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dette commune; car, tout à tous, serviable jusqu'à l'excès, M. Lenglet ne se plaignit jamais qu'on eût abusé de son obligeance. Plus d'une fois, on eut recours à sa plume et à son influence pour soutenir les intérêts de la ville qui le regardait comme un fils adoptif et dévoué. Mais, le plus ordinairement, hors du palais, il vivait concentré dans son intérieur, faisant le bonheur des siens, par sa douce gaîté, sa causerie spirituelle, son inaltérable égalité d'humeur. - Aussi tendre père que bon époux, il avait été cruellement éprouvé, coup sur coup, par la mort précoce d'une fille charmante, suivie de près par celle de sa fidèle compagne (1). A partir de ce moment, sa santé s'altéra sensiblement. Vainement s'efforça-t-il de s'armer de courage, pour en inspirer à ses filles; le temps n'adoucit point sa douleur, la plaie resta saignante..

A notre lettre de congratulation sur sa nomination à la Cour de Douai, au milieu de ses amis, de ses frères, il répondit : « Tout cela est bon, mais vous ne savez pas combien il m'en coûte, pour m'éloigner de mes chères tombes. »

En acceptant, il avait cédé au désir de ses deux frères aînés aspirant et le conviant au calme des derniers jours d'une vie utilement employée, passée dans l'union intime de la famille. Illusion séduisante, qui ne devait pas se réaliser! Il restait sous l'impression de ses préoc

(1) Il avait épousé sa cousine germaine, Mlle Thérèse Charamond, fille de l'intègre sous-inspecteur aux revues de la garde impériale, de qui, les soldats disaient, en le voyant : « Voilà le père Charamond, « celui-là ne rogne pas sur nous; » et qui périt si malheureusement dans la désastreuse retraite de Russie...

cupations douloureuses, compliquée des embarras d'un urgent déménagement envisagé et entrepris avec répugnance. Malgré l'accueil sympathique de ses chefs et de ses nouveaux collègues, M. Lenglet tomba foudroyé par une atteinte subite du fléau, qui fit, depuis, de si nombreuses victimes.

Au nombre des plus regrettables de ces victimes, nous comptions un autre membre honoraire de l'Académie, M. Crespel-Dellisse. Nous avions nous-même, sur sa tombe encore entr'ouverte, proclamé que le jour de la justice était enfin venu pour lui et que désormais nul n'oserait contester ses services et lui marchander sa gloire.... Et, en effet, n'est-ce pas de lui, aussi (nous empruntons ce passage à un écrivain () qui a rendu notre pensée avec un bonheur d'expression que nous ne saurions égaler), n'est-ce pas de lui, aussi, répéterons-nous, que l'on peut dire, avec vérité, « que les attaques in» justes, les critiques acerbes se sont évanouies en pré» sence de la majesté de la mort; que des regrets una>> nimes se sont manifestés de toutes parts; que la presse » de toutes les opinions s'est trouvée d'accord, pour » payer un juste tribut d'éloges à l'une des existences » les plus utiles, les plus fécondes de la patric. »

L'Académie n'est point restée en arrière; elle a confié à son Secrétaire la rédaction d'une Notice complète sur la vie et les travaux de M. Crespel-Dellisse. De leur côté, les représentants de la cité ont pris, sous leur patronage, une souscription pour lui élever un monument et ont provoqué le décret impérial, en vertu duquel une

(1) J.-J. Thonissen.

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rue nouvelle portera le nom du créateur de l'industrie sucrière indigène et le redira à nos derniers neveux.

Il nous en coûte de ne pas vous entretenir, en outre, des regrets laissés parmi nous par la perte de nos autres collègues. Mais, en premier lieu, il serait par trop téméraire, de notre part, de prétendre ajouter quelque trait à l'éloge si complet de M. Dutilleux, dicté, inspiré par le bon goût et l'amitié. En outre, il est temps que nous nous effacions pour céder la parole aux nouveaux membres, appelés à succéder à MM. Harbaville et Wicquot. C'est à eux qu'est dévolu, par l'usage et les convenances, le droit de rendre ce premier hommage à leurs prédécesseurs.

Nous osons espérer, qu'en saluant de vos applaudissements les discours des récipiendaires, vous nous prouverez que, cette fois encore, la voix publique sanctionne et confirme les choix de l'Académie.

COMPTE-RENDU

DES

TRAVAUX DE L'ACADÉMIE

pour l'année 1865-1866,

Par M. Auguste PARENTY,

Secrétaire. Adjoint

MESSIEURS,

Si notre Règlement ne m'imposait pas le devoir de vous présenter, dans cette séance, le compte-rendu annuel de vos travaux, je m'abstiendrais de prendre la parole, pour ne pas retarder le plaisir que vous aurez à entendre les discours de réception de nos deux nouveaux collègues. Mais quand la règle parle, il faut lui obéir; je me soumets donc à ses prescriptions, bien convaincu, du reste, que vous m'approuverez de ne vous rappeler que ce qui est absolument nécessaire pour marquer la trace de l'année qui vient de s'écouler, dans nos annales plus que séculaires.

Dans mon rapport de 1865, je constatais votre empressement à seconder les vues éclairées de M. le Ministre de l'instruction publique, pour l'organisation de lectures du soir. Vous n'avez pas voulu vous en tenir à un premier coup d'essai pendant le dernier hiver, onze d'entre vous ont traité, dans cette salle même, diverses questions de littérature, d'histoire, d'archéologie, de science et d'industrie, et ils ont eu la satisfaction de voir encourager leurs efforts par le grand nombre des auditeurs qui se pressaient autour d'eux. Vous avez continué sans relâche, vos rapports avec les sociétés savantes françaises et étrangères. Comme les années précédentes, vous avez envoyé des délégués aux réunions qui ont eu lieu à la Sorbonne, sous la direction du ministère de l'instruction publique; le succès qu'a obtenu, dans une de ces réunions, la lecture, par M. de Sède, de son étude sur les droits d'aubaine, a prouvé que ce travail méritait l'approbation que vous lui aviez donnée. Vous deviez aussi vous faire représenter au congrès d'Anvers et à ceux d'Amiens et de Douai, si des circonstances imprévues ne les avaient fait ajourner. Votre honorable Président, persévérant dans une louable habitude, a soin, au commencement de chaque séance, de vous faire une analyse succincte des mémoires qu'il reçoit de nos sociétés correspondantes. Il vous procure, par là, un moyen facile de suivre le mouvement intellectuel des provinces, sans vous dispenser de faire une étude plus approfondie des plus importantes de ces publications. C'est ainsi que récemment encore, M. L. Watelet excitait votre légitime intérêt par un compterendu très consciencieux des Mémoires de l'Académie de Caen, pour l'année 1864.

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