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et Bouddha, et, à ce titre, regardées | s'appelle PARAÇAKTI, la grande Sakti ; et cette double trinité, ou triple dualité, suit invariablement, jusqu'aux derniè res, la chaîne immense des émanations du dieu suprême.

également comme le dieu suprême; ou bien ces divinités ne sont elles-mêmes, dans l'esprit de leurs sectateurs respectifs, que le dieu suprême lui-même sous un nom différent. L'idolâtrie et le polythéisme sont d'une date relativement moderne; on en attribue ordinairement la cause à l'ignorance et à la superstition des peuples, qui, ayant perdu le sens des symboles de la divinité unique et de ses divins attributs, rapportèrent leur culte et leurs adorations à ces symboles eux-mêmes, tout nombreux et tout grossiers qu'ils étaient.

Suivant le principe général d'émanation et d'identité universelle, on voit Maïa se diviser avec Brahm dans la Trimourty, pour y figurer, sous différents noms, la triple énergie de cette divinité, et donner à chaque membre de la triade sacrée sa SAKTI, qui, sous ces divers noms, est aussi à la fois pour chacun d'eux, sa sœur, sa fille et son épouse'. De là la SAKTI-TRIMOURTY, dont 1o PARASVVATI Ou BRAHMI est l'épouse de Brahma; 2o LAKMI (OU LAKCHIMY) ou SRI, celle de Vichnou; 5o BHAVANI OU PARVATI, celle de Siva, triade semblable aux deux triades classiques des Grecs et des Romains: 1° celle des trois Gråces, jeunes filles, vierges, joyeuses et un peu légères, nées de Jupiter et de Junon, et, selon d'autres, du Soleil et d'Églé ; 2o celle des trois autres déesses, également célèbres entre toutes les autres, savoir, Minerve, Vénus, Junon.

Maïa alors, pour se distinguer d'elles,

eux-mêmes, attribuant quelquefois à ces peuples des idées philosophiques qui n'étaient le partage que de

quelques sages privilégiés.

L'infériorité de la Trinité hindoue, ainsi que des

Dans l'univers, dans tout et partout, se trouve en effet le principe actif et le principe passif, personnifiés, vivants et représentant de quelque manière les deux pouvoirs primitifs auteurs de la création, Brahm et Maïa : tels sont l'âme et le corps, l'esprit et la matière, le soleil et la terre; etc.; telle est encore, pour ne pas sortir du cercle des émanations divinisées par les Indiens, la nombreuse postérité issue des trois couples divins dont nous venons de parler, et qui ne comprend pas moins de trois cent trente millions de divinités subalternes, dont les pouvoirs et les opérations, quoique distincts, se permutent de mille manières différentes; de là* leurs combats et leurs alliances, leurs mariages et la série interminable de leurs fils et de leurs filles; image de l'intervention constante du double principe, actif et passif, mâle et femelle, dans la production et la variété infinie des phénomènes de l'univers.

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« La trinité, sous ses diverses formes et à ses divers degrés, est (aussi) tout à la fois dans Brahm, dans le grand monde et dans le petit monde, c'est« à-dire en Dieu, dans le monde et dans « l'homme, qui forment eux-mêmes une trinité nouvelle, identique à toutes les autres'. » 1o En Dieu, la trinité est représentée par Brahma, Vichnou, Siva; 2o dans le monde, par l'intelligence (Mana), l'individualité ( Ahankara), la grande âme (du monde) (Mahan-Atma), qui nous apparaissent comme trois pouvoirs cosmogoniques, émanés immédiatement de Dieu, et produisant à leur tour les cinq particules subtiles corres

autres dogmes admis par les Indiens et par les autres peuples de l'antiquité, apparaît surtout dans les mythes grossiers, obcènes, et plus ou moins absurdes dont ils ont presque toujours enveloppé ces mys-pondantes aux cinq éléments et aux tères. Telles sont, en particulier, les légendes du Trimourty, dont on peut voir une esquisse dans l'abbé Dubois, ibid., t. II, p. 289-308 et alibi passim.

• Leur symbole est décrit dans Creutzer, Religions de l'antiquité, t. I, p. 187, et dans le premier cahier de planches, pl. ttt, fig. 17. Ce symbole représente trois sœurs, épouses de trois frères, tous frères et sœurs, issus d'un même mariage, BrahmMaia.

cinq sens, et qui sont le principe de l'individualité actuelle et de la limite'. 30 Dans l'homme ou le petit monde, qui

Guigniaut, ibid., t. I, p. 649. Note.

Les cinq éléments sont: 1o le Feu, 9o l'Air, 3o l'Eau, 4o la Terre, 5o l'Ether.

Les cinq sens sont: 1o la Vue, 2o l'Ouïe, 5o 1'0dorat, 4o le Goût, 8° le Toucher.

est l'image vivante du grand monde, c'est-à-dire de l'univers, et formé comme lui d'âme, d'intelligence et de la conscience, qui sont respectivement le principe de la vie, de la raison et de l'indi vidualité ou égoïté.

Quelques passages suffiront pour confirmer notre assertion sur le monotheisme primitif des Hindous, sur leur trinité divine et leur panthéisme.

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divinités qui peuplent les trois régions, sont les portions (ou les émanations) de trois dieux nommés et décrits diversement selon leurs, diverses opérations; mais au fond, tout se résume en un seul dieu, la grande âme (Mahat-Atma), qui est aussi appelée le soleil (Sourya); car le soleil est l'âme de tous les êtres....'♪

Les trois dieux n'en font qu'un, di‹ Maïa, est-il dit dans les Oupanicha; sent encore les livres sacrés; leurs das, a la figure d'une vache aux trois noms mystérieux sont (non - seulecouleurs. Ces trois couleurs sont les ment Brahma, Vichnou, Siva, mais trois qualités dont Prakriti (la na- encore) BHOUR, BHOUVAH, SWAR 2 ture) est le mélange, et dont l'âme " qui ne veulent dire autre chose que ́ (Dieu) est le centre..... Maïa déve- la Terre, l'Air, le Ciel ou les Cieux; loppe le tissu des trois qualités, et le Feu, l'Air et le Soleil sont identifiés cette mère de toutes les créatures, avec l'Ame du monde, c'est-à-dire s'unissant à l'être-lumière, met au Dieu. On appelle ces noms VYAHRITIS jour la Trimourty.... Ce monde, fruit et ils précèdent ordinairement la de l'union de Brahm et de Maïa, res- « Gayatri (prière célèbre), commensemble à une mer où les sens, les élé-çant par le pronom mystique TAD ments, les états, sont les sources, les flots et les courants '.»

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Les divinités, dit le Ritch-Veda, les divinités sont seulement trois dont les demeures sont la terre, la région intermédiaire (l'atmosphère) et le ciel; ce sont le feu, l'air, le soleil. Leur pluralité est fondée sur les noms mystérieux, et Pradjapati, le sei‹gneur des créatures, est leur divinité collectivement et les contient toutes dans sa personne collective. La syllabe mystiquе Ом, оù ОÙм, OU AUM", exprime la triple divinité des trois mondes; elle appartient à celui qui ‹ habite le séjour suprême, à l'unité infinie ( à Brahm), à Dieu ( Deva), à la ‹ grande âme (Adhyătmă). Les autres

'Passim.

↑ AUM, 'ou Oum, ou Om, est le monosyllabe sacrẻ, le nom mystique de la Divinité, qui précède toutes les prières et toutes les invocations. La let tre A, la lettre U, la lettre M, qui, par leur réu

«nion, forment le monosyllabe, ont été exprimées

‹ des trois livres saints par Brahmà, le Seigneur des (créatures, ainsi que les trois grands mots BHOUR, « BHOUTAH, SWAR (Terre, Atmosphère, Ciel).» Manava-Dharma-Sastra, l. 11, st, 76, Pour les Inadiens adorateurs de la Trimourty, ou Triade di(vine, Aux exprime l'idée des trois dieux en UN: a A, est le nom de Vichnou; U, celui de Siva; M, « celui de Brahmâ. » Loiseleur Deslonchamp, trad. du Manava-Dharma-Sastra, note sur le livre', st: 74. T

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(Lui), qui exprime l'Etre Suprême « considéré dans son unité absolue. Ils « sont précédés eux-mêmes par le monosyllabe oum, nommé encore Pranou, ou plutôt Prana. Outre TAD (Lui), « l'Être irrévélé, il y a encore, SAT, l'Etre manifesté par la création, et ASAT, le non-être, les phénomènes, les formes.... Lorsqu'il est manifesté par la création, il (Lui, Tad), est l'entité (Sat); tandis que lorsqu'il réste sous des formes qui sont une pure illusion, il est le non-entité (Asat)^. Ce sont autant de fo formules théologicophilosophiques usitées dans les livres sacrés et dans le vêdanta, système de philosophie qui s'appuie uniquement sur la révélation et qui est le système généralement adopté par les Brah

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origine et source de toutes choses. De | prême, le Dieu unique, éternel, infini, nécessaire, tout-puissant, infiniment bon et infiniment parfait '.

ce triangle sort le Lingam, le Dieu éternel qui en fait son éternelle demeure. Ce Lingam (arbre de vie) avait trois écorces dont la plus extérieure était Brahmâ; celle du milieu Vichnou; la troisième et la plus tendre, Siva.

C'est sur le mont Mérou que fait son séjour le Dieu qui préside au Lingam, Siva ou Mahadeva (le Grand Dieu), le Père et le maitre de la nature, répandant sa vie de toutes parts, sous mille formes diverses qu'il renouvelle incessamment. Près de lui est Bhavani ou Parvati, sa sœur et son épouse, qui porte en son sein les germes de toutes choses, et enfante les êtres qu'elle a conçus de Mahadéva, c'est-à-dire du Grand Dieu Siva. Leur union est quelquefois représentée par deux triangles sacrés qui se croisent de cette manière. Le Lingam, autre image de cette union, est lui-même porté, dans quelques emblèmes, par ce double triangle. Voilà les deux grands principes de la nature, créateurs et destructeurs, générateurs et régénérateurs tout à la fois; mais ils ne détruisent que pour réparer ; ils ne font que changer les formes; la vie et la mort se succèdent dans un cercle perpétuel, et la substance demeure au milieu de toutes ces variations. Cette substance immuable, universelle, en qui s'accomplissent tous les phénomènes de l'univers, n'est autre que l'Etre Su

Ainsi dans le système théologico-philosophique des indiens, l'unité absolue et immuable de la substance embrasse tout, et c'est d'elle que tout découle; on plutôt tous les êtres, et même les Dieux, ne sont que la substance divine elle-même s'émanant ou se manifestant dans l'espace et le temps sous des formes infiniment variées et renouvelées sans cesse. Mais la création serait inconcevable, impossible, si l'on n'admettait quelques distinctions dans la divinitě unique et infinie. De là d'abord deux pouvoirs créateurs, Brahm et Maïa ; puis trois, Brahma, Vichnou, Siva; puis un nombre infini, et enfin les diverses puissances, les grands agents de la nature. « C'est par eux que la divinité uníquè et infinie, substance universelle, a fait le monde au commencement des temps; c'est par eux qu'elle le soutient et le gouverne; c'est encore pár eux et avec eux, qu'elle doit, quand les <temps seront achevés, le réabsorber dans son unité éternelle et suprême.) L'abbé J.-B. BOURGEAT, Professeur de Philosophie.

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"Voy. Creuzer at Guigniaut, ibid., chap. 2, p« 140-151, texte et notes.

⚫ Guigniaut et Creuzer, ibid., p. 183.

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y ajouter des réflexions, afin de laisser aux vôtres une sorte d'initiative, du moins une entière liberté de naître, sans l'influence d'aucune préoccupation. Mon intention aujourd'hui est de vous apporter les miennes, non pour modifier ou pour compléter les vôtres, mais pour les vérifier en quelque sorte par la ressemblance que sans doute elles auront ; ce sera une vérification, car la | vérité seule peut devenir un point de ralliement unique pour des méditations diverses.

Ce qui a dù vous frapper d'abord, c'est l'étonnante force de génie de cet homme qui naît et grandit sans trouver autour de lui ni moyens d'instruction, ni ressources pour la réalisation de ses projets; et qui se forme d'abord luimême, forme ses idées, compose son système religieux et politique, arrête ses plans, et, dans sa pensée, marche seul en avant à la réforme et à la conquête de sa patrie, à la réforme et à la conquête du monde entier.

vie et de force je le donnerai à l'Arabie.

Les hommes complets sont rares, Messieurs : il y a des rêveurs, il y a des penseurs; les réformistes en projet në manquent pas; mais concevoir une grande pensée, voir bien et voir loin, ce n'est pas le plus difficile: la plus grave des difficultés, c'est de réaliser cette pensée, c'est de la répandre, de la faire adopter, de choisir les hommes, de se les attacher, de les déterminer, de prévoir les difficultés, de deviner les ressources, d'écarter les unes, de s'emparer des autres, de façonner enfin à la longue, en détail, sans se décourager, sans faire fausse route, le petit monde dont on a le modèle dans sa tête. Il faut une intelligence supérieure, cela ne. suffit pas il faut une volonté forte, inflexible, inébratilable; cela ne suffit pas encore; il faut du dévouement et de la vertu, un dévouement de héros, unė vertu à toute épreuve, et j'entends une noble et forte passion qui entraîne l'homme et soulève tous les obstacles, Cette pensée jaillit un beau jour, on sans jamais se fatiguer ni se reposer. peut le croire, du fond de son cerveau, Vous trouvez toutes ces conditions réuau milieu d'un de ses voyages. I voit nies dans cet homme étonnant. Il est des peuples plus heureux, plus unis et simple, familier; il oublie sa grandeur plus forts que le sien; il compare cette et sa dignité dans les rapports privés ; il civilisation qui l'étonne avec l'état d'iso-retrouve toute sa dignité, toute sa malement et d'hostilité où vivent les tribus arabes; cet esprit vif, précoce et péné trant se demande le pourquoi de cette différence; il adresse sans doute cette question aux moines avec lesquels il converse, et on lui indique, ou it aperçoit seul l'unique lien solide des péu ples, la religion. Avec cette découverte qui s'est fixée bien avant dans son esprit, il rentre dans la retraite, et dans toutes les observations qu'il va faire, dans toutes les méditations profondes et solitaires auxquelles il va se livrer, partira toujours de ce point et il y ramènera tout une croyance et l'unité de croyance pour retremper les mœurs, pour donner de l'homogénéité aux idées, pour stimuler et régler tous les élans individuels, pour faire converger tous les intérêts particuliers vers l'intérêt général. Voilà ce qui manqué à son peuple; et il se dit avec une force de volonté qui ne lui fit pas défaut au milieu de toutes les traverses: cet élément de

jesté; il déploie même de la magnificence dans les solennités publiques; il donne l'exemple de la frugalité; il est bon, affectueux, charitable envers les pauvres; il a le cœur ouvert pour ses amis et pour toutes les infortunes; s'il se réserve la cinquième partie du butin fait sur l'ennemi, c'est pour vider ensuite son trésor dès qu'il paraît un besoin ; c'est du moins ainsi qu'on le peint ordinairement. Avec ce beau caractèrè, servi par une intelligence aussi haute que la sienne, on comprend qu'il ait eu le précieux talent dont à chaque pas il fait preuve, celui de s'attacher les hommes capables qu'il rencontre ; mais ce qu'il est plus difficile de comprendre, c'est qu'il soit parvenu à les fasciner, à les fanatiser au point qu'ils allassent jusqu'à boire l'eau de ses ablutions, à recueillir et à avaler sa salive, à se disputer ses cheveux; et c'est à ce point qu'il s'emparait des hommes: il les faisait siens; il en faisait ses membres,

ses instruments, plus que ses esclaves. | justes, nettes et vraies; on est amené

Il faut avouer qu'il n'était point scrupuleux sur le choix des moyens. Il voyait le but, ne songeait qu'à y arriver et prenait la voie la plus sûre qui se présentait. I adoptait donc cette effroyable doctrine du succès et de la nécessité, si souvent et si haut préconisée de notre temps en politique. S'il faut mentir pour réussir, il ment sans balancer, il ment en conscience, si l'on peut ainsi s'exprimer; il feint des révélations pour prendre, sur les esprits ignorants et crédules, l'empire qui lui est indispensable; s'il faut faire périr un homme, le surprendre, l'assassiner, il s'y résout: cet homme disparaît à ses yeux devant la foule de ceux qu'il sert par un meurtre; c'est un calcul tout simple: un homme abattu, une nation sauvée. Ainsi, guerre, pillage, trahison, meurtre, ces moyens, d'après cet infâme système, sont des moyens légitimes. Or cela, Messieurs, n'est pas loin de nous, c'est ce qu'on a longtemps appelé, c'est ce que l'on appelle encore les nécessités de la politique. Et remarquez bien qu'un esprit ferme et logique doit arriver là, dès qu'il posé comme principe que l'ordre moral n'est pas absoument inviolable, qu'il est permis de l'entamer en quoi que ce soit, fùt-ce dans sa plus légère parcelle, pour procurer le plus grand bien; car, dès là que vous établissez une comparaison entre le petit mal que vous faites et l'immense résultat heureux auquel vous parvenez, il n'y a plus qu'une appréciation à faire; c'est un calcul, c'est une équation, et l'on conçoit la légitimité d'un crime pour en prévenir beaucoup d'autres. Il est ensuite fort naturel de penser que Mahomet s'autorisa de la conduite de Moïse et de Josué qui, par l'ordre exprès de Dieu, pour façonner un peuple esclave à la civilisation et lui donner une patrie, n'avaient pas reculé devant le massacre et la dévastation. Il y avait eu là intervention extraordinaire de la Divinité, et Mahomet n'y aura vu, comme bien des hommes de notre temps, qu'une résolution humaine justifiée par la nécessité. On court risque de juger fort mal les plus grands hommes, lorsqu'on veut leur attribuer sur tout des idées

forcément à en faire ou des héros de vertu ou des scélérats; il est plus raisonnable et en même temps plus équitable de ne pas les faire sortir, par le génie, de la sphère où respirent les autres hommes, et de leur faire la part de la faiblesse humaine, sous le rapport intellectuel, comme sous le rapport moral.

La plupart des historiens ont posé, sur les vues de Mahomet, un problème qu'à mon avis ils ne pouvaient résoudre, parce qu'il implique le faux ; ils se sont demandé s'il aspirait au pouvoir suprême par la religion, ou s'il n'avait voulu saisir le pouvoir suprême que pour établir sa religion. Ce n'est, je pense, ni l'un ni l'autre comme but, mais c'est l'un et l'autre comme moyen. Il est assez naturel de penser qu'il a voulu faire ce qu'il a fait, et qu'au lieu de subir l'empire des circonstances, il les a fait fléchir sous sa volonté. Il a voulu, comme je le disais tout à l'heure, faire des diverses tribus arabes un seul peuple, un peuple puissant et dominateur; or, il a compris que, pour arriver là, il fallait s'emparer du despotisme et s'appuyer sur la religion. Il n'a voulu prendre ni la religion juive, ni la religion chrétienne, parce qu'il se serait trouvé placé en sous-ordre dès son point de départ, et, pour agir vite et sûrement, il fallait qu'il fût placé au-dessus de tout et qu'il eût toutes les ressources physiques et morales en sa main. Encore en cela, il a voulu imiter Moïse. Il a ramassé ici et là les traditions qu'il a vues les plus accréditées et qu'il a trouvées les plus pures, les traditions des vérités les plus indispensables, il en a fait un corps de doctrine, et se posant en révélateur, comme nous dirions maintenant, il a dit : Voilà ce que vos pères ont cru. En s'attribuant ce rôle, était-il de bonne foi? était-il un imposteur? Il n'a pas dit son dernier mot, on peut le croire, comme aucun législateur ne l'a dit, et nous en sommes réduits à des conjectures, à des interprétations plus ou moins sensées. Je pense qu'il était de bonne foi en proclamant les vérités fondamentales qui forment le fond de sa religion: il croyait sans nul doute à l'unité de Dieu, aux peines

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