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III.

Le siége de Langres, illustré vers la fin du dernier siècle par le savant cardinal de la Luzerne, puise une gloire nouvelle dans les éminentes qualités de Mgr Parisis.

Monseigneur Mathieu était resté trop peu de temps à Langres pour réaliser dans son évêché d'importantes améliorations; mais il avait préparé le sol à produire d'heureux fruits. Il s'était concilié déjà les sympathies générales par ses relations aimables, autant que par l'affectueux dévouement qu'il témoignait à ses ouailles et à son clergé en particulier. Mais le moment d'agir n'était pas venu, lorsqu'il quitta le diocèse pour devenir Archevêque de Besançon. Il laissait donc beaucoup à faire à son successeur.

Monseigneur Parisis comprit la position délicate où il se trouvait à son arrivée dans son diocèse. Il remplaçait un prélat distingué par ses talents et par l'aménité de ses manières, que sa prudence et sa douceur avaient rendu cher à ses diocésains. Son élévation récente, en montrant la considération dont il jouissait dans les hautes régions du pouvoir, lui donnait un nouveau prestige. Il fallait consulter les dispositions des habitants, ménager les idées reçues et faire très-grande la part de l'éloge du Prélat auquel il succédait.

D'un autre côté, le diocèse offrait un vaste champ à la sollicitude épiscopale. Il renfermait sans doute de nombreux éléments de bien, mais il fallait les développer; certains abus existaient qu'il était nécessaire de détruire; le clergé ne manquait pas de bonne volonté;

mais cette bonne volonté demandait une direction. De plus, il n'y avait pas de local pour le Grand-Séminaire ; celui du Petit-Séminaire devait être agrandi dans l'intérêt des études et du recrutement de la tribu lévitique; on manquait de palais épiscopal; la Cathédrale avait besoin de notables restaurations; la dignité du culte souffrait par suite de la multiplicité des liturgies en usage dans les diverses églises. Cette situation douloureuse à plusieurs égards, le nouvel évêque ne pouvait la taire entièrement, et pourtant il y avait péril à la signaler au début d'un épiscopat.

Restait un troisième point que Monseigneur devait toucher la première fois qu'il parlerait à son troupeau; c'était son but, en acceptant le redoutable fardeau de l'épiscopat, ses vues, son dévouement, ses craintes, sa confiance dans ses collaborateurs, ses espérances dans les aspirations religieuses de ses diocésains.

Ces trois considérations importantes sont traitées dans son Mandement de prise de possession avec un tact admirable qui, joint à l'érudition, à la beauté des idées et à l'élégance du style, donnait la mesure de ce qu'on devait attendre du nouveau pasteur. Il est facile de voir, en le comparant à l'Eloge de Jeanne d'Arc, les progrès que Monseigneur avait faits, depuis dix-huit ans, dans sa manière d'écrire.

C'est à vol d'oiseau, Messieurs, que je parcourrai les dix-sept années d'épiscopat de Mgr Parisis à Langres, en ne m'arrêtant qu'aux traits les plus saillants de cette vie si laborieuse, si pleine, si remplie par les œuvres d'un glorieux ministère, et par les luttes plus glorieuses encore en faveur des libertés les plus précieuses, celle de l'enseignement et celle de l'église.

Dans ses visites pastorales, c'est un véritable apôtre, qui saisit toutes les occasions de répandre la semence évangélique, d'établir le règne de la foi, d'attaquer le vice, et d'encourager la vertu. Voyant ses prètres à l'œuvre, il fortifie le zèle des uns, adresse aux autres d'utiles avertissements, ne reculant pas devant des mesures sévères envers un petit nombre, dans l'intérêt de la gloire de Dieu et de la discipline ecclésiastique, à laquelle là, comme ailleurs, quelques brêches avaient été faites, malgré la vigilance de ses prédécesseurs.

Tournant bientôt ses regards vers les communautés religieuses, portion choisie du troupeau du souverain pasteur, il encourage et développe celles qui déjà font l'honneur de son diocèse ; il en forme de nouvelles dont le but est en harmonie avec des besoins nouveaux; il prodigue en particulier ses soins à la Congrégation des sœurs de la Providence de Langres, d'où sont sortis une foule d'établissements qui couvrent le sol de plusieurs diocèses, jouissant partout de la confiance des familles et de la considération publique.

A côté des communautés de femmes, il fonde une association de prêtres missionnaires, sous le nom de Prêtres de Marie, destinée à porter aux paroisses le secours de leur ministère apostolique, et à produire d'abondants fruits de sanctification.

En même temps il institue les conférences et les retraites ecclésiastiques. Jusque-là les prêtres, dans certains doyennés, se réunissaient à des époques déterminées par eux, pour se livrer en commun à l'étude de la théologie, de l'écriture sainte, du droit-canon et des rites sacrés. Mais ces réunions, étant spontanées et fa

cultatives, n'avaient pas de périodicité régulière; elles n'avaient pas non plus l'assentiment de tous. Ce n'était pas une institution véritable, et telle qu'on pouvait la désirer pour qu'elle offrit des garanties de durée, et qu'elle s'étendit au clergé tout entier. Ce fut donc un bienfait que l'établissement de ces conférences, et le clergé le comprit si bien, qu'il répondit en masse à l'appel de son évêque.

Les retraites ecclésiastiques n'étaient non plus ni obligatoires, ni régulières dans le diocèse de Langres, avant son arrivée. Sa Grandeur voulut qu'elles eussent lieu de deux ans en deux ans, et tint sévèrement à ce que tous les prètres y assistassent; n'admettant aucun autre motif d'absence que celui d'une véritable impossibilité physique. Inutile d'exposer les heureux résultats de cette double institution dont tout le monde comprend l'importance.

11 y ajouta celle des synodes où se discutent, en présence de l'évêque, les intérêts les plus graves, ceux de la religion et du salut des âmes. Rien de plus utile que ces assemblées pour établir dans le diocèse l'unité de principes et d'actions; pour étudier les besoins des peuples, révéler les maux qui rongent la société et y apporter le remède dans la mesure de la puissance humaine. Ce fut donc un nouveau bienfait que le renouvellement de ces assemblées synodales prévues par les canons de l'église et auxquels les siècles passés se montraient si fidèlement attachés.

De ces réunions du clergé, Monseigneur passa naturellement aux réunions des fidèles, je veux parler des confréries. Depuis, disait à cette occasion, l'illustre

prélat, « que, selon l'expression de Bossuet, le monde est entré dans l'église; depuis que l'ancienne discipline cédant à l'empire des circonstances, n'a plus fait extérieurement usage de ce discernement canonique qui ne permettait pas aux indignes de se mêler aux vrais enfants de Dieu, il a fallu que ceux-ci, pour se retrouver dans cette confusion nouvelle, formassent entre eux de nouveaux liens spirituels, et qu'avec l'étendard de la Croix, injustement usurpé par un grand nombre, les pasteurs élevassent quelques saintes bannières autour desquelles les vrais disciples de Jésus-Christ se réuniraient pour s'encourager, se soutenir et combattre. » Il leur envoya des statuts applicables aux confréries déjà existantes, comme à celles qui s'établiraient dans la suite. On sait que sa principale fondation en ce genre est l'Archiconfrérie Réparatrice, qui s'est étendue dans le monde entier avec l'approbation du Souverain-Pontife.

L'évêque de Langres donna successivement à son diocèse un Catéchisme et un Rituel nouveaux, de nouveaux Statuts à son clergé, des règlements aux clercs laïques, des instructions aux conseils de fabrique, des avertissements aux pasteurs sur leurs droits et sur leurs obligations relativement à l'enseignement de la religion dans les écoles, sur leur attitude vis-à-vis des tentatives de la propagande protestante. Rien n'échappe à sa vigilance pastorale, que l'on retrouve jusque dans les plus petits détails de son administration.

Le moment était venu de réaliser le projet conçu, dès son entrée dans le diocèse, de construire un grand Séminaire, œuvre capitale pour le recrutement et l'instruction du clergé. Sur ses vives instances, l'État en

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