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triomphait bientôt, non en stoïque se raidissant désespérément contre une douleur qui le tue, mais en chrétien disant sursum corda, et regardant le ciel !

VI.

Que conclure de tout ceci ?

Quant aux temps antiques mourait un homme de bien, les philosophes d'alors prononçaient ces mots sacramentels : Que la terre lui soit légère, sit illi terra levis, et les plus spiritualistes d'entr'eux, parlaient vaguement d'espaces mal définis où son âme devait errer. La religion pratiquée par Dutilleux ouvre une plus consolante perspective, permet d'espérer que celui qui a tant aimé la création et le Créateur, a été reçu dans le sein de l'amour infini qui est Dieu, et de répéter ces belles paroles de notre ami: « Long-temps encore nous nous attris» lerons en voyant sa place laissée vide au milieu de »> nous, mais pourtant nous aurons un motif bien puis»sant pour nous consoler. Nous n'avons point donné » à la terre notre ami tout entier, nous ne lui avons » confié que la partie périssable de son être, mais sa pensée est immortelle, mais son âme bonne, entre » toutes, jouit, au sein de Dieu, du bonheur qu'elle a su » mériter !!! »

ESSAI SUR LES RELATIONS INDUSTRIELLES

QUI ONT EXISTÉ ENTRE ROUBAIX ET ARRAS

de 1479 à 1786

Par M. LEURIDAN.

I.

Les villes, depuis qu'elles s'étaient érigées en communes, jouissaient de libertés très-étendues, mais égoïstes à l'excès. Ces libertés qu'elles trouvaient si naturelles, elles les voulaient à l'exclusion du plat-pays resté sous la dépendance féodale. Heureusement les campagnes avaient dans leurs seigneurs particuliers, des protecteurs nés, pour qui la prospérité et le bien-être de leurs sujets étaient, quoiqu'on en ait dit, un objet de constantes sollicitudes, une sorte de point d'honneur. Nous en appelons sur cette assertion, où les ennemis quand même de la féodalité pourront ne voir qu'un paradoxe, à l'histoire des localités qui nous entourent et

qui toutes durent aux humbles supplications, aux bons et agréables services, à l'influence et à la générosité de leurs seigneurs, des priviléges que la susceptibilité jalouse des villes les força de rechercher. Le plus ancien titre accordé à la fabrique de Roubaix et dont nous transcrivons la partie essentielle, n'a pas d'autre origine :

« Nous, Charles, duc de Bourgoignie et de Brabant, » conte de Flandres, etc., considérans les bons et ag» gréables services que nous a faiz par cy devant, fait » chascun jour, et espérons que encoires fera cy après » nostre amé et féal le seigneur de Roubaix, à icellui » avons dès maintenant accordé, octroyé et donné, ac>> cordons, octroyons et donnons, par ces présentes, à » sa requeste, aux manans et habitans de sa ville et » parrosche de Roubaix, de grace special, puissance et >> auctorité, qu'ils puissent doresenavant licitement drap» per et faire draps de toutes laines, portant seaul ou » marque tel que ledict seigneur leur fera bailler, affin >> qu'ils puissent de tant mieulx avoir yssue et déli» vrance de leurs dictes denrées et marchandises....... >> Tesmoing nostre seing manuel cy mis le premier jour » de novembre l'an LXIX, en nostre hostel, à La Haye, » en Hollande. CHARLES. >>

On sent que ce n'est pas ici la naissance précise de la fabrique de Roubaix, mais bien le pouvoir de faire licitement à l'avenir, ce qu'on faisait auparavant illicitement. Rien, néanmoins, ne nous autorise à penser que cette fabrique ait eu quelqu'importance avant la fin du XVe siècle. Ce qui est plus certain, c'est que le privilége, merveilleusement servi par les circonstances que nous allons indiquer, attira à Roubaix un grand nombre

d'étrangers qui purent s'y livrer librement à l'industrie, et exerça par suite une influence extraordinaire sur le développement de la ville; car la population de Roubaix, qui alors était encore très-peu considérable, se trouva plus que doublée en moins de trente années. Le dénombrement de 1497 présente sur celui de 1469, une augmentation de 156 feux, dont une partie s'était produite depuis 1491. Jusqu'à cette dernière époque, le seigneur de Roubaix avait fait face aux arrivages en concédant, autour de son château, diverses parcelles de terrain, à charge d'y maisonner. (')

C'est de l'Artois, tout porte à le croire, la tradition l'affirme d'ailleurs, que vers 1479 et les années suivantes, nous vint cette nombreuse population industrielle qui, sous l'égide du privilége de la commune, imprima à la manufacture de Roubaix une activité jusqu'alors inconnue, et y forma les éléments du corps de métier organisé plus tard par une ordonnance de l'Empereur Charles-Quint.

Dans le même temps, Lille recueillit aussi, et sans doute dans une plus grande proportion, les Artésiens que les présentes guerres et divisions forcèrent à y chercher un refuge. Maximilien d'Autriche leur donna congé, licence et consentement d'y ériger le fait et négociation de la sayetterie, pour y être exercés jusqu'à ce que sa ville d'Arras fut réduite à son obéissance, et non plus avant. Mais, continue le titre que nous analysons, comme plusieurs manans et habitans de la ville et châtellenie de Lille apprirent et firent apprendre à leurs

(1) Archives de Roubaix, AA 2. Dénombrement de la Seigneurie, de 1615.

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