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d'une église, réclamée depuis si longtemps, M. Harbaville fit partie de la minorité opposante; mais l'opposition portait principalement sur le choix du terrain qu'on voulait prendre, en partie, sur le Rietz. « Comme hommes religieux, disait-elle, il nous sera certainement agréable » d'élever, à l'usage du culte, un édifice digne en même » temps de la majesté de la religion et de l'importance » de la ville, mais il faut respecter les fondations, mais >> il faut choisir un point plus central relativement aux >> deux faubourgs, sans sacrifier l'un à l'autre. »>

Il est bon de noter que, dans cette argumentation, dont M. Harbaville fut le principal organe, on désignait au choix le lieu dit: Le Moulin de Pierre, comme pouvant éviter, dans l'avenir, les frais d'une seconde église, qui, tôt ou tard, serait réclamée par les habitants du faubourg Ronville. Hypothèse qui vient précisément de se réaliser.

Indépendamment de cet argument, M. Harba ville voulut bien prêter le secours de sa plume aux jeunes gens d'Arras se plaignant qu'on voulût restreindre leur jouissance, leur enlever une partie du Rietz pour y bâtir la nouvelle église. «Ils avaient l'honneur de faire ob» server à MM. les maire et membres du Conseil municipal que, par donation, en date de l'année 1436, la » dame Du Rietz a baillé à la jeunesse d'Arras son pré » de St-Sauveur, pour s'y ébaudir et s'y abanier... que... » l'affectation étant spéciale... on ne peut pas intervertir » la destination que lui a donnée la donatrice... ce qui » établirait un fâcheux précédent, en détruisant le respect » que l'on doit aux intentions des donateurs. »

Le Conseil municipal avait passé outre, sans s'arrêter

aux fins de la spirituelle requête. Notre collègue ne se découragea point. Il découvrit et démontra que d'anciennes carrières avaient été autrefois exploitées sous le sol même du Rietz, et fit naître des inquiétudes sur la solidité des constructions qu'on voulait élever sur ce terrain; il appuya, en outre, de nouveau, sur le respect dû aux fondations dans leur texte et dans leur esprit. Le Conseil municipal se détermina à abandonner le premier projet. On acheta, au prix de 400 fr., aux hospices d'Arras, sur la gauche de la chaussée, la parcelle de terre strictement nécessaire, on y construisit la nouvelle église de St-Sauveur, et M. Harbaville eut la satisfaction de voir, grâce à sa persévérance, la jeunesse d'Arras continuer à s'ébaudir et à s'abanier sur toute l'étendue du Rietz, comme elle le faisait de temps immémorial...

Jusqu'ici, nous avons considéré M. Harbaville, d'abord comme acquittant largement sa quote-part de travail, dans la société littéraire, dont il était devenu membre.

Nous l'avons vu ensuite prendre une part influente aux délibérations du Conseil municipal. Nous eussions dù, en outre, mentionner les services par lui rendus dans la commission du Musée, dont il fut membre dès 1829, c'est-à-dire à la création, sur l'invitation flatteuse de M. le baron d'Hautecloque : « J'espère, qu'en acceptant, >> vous nous donnerez une nouvelle preuve de votre zèle » pour le bien public et de votre dévouement aux inté» rêts de la ville d'Arras. » Il fut, peu après, élu viceprésident, la présidence restant réservée au maire. Il faut le dire, au reste, M. Harbaville n'admettait point l'acceptation des fonctions sans les charges.

C'est ainsi que, devenu, en 1829, secrétaire du Conseil

d'agriculture du département (fonctions qu'il conserva jusqu'à la dissolution de ce Conseil et son remplacement par une société libre, en 1834) il acquittait son tribut, en lui soumettant plusieurs mémoires, dont nous rappellerons brièvement le sujet.

Le premier exposait l'utilité, la nécessité de créer, dans le département, une ferme modèle; il en indiquait les moyens et proposait de l'établir dans l'arrondissement de St-Pol, où les nouvelles méthodes de culture avaient fait le moins de progrès. A cette création devait se rattacher une école spéciale agricole, dans laquelle, les enfants des cultivateurs aisés trouveraient une éducation plus substantielle, mieux appropriée à leurs besoins, que celle des colléges.

C'était donc provoquer, il y a trente-six ans, un essai de ces institutions professionnelles que nous voyons fonder, aujourd'hui, concurremment par le gouvernement, par les départements, par les villes, par les simples particuliers.

Comme tendant au mème but, était recommandée la publication d'un Manuel pratique d'Agriculture, qui pût répandre dans les campagnes, où ne pénètrent guère les recueils des sociétés savantes, les méthodes raisonnées de culture, les nouvelles découvertes, et détruire une foule de préjugés qui font obstacle à tout progrès, parmi nos populations rurales.

Un autre mémoire agitait une question vitale, celle de la durée des baux et concluait, en faisant de la généralisation des baux à long terme, la condition sine quà non de la prospérité de l'agriculture.

Le moment approchait où M. Harbaville, membre

éclairé d'assemblées, de commissions délibératives, après avoir fait preuve d'une capacité incontestable, allait être appelé, à son tour, à accepter la responsabilité d'un rôle actif.

La Révolution de juillet venait d'éclater, sur notre patrie, comme un coup de foudre; trois générations de sang royal avaient été expulsées du sol de la France, sur lequel flottaient, dans l'agitation, dans la perturbation générale, deux courants différents.

Un grand nombre de fonctionnaires publics ne s'étaient pas crus affranchis de la fidélité jurée, par la puissance seule des faits accomplis. D'un autre côté, la conscience publique s'indignait de cet assaut aux places vacantes, qui fut alors si énergiquement stigmatisé comme la curée aux places, par M. De Carné, dans le Correspondant.

Nous avons la consolation de le dire, il n'en fut pas de même à Arras. Ici, aussi, l'on vit des hommes, pleins de foi pour la religion du serment, descendre, sans violence, volontairement, de leurs siéges, qu'on cût désiré leur voir conserver; mais ce ne fut, le plus généralement, ni l'ambition, ni la passion politique, ni même l'esprit de parti qui animèrent et désignèrent leurs suc

cesseurs.

Notre allégation sera admise sans contestation, lorsque nous l'appliquerons à MM. Dudouit et Harbaville, appelés. le 9 août 1830, à raison de la démission de MM. de Raulin et Linque, et de l'absence de M. le baron d'Hautecloque, à exercer provisoirement les fonctions d'adjoints, avec prière « de donner cette nouvelle preuve de leur dévoue» ment bien connu aux intérêts de la ville. » (Lettre de M. Corne, remplissant les fonctions du préfet absent).

Personne, dans cette cité, n'a oublié les services rendus par ces hommes de bien, à une époque de crise et d'effervescence, que tant d'autres villes administrées avec moins de modération et de sagesse, ont traversée si laborieusement. Aussi la mémoire de M. Dudouit demeureraitelle justement honorée, lors même que les utiles fondations, qui datent de sa mairie, ne feraient point à toujours bénir son nom.

'M. Harbaville ne lui prêta, comme adjoint, le concours de son activité et de son influence, que pendant les jours les plus difficiles. Le calme ayant bientôt reparu au milieu d'une population naturellement si paisible, l'administration supérieure voulut utiliser une expérience des affaires et des talents, qui s'étaient fait apprécier, en tant de circonstances.

Sur le rapport de M. Guizot, M. Harbaville fut nommé, le 6 septembre 1830, conseiller de préfecture du Pas-deCalais.

Un mois après, il fut appelé, avec M. le baron d'Herlincourt, à remplir les vides survenus dans le conseil de révision, par suite des démissions et changements politiques.

L'année suivante, les témoignages de confiance dans son zèle, dans ses lumières se multiplient. Il se voit de nouveau désigné par le recteur pour faire partie du comite gratuit de charité du canton d'Arras (sud).

A la réorganisation des commissions cantonales, nommé commissaire inspecteur des chemins communaux de ce même canton, il est bientôt élu président de la commission.

A peine le sous-préfet Philis l'avait-il inscrit au nom

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