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s'étonnèrent lorsqu'on leur rapporta des études d'après un plâtre inconnu, habitués qu'ils étaient à meubler leurs appartements avec les académies immobiles de Romulus, d'Hersilie, de Léonidas, et les invariables sujets de Mazeppа.

Mais rien n'y fit; l'artiste résista, sa théorie prévalut, et ceux là qui l'avaient d'abord attaquée ou mal comprise finirent par la préconiser.

XV.

Les mesquines rivalités dont Dutilleux avait cru se débarrasser en quittant Douai, le suivirent à Arras.

« Il n'est sorte de méchancetés, écrit-il, que l'on ne >> fasse courir ici sur mon compte; je crains bien d'être >> longtemps avant de détruire les préventions qu'elles >> font naitre dans les esprits. Je ne suis pas né pour le » bonheur...... Je travaille pourtant fort et ferme, et » j'ai besoin de travailler pour répondre à des paroles » par des faits. Il faudra bien enfin que justice se fasse.»

Oui certainement, tôt ou tard, sonne l'heure de la justice. Heureusement pour Dutilleux, la réparation n'arriva pas pede claudo. La réputation de l'artiste, en effet, s'établit rapidement; en dehors de ses cours, des élèves vinrent, l'horison s'éclaircit pour lui tellement, qu'il crut pouvoir partager une existence modeste mais qui s'assurait avec celle qui, de compagne de ses jeux d'enfance, était devenue l'amie de sa jeunesse, et le 7 mai 1832, il épousa Me Virginie-Julie Hallez, dont l'affection, le dévouement, les soins qui ne lui faillirent

jamais, l'aidèrent à supporter les épreuves qu'il devait traverser et adoucirent ses moments suprêmes!

XVI.

Trois mois après ce mariage, et fort heureux de cette. vie nouvelle qui, cependant, ne devait, comme presque tout ici-bas, lui faire goûter qu'un miel mélangé d'abSinthe, Dutilleux écrivait :

<< Nous demeurons maintenant dans une petite maison >> rue des Promenades, nous l'occupons toute entière. » J'ai assez d'élèves et de besogne, me voilà casé et je » me trouve bien. »

Les élèves affluaient tant, en effet, ainsi que les demandes de portraits et de tableaux d'église, que bientôt il fallut déménager afin d'agrandir l'atelier où Dutilleux devait continuer à enseigner et à travailler pour lui-même; il transporta donc ses pénates près de l'hospice, puis dans la maison qu'habite toujours son gendre, M. Desavary.

Deux ateliers s'ouvrirent simultanément l'un pour les demoiselles, l'autre pour les jeunes gens; ce fut dans ce dernier que se formèrent ou se perfectionnèrent, soit comme artistes, soit comme amateurs, de nombreux élèves parmi lesquels nous citerons MM. Detrez, Wagrez, Collette, Sanson, Liénard, Delaporte, Deusy, Saudeur, Edmond Leclercq (qui pour un moment donna des espérances telles, que Dutilleux écrivait joyeusement : « J'ai fait un élève plus fort que moi, ») Dubois, Thépaut, Pamart, Xavier Dourlens et Gustave Colin, qui devait

raconter la vie du maitre (), dont il fut tant aimé, et qui sut pronostiquer si bien les succès que lui réservait un prochain avenir. Il est souvent question de M. Colin dans la correspondance de Dutilleux, nous en extrayons ces deux passages :

« Adieu, amitiés à tous, et surtout à mon cher Gustave. >> Ce grand gaillard là a pris une place à sa taille (*) » dans mon affection. A mon arrivée, j'ai vu notre » Gustave, il marche à grands pas (sans calembourg), le » soleil du Midi l'embrâse et l'exalte, il est chauffé à blanc, ses toiles vont s'en ressentir. Ce grand diable grimpe avec une ardeur sans pareille et ira haut. »

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XVII.

Les leçons en province n'étant guère productives, les commandes de tableaux d'église et de portraits n'étant point non plus une mine inépuisable, et nommé principal du collége de Saint-Pol, M. Seiter ayant fermé son institution, Dutilleux, dont les charges augmentaient

(Constant Dutilleux, sa Vie et ses OEuvres, brochure grand inoctavo de 160 pages. Arras 1866, Alp. Brissy. Edition de luxe

avec encadrements rouges.

Voir également la courte, mais substantielle notice, figurant en l'Annuaire de M. Parenty, avec la signature C. L. (1866).

La lettre adressée au rédacteur en chef du Courrier du Pas-deCalais, no du 3 novembre 1865.

Et différents articles insérés au Courrier, au Propagateur et dans l'Impartial de Douai.

(2) M. Colin est, on le sait, de très haute taille.

du reste, en raison de l'accroissement de sa famille, dut se créer de nouvelles ressources en obtenant un brevet d'imprimeur lithographe, et en montant un magasin de papeterie, de bronzes et d'objets d'art.

Quoiqu'il ne s'occupât que très accessoirement du commerce, la correction des épreuves et la tenue des écritures lui prirent néanmoins bien des moments jusque vers 1850, époque à laquelle, se vouant entièrement à sa chère peinture, il lui consacra toutes les heures que lui laissaient libres, et le cours qu'il professait au monastère des Dames Bénédictines, et les leçons qu'il ne consentait plus que très exceptionnellement à donner.

XVIII.

De 1832 à 1850, les principales choses qui émergérent de la vie artistique de Dutilleux sont :

Ses comptes-rendus des expositions de peinture ouvertes à Arras et à Douai en 1833-1835 (1) et 1838 (*) publications intéressantes, dont la première surtout, plus étendue que les autres, et insérée au Courrier du Pasde-Calais, dans les nos des 2, 4, 6, 8, 10, 12, 16, 20 et 26 septembre, constitue une œuvre des plus sérieuses et des plus remarquables.

(1) Brochure in-4o illustrée, publiée par M. Robaut.

(2) Gazette de Flandre et d'Artois, nos des 13 octobre, 17, 18, 24 et 25 septembre.

Son admission aux Salons de 1834 (1) et de 1849 (*). L'une des deux toiles figurant à cette dernière exhibition fut ainsi appréciée :

« La Fantaisie (3) est une charmante petite réalité que » tout le monde a rencontrée dans ses promenades soli» taires; un petit coin rempli d'ombre, où l'on voit >> ruisseler de tous côtés les rayons d'un soleil magique; » un petit coin au bord d'un ruisseau paisible et gazouil» lant sous les feuilles; un petit coin où l'on voudrait » vivre toute sa vie loin de la politique, loin du specta»cle navrant du monde réel, loin des déceptions, loin » des défections; un petit coin où l'on voudrait être ou» blié de tous, et oublier tout, avec un cœur pour seul >> complice de son égoïste félicité. »

Appréciation exacte, la Fantaisie était en effet si poétique et si pleine de mélancolie, qu'elle disait réellement tout cela.

Une excursion en Belgique, d'où il revint enthousiasmé de Rubens, que bien mieux qu'au Louvre il avait appris à connaître à Anvers, à Gand, à Malines et à Bruxelles.

Un voyage au Tréport, qu'il devait revoir avec son ami le statuaire Bion, en 1847, avec nous en 1864, 1865 et cette dernière fois en compagnie de M. Corot.

Les relations qui s'établirent entre Eugène Delacroix et lui en 1839, à l'occasion d'Edmond Leclercq; celles qu'il commença en 1847 avec M. Corot; relations d'où

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