre et à se reconnaître pour frères. était nécessaire pour n'être pas hors de Les chants, les cérémonies ne sont plus l'Église ; calculant la soumission, avares les mêmes. Avec le même code ils pou- de foi et d'humilité, obéissant sans vaient traverser la France, parce qu'ils amour, enchaînés plutôt qu'attachés au trouvaient partout la même loi. Avec le siége de Pierre, et se tenant volontairemême formulaire ils peuvent à peine ment et avec réflexion sur l'extrême lifaire vingt lieues. S'ils le portent plus mite du devoir et de la foi, et sur le loin, ce livre leur sera inutile. Hors de bord de ce profond abîme où le démon leur diocèse, ils sont étrangers. La pa- du schisme et de l'orgueil ne cesse de trie du chrétien ne s'étend pas chez rugir contre l'Église de Dieu. nous au-delà d'un rayon de vingt lieues. L'unité dans l'État la division dans l'Église, n'est-ce pas là un double contresens qui outragc également et la raison et la foi?

Voilà pourtant le mal dont nous souffrons depuis plus d'un siècle. Pourquoi chercher à le dissimuler ou à l'atténuer? N'est il pas bon, au contraire, de le proclamer à la face du monde, afin que ceux qui ont des oreilles entendent, afin de former parmi les chrétiens une opinion publique éclairée, forte et compacte, qui puisse rendre

Tout le monde connaît les déplorables événements de 1682. Quelques évêques convoqués par un roi osèrent fixer les limites où doit se renfermer la plus haute et la plus vaste puissance qui soit sur la terre; ces limites, que l'Église avait laissées jusque-là dans la sainte et mystérieuse obscurité où Jésus-Christ les avait mises, et où la foi et la piété des peuples les avaient maintenues. C'est une bien triste chose pour une société, quand on met en discussion la nature et l'étendue du pouvoir souverain qui la gouverne ; quand ceux qui doivent obéir

marchandent leur soumission, et impo- | cendant plus bas, il avait pénétré parmi sent eux-mêmes à celui qui commande | les prêtres. Et le conciliabule de Pisla mesure de leur obéissance. Voilà ce- toie, tenu sous les auspices d'un prince pendant ce que firent les évêques qui de la maison d'Autriche, achevait l'œucomposèrent l'assemblée de 1682. Et vre entreprise sous le patronage d'un nous devons presque leur savoir gré de prince de la maison de France: et dans n'être pas allés plus loin; car avec l'és- leurs tentatives schismatiques contre le prit d'insubordination qui animait plu- Saint-Siége, les prétendus Pères du consieurs d'entre eux, on en pouvait tout ciliabule de Pistoie osèrent invoquer craindre et tout attendre, si Bossuet comme un appui et un précédent en n'eût jeté au travers de cette fougue et leur faveur, l'assemblée de 1682. Et de cette violence les lumières de son quoiqu'il y ait une très-grande distance génie et la précision de sa foi. Grâce à entre ces deux assemblées et entre les lui peut-être, ils ne furent qu'impru- | décrets qui en émanèrent, puisque ceux dents et téméraires. de la première furent seulement cassés et improuvés, tandis que ceux de la seconde furent condamnés comme hérétiques, ce n'en est pas moins une tache pour celle-là d'avoir été invoquée par des hommes infectés de schisme et d'hérésie, et pour la déclaration qu'elle rédigea d'avoir été insérée comme une pièce justificative dans un décret hérétique et schismatique à la fois. Ce n'était plus seulement le corps épiscopal que le conciliabule de Pistoie proclamait supérieur au pape, mais c'était tout le clergé et les simples fidèles. L'Église n'était d'après cela qu'une république démocratique, condamnée par sa constitution même à une perpétuelle anarchie,

Ils regardèrent comme terminées, et pouvant régler leur conduite dans leurs rapports avec le Saint-Siége des questions insolubles peut-être, et dont JésusChrist semble avoir voulu abandonner la solution plutôt au cœur de ses enfants et à leur humilité et leur foi qu'à leur esprit et à leurs raisonnements. Or, par un secret dessein de la Providence, juste un siècle plus tard, le roi de France essuyait l'humiliation que son aïeul avait infligée au vicaire du Christ. Et l'Assemblée constituante, copiant les articles de l'assemblée des évêques, déclarait au roi que les lois étaient audessus de lui, comme les évêques avaient déclaré au pape qu'il était soumis aux canons. Elle déclarait au roi qu'elle lui était supérieure en autorité et en puissance, de même que les évêques avaient déclaré au pape que la puissance des conciles était supérieure à la sienne. Enfin elle déclarait au roi que la souveraineté, qui est l'infaillibilité de fait, ne résidait point en lui, mais dans la nation, et que ses décrets ne pouvaient, par conséquent, être regardés comme lois du royaume, qu'après avoir été approuvés par les représentants de la nation; de même que les évêques avaient déclaré au pape que ses jugements ne deviennent suprêmes et définitifs, que par le consentement tacite ou formel des évêques. C'est ainsi qu'un des plus pieux et des meilleurs rois qu'ait eus la France, expiait l'insolence et la témérité de son aïeul.

Ce qu'il y avait de plus mauvais et de plus dangereux dans l'assemblée de 1682, c'était moins les principes qui firent la base de sa déclaration que le fait même de cette déclaration. Car ces principes n'avaient jamais été formellement condamnés par le Saint-Siége. Ils avaient été adoptés avant la déclaration qui en fut faite en 1682, comme ils l'ont été depuis, par des hommes d'une piété et d'une science incontestable. Comme opinion, le pape pouvait les tolérer. Érigés en maximes, et présentés au Saint-Siége comme la charte de l'Église de France, et comme la règle que ses évêques étaient décidés à suivre dans leurs rapports avec Rome, ces principes devenaient dangereux, et leur déclaration était presque une révolution.

La Providence sembla vouloir en monCependant l'esprit qui avait animé les trer incontinent le danger, en permetévêques de 1682 ne s'était pas arrêté là; tant à l'hérésie de Jansenius de se promais se répandant dans l'Église, et des-pager dans l'Église. Car, lorsque les

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papes voulurent la condamner, ses adhérents essayèrent d'échapper à leurs coups, à l'abri des maximes de 1682, dont ils réclamèrent l'application avec une insistance qui dut montrer aux moins clairvoyants combien elles sont propres à entraver l'Église et le SaintSiége dans l'exercice de leur autorité, et à ralentir la vigueur de leur bras, quand il s'agit de frapper promptement un grand coup pour étouffer une herésie naissante.

avaient arrachés, et la dernière victoire du roi et du peuple sur cette aristocratie autrefois si puissante, qui ne conserva plus d'autre éclat désormais que celui que répandaient sur elle les faveurs des rois et le voisinage de la cour. De grands vassaux, les seigneurs de France devinrent courtisans, et ils échangèrent leurs fiefs contre les titres honorifiques dont la munificence royale les décorait,

Le protestantisme avait pu facilement pénétrer en Allemagne sous sa forme spéculative; il avait été puissamment aidé sous ce rapport par la nature du caractère et de l'esprit allemand. Mais il avait trouvé une barrière insurmontable dans l'esprit pratique des Francais, qui, négligeant en général le côté spéculatif des choses, s'attachent plus volontiers à saisir le rapport qu'elles peuvent offrir avec les réalités de la vie. Si vous leur présentez une idée dans son abstraction, ils ne l'apercevront pas. Mais qu'elle vienne à eux sous la forme d'un fait, ou d'une déduction lo

Le jansénisme rendit plus profond et plus large encore l'abîme que la déclaration de 1682 avait creusé entre Rome et la France. Parmi les hommes du monde, étrangers pour la plupart aux études théologiques, il en est peu qui jugent sainement cette hérésie, une des plus funestes qui se soient glissées dans l'Église. Il n'est pas rare de trouver des hommes pieux et instruits, d'ailleurs, qui dans les troubles produits au sein de l'Église par cette erreur, ne voient qu'un simple combat d'opinions entre les jansenistes et les jésuites. Il n'entre point dans notre su-gique et pratique; et soudain yous les jet de tracer l'histoire de cette hérésie, ni même d'en rendre sensible l'opposition à la doctrine catholique. Mais nous devons en faire ressortir le caractère principal, à cause de l'influence incontestable qu'elle a exercée sur le changement de la liturgie en France, et de la part immense que ses fauteurs ont prise à ce changement.

Le protestantisme avait vainement essayé de pénétrer parmi nous. Il avait trouvé une résistance opiniâtre dans l'admirable foi du peuple et du clergé, qui avait entraîné nos rois, et leur avait en quelque sorte donné du zèle malgré eux, de manière qu'ils firent par politique ce que le peuple et le clergé faisaient par conviction, et qu'ils combattirent sans relâche le protestantisme chez eux, même lorsqu'ils le favorisaient à l'étranger par leurs alliances. Cette époque marque vraiment la limite entre le moyen âge et les temps modernes, aussi-bien sous le rapport social que sous le rapport religieux; car elle nous présente le dernier effort de l'ancienne noblesse pour reconquérir les priviléges que le temps et la force des choses lui

voyez l'embrasser avec la même ardeur qu'ils mettaient à la repousser auparavant. Le protestantisme abstrait et doctrinal de Luther et de Calvin avait trouvé en eux des ennemis acharnés ; le protestantisme pratique des disciples de Jansenius et de Quesnel les trouva sans défense.

Les nouveaux protestants, pour accommoder leur œuvre au goût et aux dispositions du caractère français, s'étaient bien donné de garde de nier for mellement, comme leurs prédécesseurs, les dogmes de l'Église et de lever contre elle l'étendard de la révolte. Mais, tout en gardant la lettre de ses dogmes, ils en détruisirent l'esprit, et s'efforcèrent de les rendre inapplicables dans la pratique. S'ils avaient réussi dans leur coupable entreprise, les vérités chrétiennes seraient devennes d'abord de pures abstractions, situées dans une sphère bien supérieure à celle où vit le coeur de l'homme ; et, par suite du caractère positif et conséquent des Français, elles auraient bientôt disparu de leur esprit comme elles avaient disparu de leur cœur et de leur vie.

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