Suivre d'un long regard la troupe fugitive : Quand tout eut disparu, jusqu'à la dernière aile, L'homme compatissant qui donne avec tendresse Au nouveau-né dans sa faiblesse, Et je glissais, sans bruit, quelques miettes de pain Recevait chaque jour de l'invisible main. Un bon père aurait-il plus d'égards pour sa fille ? Mes fils de leurs gâteaux lui donnaient la moitié. — Aux êtres sans abri que la nuit est fatale ! Tremblant que l'ouragan n'eût troublé son sommeil, Où le couple naguère adossait sa cloison, Sur les restes de sa maison. J'ai cru que ce martyr du foyer domestique, Dans ce siècle inconstant et toujours agité, Déserte sans regrets les champs ou la cité. Heureux qui peut se dire, imitant l'hirondelle : LAURÉATS DES CONCOURS DE 1867. MÉMOIRES HORS CONCOURS. MÉDAILLE D'OR DE 300 f. M. BOUTIOT, membre résidant de la Société Académique de l'Aube, à Troyes, pour son étude sur la Coopération de la Champagne au repeuplement de la ville de Franchise (Arras). CONCOURS DE POÉSIE. MENTION HONORABLE CONSTATÉE PAR UNE MÉDAILLE. M BOULANGER, de Cambrai, demeurant à Roubaix, pour la pièce de vers intitulée : La dernière Hirondelle. En choisissant, pour parler ici de Dutilleux, l'un de ceux, qui, parmi vous, l'ont le plus connu et partant le plus aimé car le connaître et l'aimer était tout un vous avez voulu, sans doute, demander au sentiment l'éloge de l'homme qui, indépendamment de ses autres mé rites, se distinguait avant tout par le sentiment si délicat et si supérieur que respirait sa personne et que traduisaient ses œuvres. Si, pour répondre à cette attente, il suffisait de sentir, peut être ne serait-elle pas trop déçue mais il faut exprimer encore, et là nous nous trouvons très au-dessous de la tâche. L'heureux privilége, en effet, de faire passer, chez les autres, les mouvements de notre âme, est trop rare pour que nous songions à y prétendre. Vous daignerez donc, nous l'espérons, vous rappelant par la pensée la figure que nous allons tâcher de reproduire, suppléer indulgemment à tout ce qui manquerait à notre pâle esquisse, pour s'élever à la hauteur d'un portrait et rendre le molèle. PREMIÈRE PARTIE. I. Dernier venu d'une famille de sept enfants, HENRIJOSEPH-CONSTANT DUTILLEUX, naquit à Douai le 5 octobre 1807. Ce ne fut pas certes par la porte d'ivoire, et salué de bien riants auspices, qu'il franchit le seuil de cette vie dont il devait, hélas! sortir d'une manière si fatale et si prématurée. Son père, que la peste vint enlever à Bréda, où il exerçait les fonctions de directeur des hôpitaux militaires, et sa mère, qui peu après rejoignit dans la tombe celui dont elle portait le deuil, en firent, à l'âge de trois ans et demi, un pauvre petit orphelin, qu'heureusement recueillit son cousin et parrain, M. Dutilleux, notaire à Douai, qui, à partir de cette époque, le traita comme un enfant adoptif. |