Fidèles au dessein que le Seigneur leur trace, A ce peuple fécond par les airs enfanté : Des insectes, tribus nomades, Qui, buvant les poisons dont l'air est infecté, A l'horizon vermeil, quand rayonnait l'aurore, Sur le vert manteau des buissons. Eveillé par leurs cris, un peu trop tôt peut-être, Moi, sans plainte et sans bruit j'entr'ouvrais ma fenêtre, De mon frugal repas des champs. Mais, quand le souffle de l'automne, Des arbres par le temps jaunis, Ces oiseaux printaniers, de nos champs Atrébates Et rêvant de plus doux climats Songent à transporter leurs mobiles pénates On se rassemble, on tient conseil : Où s'embarque à la fois sur l'océan de l'air Heureux de voir des cieux et des terres nouvelles, Du peuple voyageur les enfants nouveaux-nés Désirent apprendre à l'avance Quel sort, quels destins fortunés, Quel pays ils verront au sortir de la France, Ils vont retrouver l'abondance Et le soleil et le bonheur. Hélas! chez les oiseaux, ainsi que chez les hommes, Avides du nouveau, voilà ce que nous sommes ! - Or, du chapitre aîlé les doyens réunis D'un si lointain pélérinage ! L'une a posé sa tente au pied du Vatican, Sous les arches du Capitole, Près du golfe où Venise amarre sa gondole, Une autre a visité le pays des Hellènes, Suspendu ses foyers à des débris sans nom, « Moi, j'ai vu l'Orient, disait l'une d'entr'elles, » Sur les captives du sérail.. J'ai parcouru la Palestine, » J'ai vu le mont Thabor où le Sauveur monta, » Le Jourdain dont Jésus sanctifia les rives : J'ai vu le jardin des Olives, > Et le gibet du Golgotha. » Le hasard m'a poussé vers le Céleste Empire, » Dit une autre, à ce nom, ô mes sœurs, je frémis; > Terre où l'homme nous hait et contre nous conspire! » Dans ses barbares appétits, > Foulant les lois de la nature, Il jette à des pourceaux ses enfants en pâture, » Et pille pour sa nourriture › Nos maisons... avec nos petits. - A ces mots, dans les rangs de la peuplade ailée, Je crois que si pour lors le céleste Empereur On vous l'eût accueilli d'un salut peu flatteur ! Et sans fatigues ni danger, Eût accompli le tour du monde. Les jeunes oisillons écoutant ces récits, De leurs plaisirs futurs caressaient l'espérance, Impassible témoin de ces bruyants ébats, Du peuple aérien c'était le patriarche : Jusqu'à l'hirondelle de l'arche. Que n'eût creusé cent fois son vol cosmopolite: Avec ses cieux, ses mœurs et ses produits divers..... Mais l'âge sous son joug pesant Et cet ardent chasseur, dont le bec homicide, Attendant que la mort vienne, au gré de ses vœux, Elle dit: Quand vint l'heure du grand départ, Mes amis, mettez-vous en voyage; Des froids qui vont sévir redoutez le passage: Allons, aujourd'hui même il faut plier bagage, >> Car demain il serait trop tard. › Je compte sur la Providence. Seule, à tous mes besoins, un autre pourvoîra ; > Je garderai vos nids pendant les mois d'absence, Et le printemps venu.... l'on se retrouvera. » Les enfants s'écriaient: Partir sans vous, grand'mère ! . Y songez-vous? Non! non! C'est une chose amère, » Chers petits, mais, enfin, il le faut... cette fois. A peine dans les cieux l'aube commence à naître, Un bruit d'aîles et de chansons : On veut voir encore une fois Ce nid, retraite printanière ! On désigne des chefs pour guider dans les airs Ainsi les émigrants, sur le bord des savanes, Longtemps des bruits discords éclatent dans la nue, Je vis l'hirondelle captive D |