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bre des membres du comité de vaccine, pour l'arrondissement d'Arras, que, de son côté, le préfet, baron de Talleyrand le faisait siéger dans le jury d'examen des aspirans aux bourses fondées par le département. Mentionnerons-nous encore, pour mémoire, les délégations dont il eut constamment l'honorable charge, depuis 1830 jusqu'en 1845, pour la vérification annuelle et obligatoire de la caisse du receveur général du département, de celle du mont-de-piété d'Arras, du recolement du mobilier de l'évêché?

La multiplicité de ces missions n'avait point enlevé M. Harbaville à l'Académie, dont les suffrages l'appelèrent, pour suppléer le secrétaire perpétuel Cornille, élevé à la présidence du tribunal civil d'Arras, aux fonctions de secrétaire-adjoint.

A ce titre, il lui appartenait de rendre et il rendit, en effet, le 23 décembre 1831, le compte public des travaux de ses collègues, pendant les deux années 1830-1831, si troublées et si peu propices à l'étude, mais, outre ce travail en quelque sorte obligatoire, il communiquait à la société ses propres « recherches historiques sur l'orga>>nisation communale de la ville d'Arras, dans le moyen>> âge. »

L'auteur avait surtout pour but de faire connaître les chartes trop longtemps oubliées au fond du coffre échevinal, qui avaient tant de fois reconnu les vieilles franchises que nos pères avaient su maintenir jusqu'au milieu du XVIIe siècle, à travers les orages politiques et les dominations diverses.

Permettez-nous d'ajouter que ce mémoire confirme avec évidence la proposition que nous avons émise dans

l'un de nos rapports, à savoir: « Que la province d'Artois » avait perdu de ses libertés, de son importance, de sa >> prospérité, en passant du sceptre des rois d'Espagne >> sous celui des rois de France, tenu par le cardinal de >> Richelieu. »

Lors de la séance publique suivante, M. Harbaville avait été appelé, par vos suffrages, à la présidence, que vous décernez quelquefois, nous le savons personnellement, au bon vouloir, plus souvent, à la capacité, titres qui se réunissaient à un tel degré chez le nouveau président, que son mandat, renouvelé à divers intervalles, lui conféra douze années cet honneur.

Le premier discours d'ouverture de M. Harbaville, nous devons le dire, revêt une teinte de tristesse, accuse un sentiment de découragement, en présence de l'esprit d'opposition, du penchant à l'émcute, à la rebellion qui avait si rapidement succédé, dans les masses, à l'enthousiasme et à l'enivrement qu'avait paru exciter le fameux programme du tróne populaire entouré d'institutions républicaines.

L'orateur, sentant l'influence réciproque des fausses doctrines sociales et littéraires, est obligé de reconnaitre que, lorsque l'instruction est devenue le domaine de tous, le rôle des sociétés savantes cesse d'être aussi brillant; mais il ne veut pas qu'on leur dénie une utilité réelle, actuelle; elles seules, suivant lui, peuvent encore rester le dernier asile du goût et des saines doctrines, la plus solide barrière contre l'envahissement d'une littérature pleine d'étrangeté, contre le débordement de tant de productions bizarres, contre le cynisme de la scène affranchie de toute règle comme de toute conve

nance.

Comment ne pas être frappé de l'anarchie déplorable des intelligences, de l'affaiblissement des croyances, de l'égoïsme systématique qui ont, en quelque sorte, matérialisé la société, désenchanté la vie; comment ne pas voir dans des symptômes aussi peu rassurants, dans cette fermentation des esprits, l'indice d'une époque de transition, dont on trouve le plus remarquable exemple dans les trois siècles de corruption qui aboutirent à la chute de l'Empire romain? « Que serait pourtant, ajoute» t-il, devenu alors le principe de la civilisation, si le >> Christianisme, religion de paix et de liberté, n'eût » réchauffé dans son sein les précieux restes des sciences » et des arts, adouci les mœurs et les lois des hordes » sauvages envahissant l'Europe, et proclamé ce code » moral qui régit encore la moitié de l'univers. »

Le discours conclut par le vœu que le temps, ce grand niveleur des opinions humaines, calme les esprits; que la jeune génération qui fait l'orgueil de la patrie, renonce aux séduisantes illusions, pour s'initier aux devoirs sérieux de la vie, et comprenne alors qu'il est peu rationnel de dénier la prospérité réelle dont on jouit, pour sacrifier aux dieux inconnus.

Les préoccupations de M. Harbaville sur les dangers que les mauvaises doctrines faisaient courir à la société, se révélaient avec un redoublement d'énergie dans le mémoire qu'il publiait, peu de temps après, sur la doctrine du nivellement dans les temps anciens et modernes.

L'auteur déclarait ne s'être livré à ce travail que pour la défense du principe d'ordre et de conservation, condition d'existence des sociétés politiques, qui lui semblait compromis par la propagande saint-simonienne.

«La théorie du nivellement, qui en fait la base, a été >> reproduite tant de fois et sous tant de formes, qu'elle » peut être considérée comme une des plus vieilles » maladies de l'esprit humain.... Elle a porté le trouble » et la discorde dans toutes les sociétés, où l'on a essayé » d'en faire l'application.

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Pour le développement de cette thèse, l'écrivain emprunte ses preuves à la législation, aux mœurs, à l'histoire de chacun des peuples anciens et modernes, semant dans ces 32 pages, une foule de faits présentant un intérêt anecdotique. Il en déduit, comme conséquence, que les essais tentés pour le nivellement légal, obligatoire des fortunes n'ont jamais eu la consécration de la raison, ni de la durée; que ces théories, soutenues, notamment dans le moyen-âge, par des sectes religieuses, étaient condamnées par l'esprit du Christianisme.

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«Le Christianisme, à son aurore, trouva les esprits disposés à embrasser une doctrine aussi favorable en » apparence au bonheur des classes souffrantes du peuple. » Cette doctrine, l'Evangile ne la consacra point, .il ne prêcha pas le renversement des sociétés; il ne pro» clama que cette égalité morale qui est l'architype des » lois de la sagesse éternelle.

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» Si le divin auteur du Christianisme indique comme perfection le détachement des choses de la terre, s'il » conseille à ceux qui veulent suivre ses voies, de ven» dre leurs biens pour en distribuer le prix aux pauvres, » peut-on voir autre chose, dans ce précepte, ou plutôt » dans ce conseil, que l'émanation d'une charité immense » qui n'a aucun rapport avec le nivellement matériel. »>

Le mémoire se termine par le récit de quelques faits

piquants, sur l'origine du saint-simonisme, sa marche, ses progrès et sa chûte.... sur les bancs de la cour d'assises vengeresse de la morale publique.

Resté fidèle aux idées de paix qu'il avait déjà produites en vers, l'honorable président s'attacha, dans le discours d'ouverture de la séance publique, à faire concevoir à ses auditeurs une plus saine appréciation de la gloire militaire.

)) ....

La pensée du juste et de l'utile qui domine la >> civilisation moderne, a réduit à leur juste valeur les >> actions qui n'ont abouti qu'au malheur des peuples. » Ainsi des hommes, longtemps admirés sur la foi classi« que, comme des héros, sont aujourd'hui relégués » sur la même ligne que les Attila et les Gengis, mé» téores destructeurs, qui, instruments passifs d'une providence vengeresse, semblent avoir eu mission » spéciale de décimer les nations. >>

Nous ne pouvons, sans l'accuser d'exagération, citer le passage qui suit : « Et savons-nous quel jugement l'im» passible postérité, à l'abri du prestige qui environne » une illustration contemporaine, portera de l'homme >> extraordinaire qui a joué le grand drame de l'empire, » jeté dans l'histoire de nos jours, comme un incroyable » épisode? En pesant dans sa balance ce qu'il pouvait » faire et ce qu'il n'a pas fait dans l'intérêt de la civilisa» tion et de la liberté, ne réduira-t-elle pas à de moin» dres proportions cette gloire colossale? >>

L'orateur émet un vœu final pour la tolérance politique, voyant, du jour où la raison obtiendrait ce triomphe sur le génie des discordes civiles, une ère nouvelle s'ouvrir pour la France, au profit de la civilisation et des arts de la paix.

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