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l'occasion du Traditionalisme, dernière transformation du système de M. de Lamennais sur le point de départ des connaissances humaines. Cet ouvrage fit peu de sensation sous le rapport doctrinal, mais, comme tout ce qui sortait de sa plume, le style en est facile et pur, et la lecture agréable.

Un seul mot, en passant, sur la lettre de l'évêque d'Arras à l'auteur de la brochure le Pape et le Congrès. Cette lettre contient en abrégé tous les arguments qui militent en faveur du domaine temporel du souverain Pontife, base nécessaire de son indépendance dans l'exercice de sa puissance spirituelle. On y retrouve la logique et la pureté de diction de ses autres écrits, mêlées aux traits d'une ironie très-fine qui n'a pas dù plaire à l'auteur de la brochure.

Nous arrivons à l'une des époques de la vie du vénérable prélat où son cœur d'évêque et de père éprouva les plus douces émotions, c'est lorsqu'il lui fut donné d'assister aux fêtes grandioses célébrées à Rome pour la béatification de Benoit-Joseph Labre, et d'organiser dans sa ville épiscopale ces pompeuses solennités, et ces démonstrations magnifiques et touchantes, dont furent témoins des flots de peuple, venus de toutes les contrées, que rehaussèrent l'éclat de la pourpre romaine et la présence de vingt-six évêques de France, de Belgique, d'Angleterre, d'Italie et d'Amérique, comme si l'univers entier, dans ses plus nobles représentants, avaient voulu se prosterner aux pieds du pauvre mendiant d'Amettes.

Pour peindre les sentiments de l'évêque d'Arras, il faudrait pouvoir citer les cinq instructions pastorales qu'il écrivit successivement sur cet intarissable sujet.

Qu'il suffise d'en rappeler un seul passage qui semble les résumer d'une manière frappante: « Quel spectacle, » s'écrie-t-il, dans un élan d'admiration, que ces quatre » mille cierges, dessinant dans l'ombre, au milieu des plus somptueux monuments, de longs rubans de lu>> mière et de vastes guirlandes de feu. Puis! quand après » la lecture du bref pontifical, proclamant la béatification, » le moment fut venu d'abaisser le voile qui recouvrait le grand tableau représentant le bienheureux dans un splendide transparent, et qu'au chant du Te Deum, au >> son de toutes les cloches, aux détonations majestueuses » du fort Saint-Ange, ce pauvre de Jésus-Christ, couvert » de ses haillons bénis, apparut bien haut dans une gloire » flamboyante; et quand cette immense multitude, où se >> trouvaient avec tous les rangs du peuple, toutes les » sommités de l'église et de l'Etat, tomba soudain, » comme par un mouvement unanime, prosternée devant » la représentation de cet homme de rien, tant méprisé >> pendant sa vie, et devant un léger débris de ce corps. >> si misérable et si maltraité jadis; en ce moment nous >> vous l'avouerons, Nos Très Chers Frères, une joie ineffa>> ble inonda notre âme, des larmes abondantes s'échappé»rent de nos yeux, un frémissement inconnu circula dans » tout notre être; nous sentions que Dieu seul régnait >> alors, comme il régnera seul au dernier jour : et il nous » semblait que toutes ces cloches, que tout ce canon, que >> toutes ces voix répétaient à la terre et au ciel le mot » de l'archange: Quis ut Deus. qui est semblable à Dieu? >> Car le Seigneur a vraiment tiré l'indigent de la pous» sière et le pauvre de l'opprobre pour le placer parmi » les principautés et le faire asseoir sur un trône de gloire. »

Le 9 septembre 1862, Monseigneur donnait sa magnifique instruction pastorale sur la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, à l'occasion du trop fameux livre de Renan, intitulé: Vie de Jésus. Le silence s'est fait bien vite sur le livre de l'ancien séminariste, parce qu'il est dépourvu de toute valeur scientifique; mais la démonstration du dogme fondamental de la religion chrétienne par l'évêque d'Arras restera comme un travail sérieux qui, pour les hommes sans parti pris, rendra complètement impuissants les efforts de l'impiété, sous quelque nom et sous quelque forme qu'elle se présente pour attaquer la divinité de l'Homme-Dieu.

On sait que l'Empereur a bien voulu lui-même adresser ses félicitations à l'illustre prélat pour cet écrit savant et digne. On sait aussi que cette instruction a été traduite en plusieurs langues.

Les instructions pastorales des années 1864, 1865 et 1866, ont été très remarquées, et néanmoins je ne peux que les indiquer; elles sont intitulées : la Douleur, la Vérité divine et la Famille. Toutes trois ont été mises en brochure et tirées à un très grand nombre d'exemplaires; celle sur la Famille en a eu 15,000. C'est aussi, de toutes les instructions de l'évêque, une des plus belles, des plus simples et des plus pratiques. Il n'avait jamais rien écrit de plus utile au point de vue religieux et moral, ni rien de plus approprié aux besoins du temps actuel. C'était couronner dignement ses écrits, tous consacrés à la gloire de Dieu et au salut des hommes.

Jetons maintenant un coup d'oeil sur ce qu'il a fait parmi nous, nous verrons qu'on peut dire de lui ce que l'éternelle vérité dit de Moïse, qu'il a été un homme

puissant en œuvres comme en paroles. Et erat potens in verbis et in operibus suis. (Act. des apôtres, vii, 22.)

Le premier acte du nouvel évêque d'Arras fut l'organisation diocésaine. Il forma dans la ville épiscopale divers conseils qui pussent l'éclairer de leurs lumières, l'aider de leur concours et le suppléer au besoin. Le premier conseil, appelé conseil d'administration, est composé de ses vicaires généraux titulaires et honoraires, ayant tous les mêmes pouvoirs que l'évêque. Néanmoins, pour mieux partager les travaux entre tous, chacun d'eux est spécialement chargé d'une partie des affaires administratives.

Monseigneur établit ensuite le tribunal de l'officialité, un conseil des cas de conscience, une commission du chant liturgique et d'autres commissions.

Les doyens et grands doyens conservent la surveillance de leur décanat et le pouvoir de dispenser des bans de mariage. Cette organisation est du 28 octobre 1851.

Dix jours après il faisait un règlement relatif à la personne et aux fonctions des clercs-laïques, destiné à rendre plus faciles les relations des ecclésiastiques avec ces modestes auxiliaires de leur saint ministère. Ce règlement, empreint d'une grande sagesse, a produit et continue de produire de bons fruits au milieu de ces hommes dont la conduite a souvent tant d'influence sur les populations.

Le rétablissement de la liturgie romaine suivit de près ce règlement. En beaucoup de diocèses, ce retour aux usages de l'église, mère et maîtresse de toutes les églises catholiques, avait rencontré de nombreux obstacles; Monseigneur se félicite, dans le mandement qu'il fit à ce sujet, de trouver les dispositions les plus favorables chez les prètres de son nouveau diocèse.

En même temps que Sa Grandeur rétablit la liturgie romaine, elle s'occupe des livres de chant; elle reconnait la supériorité des livres nouvellement approuvés pour les diocèses de Reims et de Cambrai, mais elle n'impose encore aucun choix particulier; elle forme une commission pour la rédaction du nouveau propre des saints du diocèse, qu'il fallait mettre en harmonie avec la liturgie nouvellement adoptée.

Dans le mois de décembre, le prélat règlemente tout ce qui regarde les vases sacrés, le binage, les processions, les expositions et les bénédictions du Très Saint Sacrement exposé dans les églises, ou porté aux malades, l'ordre à observer dans la communion des fidèles et jusqu'aux génuflexions elles-mêmes.

Au milieu de tant d'enseignements, d'avis et de règlements divers dictés par l'amour du plus auguste de nos Sacrements, on remarque en particulier deux institutions de nature à atteindre le but que se proposait le pieux évèque, et qui produisent en effet les résultats les plus consolants, celle de l'œuvre des églises pauvres et celle relative à l'adoration du Très Saint Sacrement.

L'oeuvre des églises pauvres est établie dans les villes d'Arras, Boulogne, Saint-Omer, Béthune, Montreuil. Saint-Pol, Calais et Hesdin. Elle a pour but de procurer des ornements et du linge d'autel, et même des vases sacrés aux paroisses les plus dénuées de secours sous ce rapport. Elle étend, autant qu'elle le peut, ses bienfaits sur les communautés pauvres, comme celles des Clarisses et du Bon-Pasteur.

Le nombre d'ornements de toutes sortes confectionnés jusqu'ici dans les villes qu'on vient de nommer est

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