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CATHOLIQUE.

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NUMÉRO 91.

JUILLET 1845.

Sciences historiques.

COURS D'HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'ANTIQUITÉ.

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En poursuivant l'examen des traditions religieuses de l'Occident, et après avoir étudié avec soin les monuments très-obscurs et très-rares qui nous restent de la croyance des populations primitives du bassin de la Méditerranée, nous avons été amenés à indiquer un fait dont l'évidence nous paraît au-dessus de toute atteinte, fait important pour l'histoire non moins que pour la mythologie. C'est l'analogie constante qui règne entre les dogmes professés par les peuples répandus originairement dans l'Asie-Mineure, dans les îles de la mer Ionienne, dans la Grèce, dans le Péloponnèse et dans l'Italie. Cette analogie passe jusqu'à l'identité, quand on considère l'enseignement ésotérique distribué aux initiés sous le sceau du mystère ou conservé par les colléges sacerdotaux à l'ombre des sanctuaires privilégiés. Que

Voir la Ive leçon, t. XV, p. 16, no 85. |

si surtout l'on parvient à dégager la doctrine primordiale des fables et des additions mensongères dont le temps et la superstition l'ont enveloppée à l'envi, on ne peut s'empêcher d'être frappé de l'unité religieuse qui se produit au milieu de ces tribus éparses et qui les rattache les unes aux autres par un lien mystérieux et commun. On sent, et en quelque sorte on surprend l'affinité incontestable et l'antique parenté qui les associe entre elles et qui les unit à la grande famille patriarcale dont les descendants avaient reçu en partage les îles et les continents derrière lesquels disparaît l'astre du jour.

C'est donc avec un sentiment d'admiration que nous avons retrouvé partout au sommet de la théologie de ces aînés · de la race japétique, une TRIADE souveraine, composée des mêmes intelligences supérieures, des mêmes puissances créatrices, dont les personnalités distinctes et en nombre immuable forment dans leur ensemble l'essence véritable et unique de la Divinité. Depuis les Pénates et les Lares du Latium depuis les Dactyles de la Crète jusqu'auxCabires de Samothrace,jusqu'aux› Telchines de Rhode, jusqu'aux Corybantes de Phrygie, ce sont partout les mêmes dieux, partout les mêmes attributs, partout la même triplicité, partout la même omnipotence indivisible.

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Les dieux que les Grecs appellent Cu«rètes sont nommés par les uns Corybantes et par les autres Lares '. Les lares ou pénates étant les trois grands dieux propres à l'Italie, l'alliance est indiquée entre les deux péninsules et se prolonge jusqu'en Asie-Mineure où les Corybantes étaient adorés. Nous ne rapporterons pas ici le passage de Diomède que nous avons reproduit plus haut. Nous ajouterons seulement cet autre fragment du même auteur3:

Cette liaison intime n'avait pas échappé à l'observation des écrivains de l'antiquité; mais ils s'étaient, pour la plupart, contentés de signaler la ressemblance, de faire les rapprochements, sans commentaire, comme un pur objet de curiosité, et surtout sans essayer d'en tirer aucune conséquence. Pour les uns c'était une affaire d'érudition beaucoup plus que de croyance; pour les autres, c'était un vague et obscur souvenir digne d'être conservé à cause de son antiquité, mais réduit à l'état de lettre morte ou d'hieroglyphe indéchiffrable. Il n'y a que la synthèse moderne qui puisse coordonner ces témoignages épars et leur donner une valeur et une explica- | tion. On dirait les feuilles dispersées de la Sibylle antique ; le vent des siècles | les a portés au loin; des quatre points du globe la science les rapporte et les compare, c'est la foi seule qui peut les lire, dévoiler l'énigme et en dévelop-naguère, on n'ignore pas que les lares per le sens mystérieux.

Indiquée donc par quelques traits rapides dans notre dernière leçon, cette communauté de croyances et de dogmes doit, avant de passer outre, nous occuper encore quelques instants. Titres de famille pour les nations occidentales, pages importantes de l'histoire et de la théologie générales, nous devons classer tous ces débris d'idées religieuses et ne pas laisser échapper un seul témoignage de leur fusion et de leur accord.

En prenant les extrémités de la zone à laquelle nous faisions allusion tout à l'heure et qui pourrait être comprise entre le Bosphore de Thrace, la Thrace, l'Illyrie et la Ligurie au nord et au sud entre la mer Méditerranée, le littoral de l'Afrique, l'Égypte et la Palestine, et en marquant notre point de départ à l'Italie, nous trouvons que les Lares ou Pénates se confondent tant avec les Curètes et les Dactyles de Crète, qu'avec les Corybantes de Phrygie, et enfin avec les Cabires de Samothrace, que nous regarderions volontiers comme la triade mère et type de toutes les autres triades pélasgiques.

Voici nos preuves. Qui GRÆCE Curetes sunt appellati, aliis Corybantes dicuntur; his autem Lares appellantur.

Hos CURETAS quidam TRES putant qui LARES esse creduntur : quelques-uns pensent que Curètes sont trois, et on croit que ce sont les Lares. » Lutatius dit aussi 1: « Curetes latinè LARES FAMILIARES appellantur, les Curètes sont appelés en latin Lares familiers » ; et Hésychius répète : « Les Romains appellent les Curètes, Lares ou Larares.»

Maintenant, ainsi que nous le disions

ou pénates étaient les grands dieux de Rome, dieux qu'elle tenait de l'antique Latium et dont le culte formait le principe même de sa religion dès les temps les plus reculés. Il suffit de les nommer pour que l'on juge de la vénération qui leur était accordée. C'étaient Jupiter Capitolin, Junon et Minerve, « quos Varro ANTIQUISSIMOS DEOS refert », dit Tertullien, et on les considérait comme les pénates publics et les tuteurs de la cité tout entière. En rapportant les mêmes noms, un autre écrivain y ajoute un commentaire quelque peu matérialiste emprunté à l'école stoïcienne : On compte comme Pénates, dit Ser

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numents.

vius, Jupiter, l'éther mitoyen; Junon, | tuelle, sociale et politique des peuples l'air inférieur avec la terre ; et Minerve, occidentaux, a été reprise à diverses l'éther supérieur. Sans adopter aucu- époques avec un singulier acharnement, nement l'interprétation sophistique du et elle ne s'est terminée que par le commentateur, nous conservons la tra- triomphe définitif du rationalisme et dition qui y a donné lieu, parce que par l'avénement des écoles philosocette tradition est appuyée par les mo- phiques. Une sorte de compromis s'était fait alors entre les partis ennemis. L'antique religion vaincue, mais conservant encore presque dans sa ruine le prestige de la grandeur et du mystère, consentit à se réfugier dans les temples privilégiés, forteresses inexpugnables qu'on n'avait pu lui ravir, et là, elle obtint de vivre en paix sous la sauvegarde de l'initiation, et sous l'égide de ce respect invincible qui s'attache toujours aux enseignements théologiques. Du fond de ces asiles, elle vit passer loin d'elle les flots de la multitude qui se ruait aux brutales jouissances du polythéisme officiel, et elle essuya sans se plaindre les brocards des satiriques et

D'ailleurs, nous aurons souvent à faire ainsi la part des dogmes anciens et des additions que l'esprit philosophique s'est cru en droit de leur faire subir. Mécontents du polythéisme grossier qui, dans les masses, avait remplacé la croyance primitive, ignorant d'ailleurs ou méprisant la signification mystérieuse qui était cachée sous les mythes populaires, les sages des époques avancées de la civilisation, les chefs de sectes et d'écoles de la Grèce policée, essayèrent souvent de relever l'idolâtrie en donnant aux divinités des attributs physiques, ou bien de faire monter le paganisme à la hauteur d'un système rationnel, à la hau-les licencieuses insultes des comiques. teur du panthéisme spécialement; dans ce double but, ils représentèrent les dieux comme les agents du Grand-Tout, ou comme les portions déifiées de l'Univers. C'est ainsi que les pénates, que les intelligences suprêmes ne furent plus bientôt que des émanations de l'âme du monde, que des parties intégrantes de l'harmonie générale, que des subdivisions de la force et de la puissance universelles. Mais cette tentative ne se fit pas sans résistance. Il y eut une lutte, lutte ardente et passionnée entre ce que l'on pourrait appeler la vieille foi, aveugle, traditionnelle, mystique, et le rationalisme des incroyants, des esprits forts, réduisant tout à des théories humaines, et condamnant la théologie à sortir des régions de la tradition et du surnaturel pour la comprimer dans les étroites limites de la raison individuelle. Cette lutte qui fait le fond de l'histoire religieuse de la Grèce et dont les phases, mal observées encore, serviraient à jeter peut-être de vives lumières sur beaucoup de faits de la vie intellec

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Le terrain demeurait aux sophistes. Prenant en souverain mépris les pompeuses folies des mystères, et les ignobles déportements de la multitude, ils formêrent des systèmes religieux à l'usage des intelligences d'élite, à la portée des âmes indépendantes. Les inspirations du sens privé, les conceptions du génie philosophique mesurèrent et expliquèrent la divinité. On ne rendit plus hommage aux dieux des nations, mais on crut ou on adopta à volonté, sous bénéfice d'inventaire, et avec la faculté de changer, le dieu des Stoïciens, le dieu de Platon', celui d'Aristote ou celui d'Epicure. Travail désastreux qui sapait par la base le sentiment et l'instinct religieux dans l'homme, et qui les remplaçait par une froide indifférence, par un matérialisme grossier ou par un scepticisme railleur et désolé; tendances funestes qui tuaient à la longue l'énergie et l'espérance au cœur des peuples pour n'y laisser que le doute et le désespoir, et dont le dernier résultat fut la corruption, le despotisme et l'esclavage, ces trois éléments constitutifs de la société romaine, ces trois fléaux, dont se forma le sceptre redoutable qui pesait sur le monde et que la main seule du fils de Dieu put briser!

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