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mort; il récitait chaque jour les prières des agonisants; dans sa tournée de septembre de l'année précédente, il disait partout qu'elle serait la dernière. Des symptômes alarmants faisaient prévoir la catastrophe que l'on redoutait. L'intelligence restait la même, mais le corps ne répondait plus aux mouvements de l'âme; tous les organes allaient s'affaiblissant, et pourtant c'était toujours, la même assiduité au travail, la même régularité dans les exercices, le même dévouement à son diocèse. Quelquefois, se faisant illusion sur son état de santé, il se livrait à des projets d'avenir.

Le ciel lui permit de travailler jusqu'à la dernière heure de sa vie. La veille du jour où il fut atteint d'apoplexie, il présidait dans l'après-midi la commission d'examen des conférences ecclésiastiques; le soir, il entendait la prédication du Carême, à laquelle il ne manquait jamais d'assister. Le lendemain matin, au moment même où il était frappé, il préparait les matières à traiter avec son conseil, dont les membres, en entrant dans ses appartements, le trouvèrent renversé sur un canapé, ne donnant que des signes de connaissance très douteuse. C'était le mercredi 28 février, vers dix heures du matin; le vénérable prélat demeura dans le même état jusqu'au lundi suivant, 5 mars, qu'il rendit son âme à Dieu, à deux heures du matin.

En apprenant le terrible accident qui mettait en danger la vie de l'illustre évêque d'Arras, le prince de la Tour d'Auvergne, archevêque de Bourges, accourut près de sa couche funèbre, et croit avoir été reconnu par l'auguste malade.

Pendant les quatre jours d'agonie, le palais épiscopal

était assiégé par toutes les classes de la société qui voulaient avoir des nouvelles de Sa Grandeur; ce fatal événement était l'objet de tous les entretiens, et la mort du vénéré prélat fit dans la ville et dans tout le diocèse une profonde et douloureuse impression, qui se répandit bientôt dans la France entière.

La chapelle-ardente où la dépouille mortelle du premier pasteur fut exposée jusqu'au mardi de la semaine suivante, ne désemplit pas pendant dix jours, et fut témoin de la vénération dont jouissait l'illustre défunt, comme des regrets qu'il laissait au sein de son troupeau.

Les funérailles se firent le mardi 13, au milieu des flots de la population de la ville et des environs, et d'un nombreux clergé venu de tous les coins du diocèse. Inutile de dire qu'elles eurent une pompe et une magnificence digne d'un si pieux et si grand évêque. Outre les autorités civiles et militaires, on voyait au cortège les évêques d'Amiens, de Nevers et de Beauvais, les archevêques de Bourges et de Cambrai, Son Eminence le cardinal Mathieu, archevêque de Besançon.

Monseigneur est inhumé dans le caveau pratiqué sous la chapelle de la Sainte-Vierge, au chevet de la cathédrale, à côté de son illustre prédécesseur Monseigneur le cardinal de la Tour d'Auvergne Lauragais.

MM. les vicaires capitulaires et le chapitre ont pris l'initiative d'une souscription destinée à élever à Monseigneur Parisis une statue de marbre blanc, qui sera placée dans la chapelle de la très Sainte-Vierge, où se trouve celle de Son Eminence.

Grégoire XVI et Pie IX avaient une grande estime pour Monseigneur Parisis; le premier le nomma assistant au

trône pontifical, en 1842, et directeur général de l'association de la Sainte-Enfance; le second voulut lui donner un témoignage particulier de son affection en le décorant du Pallium, qui lui fut remis le 23 mars 1852, par Monseigneur l'archevêque de Cambrai, son métropolitain. Plein de confiance en ses lumières, Pie IX le nomma, le 12 avril suivant, supérieur de la communauté de Picpus, à Paris. Plus tard, Sa Sainteté daigna ériger la cathédrale d'Arras en Basilique mineure, et permit à Monseigneur de joindre à son titre d'évêque d'Arras celui d'évêque de Boulogne et de Saint-Omer. Vers la fin de l'année 1852, le gouvernement le nomma officier de la Légion-d'Honneur.

L'épiscopat de Monseigneur Parisis laisse donc à Langres et à Arras des traces ineffaçables dans le souvenir d'éminentes vertus, dans l'établissement d'œuvres. considérables, dans les luttes mémorables qu'il soutint pour la cause de l'église, dans ses nombreux et savants. écrits.

Ses traits caractéristiques, c'est d'abord une foi vive qui partout le pénètre, l'anime et le soutient. Elle guida ses premiers pas au sortir de l'enfance et le prémunit contre les écueils dont il fut environné; elle s'accrut sous la puissance des leçons qu'il reçut au petit séminaire et des exemples dont il y fut témoin; elle se fortifia dans l'âge mûr au contact de ses supérieurs et de ses collègues, dont la conduite et les conseils eurent sur lui la plus salutaire influence; enfin elle acquit sa perfection au moment où son front fut marqué de l'Onction épiscopale. Cette foi se peignait dans les exercices de la piété chrétienne de là cette scrupuleuse exactitude aux of

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fices de l'église; cette attitude de respect et de recueillement au saint lieu; cette dignité dans les cérémonies saintes dont il connaissait si bien les règles et dont l'observation lui tenait tant à cœur. Cette disposition intérieure ne lui permettait pas d'entendre des enseignements tant soit peu suspects en ce point, sans qu'il ne manifestât son mécontentement. C'est ainsi qu'entendant un jour, dans la cathédrale de Langres, des paroles qui s'éloignaient de l'orthodoxie, il ne put s'empêcher d'arrêter le prédicateur et de prémunir les fidèles contre la doctrine erronée qu'on venait de leur prêcher.

Les idées de la foi semblaient uniquement le préoccuper dans ses écrits et dans ses œuvres; voilà pourquoi les motifs surnaturels faisaient sur lui tant d'impression, et pourquoi il s'efforçait de les inspirer à ses ouailles. C'est par le même principe qu'il s'appliquait avec un zèle ardent à former de pieuses associations; qu'il prenait un soin particulier des communautés religieuses, les regardant comme la plus noble portion de son troupeau, les visitant régulièrement chaque année, non seulement dans la ville épiscopale, mais dans tout le diocèse. C'est de la même source que découlent ces règlements sur les confréries et le culte du Très Saint Sacrement, ainsi que la fondation de l'OEuvre des églises pauvres et de celle de la Réparation du Blasphème.

Un second caractère non moins marqué dans les actes de l'évêque de Langres et d'Arras, c'est l'amour de l'église porté jusqu'au dévouement le plus généreux. Il était fait pour la lutte, comme il le disait lui-même, mais ses aspirations, ses efforts, ses sacrifices avaient pour but la défense des divines prérogatives de cette

mère commune, et il voulait en assurer le triomphe par tous les moyens qu'il avait en son pouvoir. Cette pensée le dominait; elle se faisait jour dans ses paroles, dans ses écrits, dans ses œuvres; et on peut dire que les intérêts de l'église furent l'unique mobile de sa vie.

A ces côtés saillants du grand évêque, il faudra bien joindre son zèle pour le recrutement de la tribu sainte, d'où sortit le petit séminaire, la plus belle de ses œuvres; son goût pour les études solides dont on a la preuve dans les encouragements accordés aux élèves du sanctuaire, et dans l'institution des conférences ecclésiastiques; son ardeur pour multiplier les ouvriers de l'Evangile par la fondation de communautés d'hommes, qui se vouent à la prédication; son initiative dans les grandes démonstrations religieuses; son concours dans la construction des églises, qui s'élevèrent si nombreuses et si dignes de leur haute destination pendant son épiscopat d'Arras; son désir de venir au secours des pauvres, malgré les énormes sacrifices qu'il faisait pour son petit séminaire et pour la maison des sœurs de la Providence.

Il remit, en différents temps, des sommes considérables entre les mains des ecclésiastiques pour être distribuées en aumônes; il envoya souvent des secours à des communautés pauvres; il fonda, dans son petit séminaire, une société de Saint-Vincent-de-Paule, dont les membres visitent les familles nécessiteuses; une association de Dames des pauvres malades, dans la plupart des villes du diocèse d'Arras. On sait, de plus, que les sœurs de la Providence qu'il a établies ont pour mission de visiter les pauvres malades à domicile. C'en est assez pour montrer que Monseigneur Parisis fut un grand évèque.

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