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donc cinq bulles d'or de l'Empereur d'Allemagne Frédéric II;

Deux de Baudoin II, Empereur de Constantinople;
Deux de l'Empereur d'Allemagne Charles IV;

Et une seule de chacun des Souverains que j'ai cités. Je n'ai rencontré aucune bulle de plomb des Empereurs d'Allemagne. Celle d'Henri-le-Noir constitue donc une rareté archéologique à signaler aux antiquaires.

Les bulles d'or ou d'argent du XIIIe au XIV siècle, ne sont pas massives comme les bulles de plomb; elles sont formées de deux plaques estampées et repoussées au marteau, dont les tranches sont le plus souvent soudées ensemble et quelquefois s'emboîtant l'une dans l'autre sans soudure.

La bulle d'or du Roi d'Angleterre Henri VIII, portant ratification du traité d'Amiens (1527), est seule en or massif ciselé, pendant par des lacs en soie qui traversent le sceau. Elle est de dimensions considérables, son diamètre est de 0,095, et son épaisseur d'un centimètre.

(Je dois dire ici que j'ai eu le tort de ne pas tenir compte, dans les notes prises à l'époque où je m'occupais de ce travail, d'un admirable sceau en or massif analogue à celui d'Henri VIII, appartenant à Louis XII roi de France. Cette bulle se trouve à la section des antiquités de la Bibliothèque de la rue Richelieu, parce que ne portant aucune trace d'attache à une charte, elle n'avait évidemment jamais été employée.)

La seule bulle d'or du XVIIe siècle que possèdent nos archives, est celle de l'Empereur Ferdinand III; elle n'est formée que de plaques très-minces estampées avec noyau en cire. Elle a la forme d'une boîte cylindrique

dont les plaques sont soudées au bord vertical, qui a une épaisseur considérable de trois centimètres. Le diamètre de la bulle est de dix centimètres.

Je sais que les recherches dont je viens de vous indiquer sommairement le résultat, ont besoin d'être justifiées au point de vue de leur utilité, car il doit vous paraître bien futile de s'occuper de savoir si tel ou tel Souverain scellait ses diplômes en cire, en plomb, en argent ou en or.

Le reproche serait juste si ces recherches n'avaient, en effet, pas d'autre but; mais l'étude des sceaux offre un intérêt très sérieux pour l'histoire de l'art aux différentes époques où ils ont été employés, en ce sens que les sceaux sont des empreintes d'œuvres d'art contemporaines des Souverains qui en faisaient usage.

Les sceaux ont même sur les médailles et les monnaies anciennes le grand avantage de leurs dimensions plus considérables.

Je viens de résumer devant vous mes dernières recherches archéologiques. Postérieurement à l'époque à laquelle je m'y livrais, je me trouve appelé au milieu des landes de Bretagne et des vieux souvenirs des Druides.

Laissez-moi vous dire, Messieurs, mes impressions en présence de ces monuments d'une époque qui remonte bien loin avant les temps historiques.

J'ai vu l'Océan breton mugissant contre ses falaises de granit couronnées de cromlechs, de menhirs et de dolmens. Ces grandes harmonies sauvages m'ont saisi tout entier. Je voudrais pouvoir lire dans les annales de ce peuple de l'âge de pierre qui a laissé des pages de

son histoire dans toutes les landes de la vieille Armorique. C'est là surtout que je sens que je ne sais rien. Je comprends cependant qu'il doit être possible d'entrevoir beaucoup plus que ce que l'on sait jusqu'ici de ce grand peuple guerrier, dont les chefs avaient des sépultures aussi grandioses que les buttes de Thumiac et le MontSaint-Michel-de-Carnac.

Son écriture était hiéroglyphique. J'eus le bonheur d'assister à cette découverte qui résulte de la trouvaille d'une inscription dans un tombeau sous un tumulus. Ses chants guerriers doivent être ceux que chantent encore quelques Bretons.

Il faudrait connaître toutes les langues, avoir parcouru tous les rivages, étudié tous les types de la race humaine, leurs mœurs et leurs usages. Je me trouve impuissant devant tous ces souvenirs, mais je ne puis m'en détacher.

Je parcours la Basse-Bretagne dans tous les sens, j'interroge les archéologues, je suis à la piste de toutes les fouilles. On vient de constater que les dolmens sont des tombeaux recouverts autrefois d'un tumulus. Je n'avais pas encore vu Carnac et déjà j'avais lu tout ce qu'on avait écrit sur l'origine de ses alignements, composés de onze lignes de pierres debout, s'étendant autrefois sur une longueur de plus de six kilomètres.

Nous ne savons rien encore à ce sujet, me disait le plus grand chercheur du Morbihan; mais puisque vous allez à Carnac, vous me ferez part de vos impressions quand vous aurez vu ce vaste champ des souvenirs les plus éloignés qui nous restent des monuments des hommes.

J'ai passé deux jours à Carnac, à m'égarer dans ce dédale de pierres debout et de dolmens. Aucune excursion archéologique ne m'a produit pareille impression, ne m'a laissé de pareils souvenirs.

Pendant deux jours j'ai erré dans ces landes les plus sauvages que je connaisse, montant sur chaque tumulus, pénétrant dans toutes les cryptes des dolmens et laissant errer ma pensée comme mes pas.

Les archéologues de tous les temps ont exprimé assez d'opinions diverses sur l'origine des alignements de Carnac, pour que j'ose à mon tour hazarder une interprétation qui a été spontanée chez moi, lorsque monté sur le grand tumulus, dit le Mont-St-Michel, je voyais à mes pieds les onze lignes de menhirs flanquées de chaque côté de débris de dolmens, dont chacun était autrefois recouvert d'un tumulus.

Le champ des Pierres-Levées de Carnac est le PèreLachaise, de la capitale, du peuple de l'âge de pierre, en Bretagne. Il est constaté que tous les dolmens étaient des tombeaux. Des dolmens se trouvent en avant et en arrière des lignes de menhirs, comme les officiers en ligne de bataille. Les dolmens doivent avoir servi de sépulture aux grands chefs, les pierres debout sont les monuments des simples guerriers.

Cette opinion hazardée comme tant d'autres, vient d'être corroborée par une série de fouilles exécutées récemment au pied de plusieurs menhirs. On y a trouvé des traces d'incinération et l'on admet maintenant qu'un grand nombre de menhirs, sinon tous, sont des monuments funéraires.

La pierre levée, ou menhir, devait être pour les

peuples de l'âge de pierre ce qu'est la croix pour le chrétien. Nous plantons des croix dans nos cimetières; mais nous élevons aussi des croix monumentales et des croix commémoratives ailleurs que sur les sépultures. Il a dù en être de même pour le menhir.

Je ne pousserai pas plus loin, Messieurs, le récit de mes excursions en Bretagne. J'aurais voulu cependant vous dire encore un mot des harmonies sauvages de la pointe de Penmarch, où l'Océan et la main des hommes ont fait assaut à toute époque pour accumuler les ruines. Je ne connais rien de plus saisissant que l'aspect désolé de cette presqu'ile où l'on rencontre à chaque pas dolmens, menhirs, retranchements, et cinq églises du moyen-âge en partie ruinées.

C'est là qu'était la ville maritime de Penmarch, dont la mer ruinait le port en même temps que les guerres de la Ligue achevaient l'œuvre de destruction, mais il faut que je m'arrête, je sens que j'ai déjà abusé de votre patience.

Laissez-moi vous dire encore merci, Messieurs, du lien nouveau par lequel vous venez de m'attacher à ma nouvelle patrie. Merci du droit de cité que vous voulez bien m'accorder, je n'en connais pas de plus honorable que celui d'être admis dans vos rangs.

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